Seno : « Le rap, pour moi, c’est un truc de droite »
Valeur sûre du microcosme west français, c’est avec 2.0 que le Sale Blanc a déclenché sa mue pleine de promesses. Focus sur le nouveau Seno, celui qui fait « tomber la neige », ou quand un rappeur avec de la bouteille recouvre l’ivresse du rookie.
Abcdr du Son : Tu as récemment opéré un virage musical après avoir été longtemps l’un des principaux représentants de la scène west française. Pour quelles raisons ?
S : J’avais envie de changer, de kicker sur des prod’ un peu plus contemporaines. Le but des Samedis Bâtards, c’était de casser un peu l’image que j’avais, montrer que j’étais capable d’autre chose, partir dans un truc un peu plus décalé, où on se fait plaisir, on se marre plus…
A : C’était une peur de s’enfermer peut-être, aussi ?
S : Quand tu es dans ce créneau-là, c’est compliqué. C’est un style de musique très fort, qui dégage beaucoup de choses, donc beaucoup de clichés aussi : les bandanas, les low riders, la Californie… Même si le public est assez restreint en France, moi, j’ai une fan base correcte dans cet univers-là. J’ai sorti trois solos en indé. Je fais des pressages de 1 000 et je vends tout. Pour la petite histoire, je commençais déjà à penser à donner ma musique pour le troisième. Je l’ai donnée et les gens me l’ont quand même demandée, ils la voulaient en physique. Du coup, j’ai fait le pressage et c’est parti. Mais à un moment donné, c’est cool mais j’avais envie de voir autre chose aussi. OK, je vends mes 1 000 skeuds, je suis content, je rentre un petit peu de sous… Mais il y avait une envie de voir comment ça se passe dans le game classique.
A : Tu te sentais un peu marginalisé par rapport au reste du « game » ?
S : C’est ça. Les mecs du game nous connaissent : « Ouais, c’est mortel ce que vous faîtes ! » mais ils ne nous invitent pas. Mais ça, ce n’est pas très grave, c’est le jeu. C’était surtout une envie de passer à autre chose, de tâter le terrain : « Est-ce que je peux kicker sur des trucs comme ça ? » C’était en quelque sorte un défi. C’est à partir de là que j’ai travaillé avec un manager. J’avais besoin de quelqu’un qui me cadre un peu, qui me dirige. Sur les Samedis Bâtards, je n’étais pas convaincu de certains choix de prod’ mais le résultat était mortel à l’arrivée. Les morceaux où je n’étais pas le plus chaud, ce sont ceux qui ont le mieux marché finalement. On en a sorti dix-huit, on n’a jamais raté un samedi, les gens étaient au rendez-vous…
A : Les rappeurs français de ta génération ont généralement été très influencés par le son new-yorkais ; toi, non…
S : Mon histoire aurait pu être différente. Ce sont les affinités musicales, tout simplement. Lorsqu’il y a eu la déferlante Wu-Tang, je n’ai pas compris. De l’autre côté, les Snoop & co sortaient, ça m’a davantage parlé. Wu-Tang, pour moi, c’était trop froid, synthétique. Après, ça vient de ma culture musicale : j’aime bien tout ce qui est soul… Tu commences à fouiner, tu reconnais des samples dans les morceaux… Ça me parlait. Je ne me suis toujours intéressé qu’à la musique, pas aux attitudes des uns ou des autres… Tous les codes qu’il y a autour ne m’intéressent pas forcément. C’est la musique avant tout.
A : Tu tournes avec qui à tes débuts ?
S : Je rappais avec des mecs de Sarcelles. Je passais tous mes weekend là-bas. J’avais des potes très proches du Ministère Amer. Il y avait des cassettes qui tournaient… J’ai pu écouter très tôt des maquettes de Passi, Doc Gynéco… L’album d’Ärsenik aussi, mais avec des prod’ différentes. J’ai perdu les cassettes, ça n’a pas résisté au temps [sourire]. Mon école à la base, au niveau du rap français, c’était vraiment le Ministère. Parce que ça me ressemblait, le délire baskets blanches, 501… Au début, je suis un simple auditeur. J’ai des potes qui font du son mais, moi, je suis plus à me moquer, à tailler… Et puis, tu vas avec des potes en studio ; il y a un créneau, tu poses un truc, tu te rends compte que tu sais rapper dans les temps… C’était une période en dents de scie, je n’étais pas à fond dedans, ce n’était pas sérieux. Ça a duré presque dix ans cette période-là. Vers début 2000, j’ai commencé à y penser. Je me suis dit que j’allais faire un album. Je faisais un morceau de temps en temps… J’ai dû mettre au moins deux ans pour le faire. Je voulais le faire mais je ne savais pas comment. Je connaissais un mec qui faisait des prod’, je bossais à droite, à gauche, c’était très brouillon… Il est sorti en 2004 et c’est là que j’ai rencontré toute cette scène westeuse. Je ne savais pas que tous ces gens-là existaient. Je connaissais déjà quelques mecs comme le groupe 4.21 parce qu’on traînait dans le même studio, à Pierrefitte. Mais on ne se côtoyait pas vraiment. Le truc qui nous a rassemblés, c’est la compilation West Rider volume 2. Là, j’ai rencontré un peu tout le monde : Les Sales Blancs, Aelpeacha… C’est là que je cimente les relations avec ce milieu-là. Cette époque était vraiment bien.
