OrelSan
Interview

OrelSan

Inconnu il y a quelques mois, le nom d’OrelSan est désormais sur toutes les lèvres dans le microcosme rap. Armé d’une auto-dérision fulgurante et d’un premier album (« Perdu d’avance ») sacrément bien ficelé, le MC est déjà la cible de mille questions, conséquence directe de son succès inattendu. Nous lui en avons donc posé quelques unes pour découvrir, avant la polémique, un rappeur bien tranquille.

et

Abcdr du Son : Tu as 26 ans, un âge presque avancé pour un rappeur. C’est le fruit du temps passé à préparer ton album ou – peut-être – la conséquence d’un retard ?

OrelSan : C’est le fruit du temps que j’ai pris. Un retard ? Je ne pense pas. J’avais déjà une espèce d’album prêt il y a trois ans mais je ne l’aimais pas plus que ça. Je ne le trouvais pas très mûr au niveau de l’écriture, il y avait des trucs un peu « bof ». En plus, parmi les 10/11 morceaux que j’avais, certains textes avaient déjà cinq ans à l’époque, donc ça leur ferait huit ans aujourd’hui. Il y avait ‘Saint Valentin’, ‘Sale Pute’, quatre égotrips…  Ça n’aurait pas eu tout à fait la même gueule [rires]. Je suis content d’avoir attendu, comme ça j’ai pu aller dans d’autres directions.

A : C’était déjà un album réalisé avec Skread ?

O : Ouais. En fait, Skread et moi, on s’est rencontré en 2000. On est tous les deux de Caen, on habite à 25 mètres l’un de l’autre. J’ai rencontré Gringe et Ablaye, l’associé de Skread dans la société 7th Magnitude, à la même époque. On a toujours bossé ensemble mais moi, à la base, je ne voulais pas vraiment rapper. J’ai commencé en 1998, pour le plaisir. Avant, j’écoutais du rap, j’apprenais des textes par cœur, des trucs d’IAM, Public Enemy, NTM, comme tous les gens de notre âge. Du coup, je rappais, mais ce que je voulais, c’était faire des prods, et j’ai commencé à faire des sons avec Skread. A la base, en 2002, notre projet c’était de faire notre duo de producteurs, un peu à la Neptunes de Caen. On trouvait que ça n’existait pas vraiment à l’époque [rires]. Lui a progressé beaucoup plus vite que moi – enfin, il a toujours été au dessus de moi [rires] – du coup, il a commencé à placer des prods. Les premières, c’était sur Panthéon : ‘Tallac’ et ‘Baby’.

A : Ha oui, ‘Tallac’, c’était lui…

O : Ouais, cette prod’ était mortelle. Moi, je faisais toujours des morceaux de temps en temps avec Gringe, ou tout seul sur mes prods. C’était pour le kif. Au fur et à mesure, mes potes ont commencé à me dire « Ouais mais, ils sont bien tes morceaux… ». Au début, ça me surprenait, mais ils insistaient : « C’est un peu mieux quand tu rappes que quand tu fais des prods ! ». Je ne faisais pas des instrus vraiment « pourries-pourries », mais c’était genre «  » et voilà, c’était plié. De fil en aiguille… – je dis toujours « de fil en aiguille » en interview, pourtant c’est une expression que j’utilise jamais dans la vraie vie ! Bref, j’avais quelques morceaux de côté, juste pour m’amuser. Avec Gringe, on faisait pas mal de freestyles radios, des petits concerts, et au final, on a commencé à faire écouter mes sons à droite à gauche. Comme les gens aimaient bien, j’ai crée un Myspace il y a pile deux ans. Je voulais le faire sous forme de journal intime. Enfin, pas plus intime que ça, je ne racontais pas non plus ma vie sexuelle, mais j’y annonçais mes nouveaux sons, mes vidéos, des news… Quand on a mis ‘Saint Valentin’ en ligne, ça a commencé à monter. D’autres chansons ont suivi, et au mois de janvier dernier, on a mis ‘Changement’ et c’est là que ça a vraiment commencé à prendre. Avant ‘Changement’, les maisons de disque appelaient, on avait eu des rendez-vous, mais ce titre-là a fait plus de buzz que tout le reste, donc ça s’est accumulé, et on a signé chez 3e Bureau, un label de Wagram.

