thaHomey, cent pour cent vrai
Interview

thaHomey, cent pour cent vrai

Prolifique depuis 2018 en sortant six EPs et un album, le rappeur reimois prend un vrai virage artistique en 2021 sur SoundCloud. Plugg music, Atlanta, scam rap, retour sur l’univers de thaHomey à l’occasion de la sortie de RARISSIME II.

et Photographies : Camulo James pour l’Abcdr du Son

Comme chez Young Thug ou Lil Baby, il y a quelque chose d’aquatique dans la musique de thaHomey, une fluidité et une profondeur qui sont moins affaire de lyrics (qu’ils soient en français, en anglais ou dans un mélange symbiotique des deux) que de sensations ; de vibe, en somme. Mais là où des artistes comme TripleGo – autres grands explorateurs de l’underground sous-marin – donnent à l’élément liquide une dimension enveloppante, le rappeur originaire de Reims, lui, impulse dans l’eau un courant électrique, comme s’il plongeait une ligne à haute tension directement dans les vagues. « Vraie prise musique ».

Le résultat de cet impact entre l’eau et l’arc électrique ? Personne ne sait vraiment définir de quoi, mais il s’agit probablement d’une forme de slime – cette substance à mi-chemin entre différents états, ni vraiment liquide, ni vraiment solide mais située à un point de tension instable entre les deux. L’artiste que nous avons rencontré est à cette image : il cultive un style qui se laisse difficilement prendre au piège des catégorisations trop hâtives. Au fil d’une discographie déjà riche d’une grosse douzaine d’albums, mixtapes et EPs, il navigue entre les différents courants qui agitent la scène SoundCloud, sans pour autant se laisser submerger par les nouvelles vagues qui s’enchaînent à un rythme de plus en plus effréné. Sa musique puise à des sources aussi diverses que le scam rap de Detroit, les tauliers du rap français ou la plugg music, et la langue qu’il y parle est un hybride entre l’anglais d’Atlanta et l’argot d’Île de France. Mais si influences multiples et références variées sont omniprésentes dans sa production, il n’en conserve pas moins quelque chose de profondément personnel.

« Le Trill », « le Hunnit », « thaHomey »… Autant d’alias qui viennent flouter encore davantage les contours d’une identité artistique aux bords troubles, autant graphique que sonore. Ici, l’image, la musique et le discours procèdent d’une seule et même vision. En témoigne l’attention portée au visuel – le Hunnit ayant d’ailleurs exercé comme graphiste dans une autre vie, – aux clips, à l’habillement, à la construction d’une esthétique aussi singulière que le son qu’elle accompagne. Avec la sortie de RARISSIME en 2023, premier volume d’un diptyque dont le second opus (RARISSIME II) vient tout juste d’être dévoilé, un nouveau pan de ce multivers est rendu visible. Au long de cet entretien, l’artiste nous livre quelques clés pour rentrer dans l’imaginaire dense et autoréférentiel qu’il cultive depuis son Prélude de 2018.


Abcdr du Son : Dans les sonorités très modernes de tes morceaux, on peut parfois entendre un zeste de soul et de jazz, notamment « ÉTINCELLE D’OR » et « ROSA PARKS ». Tu en écoutes ? Tu as grandi dans quel univers musical ?  

thaHomey : En fait, je ne vais pas te dire que j’en écoute. Je ne vais pas forcément en mettre tous les jours sur YouTube mais ça peut m’arriver de temps en temps. Parce que mon daron écoutait plutôt du reggae. Moi, j’ai été bercé un peu plus par le R&B, la soul et le jazz.

A : Je crois qu’il n’existe pas une seule interview de toi où tu ne cites pas NAV, est-ce que tu peux revenir sur la manière dont ta rencontre avec sa musique t’as influencé ?

T : Quand j’étais à l’IUT de Troyes, c’est le moment où je commençais à développer mon aspect créatif sur la vidéo, le graphisme, etc. Et il y avait deux, trois gars dans ma section qui étaient en mode diggers. Ils diggaient sur SoundCloud, ils me ramenaient des trucs que moi je n’avais pas forcément l’habitude d’écouter. À un moment, je tombe sur NAV, on est en 2016. En plus, c’est un moment où moi j’arrive un peu aussi sur Paris, je commençais à écrire mes premiers sons. C’est vraiment un mec qui m’a beaucoup motivé.

