Le fait de faire quelque chose de « différent » vient de mes parents qui m’ont fait écouter beaucoup de choses. C’est quelque chose de naturel, d’inné chez moi, mais il faut le travailler. Et c’est une curiosité que j’ai dans d’autres domaines, j’aime beaucoup le ciné, j’aime beaucoup les immeubles, l’architecture c’est vraiment quelque chose qui me parle. Je regarde aussi des documentaires, je sors beaucoup, je vais faire du vélo avec Oumar [son manager, ndlr] à Genève à côté du lac. Mais je n’aime pas obligatoirement les musiciens qui font des choses différentes. J’aime surtout ceux qui font ce qu’ils aiment. J’aime beaucoup Future par exemple, pourtant c’est de la trap « classique ». Il y a plein de rappeurs qui restent dans le même registre mais on les aime pour ça. Tu sais qu’ils aiment ce qu’ils font, et c’est le plus important. Je ne me dis pas en tout cas que j’ai envie d’être différent. Je fais juste ce que j’aime, et heureusement, ce que j’aime sonne différent. Mais je ne me dis pas « Ah j’ai envie d’être différent ». Parce que du moment où tu penses comme ça, tu ne fais plus vraiment quelque chose que tu aimes. Si tu fais quelque chose qui n’est pas dans la tendance et que tu le fais super bien, les gens peuvent aimer. Et si c’est ta route il faut y aller. Si ce n’est pas ta route, tu peux essayer, tu peux expérimenter, mais il ne faut pas se mentir. Je n’ai pas l’impression de faire quelque chose de différent en tout cas. J’ai juste l’impression de faire quelque chose que j’aime beaucoup.
Varnish La Piscine, à contre-courant(s)
Producteur et artiste singulier de la scène suisse, Varnish La Piscine s’est imposé comme une figure à part du paysage rap francophone. Retour avec lui sur son parcours, ses inspirations, et sa méthode de travail.
Pendant longtemps, les suiveurs assidus de la SuperWak Clique (Slimka, Di-Meh, Makala) et du rap suisse en général ont essayé de mettre des mots sur la musique de Varnish La Piscine. Sans jamais vraiment réussir à en donner une définition précise. Derrière les prestations explosives du trio, notamment sur scène, se cachait en effet une autre qualité indéniable : un travail sur les productions singulier, qu’il faut beaucoup attribuer à un homme au nom difficile à oublier une fois qu’on l’a entendu pour la première fois. Depuis sept ans, Varnish La Piscine élabore son propre monde, qu’il soit musical ou visuel. Un univers où se croisent rap, musique électronique, BOs de vieux films ainsi que de jeux vidéo, et influences visuelle tirées du cinéma de Wes Anderson, Federico Fellini ou des frères Cohen.
Un son unique et hétéroclite, rarement entendu ailleurs, qui aura fini par attirer l’oreille de noms de plus en plus importants : il y a d’abord eu la scène rap et pop française, de Deen Burbigo à Bonnie Banane en passant par Gracy Hopkins ou Joanna, puis le monde de la musique électronique, avec une signature récente sur le label de référence Ed Banger Records, et – encore plus fort – une validation par deux de ses références absolues : Pharrell Williams et Tyler The Creator. Aidé d’un coup de pouce de Pedro Winter, le jeune Suisse a ainsi vu, tour à tour ces dernières semaines, Pharrell s’afficher lors de la Fashion Week avec le dernier EP du producteur en main, puis Tyler partager sur ses réseaux sociaux la sortie. Une love story artistique pas si étonnante quand on entend la musique du Suisse, qui revendique pourtant aussi sa singularité. Et qu’il nous a longuement détaillée le temps d’une heure pour de la sortie de son dernier EP THIS LAKE IS SUCCESSFUL chez Ed Banger Records.
Lisez cet entretien en écoutant notre playlist Produit par : Varnish La Piscine disponible sur Spotify et Deezer.
AUTODIDACTE
J’ai commencé à faire de la musique à partir du moment où j’ai commencé à en écouter. Je n’en écoutais pas juste pour me faire plaisir, j’étais vraiment dans un mode d’écoute où je me demandais « qu’est-ce que j’aime vraiment et pourquoi j’aime ça ». J’ai grandi avec des parents qui m’ont fait écouter plein de choses très éclectiques. Je pense à Phil Collins, Sade, Michael à fond, Madonna, Koffi Olomidé, Werrason. Même en France, avec Roch Voisine. Mon père aimait beaucoup aussi Gainsbourg, on en avait beaucoup à la maison, Françoise Hardy, je pourrais vous en parler pendant des heures… Et le rap c’était plus ma grande sœur, et aussi par moi-même. Mais je ne me suis pas arrêté qu’à Pharrell. Ce qui m’a vraiment percuté c’est Jadakiss, tous ces mecs un peu New York. Il fait froid, tu as une grosse veste. Rap ! Il y a aussi le Congo, qui est quelque chose d’important pour moi. Manger du riz avec du pondu, c’est ma culture, j’ai grandi dedans. Et c’est pareil dans la musique : je suis un stan de Papa Wemba. Il a une ouverture d’esprit qui est différente des autres chanteurs congolais. Koffi Olomidé aussi. Mais j’ai trouvé chez Papa Wemba quelque chose de plus éclectique par rapport aux autres chanteurs congolais.