« On a fait le tour de toutes les majors mais, à un moment donné, on avait tellement de buzz qu’on s’est dit qu’on n’avait pas besoin de major. »
A : Tu as commencé relativement tard finalement…
S : J’ai commencé tard parce que je ne voulais pas faire ça sérieusement. J’aurais pu. J’ai loupé des trucs parce que j’étais là au début de tout quasiment. Aujourd’hui, je ne rêve pas d’une carrière. Je pense que ce serait bizarre de penser à une carrière à mon âge. L’album que je prépare sera très certainement mon dernier projet. De toute façon, j’ai une famille et une vie professionnelle à côté. Je ne veux pas être comme la plupart des rappeurs, qui n’ont ni boulot ni vie sociale. Il y a dix ans, jamais je n’aurais imaginé être encore là. Je pense que j’arrive au bout. J’ai fait le tour de ce que je voulais. Je pense qu’à un moment donné j’aurais envie de redevenir un simple auditeur. Un mec qui kiffe le son. J’ai fait mon truc, je me suis fait plaisir. Je ne serais pas aigri. J’ai vécu tout ce que je voulais vivre, ne serait-ce que par procuration avec mon fils [NDLR : Lil Thug]. J’ai pu être exposé grâce à lui d’ailleurs. Mais ce n’est pas moi qui l’ai poussé. J’ai des cassettes où il rappe, il a six ans ! Je le traînais avec moi en studio… Il a baigné dedans. Quand il pose sur le premier album, il a huit ans ! Il était déjà à fond dans les trucs crunk [sourire]. A travers lui, j’ai pu faire des trucs de fous, que seules les pointures ont l’occasion de faire. Canal +, Cauet…
A : Comment en vient-on à sortir un disque lorsque l’on a douze ans ?
S : Il est venu me voir un jour : « J’aimerais bien faire un morceau. » Je l’ai chambré un peu : « Tu sais rapper, toi ? » [sourire]. Je lui ai dit d’écrire sa chanson : « Si c’est bien, je te trouve une prod’ et on fait un son. » C’était l’époque de MySpace, vers 2005. Le morceau s’appelait « Qui est dans le club !? ». Il s’est mis devant moi à sauter et crier comme un fou à la Lil Jon [sourire] ! C’était pas du Goethe hein, mais c’était un hit d’ambiance. J’ai appelé un pote pour qu’il tape une prod’. J’ai emmené mon fils en studio, il a posé tout seul, comme un chef. A force d’être tout le temps avec moi, il avait appris naturellement à rapper. Un peu comme moi plus jeune avec mes potes, finalement. Tu n’as pas peur une fois dans la cabine, c’est familier. J’étais en contact avec le photographe Koria à ce moment-là. Il n’avait pas encore explosé mais il commençait déjà à avoir une certaine notoriété. On s’est rencontrés, je lui ai fait écouter le morceau et on a fait une journée photos dans Paname. On en a sélectionné une dizaine et on a fait un MySpace. Première semaine, il ne se passe rien. Au début de la seconde, ça commence à bouger et puis c’est devenu la folie à la fin de celle-ci. Le titre avait pris tout seul. J’aimais bien le côté décalé du morceau. C’était super frais. A son âge, il avait déjà chopé le côté entertainment. Même si certains n’ont pas compris le délire. On a commencé à recevoir des mails de partout. Je crois que le premier était de E.M.I. On a pris des rendez-vous avec toutes les majors qui voulaient nous voir. On s’est associés avec une boîte qui s’appelle « La Te-boi ». Des mecs qui bossent avec Rim-K et dans l’électro aussi… Je les ai pris en tant que managers. On a fait le tour de toutes les majors mais, à un moment donné, on avait tellement de buzz qu’on s’est dit qu’on n’avait pas besoin de major. On sait faire. Je savais déjà faire de la musique. La boite avec laquelle on s’était associés nous a produit l’album. Ils avaient une palette de producteurs super balèzes. Ils se sont occupés de toute la promo, des clips… Lil Thug avait une vraie équipe autour de lui. Ça a bien fonctionné et j’ai bénéficié de tout ça. Mais je l’ai préparé car on ne peut pas nier que son cas aurait pu s’apparenter à celui d’un « Jordi du rap« . Je l’ai accompagné partout pour veiller sur lui. Je voulais juste que mon fils kiffe, qu’il s’amuse. Je pense que ça a été une bonne école pour lui. Aujourd’hui, dans sa musique, il est super pro. Il a balancé une tape gratuite dans la foulée et même enregistré un autre album. Mais il ne l’a pas sorti car la couleur ne lui plaisait plus. L’avantage quand tu es jeune, c’est que tu peux prendre le temps. Il s’est tourné vers d’autres musiques : l’électro, le K-Pop… Il s’est nourri de beaucoup de choses. Il bosse actuellement sur un EP. Il s’amuse.
