Les artisans du son West Coast
Quand deux beatmakers amateurs s’en vont réaliser un documentaire sur l’industrie musicale à Los Angeles, ça donne « West Coast Theory », long-métrage épatant dans lequel se croisent des personnalités aussi hautes en couleurs que Snoop, Muggs, Battlecat ou Will.IAM. Rencontre avec Maxime Giffard et Félix Tissier, les deux réalisateurs.
Abdrduson : Pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours avant « Westcoast Theory » ?
Maxime : Maxime Giffard, co-réalisateur et auteur de « Westcoast Theory ». Avec Félix, tout a commencé quand on faisait du son ensemble. Sinon, j’ai fait des études de droit donc ma formation n’a pas grand rapport avec mon métier actuel.
Félix : Félix Tissier, co-réalisateur de « Westcoast Theory », graphiste et directeur artistique qui s’était mis doucement à la vidéo et qui a complètement plongé dedans avec « Westcoast Theory ».
A : D’où est venue cette idée de réaliser un documentaire sur la westcoast et le son de L.A ?
F : Comme disait Maxime, on faisait des beats ensemble à l’époque. En parallèle, je faisais des interview pour un site web et, quand je suis allé interviewer Rohff, Richard Segal Huredia était derrière la console. Du coup, avec Maxime, on s’était dit que ce serait sympa de l’interviewer et on s’est super bien entendu avec lui. On est vite devenu potes, on traînait ensemble dans Paris.
En fait, je suis allé à Los Angeles dans le cadre d’un autre projet et je me suis reconnecté avec lui. Je me suis rendu compte que son entourage était composé de grands producteurs et rappeurs et que les approcher était beaucoup plus simple que quand on les croisait à Paris. Quand je suis revenu de Los Angeles, j’ai discuté avec Maxime et on était d’accord pour dire que Segal avait un immense savoir capable de répondre aux multiples questions que se posaient des beatmakers amateurs comme nous.
M : A l’époque, on faisait des beats qui, s’ils étaient poussés à un niveau de décibels à peu près présentable, étaient absolument inaudibles. J’ai récemment réécouté certains de nos beats et c’est vrai qu’on marchait un peu sur la tête. Du coup, avoir accès à ce mec là était une chance assez inouïe. Au départ, on pensait à des mecs comme nous et l’idée était de faire un masterclass de mix chez Segal histoire que tous ceux qui avaient un home studio puissent reprendre la chaîne de fabrication et voir où est ce qu’il était possible de progresser. A la base, il s’agissait du beatmaker lambda qui rencontre le mec responsable de l’album qui a explosé toutes les barrières au niveau du mix : « Chronic 2001 ». On a commencé le master class et Segal en a eu un peu marre de faire du discours indirect à chaque fois qu’on lui posait des questions sur ses potes.
Du coup, il nous a permis d’aller à la rencontre de ces gens là et le film a pris une toute autre tournure. Il y avait aussi quelque chose d’important qui se passait avec, d’une part, la fermeture des grands studios et, d’autre part, la réorganisation de ces producteurs vers des home studio à un moment où les réductions de coûts s’imposaient compte tenu de la baisse des ventes…On a remarqué qu’il y avait toute une histoire à laquelle on n’avait pas pensé et qu’il fallait pourtant absolument raconter.
F: Du coup, un tournage ne nous a pas suffi et on a dû y retourner. Après le premier tournage, on est revenu avec beaucoup d’interviews mais pas de quoi réaliser un documentaire complet.
M : Par exemple, on n’avait rien sur le mastering. On savait que Bryan « Big Bass » Gardner avait fait, entre autres, les premiers NWA, le premier Chronic et qu’il avait une responsabilité vis à vis du son qu’il aurait été intéressant d’exploiter dans le DVD. Pareil pour Roger Lynn [NDLR : il a créé la première boîte à rythmes en 1979] avec la MPC.
On s’est dit que l’histoire qu’on voulait raconter devait comporter ces deux mecs là. Ce sont donc les deux mecs aux cheveux blancs du film – qui ne sont d’ailleurs pas forcément les moins jeunes d’esprit. Du coup, on a pu voir Too Short, B-Real, revoir Muggs et épaissir au fur et à mesure le projet.
A : Grâce à Richard Segal, qui avez-vous pu rencontrer alors ?
M : Dans le premier cercle, il y a eu Defari, Evidence, Muggs, B-Real, Fredwreck, Babu, JellyRoll…Une fois qu’on avait eu ces mecs là, on pouvait sonner à d’autres portes beaucoup plus facilement. Battlecat a dit oui, Too Short…Snoop a dit oui également mais ça s’est réalisé plus tard. On a eu Khalil qui nous a mis ensuite en contact avec Focus. Roger Lynn et Bryan « Big Bass Gardner », le guitariste et bassiste de DJ Quik qui est un véritable musicien chevronné sorti de Berkeley University, Will I.Am qu’on a eu à la fin. Ca fait déjà pas mal même si j’ai l’impression que j’en ai oublié.