C’est ensuite vers mes 12-13 ans que j’ai commencé à vraiment vouloir produire. Un cousin à moi est venu un jour, et il a installé FL Studio. Il l’a mis sur l’ordi, et j’étais là : « mais c’est quoi ça ? ». J’ai ensuite appris à faire de la musique en regardant des vidéos sur YouTube et en écoutant de la musique, je n’ai pas eu de cours. Je me rappelle d’ailleurs de ma toute première prod’. Je ne l’ai plus parce que j’ai eu six ordis entre temps mais c’était un truc… je le mettrai plus dans la catégorie hip hop. J’étais vraiment en autodidacte. Même pour jouer du clavier. Après je ne suis pas Herbie Hancock, mais je me débrouille. J’enregistre parfois des musiciens pour mes morceaux, notamment des guitaristes, et je fais souvent ma mélodie au clavier en leur disant « Je veux cette mélodie en guitare ». Je ne connais pas les notes, le solfège ce n’est pas mon délire. Parfois ça me permet d’être libre, dans le sens où je suis plus naïf dans ce que je fais, mais je me dis que si j’avais quelques bases de solfège, je gagnerai un peu plus de temps. Au final mes professeurs en musique, c’est Pharrell, Stereolab, Jamiroquai, et dans le rap Makala, Booba, Jay Z, Alpha Wann. Et dans la vie de tous les jours, mon manager Oumar. Mais je pense avoir l’oreille relative. Il y a des choses que j’entends que j’arrive à rejouer directement quand je les entend donc ça m’aide beaucoup. Je crois que je comprends assez rapidement la musique des autres.
MODÈLES
En termes de modèles, Pharrell est le premier à m’avoir inspiré, suivi de Tyler. Il y a un truc qui est similaire chez eux et moi, c’est qu’on aime le même type de musique. Ils m’ont ouvert la voie de la confiance en moi. Ce sont de vraies figures masculines. Dans ma tête je vois ça comme un arbre : il y a le tronc, qui est Pharrell, la branche qui est Tyler, et moi j’ai ma branche qui est en train de pousser. Pharrell vient de Stevie Wonder, quand tu entends sa musique tu entends Stevie. Et quand tu entends Stevie tu entends des sonorités d’Herbie Hancock. C’est vraiment cette image pour moi de l’arbre avec des branches musicales différentes. Et c’est quelque chose de naturel, pas un truc superficiel où je suis juste un mec fan d’eux qui veut faire la même chose, ça va plus loin que ça. Je sais qui je suis, je sais ce que j’aime, et au-delà de Pharrell, il y a Stereolab, il y a Jamiroquai qui sont aussi des influences de ma vie. Si un jour j’ai envie de faire du prog-rock je vais le faire. Le fait qu’on se dise que j’ai des similitudes avec Pharrell tout en sentant que ça reste Varnish, c’est parce que je fais quand même ce que j’aime. Je ne me prive pas. C’est quelque chose qu’on voit souvent chez d’autres artistes, ce truc de faire quelque chose pour que tout le monde aime. D’ailleurs, dans ma musique, personne ne m’a jamais dit « Fait peut être plus comme ça ». Dans la vie de tous les jours, oui, il y a mon manager Oumar. Mais dans mon art ça n’existe pas.
[On suggère alors que Oumar et Makala sont les deux seules personnes à avoir le droit de donner à Varnish leur avis sur sa musique.
Oumar, en train de travailler sur son ordinateur au fond de la salle pendant l’entretien, lève d’un coup sa tête.
« Ah non, je ne donne pas mon avis sur la musique moi ! ».]
[Rires] Par contre Oumar me donne des conseils sur la vie de tous les jours. Là oui, il est là. Mais je pense qu’il me fait confiance sur l’art. Ce qui est important au final pour moi, c’est que je sois le premier à aimer ce que fais, avant les gens qui m’écoutent. Quitte à ne pas faire de compromis.