A : Tu évoquais Doc Gynéco auparavant… Ton morceau « En Bas du Bloc » me fait énormément penser à « Dans ma Rue »…
S : C’est une ambiance et un état d’esprit similaires. Je pense qu’au niveau de ma fan base westeuse, c’est le morceau qu’ils aiment le plus. Moi, j’ai toujours dit que je faisais du rap français, quoi qu’il arrive. Mais, musicalement, au niveau des tentations sonores, je voulais que ce soit autre chose. Même les Anges Pleurent, c’est le premier album, tu ne sais pas s’il y en aura un deuxième ; donc tu mets toutes tes tripes. Des morceaux comme « En Bas du Bloc », ce sont de purs morceaux de rap français, sauf que c’est posé différemment. Mais le texte, c’est la même chose. Aujourd’hui, je pense que je pourrais le poser sur un piano/violon, ça passerait carrément. En France, l’influence New-Yorkaise était tellement balèze que ça été noyé dans le truc… Mais si j’avais sorti ça en 95/96, je pense que j’aurais pu me mettre musicalement dans la file des Ministère, Doc Gynéco, Secteur Ä… Mais il ne faut pas regretter, quand c’est pas l’heure, c’est pas l’heure.
A : Ça a été une grosse influence, Doc Gynéco ?
S : Oui, franchement, musicalement, je trouve Première Consultation parfait. Je n’ai pas écouté tout ce qui se fait mais, pour moi, c’est peut-être le meilleur album de rap français.
A : Pour certaines personnes, on a l’impression que Doc Gynéco n’a jamais existé…
S : Doc Gynéco n’a jamais existé pour eux parce qu’ils sont nés à l’époque où il sortait son album [rires].
A : Même à l’époque, certains ont exercé un rejet immédiat…
S : Ouais, parce que Secteur Ä a montré qu’on pouvait faire de l’argent en faisant de la musique. On était dans une époque où, pour être respecté, il fallait forcément être underground… Alors que c’est hypocrite. Le rap, pour moi, c’est un truc de droite. Le morceau DSK, c’est ça, ça pourrait être mon rappeur préféré [rires]. Ça représente tout. Ça a été dénigré à l’époque mais bon, le mec a fait plus d’un million avec cet album. Dommage qu’il n’ait pas su continuer…
A : Ton virage musical s’est vraiment matérialisé avec le morceau « Tombe la Neige »…
S : En fait, j’ai l’impression que c’est mon premier morceau de rap, « Tombe la Neige » [rires]. Comme si je commençais à rapper en 2012. J’ai toujours assumé ce qu’on a fait mais c’est vraiment un morceau de moi que j’avais envie d’entendre. Un truc qui tape, sur une prod’ contemporaine, avec de bonnes phases, une ambiance bien sombre… J’étais vraiment fier. J’ai ressenti la même chose qu’avec mes tout premiers morceaux, où j’allais en studio à Paris la journée et qu’une fois rentré, tard le soir, je mettais ma cassette et je l’écoutais mille fois… « Ouah, c’est mortel ! » [sourire] « Tombe la Neige » m’a fait le même effet.
A : Tu as cassé la routine en fait.