A : Pour vous qui faîtes du son, qu’est ce que ça fait que de se confronter à ces légendes et à leur savoir ?
M : On espère que ça n’est pas l’effet que ça va faire mais on a arrêté de faire du son [Rires]. Déjà, on réalisait tous les deux notre premier documentaire de long métrage et on se prenait la tête sur l’écriture, le montage, le cadrage etc. Félix a fait un gros travail en matière de graphisme et d’animation et se formait presque en même temps qu’on réalisait. On avait tellement de questions liées à la vidéo que la musique a naturellement pris moins de place. Par ailleurs, les mecs mettaient tellement d’énergie dans l’étude de ce qu’ils étaient en train de faire qu’on s’est un petit peu senti comme les enfants gâtés dont on parle dans le film.
C’est à dire que c’est très fréquent dans l’amateurat de critiquer ce que vont faire ces gars établis plutôt que de respecter leur boulot. Quand tu les vois travailler, tu comprends ce qui te sépare d’eux.
Nous on faisait du son comme un hobby, on n’avait jamais rien sorti et vivre de la musique n’était qu’un lointain rêve. Le pire c’est qu’on a presque commencé le documentaire avec cette mentalité d’enfant gâté en se disant « on fait du son, on va voir un ingénieur du son, peut-être qu’on va réussir à placer un beat ». Aussi rapidement que le film a commencé à prendre son envol, on s’est dit qu’il ne fallait surtout pas se mettre dans cette position là.
A : Justement, vous disiez avoir rencontré des musiciens super expérimentés et diplômés. J’imagine que vous avez également dû rencontrer des gens qui font du son en France. Est-ce que vous avez senti des différences d’approche ?
F : On peut pas forcément comparer mais c’est vrai qu’on a quand même été surpris en arrivant là-bas de la culture et de l’ouverture d’esprit des gars. Ils sont loin d’écouter du rap toute la journée.
M : Les beatmakers français que j’ai rencontrés sont comparables sur l’éclectisme de ce qu’ils écoutent. Sayd des Mureaux écoute aussi bien du rock, du classique que de la musique de film. Médeline aussi sont à fond sur les soundtracks de thrillers des années 80 et ça se ressent beaucoup dans leur musique d’ailleurs. Après, ce que Segal dit c’est que les Français sont super techniques que ce soit au niveau des beatmakers ou des ingénieurs du son. D’ailleurs Alchemist disait qu’il adorait venir en France parce que nos vieux disques sont super faciles à sampler et à exploiter.
En revanche, peut-être que rares sont ceux qui ont les oreilles de Segal ou d’Alchemist. Pourtant, Segal est moins formé théoriquement que les ingénieurs du son parisiens qui sont BAC + 3 et qui s’y connaissent en physique et en maths. C’est peut-être dû à ce qu’ils vivent où le son est omniprésent.
A : Tout à l’heure, vous parliez de l’écriture du documentaire. Ca consiste en quoi ?
M : Par rapport à tout ce que tu as mis en boîte, il faut être en mesure de vider certains personnages s’ils vont plutôt être chronophages qu’autre chose. Bon, il ne s’agit pas de rendre les gens plus intelligents avec ce DVD mais ce serait bien qu’ils aient 1 ou 2 problématiques en tête. Ca, il le faut le faire sur une histoire et faire en sorte que ça ne soit pas trop théorique. Moi j’écrivais des interviews et je les mettais bout à bout et Felix faisait en sorte que ça rende bien à l’image.
F : Mais quand t’es passionné et que tu arrives avec une centaine d’heures de rush, c’est très difficile. C’est là où l’écriture va jouer son rôle. Il faut arriver à faire des concessions tout en dégageant de l’information et en tenant le spectateur du début à la fin.
M : Ce qui est rassurant quand tu sors un DVD c’est que tous ces passages que tu as dû couper pourront figurer dans les bonus. A un moment, on faisait seulement un 52 minutes sans être sûr qu’il y ait un DVD au bout. On ne savait pas du tout où on allait.
A : Ce projet, c’était une demande de quelqu’un où c’était uniquement une envie motivée par votre amitié avec Richard Huredia ?
F : Il n’y avait pas du tout de commande. C’est d’ailleurs assez risqué de procéder ainsi en France. En fait, on a un pote qui s’appelle Grégory Passard qui a une boîte de prod qui s’appelle Vingtième heure, une petite entreprise avec de grosses couilles. Il y croyait et nous a prêté l’oseille pour aller faire ce premier tournage. Il faut savoir que quand les réalisateurs sont inconnus et que la boîte de prod n’est pas connue des chaînes de télé, tu n’as aucune chance d’avoir un pré-achat.