A : Les controverses ont joué aussi, j’imagine…

O : Ouais, les vidéos ont été pas mal censurées, au tout début sur Dailymotion et YouTube. Mais après, une fois qu’il y avait plus de visites et que d’autres gens les postaient, ils les ont laissées. D’ailleurs je trouve ça un peu con comme censure, parce que OK, les paroles étaient hardcore – enfin, elles étaient crues – mais sur Dailymotion, si tu tapes « striptease », tu vas voir des trucs bien plus crus que tout ce que je pourrais dire dans mes chansons ! Je trouvais ça un peu hypocrite, mais bon… Et puis, j’en joue aussi : en concert on dit « Voilà le tube le plus censuré de l’année ! » Au fond on s’en fout.

A : Un titre comme ‘Saint Valentin’, tu n’avais plus envie de le mettre sur l’album ?

O : J’ai dû faire ‘Saint Valentin’ il y a à peu près cinq ans. Je l’ai mis en ligne il y a deux ans. Au niveau de l’écriture, j’aime bien, mais je le trouve un peu vieux. En plus, les gens qui l’ont écouté il y a deux ans, je pense qu’ils n’en ont rien à foutre qu’il soit sur l’album. Je ne voulais pas faire une banane, avec une compil’ qui réunirait toutes mes chansons d’Internet. Au niveau du style d’écriture et d’instru, ça ne correspondait pas trop et en plus, il y a déjà pas mal de chansons qui parlent de meufs sur l’album. Et même s’il n’y en a pas tant ça, je trouvais ça relou. Pareil pour ‘Sale pute’. Ça ne m’intéressait pas de la mettre sachant qu’il y a une chanson comme ’50 pour cent’ qui est plus récente, différente, avec un meilleur angle. Et en plus, c’est con, mais je veux que l’album plaise à plein de gens différents. Honnêtement, ça me ferait chier qu’une daronne l’achète à son fils de 12 ans et entende ‘Sale Pute’ hors-contexte. Je trouve ça un peu chelou, c’est pour ça que j’ai jamais voulu mettre ‘Sale Pute’ en ligne sans le clip. C’était pour remettre le morceau dans son contexte : un type voit sa meuf le tromper, il va boire une bouteille, il lui envoie un message sur Internet… Tu vois ? Je trouve que ça rend le truc plus crédible que simplement bête et méchant.

A : Ce qui m’a frappé dans ta promo sur le web, c’est cette impression de professionnalisme. Comment t’étais-tu organisé ? Tu avais mis au point une stratégie particulière ?

O : En fait, Skread et moi, on a tout fait tout seuls. A la base, on a fait ce boulot sur l’image parce qu’on aime bien ça : faire des petites vidéos, ça nous fait marrer. On trouve ça cool, on aime bien se prendre la tête sur des effets. On est des semi-nerds à ce niveau-là ! Si c’est carré et stratégique, c’est parce que Skread est super carré, super structuré. Il est à la fois mon beatmaker et mon producteur. Là, je suis signé sur 3e Bureau et 7th Magnitude en production. Moi, j’ai plein d’idées à la con. J’arrive avec un story-board : « Ouais je mettrais bien un lapin, après on est dans une maison de disques, là il passe sous le bureau… ». Lui il me dit « Nan, ça on peut pas… Ça, ouais, on va essayer… ». En général, on se débrouille toujours, mais grâce à Skread, on a réussi à faire les choses de manière un peu stratégique quand même, mais après… Stratégie, stratégie… Quand je suis arrivé en disant « J’ai acheté un masque de Batman, j’ai écrit un freestyle, viens on le filme !« , on s’est pas dit « Ouais, ça va super bien marcher !« . Au début, j’étais juste parti pour faire un freestyle. Hop, je mets le masque de Batman, je lui rappe le truc. Après, on dit « Ben viens on va faire un décor, on met des sacs poubelle autour du bureau, on ajoute un logo Batman et fait genre c’est une Batcave !« . Et lui propose qu’on fasse un documentaire à la Street Live sur Batman… « Ben viens on clashe Superman !« . Et ça part en délire comme ça.