A : Dans ton premier freestyle pour Le Règlement en 2018, on te découvre avec une voix et un flow moins singuliers qu’aujourd’hui. À quel moment la plugg music arrive dans ta vie ? 

T : En 2018, un peu après le freestyle avec Le Règlement, c’est le moment où on récupère le studio Propulsion à Arcueil. Avant, je faisais des sons un peu chez moi vite fait, un peu à droite à gauche. Mais là on avait une base, on pouvait ramener tous mes potos beatmakers et tous mes potos diggers. Donc on est resté genre trois ans là-dedans à écouter du son et à en faire. Je pense que c’est le moment où j’ai vraiment récupéré le plus d’influences, parce que j’étais vraiment 24h/24 dans le studio avec des mecs qui connaissent vraiment certains styles un peu plus underground. Moi, je naviguais un peu entre les deux, j’aimais l’underground mais j’aimais aussi un peu les trucs mainstream à la Travis Scott. Et c’est à ce moment-là, où j’étais avec les beatmakers qui m’ont vraiment trempé là-dedans, que j’ai capté qu’il fallait que j’upgrade mon game.

A : Dans ton interview chez On The Radar, tu as dit que tu avais un pied dans la old school et un pied dans la new school. Ailleurs, tu cites Ol’Kainry ou Gravé dans la Roche de Sniper comme influences… Comment le fait d’avoir écouté ce rap français plus « traditionnel » va marquer ta manière d’écrire ?

T : On va dire que ça impacte ma façon de réfléchir lorsque je vais faire mes rimes et choisir mes flows. Même s’il y a beaucoup d’anglicismes et tout, je vais essayer de faire en sorte qu’à l’oreille, ça glisse. Je dis ça mais c’est paradoxal parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont dérangés par le flow un peu off beat. Mais moi en tout cas c’est comme ça que je le ressens, je me dis que l’école que j’ai eue en termes de rap français, c’est ce qui m’aide toujours à garder les pieds sur terre. En termes de flow, en termes de punchline, en termes de construction, de refrain, d’exigence dans l’écriture en fait.

A : Justement, quel est ton processus d’écriture entre français et anglicismes ? Est-ce que le fait d’enregistrer prise par prise joue un rôle là-dedans, avec le côté plus « instinctif » de l’anglais ? 

T :  Quand je suis au studio je vais essayer, premièrement, de viber sur un son, mettre une prod, viber ce qui me passe par la tête. Par contre, dès que je vais vraiment vouloir essayer de trouver un thème, je vais prendre mon temps. Je vais peut-être d’abord faire le refrain, me poser s’il faut sortir l’iPhone, écrire deux trois bars, essayer de structurer tout ça. Sur un son comme « ÉTINCELLE D’OR », je l’ai écrit, je l’ai fait, je suis revenu dessus. Faut vraiment essayer de trouver le bon truc mais c’est rare que je travaille comme ça, je suis un gars spontané en vrai.

A : Qu’est-ce que tu penses du fait qu’on mette tous les artistes qui font de la plugg, de la DMV, qui sont influencés par les scènes rap de Detroit et Flint dans la case new wave ? Est-ce que de ton côté, tu as le sentiment de faire partie d’une scène ?

T : Je me suis beaucoup plaint que notre style underground n’était pas reconnu, qu’on ne parlait pas assez de nous etc. Et là en fait on en parle beaucoup, peut-être que c’est difficile de mettre les bons mots sur chaque style, mais d’un côté je me dis que c’est de la bonne pub quand même. C’est ce qui a permis aux gens qu’on soit un peu découvert, qu’on soit mis sur la carte. Après, c’est à nous les artistes et les activistes du mouvement de faire des blogs, des trucs pour expliquer : « voilà, ça c’est une chose, ça c’en est une autre. » Ceux qui veulent aller chercher vont aller chercher, et puis ceux qui ne cherchent pas… c’est comme d’habitude.