En général, les documentaires sont financés via le CNC et on n’y avait pas droit. Donc, Greg a mis la thune et nous on a consacré notre temps à la réalisation, sans être payés bien sûr. Ca fait bizarre aujourd’hui que le film existe et d’avoir cet objet dans les mains.
M : Donc, il y a une première paire de baloches qui permet le départ, les deux premiers tournages et de faire un premier montage qui suscite l’intérêt pour que des gens se disent que le projet méritait d’être pris au sérieux.
Ensuite, il y a une deuxième entreprise qui arrive, Avalanche, et qui s’est battu pour qu’on ait une post-prod digne de ce nom et pour nous permettre de rencontrer des gens capable de distribuer correctement le docu. Grâce à tout ça, on se rend compte de ce que signifient tous ces noms écrits sur les jaquettes et certains métiers prennent du sens aujourd’hui.
D’ailleurs c’est Emmanuel Prévost d’Avalanche qui nous a permis, en montrant le premier montage de Westcoast Theory à Luc Besson, d’être tour-cadreur de making-of sur « Arthur et les Minimoys ». C’est d’ailleurs à cette occasion là qu’on a pu gratter une interview de Snoop et de Will I.Am. Ces deux rencontres auront vraiment donné une autre ampleur au documentaire et ça nous a poussé à avoir plus d’ambition pour le reste du film, notamment concernant le nombre de personnes à qui le DVD pouvait s’adresser.
A : Donc, c’est Luc Besson qui vous a permis de rencontrer Snoop et Will I.AM ?
M : En l’occurence, oui. On avait déjà vu Snoop mais sans jamais pouvoir prendre le temps de l’interviewer.
F : En fait, l’ingé son initial d’« Arthur et les Minimoys » les a plantés deux jours avant. Emmanuel Prévost m’a appelé en me disant qu’ils voulaient absolument Segal en remplacement. Ce qui est assez drôle c’est que, de France, j’ai appelé Segal pour qu’il vienne ici bosser avec Snoop. Donc, on s’est retrouvé en studio avec Segal, Besson, Snoop et Will I.Am. C’était une bonne journée.
A : On parlait des chaînes de télévision. Vous comptez leur proposer votre DVD par la suite ?
M : Je pense qu’une version de 52 minutes pourrait passer sans problèmes sur Arte et Canal. Une version de 52 minutes avait déjà été mise dans les mains d’Arte à l’époque où il n’y avait pas encore Snoop et Will I.Am dedans. On s’est rendu compte qu’Arte n’est pas très à l’aise quand ils ne contrôlent pas la fabrication du film depuis le début. Plus on arrive en amont, plus ils donnent d’argent et plus ils ont un impact sur l’écriture du film. Quand t’arrives tard, tu as déjà ton propre langage, ta propre idée du film qui ne va pas forcément leur plaire.
Surtout, on ne voulait pas tomber dans la voix off qui est un petit peu la marque de la chaîne. S’il s’agit de culture « jeune » on va avoir la voix cassée de la meuf de Tracks, si c’est de la géopolitique Alexandre Adler va faire la voix off…On pensait qu’on pouvait davantage toucher les gens en laissant plusieurs mecs parler dans la mesure où tu te rends vite compte qu’ils partagent plusieurs constats.
F : On s’est aussi dit que, malgré notre nationalité française, c’est un film en anglais destiné aux beatmakers du monde entier. D’ailleurs, le DVD est en vente sur les marchés internationaux et va sortir en Allemagne prochainement.
On espère que ça sortira sur d’autres territoires pour lesquels on est actuellement en négociation. On n’a donc aucun regret de ne pas avoir de voix off et d’avoir pu contrôler notre film de A à Z.
A : Qu’est ce qui fait pour vous qu’une interview va être réussie ?
F : Il y a une grande différence entre l’interview que tu vas faire avec ton dictaphone et celle que tu vas faire pour un documentaire. Dans le deuxième cas, tu es dépendant de plusieurs éléments : la lumière, l’endroit, le bruit environnant…Quand tu es en face de quelqu’un qui est super énervé ou, au contraire, qui bégaye et qui n’est pas très loquace, ça va se ressentir immédiatement à l’image. Après, l’interview réussie passera par des réponses surprenantes, des avis très tranchés, une porte qui s’ouvre vers de nouvelles problématiques…
M : En ce qui nous concerne, je pense que nos interviews étaient réussies parce que nos questions étaient surprenantes pour nos interlocuteurs. Ils étaient super touchés que des mecs viennent de loin pour leur parler d’autre chose que ce qui tournait autour de la mythologie westcoast, des clichés gangsta, des embrouilles etc. L’interview était bien quand le mec avait l’impression que, pour une fois, il n’avait pas répété la même chose que d’habitude et qu’il n’a pas eu à se protéger en permanence parce qu’il était dans une posture faussement agressive.