A : Aucun problème avec ton ancien hôtel, dans lequel tu t’es mis en scène pour l’une des vidéos ?

O : Pas vraiment [rires]. Ils ont plusieurs patrons dans cet hôtel, l’un d’entre eux a un fils qui bosse là-bas. Il est assez cool, il l’a vu mais il n’y a pas eu de soucis. De toute façon, l’avantage d’Internet, c’est qu’il n’y pas encore trop de droit à l’image, ni de droit de diffusion.

A : Tu as aussi écrit un couplet sur l’un des employés de cet hôtel…

O : Ouais, dans ‘Gros poissons dans une petite mare’. J’ai un peu grossi le trait, normal, mais c’est quasiment la réalité : c’était pas vraiment le patron, mais c’est lui qui cassait le plus les couilles ! C’était à la limite du supportable. J’ai un peu hésité à parler de lui dans la chanson, même si je pense qu’il ne l’écoutera pas. Une fois, en fait, je finissais à 7h le matin, et il m’a pourri genre « Mais c’est quoi c’bordel ! Y a pas assez de baguettes ! » ou je sais pas quelle connerie, et je me suis dit « Un jour, je me vengerai ». Et du coup, voilà, il est dedans [sourire].

« Moi, j’ai plein d’idées à la con.  »

OrelSan

A : Tu as déjà des retours sur tes textes de la part de tout ce petit microcosme que tu évoques dans l’album ?

O : L’album n’est pas encore sorti, donc pas vraiment d’échos pour le moment. Je parle implicitement de mes ex, mais j’ai pas balancé de prénoms. Quant à ma famille, je discute avec eux, je leur fais écouter les choses, je n’arrive pas en pavé dans la mare. J’essaie de faire en sorte que les gens comprennent le truc. Pour moi, c’est important d’être assez personnel, c’est ma façon de représenter le mieux ce que j’ai envie de dire. C’est ce que je trouve intéressant dans l’écriture : être le plus réaliste possible. Mais en même temps, des fois, ce que tu dis dans une chanson ne reflète pas ton état d’esprit de toute la vie. Une chanson comme ‘Peur de l’échec’ peut refléter ce que tu ressentiras un soir, après avoir eu un truc qui t’a cassé les couilles, mais ça ne veut pas dire que le lendemain matin, tu seras en mode ‘Peur de l’échec’.

A : Tu as écrit ce morceau à quel moment ?

O : Je l’ai écrit il y a deux/trois mois. Quasiment à la fin, il me restait quelques morceaux à terminer, mais j’avais déjà des idées qui traînaient depuis longtemps. En général, je n’écris pas les textes genre « je prends une feuille et c’est parti« , je mets plutôt des idées dans un coin, des bouts de phase dans tous les sens, et au final je regroupe tout, je retaffe ça sur l’instru. C’est d’ailleurs une galère parce que… Enfin, après c’est peut-être un truc d' »artiste » ou de rappeur, mais c’est horrible d’avoir des idées, de les écrire sans que ça corresponde totalement à ta pensée, et quand tu les rappes, ça ressemble encore moins à ce que tu avais dans la tête ! C’est une torture.

A : En écoutant ‘Peur de l’échec’, on te sent en plein découragement. C’était un sentiment du moment où la somme de choses ressenties depuis longtemps ?

