Interview

5 questions à Gift of Gab

Figure historique de la Bay Area depuis les premiers éclairs de Blackalicious et la mise en orbite de la galaxie Quannum, Gift of Gab fait partie de ces MCs qui traversent le globe pour enchainer concerts et festivals. Un vrai programme de marathonien. Lundi dernier Timothy Parker était à Paris, pour un concert à La Maroquinerie. Un micro, deux platines et une salle qui sonnait un peu creux malgré la présence appréciée d’une gente féminine particulièrement portée sur les bonnets en laine. A défaut de rééditer Woodstock, Gift of Gab a fait honneur à sa réputation : rompu aux vieilles recettes pour agiter le public et enchainer les morceaux tout en étant fort d’une palette technique quasi-infinie. Imposant mais accessible, on a pu passer un moment avec lui avant le début des hostilités. Une rencontre très improvisée où il est question de réchauffement climatique, de son dernier album Escape 2 Mars et de notre bonne vieille capitale.


A : La pochette d’Escape 2 Mars est assez conceptuelle. Tu peux nous expliquer quel message tu as voulu faire passer avec ce visuel ?

Gift of Gab : En fait j’ai écrit le morceau ‘Escape 2 Mars’ à un moment où je lisais et écoutais beaucoup de choses sur le réchauffement climatique. Je regardais aussi pas mal de films et documentaires sur les théories conspirationnistes, les manipulations de l’industrie pharmaceutique. Je suivais aussi toutes ces histoires autour de la fin du monde annoncée en 2012. Je me suis pas mal renseigné, absolument pas pour conforter ces théories ni même me la jouer visionnaire. Non, en tant que rappeur, je me positionne comme un observateur du monde. Et ce que je peux ressentir, voir ou lire, à un moment ou à un autre, ça finit dans les morceaux que je peux écrire. Escape 2 Mars reflète mes pensées et réflexions d’un moment.

A : Comment tu présenterais ton dernier album Escape 2 Mars à tous ceux qui ne l’ont jamais écouté ?

G : C’est un album cosmique et funky avec un gros travail sur les paroles et des beats vraiment mortels. Une bonne partie des morceaux sont joués et pas basés sur des samples, ce qui est très nouveau pour moi. Partir sur un côté plus live c’était une vraie expérience, une direction que je souhaitais prendre. Après, je fonctionne au feeling. Que le morceau soit basé sur une sample ou qu’il soit joué, si je le sens bien, je vais avoir envie de rapper dessus, de partager une certaine énergie.

A : J’ai l’impression que tu enchaînes les concerts, passant d’un continent à un autre, d’une scène à une autre. T’es un peu un évangéliste du rap !

G : [Rires] Je ne vais pas me considérer quand même comme un évangéliste ! Ce serait un peu… excessif et présomptueux de ma part. Je suis juste un mec qui aime la rime, qui aime rapper et être un MC. J’ai la chance de faire ce que j’aime vraiment et de pouvoir le faire dans le monde entier. Aujourd’hui, faire des tournées, être proche de ton public, c’est vraiment quelque chose d’essentiel. Et tu sais, quand tu aimes vraiment ce que tu fais, tu as une seule envie : continuer. Quand la musique n’est qu’une arnaque pour toi, et qu’en plus tu ne prends pas l’argent que tu voudrais, forcément, tu as moins cette envie de perdurer.

A : Est-ce que Paris est un endroit un peu spécial pour toi ou ça reste juste une date parmi d’autres ?

G : Ah, non, Paris ça reste un lieu très à part. Je suis venu pour la première fois en 1995 avec Blackalicious. Je m’en souviens très bien. Dès que je suis arrivé, j’ai ressenti l’énergie de la ville, ce côté très stimulant.
Avec Blackalicious on avait fait il y a quelques années une tournée avec le Saïan Supa Crew. Des gars très cool, super talentueux. Je connais mal le rap français, je ne vais pas pouvoir te dire qui cartonne aujourd’hui par exemple. Par contre, je suis toujours impressionné par les producteurs français, beaucoup sortent des beats terribles.

A : Quels sont les deux derniers albums qui t’ont particulièrement marqué ?

G : [Tout de suite] Le dernier album de Q-Tip The Renaissance. J’ai aussi beaucoup aimé celui de Fashawn Boy meets world. Dans les deux cas, ce sont des albums solides, et très bons du début à la fin.

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3 commentaires

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  • SAM'S,

    Le concert était bon mais un peu court. Et puis il manquait quelques sons de son dernier album, que je trouve super bon pour ma part. Après c’est clair que mic en main il débite sans fausses notes et que dire des classique Blackalicious « make you feel that way »). A noté, pas beaucoup de monde dans la salle…

  • Nicobbl,

    Yes, c’était sympatoche. Il déroule quand même tranquillement l’ami Gift of gab. T’as jamais l’impression qu’il force alors qu’il enchaine des paquets de styles différents, fait tout en solo pour le coup. Et très humble, ultra-accessible. Bon, par contre « Escape 2 Mars » est pas dingue du tout.

  • Supapanda,

    Ce concert était énorme!! j’ai adoré, que de la good et positive vibe, un flow hors du commun, la reprise des classiques de Blackalicious… pfff une tuerie! mieux que les mighty underdogs vu au New morning il y a quelques mois