Ange déchu, ténébreux EP de Kyû 999
Aux deux six de son département, Kyû 999 en ajoute un, faisant des Pyrénées Orientales le terrain « 666 ». C’est là le nom du titre introductif de son EP fraîchement sorti : Ange Déchu. Jack, puisque c’est ainsi que le rappeur se présente au long des cinq titres de ce projet, enfile sa lampe frontale et ses cornes de jeune démon pour une visite dans l’obscurité des ténèbres. Les références à une entité diabolique supérieure pullulent dans ses textes, Baphomet devenant le bouc émissaire à toute les déviances d’un artiste qui s’arrache le cœur et remplace les tenders par des poussins morts dans son bucket. Fantasmagorique à souhait, Ange Déchu est la mise en scène de la « perversité infinie » de son auteur qui prend un Malin plaisir à rendre hommage au Sheitan devant l’autel Iblis.
Certes globalement noire, dans la lignée du son de Memphis, la musique de Kyû 999 ne se cantonne pas à une idiote ode infernale, elle regorge aussi de petites références bien senties et d’un second degré évident. Ainsi la seconde partie du titre « Névrotique » est une respiration ironique, parodie de disco totalement infantile, sortie de l’imagination d’une raclure qui « pisse sur la table, ne sait pas se tenir », mais qui pense aussi être « l’enfant seul dont parlait Oxmo. » Intégralement produit par le rappeur lui même, cet EP est disponible sur les plateformes habituelles et mérite bien ses vingt minutes d’attention.