« Je me dis que l’école que j’ai eue en termes de rap français, c’est ce qui m’aide toujours à garder les pieds sur terre.  »

A : Quelque chose de frappant avec les artistes de ta génération, c’est la facilité avec laquelle vous connectez par delà les frontières. Tu as notamment fait une apparition sur On The Radar, la chaîne de freestyles US. Comment l’opportunité s’est présentée?

T : J’ai un frérot qui s’appelle Brian, qui travaille chez Audiomack. Il bosse avec Sainté [rappeur britannique, NDLR], il bosse avec pas mal d’artistes avec qui il m’avait déjà branché. Et lui, comme il est vraiment basé à New York, il a plein de plugs, il m’a arrangé pas mal de trucs. Au final, tu connais, sur le moment, je ne me rendais pas vraiment compte, parce que j’étais vraiment dans ma folie américaine. Mais avec le recul, même aujourd’hui, je n’arrive pas trop à réaliser l’impact que ça peut avoir ici en France, ou pour moi là-bas. Juste, ce que je me dis, c’est que c’est lourd d’avoir ce genre d’ouverture, pour des gars underground en France qui ont un peu de lumière. Puis là-bas, pour les connexions, les gens sont en mode fous. Dès que t’arrives, t’es un peu dans ton jus, c’est facile de se connecter. C’est marrant de voir à quel point la porte est ouverte, parce que nous, on a tendance à se dire, les cainris sont compliqués mais en fait, eux, ils s’en battent les couilles. Tant que tu fais ton bail, que t’es actif, peu importe ce que tu fais, peu importe dans quelle langue tu parles.

A : Il y a une certaine fascination pour les US qui ressort de ta musique, mais tu collabores également pas mal en Europe. Tu as notamment fait une tournée qui est passée par Amsterdam et par Londres, tu peux nous en dire un peu plus ?

T : C’est le même délire que New York. Des productions d’un mec que je connais, que j’ai rencontré en soirée, qui connaît un autre gars. Quand je le vis, je ne suis pas en mode : « ouais, je suis en train de faire le tour d’Europe avec ma musique ». Je suis dans ma ride, on me dit : « il y a un concert là, on peut te mettre là », j’y vais, boom. Avec le recul, je me dis que c’est quand même un truc de fou. À ce moment-là, j’avais encore moins d’auditeurs, les gens ne me connaissaient pas, je faisais ma tournée et tout. Les gens ne comprenaient même pas ce que je disais. Mais j’étais tellement dans mon jus que les gens kiffaient. Donc, ça m’a permis d’avoir beaucoup de confiance en moi et de me dire que tout est possible. Ne te prends pas la tête avec les histoires de vues, de streams, de machins, juste fais ton truc, fonce, prends tout ce que t’as à prendre et puis on verra après.

A : Tu t’es mis à fond dans ta carrière d’artiste et de performeur assez tard finalement, tu as un passé de directeur artistique, créatif, graphiste… À quel moment tu t’es décidé pour la musique ?

T :  Quand j’étais à Reims, j’ai d’abord été avec un groupe, un collectif qui s’appelle Le Bloc. Un de ces mecs s’appelle Surito, il fait les clips pour tous les rappeurs de la ville, c’est mon mentor. Il y en a un autre qui s’appelle Ashken, il fait de la direction artistique pour le Cabaret Vert [festival de musique qui se déroule à Charleville-Mézières dans les Ardennes, NDLR], il bouge avec des bons comme Vladimir Cauchemar, un peu à droite, à gauche. Ils m’ont mis la fibre. Parce que dis-toi, quand j’étais un peu plus jeune, seize, dix-sept ans, ça rappait avec des potos dans ma ville, mais j’étais en mode : « vas-y, il faut que je vois plus loin et que j’essaie de les mettre en avant ». Mais quand j’étais finalement au studio tous les jours, à un moment je suis tombé dedans, je me suis dit : « allez, il faut que je fasse un petit son, on va voir si ça va faire un peu de jus ». J’en ai refait deux, trois, après je me suis dit, vas-y, on y va !

A : Tu as créé le collectif Black Sword Creatives. Ce terme de créatif que tu utilises souvent résume assez bien ton parcours de touche-à-tout. Comment définirais-tu ce mot, et le rôle d’un créatif ?