La plupart du temps, ces mecs là sont préséntés sous un air assez violent et c’était bien d’arriver chez eux à 11 h du matin, de les voir le sourire aux lèvres et content de nous recevoir. Après, ça passe aussi par rentrer dans l’univers d’un artiste. C’est typiquement le cas avec Fredwreck. Je pense que quand on le voit chez lui dans son pyjama, avec son narguilé, on comprend aussi des choses sur lui. Au-delà de l’interview, c’est important d’arriver à trouver de la vie.
« Quand on voit Fredwreck chez lui dans son pyjama, avec son narguilé, on comprend aussi des choses sur lui. Au-delà de l’interview, c’est important d’arriver à trouver de la vie. »
A : Quels sont les défauts à éviter en tant que réalisateur ?
F : Il y en a plein mais tu vas les voir si on te les dit [Rires].
M : Ce que je peux dire c’est que si tu n’as pas d’argent pour acheter des archives, tu as intérêt à avoir un co-réalisateur qui déchire en graphisme. Il ne faut pas se passer du savoir-faire de gens meilleurs que toi et si tu peux avoir un bon mixeur, des bons cadreurs…Il faut les prendre. Après, le plus important c’est de chopper de la vie.
Et il faut éviter de fumer sur les joints de B-Real [Rires]. Notre cadreur se la jouait un peu en nous disant « T’inquiète, je sais ce que c’est ». Il est d’origine guadeloupéenne et, après avoir tiré sur le joint de B-Real, il est quand même revenu vert fluo…
A : Vous disiez avoir plus d’une centaine d’heures de rush. A ce niveau là, c’est un brise-coeur le montage ?
F : Comme on te le disait, réaliser un documentaire c’est raconter une histoire. Il faut toujours avoir en tête le fil conducteur. Quand ton histoire est beaucoup trop longue, tu es obligé de jeter certains passages…C’est là que le brise-coeur commence. C’est très dur surtout quand c’est ton premier film.
M : D’autant plus quand tu es passionné de sujet. Tu gardes en tête que tu t’adresses aussi bien à Aelpéacha qu’à ta mère qui n’y connait rien. Il faut faire en sorte de ne perdre personne. Tu vas garder l’explication des claps de Bootsy Collins parce que Fredwreck est loquace et a un discours bien structuré. Par contre, tu ne montres pas le fils de Eazy-E alors que tu ramènes ces images là comme un trophée après le premier tournage. A un moment, il y a aussi des personnages qui disent mieux les choses que d’autres.
A : Parmi toutes ces rencontres, quelles sont celles qui vous ont le plus marqué ?
M : Fredwreck qui te reçoit le coeur sur la main, assez déjanté, c’était vraiment bien. A la fin de l’interview, il perdait sa concentration et nous a presque oublié. Les deux interviews qu’on a faîtes avec lui, autour de la talk box et des claps, se sont très bien passées.
Snoop, c’était une belle rencontre parce que j’avais l’impression d’être dans une tente de bédouin dans le désert. C’était une sorte de prince qui a un petit plateau d’argent sur lequel il roule ses joints. Quand t’as passé la barrière de sécurité, tu te rends compte que le mec est constamment sollicité pour une faveur. C’est presque féodal [Rires]. Il a en permanence des gens qui viennent lui demander une interview, une signature, de regarder quelque chose, d’apparaître sur quelque chose…Il garde le sourire et il fait son job.
F : D’ailleurs, on ne voulait pas prendre la tête à Snoop parce qu’on savait qu’il était très sollicité. On avait fait une interview très courte et il nous a demandé de la prolonger. Il savait que quelque chose se tournait sur la westcoast et il ne voulait pas y apparaître en simple coup de vent. Il était impensable pour lui que quelque chose qui s’appelle « West coast Theory » se fasse sans Snoop. D’ailleurs, il a halluciné quand il a vu les images qu’on a tournées de Battlecat dans son home studio pendant son absence.
Sinon, c’était quelque chose d’être en face de Roger Lynn. Tu passes toutes tes journées avec des rappeurs, des DJ’s et là tu arrives chez ce monsieur qui t’accueille en petite chemise blanche dans sa maison toute paisible qui sent le savon tellement c’est propre.
M : Il nous a en plus donné des réponses tellement ésotériques qu’elles ne sont pas dans le film. Il y a limite un autre film en fabrication sur les questions qu’il a ouvertes.
F : Sinon, la rencontre avec JellyRoll était super drôle. Une fois on le recroise, il nous reconnaît et nous dit « il faut absolument que vous veniez chez moi ». Une fois arrivés chez lui on ne savait pas vraiment quoi faire et on lui demande s’il peut faire du son. Il refuse en nous disant « Je ne vais pas vous donner mes secrets. D’ailleurs qui vous a fait de la musique ? ». On lui répond que Battlecat a fait un beat. « Quoi, Battlecat vous a fait un beat ? Moi, je vais vous en faire deux ! Allume la caméra ! »[Rires].