COLLABORER
Bosser pour les autres, c’est quelque chose d’enrichissant dans le sens où tu dois aussi t’adapter à la personne que tu as en face de toi. Tu es un peu comme un tailleur haute couture, tu fais un costard ou une robe personnalisée pour chaque artiste, c’est vraiment ce truc-là qui me parle. « Toi tu es grand comme ça, ok, il te faut un costard comme ça. Ah toi tu vas aller danser dans ce bal, ok, il te faut une robe comme ça ». Après, ce que j’apprécie, c’est que les gens qui viennent me voir savent toujours pourquoi ils viennent travailler avec moi. Dans le sens où ils me disent « Fais, et je m’adapte à ta musique ». À l’inverse, j’aime bien aussi demander à l’artiste ce qu’il aime avant de commencer. Mais, ça m’intéresse moins quand on me dit « fais moi un truc comme cette prod ». Dans ce cas là, prends juste l’instrumental de ce son là et pose dessus si c’est ça… Après il faut aussi savoir se mettre en retrait et parfois c’est un peu chaud [rires]. Parce que j’aime bien composer tout seul. Mais avec quelqu’un comme Makala par exemple, on n’a presque pas besoin de communiquer quand on bosse ensemble. On sait ce qu’on doit faire et il sait que je l’ai déjà identifié, je sais ce qu’il aime. En vrai, il n’a même pas besoin de me le dire. C’est ça qui est cool.
Mais il y a beaucoup d’artistes avec qui j’aimerais collaborer. Je ne suis pas fermé, je suis ouvert pour discuter avec d’autres artistes. J’ai déjà fait des sessions studios avec des gens que je ne connaissais pas. Si ça se passe bien on va au bout de l’idée, et si l’artiste ne prend pas, c’est pas grave. Aujourd’hui, si Jul vient vers moi et veut faire un truc, on le fait ! Du moment que je peux apporter mon univers, on y va.
SPECTATEUR
Quand j’étais enfant, tous les lundis on nous mettait sur un banc et on nous racontait des histoires à l’école en primaire. Et je voulais savoir la fin à chaque fois : « Il se passe quoi après ? ». Depuis petit raconter des histoires c’est quelque chose qui me parle. D’ailleurs, avec ma copine, tous les soirs après les infos, on regarde un film. Même si on s’endort devant. Regarder un film par jour, c’est vraiment quelque chose qui me nourrit, je suis attentif à l’histoire et je note tout. Limite des fois j’arrive à me souvenir de ce qu’il se passe à des minutes précises. Quand je dois montrer mes références je peux dire : « fais-moi comme ce truc là à 43min63 de tel film ». Je note tout dans ma tête et je me souviens de tout. Récemment j’ai regardé Basic Instinct de Paul Verhoeven, il est hardcore ce film ! Il est malaisant aussi. [rires] J’ai bien aimé mais il m’a mis mal à l’aise. Un film qui m’a vraiment marqué que j’ai trop kiffé c’est la trilogie Hannibal Lecter. [soupirs] Incroyable ! Dans ma musique et mon art, il y a plusieurs films qui sont importants : La Montagne Sacrée de Jodorowsky, Satyricon de Federico Fellini, No Country For Old Men et Burn After Reading des frères Coen, La Belle et la Bête, La Belle Au Bois Dormant, beaucoup de Marvel Comics, Grand Hotel Budapest de Wes Anderson… Et malgré moi je raconte toujours des histoires dans ma musique. Moi-même je suis là en train de tout écouter et je me dis : « Mais c’est un film ou quoi ? ».
RÉALISATEUR
J’ai commencé à écrire de mon côté avec Le Regard Qui Tue. Bonnie Banane était à Genève et on s’est dit qu’on allait juste faire de la musique. Puis après on a eu envie de raconter une histoire en musique. J’ai écrit un scénario vite fait sur mon téléphone et à la fin c’est devenu un film auditif, où il y avait des dialogues. Mais la première fois que j’ai réellement écrit c’est avec Les Contes du Cockatoo et Ce Lac A Du Succès. Le réalisateur du court métrage de Ce Lac A Du Succès, s’appelle Rémi Danino et il bosse avec la boîte de production Dissidence. Avec eux c’est l’école cool, ils m’aident à mettre des mots sur ce que je vois. Moi j’ai mes idées mais je ne connais pas les techniques de cinéma, je n’ai pas les notions de réal’ donc je viens avec mon idée brute et ma vision et je me demande comment je pourrais commencer à cadrer mes plans. Par exemple je leur disais « Je veux qu’on filme en bas » et eux me disait « Ok c’est une contre-plongée ».