T : Un créatif, c’est un gars que tu vas mettre dans une pièce qui va venir te dire : « écoutes, montre-moi ce que tu fais et je vais essayer d’apporter une plus-value à ton produit ». Tu vois ce que je veux dire ? Donc je sais aussi faire du graphisme, un clip, des montages, de la création de contenus, tout ça. C’est ça que je kiffais moi à la base. Avec très peu de moyens, si tu as une bonne vision, un bon flair, tu peux déjà réussir à faire un bon packaging pour accompagner quelque chose qui n’est peut-être pas à grande portée, mais le rendre très intéressant. C’est là-dessus que moi, je voulais vraiment mettre le point.

A : Dans « MONTRÉAL », tu dis : « C’est du rap, du son, c’est pas de la politique ». Selon toi, l’art n’est pas forcément politique ? 

T : Il y a un pont entre les deux. Dans le sens où nous les artistes, on a une voix qui peut porter, et faire faire des choix différents aux gens qui nous écoutent. Mais je me dis aussi que des fois, c’est trop abusé l’impact que j’ai pu avoir sur des petits, même moi à mon niveau. C’est un message pour vous dire « eh les gars peut-être que je parle de scam, je parle de drogue, mais vas y, c’est du rap, c’est pas un code d’honneur de comment il faut vivre ». C’est ça le message, avec un peu d’egotrip.

A : Ton blase fait référence au royaume du Dahomey, il donne directement une profondeur historique à ta musique, pourtant dans les textes tu n’évoques pas souvent de sujets historiques. Ce sont des thèmes que tu as envie d’aborder ?

T : Même si j’ai choisi ce blase, j’ai pas l’impression que la musique que je fais va aider à faire avancer les choses, ni en France ni chez moi. Mais par contre, l’aspect créatif de la musique, développer un studio, développer des jeunes, ça c’est des choses qui m’intéressent, et que j’ai potentiellement envie de faire là-bas. Même ici, j’ai essayé un peu. C’est plus dans cet aspect là que j’aimerais œuvrer, faire des ponts entre la musique et l’éducation, entre guillemets. Mais ma musique à moi c’est plus du divertissement et du… de l’ouverture d’esprit, tu vois ce que je veux dire ?

A : Malgré ta jeunesse, on a l’impression que la transmission est un enjeu qui t’importe beaucoup.

T : À mort, laisse tomber. Comme je te disais, ça s’enfermait au studio avec tous les petits que je pouvais rencontrer et qui étaient dans mon style. Tout comme moi, il y avait ce truc avant. Il y a des gens qui vont te dire « Ah, tu prends mon style, t’es chelou, » moi j’étais plus en mode « Ah, tu prends mon style ? Vas-y viens, on va voir ce qu’on peut faire. » C’est ça pour moi, transmettre.

A : Tu cites d’ailleurs Médine comme une de tes références, tu racontes même qu’un des premiers textes que tu as rappé, c’était l’un des siens ?

T : Là, j’étais petit hein ! [rires] Ma mère travaille en maison de quartier, son directeur avait un fils un peu plus grand que moi, il avait des compilations, j’arrive plus à mettre le nom dessus. Ça sortait tous les mois, il n’y avait que des sons rap, rap, rap. Et dedans il y avait un son de Médine, « Petit cheval ». Ça m’a tué, j’écoutais que ça, je rappais ça tout le temps en faisant croire que je l’avais écrit. Et en fait un jour, y’a un cle-on qui avait entendu le son, il m’a dit « mais t’es un mytho ! » Il m’avait grillé ! [rires]

« Ne te prends pas la tête avec les histoires de vues, de streams, de machins, juste fais ton truc, fonce, prends tout ce que t’as à prendre. »

A : Est-ce que tu peux nous définir le surnom de « Hunnit » que tu utilises fréquemment ?

T : C’est comme « trill » que j’utilise aussi souvent, et qui vient de « true » et « real ». Le Hunnit, ça veut dire « cent », comme dans « cent pour cent vrai ». Comme ils disent tout le temps ça, j’ai dit « eh, moi je prends tous les trucs avant que quelqu’un d’autre récupère ce blase ». Hop je récupère aussi.