A : Pour revenir à Snoop, ça peut sembler étonnant que ce mec devenu une gigantesque star qui a dépassé le cadre strictement westcoast soit limite vexé quand quelque chose autour du mouvement se fasse sans lui. Ca veut dire qu’il est encore attaché à cette volonté de représenter L.A ?
M : Il me semble que ce qui l’a intéressé c’est que le film ne s’intéressait pas à ce qui leur a littéralement pourri la vie ces quinze dernières années. Beaucoup ont dû quitter la ville à cause de tout ça. Snoop a vu tous ses potes dans le film et a compris qu’il y avait une histoire différente de celles racontées habituellement sur Los Angeles. Je pense aussi qu’il avait conscience qu’il nous faisait une énorme faveur et que ça lui plaisait de jouer le prince.
A : Vous avez rencontré beaucoup de gens à L.A. Qu’est ce qui fait que tous ces mecs là viennent de Californie et pas d’ailleurs ?
M : Des trajets en voiture extrêmement longs [Sourire]. Ils sont énormément en voiture à écouter de la musique dans des systèmes sons qui poussent énormément. Ce qui fait que dès que ton mix est mauvais où qu’il y a un peu de saturation, ça s’entend tout de suite. Will I.Am nous a dit que le fait de passer autant de temps dans sa voiture jouait énormément. Il faut vraiment faire du chemin pour aller d’un point à un autre contrairement à ce qui se passe à New York où ça raisonne davantage en termes de quartiers. A L.A, les gens se croisent beaucoup moins finalement.
Ensuite, je dirai que c’est une ville suffisamment violente pour qu’eux ne perdent pas de temps, malgré ce qu’on en dit, à s’exciter là-dessus. Les mecs passent beaucoup de temps en dehors de la lumière du jour et sont de vrais rats de studio.
Sinon, je ne sais pas si ça fait qu’ils sont westcoast, mais les gens qu’on a rencontré étaient tous très détendus. D’ailleurs ceux qui ne l’étaient pas font de la musique qui n’est pas très détendue non plus. C’était le cas avec Muggs qui était super énervé quand on l’a interviewé.
F : Sinon, c’est une ville dont ils sont très fiers. Il y fait beau toute l’année et ils ne ressentent pas vraiment le besoin de quitter la ville.
A : Par rapport à Will I.AM, en quoi est-il représentatif de la scène west ?
M : Il est né et élevé à l’est de L.A dans le quartier mexicain. Il ne fait pas du son westcoast mais est intéressant car représentatif de l’évolution du son de L.A d’une certaine manière. C’est à dire que, depuis quelques années, un producteur est presque aussi célèbre que le mec qui pose sur son beat. Fredwreck nous expliquait que pour qu’un artiste marche, les maisons de disques voulaient un beat de Will I.AM, un beat des Neptunes, un beat de Kanye, un beat de Timbaland… Ce qui a participé à la diminution des mouvements locaux. A L.A, on a vu que ceux qui faisaient de la thune étaient ceux qui collaient à cette tendance là en attendant que la westcoast, en tant que mouvement local, reprenne des forces. Will I.AM qui vient de Los Angeles mais qui ne fait pas du son estampillé « west » est intéressant de ce point de vue là.
Par ailleurs, c’est un gars qui n’a aucun scrupule à l’égard du progrès. C’est son rôle dans le film. « Si tout s’écroule autour et que je survis, ça veut dire que j’ai raison ». En même temps, parmi tous les gens présents dans le film, c’est lui qui vend le plus de disques et qui a raison du point de vue économique.
A : A la base, vous êtes spécifiquement des fans de westcoast ?
M : Non, pas spécialement. La dernière fois, on demandait à Segal quels étaient ses albums favoris. Il a cité le premier « Chronic », « Illmatic », « Doggystyle » et « Marshall Mathers LP » sur lequel il a d’ailleurs bossé. Toute le monde a été fan de westcoast au moment où ça a cartonné, tout le monde a écouté ces albums. Encore aujourd’hui, « Doggystyle » passe au bal des pompiers et des mères de famille dansent dessus. A l’époque, j’avais le vynil de Snoop, celui de Dre, du Above the Law…
Après, on n’a jamais été comme Aelpéacha ou Pimp Cynik qui sont vraiment à fond dedans. Personnellement, j’ai plus écouté « Illmatic » ou « Business is business » d’EMPD.
F : En gros, on n’a jamais choisi notre camp. Mais c’est vrai que nos beats étaient plutôt à tendance new-yorkaise, très sombre. Ce sont les ambiances à la Company Flow qui nous ont beaucoup rapproché Maxime et moi.
M : Peut-être parce qu’on était pas capable de faire autre chose [Rires].