Au niveau des acteurs c’était un 50/50 entre acteurs professionnels et amateurs. Plusieurs de mes potes faisaient partie du casting, ce ne sont pas des acteurs professionnels mais ils ont aussi une passion pour les films. Je pense notamment à Rounhaa : c’est mon gars et en réalité c’est un très bon acteur. On discute beaucoup de films avec Rounhaa, on a notamment une passion commune pour Star Wars. Lui il déteste – enfin il n’aime pas beaucoup – le personnage d’Anakin et ça m’énerve un peu. Mais c’est pas grave [rires]. Pour moi Anakin c’est le meilleur personnage qui existe. Le seul truc où je ne suis pas d’accord c’est quand il tue les enfants. Moralement il n’est pas terrible. Mais si tu regardes bien toute son histoire, le mec souffre, et à la fin il se rachète de ses péchés. Qui sommes-nous pour juger ? [rires]
ED BANGER
En 2016, je suis allé déposer une clé USB et une lettre écrite à la main aux bureaux de Ed Banger Records à Paris. « Cher Pedro… ». Je me suis donné de la peine mais ça valait le coup. Bon, finalement il ne l’avait pas vue et je n’ai jamais eu de réponses ! [rires] Après, ils doivent recevoir beaucoup de courriers. Mais là c’était différent, c’était Varnish ! [rires]. On s’est finalement re-croisé quelques années plus tard. Ça s’est d’abord fait via Zdar. Sébastien Tellier connaissait ma musique en 2018, et son management m’a invité à venir à la Biennale d’art de Venise pour composer une musique avec Zdar devant des gens. Il y avait déjà une maquette et puis Zdar est arrivé. Je connaissais Zdar via Cassius mais pas personnellement. Et quand je l’ai rencontré à Venise bah… c’est bon, c’est mon exemple tu vois.
Juste un tweet pour dire que Varnish La Piscine et Philippe Zdar ont travaillé ensemble sur un morceau du dernier album de Sébastien Tellier
— Brice Bossavie (@BriceBossavie) May 30, 2020
🙏 https://t.co/VCq4auorvg pic.twitter.com/pIXy4jpwRq
Le mec c’est un leader. Il a une science de la production qui va encore plus loin, et j’aime cette énergie. « Bouge de là » de MC Solaar. Les gars s’il vous plaît… [il soupire] Incroyable. C’est innovant tu vois. Je pense que Pedro est très à l’affût des choses, mais Zdar en a fait beaucoup et je suis très reconnaissant. On s’est ensuite recroisés à We Love Green, on s’est échangés des DMs et je lui ai alors dit « Pedro viens, faut que tu écoutes des trucs ». Il a écouté et voilà. Au-delà de l’électronique, ce qui me parle chez Ed Banger c’est que ce sont des gens qui sont ouverts d’esprit. Pedro c’est la ref, c’est un pionnier de l’électro dans le monde entier. Je me suis mangé les Daft Punk, Discovery ça m’a marqué, puis ensuite Ed Banger avec Justice, SebastiAn, Breakbot… Et c’est grâce à eux que j’ai pu rencontrer Pharrell. Et aussi grace à moi, et Dieu, très important [sourire]. Mais je ne veux pas en parler, c’est encore très frais. Un jour vous saurez tout [rires].
JEUX VIDÉO
Quand j’étais petit je jouais beaucoup à Sonic donc j’avais envie de lui dédier un son sur mon dernier EP. Même si ça parle de drogue, on s’en fout c’est pour Sonic ! Je jouais beaucoup et j’écoutais beaucoup ce qui se passait dans le jeu, ça te mettait dans l’ambiance, tu avais envie de faire le truc à fond. Les gars qui composaient les BO de ces jeux avaient une manière d’utiliser les synthés qui est pure, il n’y avait pas de filtre, c’est quelque chose qui me parle. La musique de Zelda c’est un truc de ouf quand même. Je pense aussi à Gran Turismo, quand tu devais choisir une voiture, ce jazz fusion japonais… Mec c’est abusé. Pareil avec les jeux de foot comme PES, tu choisissais ton équipe, tu avais une musique brésilienne qui venait de nulle part, et c’était fait par des Japonais. « On parle de voitures mais je dois faire une musique bossa ». Le paradoxe entre les deux je trouve que c’est fascinant créativement. Si je devais recommander des BOs de jeux ? J’aime toutes les BOs de Gran Turismo. Les musiques de Pro Evolution Soccer aussi, le 5 et le 6 notamment. Sonic Unleashed aussi, cette BO là [soupirs]. Pareil pour Sonic Adventure 2 sur Gamecube, notamment le dernier niveau avec Knuckles. Il est dans l’espace, et tu es tellement déconcentré par la musique à certains moments que tu te demandes « je dois faire quoi déjà ? ».
La musique de jeux vidéo, c’est quelque chose de différent de la musique de film et de cinéma je trouve. Après bien-sûr, ça dépend de ce que tu regardes comme film. Si tu regardes 2001, l’Odyssée de l’Espace ou Les Griffes De La Nuit tu restes un peu dans des sonorités au synthé. Par contre si tu regardes Two Lovers avec Joaquin Phoenix tu as la musique de Henry Mancini qui arrive et là ça devient beau. Tout dépend du film que tu regardes. Mais ce qui m’intéresse dans la musique de jeux vidéo c’est le côté synthé, strings, violons et orchestre… C’est ma vie.
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