A : Le terme « Trill » vient de Houston, c’est une scène qui t’as particulièrement influencé ? 

T : Les DJ Screw et les vrais trucs à l’ancienne, ça ne m’a pas vraiment influencé, c’est plus… Bon déjà, il y avait Travis Scott, mais moi je ne l’inclus pas dans Houston. Mais il y a eu la phase avec les Summer et tout ça, même le côté un peu lean… Ça m’a plus influencé visuellement, ce délire des pochettes de SpaceGhostPurrp, le violet, les écritures 3D avec des trucs en ice, tout ça. Mais pas trop au niveau du son.

A : Tu cites notamment Johnny Dang, bijoutier de renommée. 

T : Tu vois, c’est pareil. C’est pas trop le son qui m’a influencé, mais plutôt le côté divertissement, les trucs qui ont fait qu’ils sont sur la map. Les Houston Rockets aussi, à l’époque je kiffais ça.

A : Sur « NO LOVE », tu parles de confiance et d’amour. Est-ce que tu penses que l’industrie joue un rôle dans le manque de confiance et d’amour envers l’autre ? 

T : C’est une bonne question. [réfléchit] L’industrie est forte, ils arrivent à jouer sur tous les tableaux. Ils vont te mettre un peu de trucs gogolisants, un peu de sentimental. Après, faut voir qui a envie de plus s’appuyer sur quoi mais… Je ne saurais pas te répondre, frérot. Ce qui marche le plus, c’est ce qui va faire danser les gens, ce qui va faire rigoler les gens, tu vois. Moi, je le ressens comme ça, perso.

A : En avançant dans le game, tu as senti que ta confiance dans les gens se réduisait ?

T : Nous, les mecs underground qui commencent à monter, on a tous un peu cette méfiance de base. De base, on était en mode « pas de signature, pas de médias, pas de je sais pas quoi », après tu rencontres des gens, tu commences un peu à faire confiance, il y en a qui te la font à l’envers, tu te dis « bon, je ne vais plus aller que sur des trucs sûrs. » J’essaye d’éviter au maximum d’avoir à faire confiance à quelqu’un.

A : Tu as un vrai attrait pour la mode, c’est quelque chose dont tu parles beaucoup et tu as d’ailleurs lancé RARE, une ligne de merch qui s’est transformée en marque de vêtements. Quelles sont tes références dans ce game-là ?

T : À l’époque, quand j’étais un peu en mode teenage, c’étaient les Rocky et les Travis, et après le drip des Thugger, des Gunna… La façon dont Atlanta s’est appropriée le bail. La chance qu’on a aussi, c’était d’être en France, donc moi j’avais le frérot Serane, avant qu’il fasse du son, on était déjà branchés lui et moi et il me montrait des pièces, il m’expliquait un peu les différents délires, comment ça se passe. Mon gars Cocco aussi, beatmaker. Lui, je l’appelle le digger de luxe ! Il m’a montré la mode, le son… Il m’a montré trop de trucs. Avec RARE, on s’est dit qu’en terme de business, il fallait à tout pris qu’on ait notre ligne, notre merch, pour avoir quelque chose d’autre à offrir aux gens, et qui représente notre lifestyle aussi en même temps.

A : Tu sors RARISSIME et RARISSIME II dans un coffret double CD pour la première fois. Le format physique est important pour toi ? 

T : C’est vraiment parce que mes auditeurs me le demandent depuis longtemps. Je voulais déjà le faire à l’époque où j’avais fait les six EP, ça ne s’était pas fait, donc là je me suis dit que c’était l’occasion parfaite de leur offrir ça. Après, je ne vais pas te mentir, je n’ai pas trop été de l’école musique physique, tu vois. Ce n’est pas quelque chose qui est dans les cases à cocher pour moi, mais je me suis dit qu’au moins pour mes auditeurs, je me devais de leur faire ce cadeau.

« Il fallait à tout pris qu’on ait notre ligne, notre merch, pour avoir quelque chose d’autre à offrir aux gens. »

A : Une autre de tes références, c’est Soulja Boy. Tu peux nous parler de ton rapport à cet artiste ?