S : Oui. Parfois, j’écoutais des beatmakers davantage dans un style new-yorkais, je kiffais et je le leur disais. Mais ils m’envoyaient des prod’ où ils retapaient des trucs avec des sirènes [rires]… « C’est pas ce que je t’ai demandé ! » Tu es un peu prisonnier de ton image. Je me sentais un peu à l’étroit. Je ne suis plus dans une optique de carrière, j’ai envie de m’amuser.
A : Est-ce que ce morceau est issu d’influences particulières ? Certains ont fait un rapprochement avec Booba…
S : Mais c’est bien ! Si, demain, en tant que journaliste, on te dit que tu fais du Olivier Cachin, c’est cool ! Je préfère qu’on m’assimile à Booba qu’à je ne sais qui… Ça veut dire que je suis capable d’aller où j’avais envie d’aller. Je ne me suis pas planté. Mon manager a fait les bons choix aussi. Cette prod’-là, je ne l’avais pas sélectionnée à la base. C’est une prod’ de Madizm. Des mecs comme Madizm, avant, on ne bossait pas ensemble.
A : La connexion s’est faîte via le morceau « Braquage Éclair » (avec Hype, Sazamyzy, Bolo et Tige, produit par Madizm) ?
S : Voilà. Le morceau avec Hype et Saza, c’est ma toute première collab’, hors Samedis Bâtards, depuis mon virage. On a enregistré de nuit au studio de Kremlin-Bicêtre, c’était vraiment cool. C’était mon premier morceau vraiment rap français avec d’autres mecs. Après, sur les Samedis Bâtards, on a invité plein de monde d’univers différents. Joe Luccaz, il est même venu à la maison enregistrer. On a passé un bon moment et c’est un mec qui m’a poussé aussi.
« J’ai envie de faire du hardcore un peu burlesque. »
A : Tu sais de quel type d’auditeurs est composé ton public : amateurs de la scène west, auditeurs de rap français »classique » ?
S : A l’ancienne, dans ma fan base, il y avait vraiment des mecs ouf de sons west. Les mecs sont sérieux : ils achètent, ils en redemandent. Ils ne veulent pas de téléchargements eux, ils veulent le disque pour la collection. Ce sont des gens fidèles. Et tu as aussi d’autres personnes qui écoutent aussi du rap français mais qui aiment bien ce côté west parce que c’est un peu décalé, marrant et frais musicalement. Aujourd’hui, je tape plus large parce que j’arrive sur des prod’ contemporaines. L’exercice de style est dans la punchline, ce que je ne faisais pas avant. Les gens kiffaient mes chansons mais ne retenaient pas forcément des phases. Et ça, ça m’emmerdait. Je me prenais la tête sur mes textes mais je n’avais pas de phases marquantes. Et j’avais envie de voir si j’étais capable de le faire, à ma sauce. Avec un côté marrant, décalé, complètement mongol tout en gardant une part de cohérence. Mongol mais bien fait.
A : Le modèle du genre, c’est un peu Booba justement…
S : Ouais, voilà. Musicalement, pour moi, il a fait un parcours sans faute. Les gens l’aiment autant qu’ils le détestent mais il fait le job plus que correctement. Un autre artiste français que j’affectionne beaucoup, c’est Seth Gueko. Il a un sens bien poussé de la rime avec un côté marrant, beaucoup de références, le côté titi parisien, manouche… Ça me parle. C’est marrant mais c’est sérieux. Et puis ça kicke ! Dans un autre registre, je me suis intéressé sur le tard à Alpha 5.20. Je trouve que c’est une connerie qu’il arrête de rapper. Aujourd’hui, il serait haut. J’aime beaucoup Al-K-Pote aussi, il est complètement fou. On doit faire un morceau ensemble, c’est prévu. Il faut qu’on trouve le temps. Après, j’écoute toujours ce que mes collègues font, que ce soit Les Sales Blancs, Aelpeacha… Attention, il n’y a pas de guerre des gangs. [rires]
A : Niveau influences américaines, que ce soit à l’époque ou aujourd’hui ?