« Il était impossible de faire un projet appelé West Coast Theory sans Snoop. »
A : Pour vous, il y a quelque chose de plus musical dans le son de Los Angeles que dans les autres sons ?
F : Plus progressif, notamment dans les arrangements.
M : Dans N.W.A, tu as du sample avec déjà des petis claviers et des sirènes qui sont jouées. Dre, quand il fait « Chronic 2001 », il a dans l’idée que son spectre sonore est trop restreint et que, s’il utilise des prises live, il pourra aller beaucoup plus loin. Dans son entourage, il a des ingés sons de l’époque de Death Row qui ne sont pas capables de passer au live et puis il y a un mexicain qui a une culture hip hop mais qui ne s’arrête pas là puisqu’il a dû enregistrer du Fleetwood Mac, du Steely Dan et ce genre de choses, c’est à dire la crème du son rock californien qui précède.
Ce mec c’est Richard Segal Huredia qui sait enregistrer une guitare, une basse etc et qui, en plus, écoute du rap et sait comment faire sonner ça. Cette musicalité vient quelque fois d’un sample qu’ils rejouent, déjà parce que c’est moins cher mais aussi parce que ça rend le son beaucoup plus « rond » et large.
A : Vous qui êtes partis à L.A, est-ce que vous avez le sentiment que la westcoast en tant que genre musical n’est qu’un bon souvenir ou qu’au contraire il s’y passe encore des choses ?
F : Ce qu’il y a c’est que parler de westcoast revient souvent, dans la tête des gens, à parler de G-funk. Alors qu’il y a toujours eu d’autres choses qui se sont faîtes à côté. Le son de la bay, des Dilated Peoples, toute la scène Project Blowed… Après, c’est vrai qu’on ne sait pas vraiment où est l’identité de la westcoast aujourd’hui. Segal dit que ça reviendra avec Detox…S’il sort un jour.
M : Là j’ai écouté un peu le Quik & Kurupt. Il y a un son avec une gratte d’anthologie que je trouve funky mais un peu à la manière de certains sons dark de Prince. Quik, c’est typiquement le genre de mecs qui continue à rechercher et à créer du son de qualité. Je trouve que le mouvement n’est pas mort, il a simplement vieilli. Il a aussi perdu de sa thématique parce que les gens se sont responsabilisés et ont moins parlé d’embrouilles au micro.
B-Real nous a dit qu’il a dû bouger à une époque parce qu’étant reconnaissable, il n’était jamais à l’abri d’un connard qui passait par là. Le fait qu’il ait parlé de sa vie violente dans les premiers albums de Cypress Hill faisait qu’il y avait toujours un mec susceptible de venir le provoquer par rapport à ça. Mais, je pense que cette musique globalisée, où tout le monde utilise les mêmes recettes, ne durera qu’un temps.
A : Est-ce que vous êtes nostalgiques de cette époque où chaque région avait son propre son ? Et est-ce que les gens que vous avez rencontrés sont nostalgiques de la période où L.A était sous les projecteurs ?
M : La nostagie est assez palpable pour certains d’entre eux. C’est quand même des mecs qui ont touché des sommes folles à l’époque où, non seulement le disque se vendait, mais en plus la westcoast cartonnait dans les charts. Aujourd’hui, c’est différent et plusieurs personnes ont perdu leurs tafs qu’ils s’agissent d’ingés sons ou de studios qui ferment.
Après, je n’ai pas de nostalgie vis à vis de cette musique dans le sens où la discothèque mondiale est remplie de bonne musique et que c’est compliqué d’être à court de sons quand même. Si la vibe westcoast te manque, tu peux aller réécouter toute la funk jusqu’à 69. En tout cas, je ne trouve pas qu’on manque de bonne musique.
F : Je ne suis pas du tout nostalgique non plus pour les mêmes raisons que Maxime. Aujourd’hui, on voit aussi plusieurs genres se mélanger et c’est assez passionnnant d’assister à la création de ces nouveaux styles musicaux comme le dubstep par exemple.
M : La grande question c’est combien il y a d’oeuvres possibles ? Il doit bien y avoir un mec qui a la formule mathématique du nombre d’oeuvres possibles. Je dis ça parce qu’à Los Angeles, les nouveaux morceaux qu’on écoutait étaient soient de l’autotune soit des reprises de morceaux existants. Ca déprime tout le monde d’ailleurs. Est-ce que ça arrive parce que les gens sont bloqués dans leur tête ou est-ce qu’on est arrivé à la fin de l’équation ?
J’ai l’impression qu’en ce moment c’est compliqué d’arriver à faire quelque chose de nouveau et qui plaise en même temps au plus grand nombre. Mais ça viendra sûrement.
F : Pour rebondir là-dessus, on voit ce phénomène dans le cinéma. Une nouvelle technologie arrive et tu te rends compte que tu vas pouvoir réexploiter tout un catalogue et donner une nouvelle vie à des films. L’art c’est aussi une question de cycles.