O : Un peu tout. Des trucs que j’ai déjà ressentis. De toute façon, c’est pas le genre de trucs que tu peux vraiment inventer. Ce que j’ai voulu montrer dans le morceau, c’est, mettons, ton taf se passe mal, ou t’as peur de pas réussir à être heureux, tu vas rentrer chez toi et tu vas commencer à te remettre en question : « Si j’ai un sale taf, c’est parce que j’ai fait n’importe quoi en cours. Et j’ai mal cherché du taf. Et si j’ai mal cherché, c’est parce que je suis qu’un connard. J’avais toutes les cartes en main pour réussir mais j’ai fait n’importe quoi de ma vie. Et de toute façon, mes potes sont avec moi parce qu’ils m’aiment bien pour l’instant, mais si je deviens une merde, ils me lâcheront… » Je suis de nature assez pessimiste, surtout quand je me retrouve tout seul. Quand je suis en promo, je suis un peu en représentation [sourire]. Mais quand tu commences à flipper de quelque chose, tu peux vite t’enfermer dans des sables mouvants bizarres, jusqu’à finir par avoir peur de la peur elle-même. C’est cette paranoïa malsaine que je voulais exprimer dans le morceau. Je n’étais pas dans une grosse déprime, mais j’ai voulu retranscrire des choses déjà ressenties.

A : Tu t’es fait connaître sur Myspace. Aujourd’hui, on a l’impression que le net, c’est tout un tas de rappeurs au fond d’un panier qui essaient de grimper en lâchant des com’ partout, mais il n’y en a que très peu qui sortent. Toi qui a réussi à sortir de là, quand tu te retournes et voit Myspace au loin, penses-tu avoir eu une part de chance ?

O : Je ne sais pas comment se passe pour ceux qui ont explosé avant grâce à Internet – enfin, « exploser », tu vois ce que je veux dire – mais pour nous, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. On a mis le premier clip en ligne il y a deux ans. Petit à petit, on a vu les trucs grossir, grossir, grossir jusqu’à maintenant, avec un taux de visites assez bon et régulier. Au final, si tu te fixes des objectifs et que tu es carré dans ce que tu fais, il y a toujours moyen. Mais c’est pas parce que pendant un mois, tu vas être à fond, tu vas ajouter toute la France en ami et faire je-sais-pas-combien de com’ que ça va marcher. Il faut comprendre comment tout ça fonctionne. Mais c’est aussi une question de chance. Grave. Moi, je suis tombé au bon moment, je suis arrivé au début de Myspace, si ça se trouve ce sera mort dans un an. Je trouve qu’au niveau de mon concept, là je suis à peu près mûr, mais si j’avais cinq ans de moins, avec mon niveau de rap de l’époque, et si j’avais sorti des trucs sur le net, je me serais surement cramé. Ou alors, j’aurais eu une toute petite base de fans, du coup j’aurais pris la grosse tête et je n’aurais pas progressé…

A : Et tu serais devenu le mec que tu décris dans ‘Gros poissons dans une petite mare’…

O : Ouais, grave ! Surtout, tu vois, il suffit d’un truc de merde sur Internet, une vidéo un peu marrante et voilà, les gens kiffent, alors que toi, t’es pas forcément mûr pour aller jusque faire un album, faire de la promo…

A : Ça peut être un miroir déformant, te donner l’impression d’être prêt alors qu’en fait, il reste encore du boulot…

O : Carrément, et puis ça l’a fait pour pas mal de rappeurs qui sont sortis ! En 2002, avec Gringe, on avait fait une sorte de mixtape. Un truc qui s’appelait Fantasy avec des chansons un peu marrantes. Le même délire que maintenant, mais il y a sept ans ! Si ça se trouve, un truc comme ça aurait pu créer un petit buzz, mais je suis super content que ça soit jamais sorti ! Des fois, il y a des gens qui me ressortent des chansons de cette mixtape, je pète les plombs !

A : Tu n’as pas suivi le parcours-type du rappeur français, avec un street-album avant l’album… C’était un choix ?