S : Aujourd’hui, beaucoup de Rick Ross pour les prod’ que je trouve mortelles. Young Jeezy, Gucci… C’est avec les Samedis Bâtards que j’ai bouffé du son. J’aime les trucs comme Franck Océan aussi, c’est plus apaisant. C’est du R&B de bonhomme [rires]. J’ai bien accroché à Fawl, Asher Roth… J’ai eu une bonne période Mac Miller aussi. L’année dernière, je trouvais ça mortel mais ça tourne un peu en rond maintenant. Ça m’a vite fatigué. J’aimais bien son morceau où il est assis dans un canapé au début du clip, dans son premier ou deuxième projet [NDLR : « Donald Trump »]. Là, j’ai lâché, je n’écoute même plus, je trouve que c’est tout le temps la même chose. En plus, il a une barbe rousse. [rires]
A l’époque, j’étais très Bone Thugs-N-Harmony. J’étais un grand fan, je commandais les imports et tout. Mais ils m’ont déçu. Ils se foutent de la gueule du monde et puis c’est devenu mauvais, tout simplement. Un artiste, quand tu l’aimes bien, tu lui trouves des excuses. Mais à un moment donné, tu en as marre de mettre de l’argent dans des disques pourris. Et puis même, leur démarche, leurs histoires… Ça fait vingt ou trente ans qu’ils sont ensemble et ils sont encore là à se critiquer, on ne sait pas trop si c’est pour le buzz ou pas… Après, il y a des trucs, je passe à côté, que ce soit en rap français ou en rap cainri. Il ne faut pas me crucifier pour ça mais Biggie par exemple, ça ne me parle pas. C’est sûrement très bien ce qu’il a fait ce monsieur [rires], mais ça ne m’a pas parlé. C’est la musique et ses affinités. Après, je reconnais la valeur des trucs, le talent… En France, Oxmo, c’est indéniable, il a une super plume. Son premier album était mortel, le morceau avec Lino idem… Mais ça ne me parle pas. Dans les anciens, les X.Men, ça a été nouveau à l’époque. Ils avaient des flows de fous, des rimes un peu imprévisibles… J’étais obligé de kiffer, il n’y avait pas dix milliards de sorties comme aujourd’hui. Quand j’étais plus jeune, j’étais un ouf de D.Abuz System. Ça m’a fait plaisir de faire un morceau avec Abuz pour les Samedis Bâtards.
A : Tu sais déjà avec quels artistes et producteurs tu vas collaborer pour l’album ?
S : Je pense qu’il y aura un morceau avec Les Sales Blancs pour boucler la boucle et parce que ça me ferait plaisir. Ce serait bien de les voir sur une prod’ plus actuelle, je vais essayer de les emmener sur ce terrain-là, je pense que ça peut être super cool. Il y aura du monde, on va voir qui on va inviter. Mais c’est vrai que c’est beaucoup plus facile quand tu fais du rap français sur des prod’ contemporaines. Les gens s’intéressent davantage, je le vois au nombre de vues. Tu rentres dans une bulle où il y a beaucoup de monde mais c’est à toi d’être bon pour te différencier. On a déjà commencé à récupérer des prod’ pour l’album. Il y a de gros producteurs. On bosse avec Madizm, Bertrand de End2End qui a beaucoup travaillé avec Seth Gueko, notamment. On bosse aussi avec Amir de Street Fab, Get Large, Hits Alive, Grimy Kid, Mr.Cue… J’ai également maquetté sur du Médeline, qui auront plusieurs prod’ sur l’album. On se rapproche de ce qu’on veut, on a les couleurs qu’on a envie d’avoir… Madizm fait du super taf. Le mec est toujours haut. [sourire]
A : Tu leur soumets un style de sons que tu souhaites ou ce sont eux qui te proposent directement ?
S : On va dans les deux sens. Il y a des morceaux de 2.0 où les mecs m’ont dit : « Tiens, cette prod« , je l’ai faite exprès pour toi parce que je pense que cette ambiance va te plaire ». Hits Alive nous ont proposé deux prod’ magnifiques, je les ai prises et ça a fonctionné.
A : Tu pars sur un projet physique ?
S : On va voir. On va le faire déjà [sourire]. Depuis un an et demi, j’ai beaucoup bossé. Il y a eu les Samedis Bâtards, le site réalisé par Erko, 2.0… Maintenant, on va prendre un petit peu de recul, le temps de faire un bon album. Avec de bons morceaux, de bons concepts… Des morceaux véner’ mais avec du décalage. J’ai envie de faire du hardcore un peu burlesque [rires]. Quoi qu’il arrive, ce sera un putain d’album. Là, l’actualité, c’est un morceau inédit intitulé « Le Temps d’une Punchline » – Izm et Jee aux manettes -, présent sur une compilation Wagram qui sort à la rentrée… Rendez-vous en 2013 pour l’album.
2.0 est disponible en téléchargement gratuit sur le site de Seno.
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