A : Est-ce que vous aviez vu le documentaire « Home studio » de Jérôme Thomas ?
M : C’est très drôle parce qu’on est parti tourner en se disant qu’on avait une problématique géniale avec les home studio. A notre retour du deuxième tournage, Jérôme Thomas commençait tout le début de sa promo. « Merde, c’est qui ce mec là ? »[Rires].
Quand on a vu le documentaire, on s’est dit qu’il a eu une intuition intéressante et qu’il a fait quelque chose de vraiment sympa avec les moyens qui étaient à sa disposition. Il a notamment eu l’audace d’élargir au maximum la palette des interviewés. On s’est dit qu’on était finalement assez complémentaires. Notre docu est plus large socio-économiquement en se demandant quelles étaient les implications du home studio pour toute cette chaîne de fabrication alors que musicalement il s’arrête au rap et même à la westcoast.
F : Finalement, on peut faire une soirée « Théma » avec nos deux documentaires [Rires].
M : On était content aussi de voir que son DVD s’était bien vendu et que ça pouvait exister économiquement. Et puis, il avait adopté un ton sympa ce qui n’est pas toujours le cas des documentaires qui prétendent s’intéresser au beatmakers. En tout cas, on ne regrette pas d’avoir continué notre projet.
A : Est-ce qu’il y a dans votre démarche quelque chose de militant dans le sens où vous avez aussi envie de montrer aux gens qu’il y a aussi de vrais musiciens dans le rap et que les mecs se prennent la tête ?
F : Carrément. L’exercice du documentaire revient aussi à faire de la vulgarisation et, si possible, de te faire comprendre du plus grand nombre. Si on se positionne juste sur notre cas personnel, c’est aussi l’occasion d’expliquer à ta mère ce que c’est que le rap et qu’est ce qui te pousse à aller tourner un film à L.A sans aucune certitudes derrière.
Du coup, on a vraiment apprécié aller au-delà de l’imagerie gangster propre à la westcoast et essayer de montrer le savoir faire de tous ces gens. Je pense que le film est également intéressant pour des gens qui n’aiment pas le rap. C’est le cas de mon père qui, après que je le lui ai montré, m’a demandé de lui conseiller quelques albums.
M : Après, il n’y avait pas vraiment de militantisme au départ. On partait pour filmer Segal sans s’imaginer toutes les rencontres qu’on ferait et la technicité de ces producteurs. On a surtout eu envie de montrer ce qu’on avait découvert en se disant que les images parleraient d’elles même de toute façon.
A : Est-ce que vous pensez que l’omniprésence des machines peut faire passer le rap, au même titre que d’autres musiques, pour un truc de bidouilleurs plus que pour quelque chose de réellement musical ?
F : Je ne pense pas. Ce sont plutôt de vieux a priori et j’ai le sentiment que la révolution numérique est en marche depuis un moment. Tous les gens qui s’intéressent à la musique ont dépassé ces préjugés.
M : Je pense que ce qui a le plus flingué le rap dans la tête des gens n’est pas tant la manière dont c’était fabriqué mais plus le fait que le grand public entendait 16 mesures d’un morceau qu’il connaissait déjà sans qu’il y ait forcément de vrai travail sur la boucle. Il y a eu une période où on a complètement abusé sur l’utilisation extensive de samples sans travail par dessus. Les mecs qui méprisaient le rap autour de moi le faisaient soit pour la violence et le manque d’intérêt des propos tenus sur le beat soit parce qu’ils connaissaient très bien le morceau samplé et qu’ils savaient qu’il s’agissait de 30 secondes intéressantes parmi 11 minutes magnifiques. Je pense que le rapport entre l’arrogance des mecs qui posaient et l’absence d’humilité vis-à-vis de ce qu’ils devaient au sample a choqué beaucoup de gens.
En France, il y a également un autre paramètre. Les gens n’ont pas une culture funk et soul aussi développée qu’aux Etats-Unis et ont souvent découvert a posteriori que certains titres puisaient allègrement dans les vieux répertoires. Quand certains ont découvert que le premier Wu-Tang samplait pas mal de boucles de soul ultra cramées, ils ont eu l’impression de se faire voler. Aux Etats-Unis, les gens connaissent très bien les morceaux samplés et conçoivent aussi le rap comme un moyen de faire revivre ces vieux disques. Ce côté « hommage » n’a pas très bien été compris en France. On a préféré retenir le côté « voleur ».
A : Quel est votre point de vue sur la démocratisation de la musique et le fait que n’importe qui puisse faire du son avec un peu d’argent de côté ?
M : Segal parle d’un budget minimum de 15 000 euro pour produire depuis son home studio quelque chose qui peut finir sur un album aujourd’hui.