O : Pour mon style de délire, ça avait plus d’impact de mettre les morceaux un par un sur Internet. Au final, j’en ai mis sept ou huit, du coup ça fait quasiment un street-album. D’ailleurs Gringe bosse sur un street-album. Mais on a déjà posé sur des compils : Talents Fâchés 3, Onde de choc volume 2, Bombattack, une compil qui s’appelait Toc Toc

A : Les passages obligés…

O : Ouais c’est ça, mais en même temps c’est cool. Dans le hip-hop, on kiffe ce genre de choses.

A : Tu te retrouves maintenant à un tournant. Tout va changer pour toi…

O : Ça dépend, si je vends huit albums, ça va pas changer [rires].

A : Comment vis-tu cette période qui précède la sortie de ton album ?

O : Ben, déjà, je suis content. Je suis content d’avoir un Planète Rap, car beaucoup de gens aimeraient en faire un. Le fait de répondre à des interviews, c’est que du positif dans le sens où les gens s’intéressent. Sur les forums, les gens parlent de l’album. Donc déjà, je suis content. Ensuite : je suis concentré. A mort ! Je découvre un nouveau monde, là je suis sur Paris, je rencontre de nouvelles personnes, j’essaie de faire les choses bien. Je bosse avec mes potes, avec une équipe qui me soutient, donc je ne peux pas me permettre de faire que de la merde ! Après, est-ce que ça va marcher ou pas ? J’en sais rien, et à vrai dire, si ça marche pas, au moins j’aurai fait le truc à fond.

« Moi, je suis tombé au bon moment, je suis arrivé au début de Myspace, si ça se trouve ce sera mort dans un an. »

A : Il y a une chose particulière que tu penses avoir appris ces derniers mois en tant qu’artiste ?

O : Aujourd’hui, quand je vois pourquoi tel rappeur marche, je me dis que c’est parce qu’il travaille beaucoup. On ne s’en rend pas toujours compte, mais quand des artistes se retrouvent sur de gros médias, ils ne sont pas là par hasard. Par exemple Sefyu. Il mérite sa place sans problème. Un type qui arrive avec du charisme, avec des concepts pour chaque morceau, avec un style particulier. Un type intelligent, il mérite sa place. Nessbeal pareil. Des fois, quand t’es trop extérieur au truc, tu dis « Ouais c’est nul ce qu’il – ou elle – fait« , mais en fait, c’est du boulot ! Il faut respecter les gens qui sont capables de faire une chanson et mener un concept à bien. Après, j’ai aussi appris qu’il faut répéter mille fois la même chose par jour en interview !

A : Justement, tu arrives avec une image de « rappeur marrant ». C’est assez délicat à gérer : dans ce registre, des artistes ont cartonné et ont disparu, d’autres n’ont pas eu le succès attendu. En ayant conscience de cette image, comment faire pour éviter cet écueil du phénomène rigolo éphémère ?

O : Là-dessus, je trouve que j’ai un peu la chance d’arriver avec la vague des rappeurs-comiques, ou comiques-rappeurs. Du coup ben… Je sais pas, je suis comme ça, j’aime bien l’humour, donc quand j’écris, j’essaie d’en mettre. Mais j’essaie de ne pas faire trop de clowneries. J’aime quand il y a de l’humour et du fond. C’est un peu comme un film : dans les films qu’on aime, il y a de l’action, de l’humour, un peu de noir, un peu de romantisme… Si ma musique n’était basée que sur l’humour, autant passer sur Rires & Chansons. En fait, j’essaie de faire des chansons qui sont bonnes à écouter, tout simplement, et j’ai Skread derrière qui fait des bêtes d’instrus. L’humour fait partie du truc, je continuerai à faire des trucs marrants car c’est mon délire. J’aime bien les films comiques et les rappeurs marrants… D’ailleurs, on a parfois du mal à s’en rendre compte, mais si tu prends quasiment tous les rappeurs américains, il y a toujours des blagues dans leurs textes. Je kiffe aller chercher les textes sur le net, aller sur un traducteur en ligne pour savoir ce qu’ils racontent. Même un 50 Cent, il fait trop de blagues ! Quand il dit « je mets de l’eau du robinet dans une bouteille en plastique, je la revends à Coca Cola pour des millions, qu’est-ce qui y a ? » [rires] Et c’est pareil avec Notorious BIG, Method Man & Redman… Pour moi, les blagues ne sont pas incompatibles avec le rap.