T : Il m’a matrixé parce que c’était un peu un « rappeur internet ». C’est ce côté-là qui m’a tué, la façon dont il a utilisé Internet pour faire péter sa musique, faire péter tous ses mouvements, tout ce qu’il lançait.

A : Il y a aussi une continuité avec ton côté geek, fan de science fiction et de technologie, je pense par exemple à la référence à I, Robot sur la couverture de Rare Files 2. D’où ça te vient ?

T : Moi, j’ai jamais bougé de l’ordi ! Je dois avoir 29 ans, j’ai eu internet à 9 ans, je suis sur les jeux en ligne depuis que j’ai 11 ans. Donc laisse tomber, eMule, LimeWire, j’ai tout traversé.

A : Dans ce projet tu as mis plus d’émotions que dans les précédents, c’est l’âge qui joue ?

T : Je ne veux pas te dire que c’est l’âge, mais en vrai c’est un peu ça. Je me vois mal continuer à faire le foufou tout le temps. Je kiffe, même aujourd’hui je fais encore des sons de fou [il insiste sur ce dernier mot]. Mais j’ai quand même envie de plus retranscrire ma personnalité, que les gens puissent mettre un doigt sur qui est thaHomey, et sur ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas, ce qui le fait souffrir… Des trucs simples, pour que les gens puissent facilement relate, tu vois.

A :  Jusqu’à maintenant, tu as toujours eu les yeux rivés vers le futur musicalement, est-ce que tu vas continuer comme ça ou est-ce que tu vas t’arrêter un jour sur ce que tu sais faire de mieux?

T : D’un côté, toutes les nouvelles influences, c’est des trucs qui m’impactent et que je kiffe, parce que j’aime être à la page. Mais d’un autre côté, j’ai envie d’être plus intemporel. Et enfin, j’ai envie d’avoir mon propre son à moi. Donc là, je suis entre les trois, pris dans un triangle en attendant de voir quelle dimension ça va prendre.

A : Sur RARISSIME II, tu invites un rappeur de Washington DC, El Cousteau. Comment s’est faite la connexion avec lui ?

T : Pareil, c’est le frérot Brian d’Audiomack qui m’a branché avec lui. On n’avait pas fait de son, on avait juste link up, putain de délire et tout… C’est encore une fois mon gars Cocco qui m’avait branché sur lui. Et en rentrant en France, on continue à avancer sur la tape, et on se rend compte qu’elle est de plus en plus en mode New York. « Viens si on retourne là bas on fait le feat. » On s’est rebranchés, on a fait du son, boom, fluide. Putain de connexion.

A : Une autre personne dont tu es très proche c’est le producteur Skuna, tu peux nous en dire plus sur ce qui vous lie artistiquement et humainement ?

T : Je le connais avec la musique, mais c’est comme un frérot hors musique. Des fois, on se voit au studio, on se fait kiffer. Mais avec le temps qui a avancé, on se donne de plus en plus d’expectations dans notre travail. Même lui, il est de plus en plus structuré, « viens on fait un bon son, une bonne maquette… » Avec le temps, tu vois. Mais non, sinon, c’est fluide hein.

A : On t’a aussi vu avec Thouxanbafauni et Uno The Activist, qui sont originaires d’Atlanta, comment vous vous êtes pluggés ? Vous continuez à travailler ensemble ? 

T : C’est pareil, c’est l’époque de la ride, avec mon frérot Prayer Loose, dont je parle souvent aussi et qui est un activiste de la culture underground. C’est lui qui me branchait à Berlin, à Meuda, et aussi beaucoup avec des artistes cainris. Dès qu’ils viennent en France ou dans les parages, il me branche avec eux. Donc quand il a organisé les deux shows, il m’a mis en première partie. Au début tu as des aprioris, tu te dis qu’ils vont faire les stars, mais une fois que t’es posé avec eux tu vois qu’ils sont tranquilles, ça échange, ils tendent l’oreille, donc les choses se font.

A : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite, le trill ?

T : Que ça marche de mieux en mieux, qu’on ait de plus en plus d’impact sur la culture, sur le mouvement, et puis surtout la santé !

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