Sinon, aujourd’hui on vend l’idée d’une musique qui serait facile et rapide à faire, notamment en en faisant un produit dérivé de la télévision. Quand tu vois des émissions comme la Star Academy ou la Nouvelle star, l’album sort avant même que tu finisses de regarder le programme. Ca entretient l’idée d’une grande facilité à faire de la musique et plein de gens achètent du matériel sans forcément bien le maîtriser et davantage parce qu’ils sont en quête de lumière.
Par ailleurs, ça ouvre des possibilités gigantesques pour les mecs travailleurs. Le studio de Khalil est presque moins impressionnant que celui que j’avais à l’époque puisqu’il n’a que son ordi et deux enceintes. Pourtant, il va te sortir de Reason quelque chose qui est à tomber par terre. Alors que plein de mecs vont te dire que le moteur audio de Reason est merdique…
F : L’ordinateur ouvre un spectre de recherches sonores qui est sûrement infini. Les processeurs et les ordinateurs sont de plus en plus puissants et il n’y a pas de raison pour que l’on arrête de créer. C’est le bon côté de la technologie.
M : Honnêtement, on peut mettre au défi qui que ce soit d’écouter Khalil et de dire que ça sonne « ordinateur ». Il te sort des sons de Reason qui sont beaucoup plus chaleureux que ce d’autres vont te sortir via des expandeurs Roland dernier cri.
A : Quel est votre sentiment par rapport à Internet ? Est-ce que vous êtes de ceux qui pensent que ça a flingué la musique en diminuant la vente de disques où êtes vous au contraire d’avis que ça lui ouvre plein de possibilités ?
F : Ca fait dix ans et on est encore en train d’halluciner sur Internet et ses retombées. Pour la musique comme pour beaucoup d’autres choses, Internet est un nouveau tuyau qu’on n’a pas encore réussi à complètement maîtriser. Même si ça a peut-être tué la vente de disques, ça en facilite aussi la promotion. N’importe qui peut faire sa propre promo ou inventer de nouveaux systèmes pour diffuser sa musique comme Radiohead l’a fait. Il faut vivre avec son temps et ne pas y être réfractaire parce que ça évolue très vite.
Pour notre film par exemple, il est possible qu’on ne vende pas de DVD’s compte tenu de la situation du marché. On a fait le choix de le mettre en téléchargement avant qu’il sorte avec un lecteur esclave. C’est à dire qu’aujourd’hui, on est le 17 juin et tu vas pouvoir regarder 17 minutes de West Coast Theory. Ca peut donner envie aux gens et c’est à nous de nous creuser aussi la tête. En tout cas, les gens auront toujours envie de découvrir des choses.
M : En tout cas, il me semble qu’on se soit totalement trompé de direction en France concernant la gestion des droits sur Internet. D’ailleurs, la loi Hadopi a quasiment été écrite par le service juridique d’Universal. Au-délà du fait que ça me dérange en tant que citoyen que les lois soient rédigées par des multinationales, j’ai trouvé l’approche complètement passéiste vis-à-vis du canal internet. Il y a énormément de gens qui se sont enrichis du travail de producteurs, compositeurs et autres réalisateurs.
Je parle de tous ces gens qui vendent des ordinateurs ou des accès Internet et qui ont construit leur économie sur l’envie qu’ont les gens d’avoir accès à ces contenus gratuits sur Internet. Ca me paraîtrait naturel qu’ils payent notamment parce qu’on a aujourd’hui la possibilité d’avoir des statistiques extrêmement précises de ce qu’il se passe sur Internet.
On pourrait inventer un système un peu plus moderne de redistribution des droits. En tout cas, la réponse d’Universal qui consiste à faire de la musique un produit dérivé de la télé pour assurer ses 15% de bénéfices est une connerie absolue. Je ne vois pas qui va acheter de la Star Ac’ 6 le jour où la Star Ac’ 7 commence surtout que ce sont des entreprises fondées sur une économie de catalogue. S’ils sont riches aujourd’hui, c’est parce qu’il y a du Jacques Brel et du Beatles qui continuent à se vendre.
A force de raisonner à court terme et d’être complètement bloqués sur des schémas archaïques, ils sont en train de passer à côté de quelque chose. A l’heure de l’Internet, ils te parlent de lettre recommandée. Tu vas télécharger ton album et un postier va venir t’apporter une lettre à une heure où tu ne seras même pas chez toi. Non seulement la philosophie est débile mais les moyens mis en oeuvres ne sont pas adaptés.
A : Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter ?
M : On est très content que tu sois venu nous interviewer parce qu’on avait aussi en tête des sites comme l’Abcdr ou Audiofanzine en faisant ce film. C’est une communauté d’auditeurs à laquelle on voulait aussi avoir accès. Si on parle aussi à ces gens, ça nous donnera l’impression de retomber un peu sur nos pattes par rapport à notre point de départ.
F : On est heureux que le film sorte et on espère que ça plaira au plus grand nombre.
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