A : Le problème vient peut-être de l’extérieur, comme si les gens n’arrivaient pas à concevoir qu’un rappeur puisse être drôle…

O : Ouais, pourtant si t’écoutes Rohff, dans sa dernière chanson, ‘La grande classe’, il dit « Je baisse pas mon froc, je le lève jusqu’aux pecs’ comme Papa Wemba« . La phrase est mortelle, et en plus c’est marrant ! Mais, je sais pas, les journalistes ne doivent pas comprendre, ça ne doit pas leur parler, alors que, voilà, c’est fort, ça rappe bien, c’est drôle… Pareil quand Booba dit « Suce-moi dans ma Lambo sans faire de tâches », c’est un peu une blague, tu vois ? [rires] En fait, je crois que le problème en France, c’est que les gens ne comprennent pas le rap. Et des fois, je me demande même s’ils comprennent vraiment l’humour. Après, Booba et Rohff marchent, c’est donc qu’il y a des gens qui comprennent leur délire. Après, j’ai pas la prétention d’incarner la compréhension du rap. Moi j’ai fait ça à ma sauce, je prends ce qui me plaît à droite à gauche, c’est tout.

A : A plusieurs reprises, tu as taclé la « nouvelle scène alternative » du rap français. Tu dis notamment « Si tu me compares à des TTC, c’est comme si tu me manquais de respect ». Pourquoi avoir choisi de te dissocier de cette mouvance ?

O : Pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai un peu fait le gamin sur la phase [rires].  Quand j’ai sorti ‘Saint Valentin’, une vieille chanson écrite il y a longtemps, j’entendais tout le monde dire « Oh, ça ressemble à TTC !« . On disait que ça ressemblait à ‘Girlfriend’. Déjà, je ne connaissais pas ce morceau donc ça m’a saoulé. Après, j’écoute la chanson : ça ressemble pas. Eux, c’était un peu électronique et c’était même pas le même angle – à part que ça parlait de cul. Donc je me suis demandé pourquoi on nous comparait, et je me suis dit que ça devait être parce que je mets des fringues avec plusieurs couleurs et parce que je suis blanc. Voilà. J’ai trouvé ça cliché, donc il fallait que je me démarque ! Ensuite, ce que je n’aime pas dans TTC – et je ne trouve pas que ce soit le groupe le plus nul de la Terre, ils ont quand même du talent – c’est ce côté « groupe de rap pour les gens qui n’aiment pas le rap« . Je trouve ça un peu élitiste, ce genre de scène « c’est du rap MAIS c’est électro« . Comme si les gens normaux qui ne viennent pas de Paris ne pouvaient pas comprendre ! Tu vois, ma phase n’était pas si méchante que ça, mais ne me comparez pas à TTC. J’ai des ambitions plus larges, je n’ai pas envie de me restreindre à des bobos parisiens bizarres [rires]. C’est pas ma vague. Moi j’aime le rap, je fais du rap et j’aimerais bien qu’on me classe dans le rap, pas le rap « alternatif » !

A : En lisant ta fan-page sur Facebook, je lisais beaucoup de commentaires d’auditeurs du genre « Ha, OrelSan tu fais plaisir, ça change du rap bling-bling de Booba ». Et je me disais que ça devait vraiment te faire chier ce genre de remarques…

O : Ouais ! Ben… La première partie de la phrase me fait plaisir, mais de l’autre côté, ces gens n’ont pas tout compris. Après, tout dépend de la façon dont les gens perçoivent les choses, mais en tant qu’auditeur, je prends ce que je kiffe et je laisse ce que je n’aime pas. Quand je vois Fifty dans un clip avec des bonnes meufs et des voitures improbables avec des portes papillons, c’est matérialiste mais c’est son délire, et je trouve ça cool ! Après, je ne ferais pas la même chose, ça ne me parle pas. Mais ça ne sert rien de faire des comparaisons.

A : Dans l’album, on devine le kiffeur de rap qui passe de l’autre côté du miroir, notamment quand tu racontes les soirées où tu critiques « les gens que tu connais pas dans les articles de Groove » avec tes potes. Comment vis-tu le fait de passer du statut d’auditeur-fan à celui de « rappeur professionnel » ?

O : Je suis content ! C’est le but de tout rappeur. Après, il y a des bons et des mauvais côtés, mais j’essaie de me concentrer sur les bons. Je suis en mode optimiste en ce moment ! J’ai lu des bouquins de kung-fu pour me préparer [rires]. Non mais, on verra bien. Et puis je suis bien entouré. Je suis content que mes potes me suivent. Il y aura des hauts et des bas. Dès demain, ça peut complètement redescendre. On verra.

« Ne me comparez pas à TTC, j’ai des ambitions plus larges, je n’ai pas envie de me restreindre à des bobos parisiens bizarres. »

A : Peux-tu présenter ces gens qui apparaissent dans tes clips ?

O : Alors, le premier, c’est Skread : beatmaker de génie. Je suis sur scène avec lui, il envoie les instrus, il a produit tout l’album. Il n’y a quasiment pas de samples, hormis Vivaldi sur ‘No Life’. Ensuite, l’ange dans ‘Saint Valentin’ et le lapin dans ‘Changement’, c’est Ablaye. Il connaît Skread depuis super longtemps, et il s’occupe du label avec lui. Je n’ai eu aucun problème à le persuader pour apparaître dans les clips, parce que lui est vraiment comme ça. C’est un vrai toon, son film préféré c’est Roger Rabbit ! On connaît les dialogues par cœur. Il est avec nous sur scène, il se déguise, c’est l’ambianceur du groupe. Il a du charisme, il est photogénique, tu le vois presque plus que moi dans les clips ! Il est fait pour ça, ça ne m’étonnerait pas qu’un jour il reçoive un coup de fil pour tourner dans un film. Quant à Gringe, on s’est rencontré en 2000. Il rappait dans son coin, moi aussi. Nos styles n’avaient rien à voir : lui écrivait des textes avec beaucoup d’assonances, des rimes compliqués, moi j’écrivais des semi-freestyles farfelus sans aucune rime ! On a donc fait un groupe, Casseurs Flowteurs. Au final, comme j’avais fait plus de morceaux que lui et que nos univers étaient assez différents, on s’est rendu compte que c’était plus intéressant de faire chacun son truc. Donc là, il prépare son street-album, qui sortira dans deux mois. On fera le groupe après, et on mélangera nos univers. On pourra faire des chansons plus conceptuelles, comme dans ‘Entre bien et mal’. Notre délire sera plus compréhensible une fois qu’on aura chacun fait notre truc en solo. On a déjà des idées, on va surement faire une mixtape-compil-défouloir [rires].

A : Un peu comme Method Man & Redman, deux entités qui évoluent à la fois en solo et en duo…

O : Ouais, c’est ça, avec le talent en moins [rires].

A : Sur l’album, as-tu laissé le contrôle total à Skread, ou tu intervenais aussi sur les structures et les arrangements ?

O : En fait, c’est lui qui exécute tout. Je n’ai pas touché un clavier de tout l’album ! Comme on s’entend super bien, on peut bosser vraiment comme on veut. Lui fait des prods chez moi, dans mon home-studio. Il a pas mal de prods en stock donc je peux piocher dans les sons qui n’ont pas été pris, ou ceux qu’il est entrain de faire. Ensuite, des fois il me dit « Tiens, j’ai ça comme prod, ça te dirait pas de faire une chanson qui parlerait de ça ou ça ? » On discute des thèmes ensemble, ou alors c’est moi qui lui propose un thème. « Je veux une ballade de lover à la Supertramp, qu’est-ce que tu me proposes ? » [rires] Des fois, il me propose des prods, j’écris dessus, ça va pas, on en refait une. Ou j’écris sur une face B cainri. On fait tout ce qu’on veut. Au niveau de la réal’, c’est mortel car je suis trop bordélique, mais j’ai plein d’idées. Et des fois, j’ai des idées vraiment pourries ! S’il n’était pas là, l’album ressemblerait quand même à ce qu’il est aujourd’hui, mais il serait beaucoup plus dégueulasse !

A : Il y a un détail mortel dans l’intro, c’est cette pause à mi-morceau, avec le sample qui se met à tourner à l’envers. Ça donne une vraie sensation de vertige…

O : L’idée est venue de Skread. Pendant un moment, il avait une passion pour retourner les instrus [rires].  D’ailleurs si tu écoutes, dans ‘Tallac’, il y a un passage où il retourne les caisses. Il m’a donc fait écouter ce passage, et là j’ai du avoir des paillettes dans les yeux, car je lui ai dit « On le laisse !! » [rires] Je n’avais que les deux premiers couplets, on trouvait que c’était un peu court, donc je me suis adapté pour faire un troisième couplet. En plus, en concert, le son des basses à l’envers partent dans l’autre sens, elles font une espèce de « vvooooooou« . Du coup j’ai kiffé ce changement d’instru.

A : C’est le dernier morceau que tu fais en concert, c’est ça ?

O : C’était le cas pendant les concerts à la Boule Noire. Là-bas, on faisait des concerts d’une heure comme l’album n’était pas sorti. Mais maintenant on fait un show d’une heure et demie. Du coup, ça ne surprendra personne : maintenant je fais ‘Peur de l’échec’ en dernier.

A : Tu vas partir en tournée après l’album. Il y avait pas mal d’idées lors de tes concerts à la Boule Noire. Comment as-tu travaillé la scène ?

O : On bosse en équipe. Bien sûr, je suis souvent au centre du truc. On connaît chacun nos qualité et défauts. J’ai de la chance d’être entouré comme ça, sinon ce serait n’importe quoi, je finirais en Bénabar [rires]…

A : Un élément récurrent de l’album, c’est ton attrait pour le refrain chanté et efficace. C’est quelque chose de naturel pour toi ?

O : Ouais, je chante tout le temps. Toute la journée, j’ai des chansons de merde dans la tête. Je ne sais pas vraiment chanter – si tu me demandes de faire un mi, je ne sais pas le faire – mais je chantonne tout le temps. J’écoute beaucoup de musiques différentes, pas seulement du rap, mais aussi de la variété française ou américaine, et j’aime bien les chansons efficaces, qui restent dans la tête. Je ne suis pas trop dans les trucs tordus… Enfin si, un peu, il en faut, mais j’ai du écouter de la pop trop longtemps ! J’aime les trucs carrés, qui tombent direct dans l’oreille. J’écoute pas mal de Rn’B, j’écoute à mort Michael Jackson depuis 26 ans, donc c’est un peu ça ma culture. Je pense que des gens trouvent ça vulgaire, cliché, commercial, beauf, mais moi c’est ce que j’aime. Et c’est ce que je fais.

A : On sent que tu as vraiment voulu faire un album pour tous…

O : Ouais, carrément. Et un album pour moi en premier. Si je n’aimais pas l’album, je ne pourrais pas en parler. Et j’aime les grosses mélodies à la Michel Berger ou je sais pas quoi, mais j’aime aussi quand derrière, il y a un côté recherché et technique.

A : Un commentaire qui revient souvent à ton sujet, c’est la comparaison avec Eminem. Sur le coup, j’ai trouvé ça con et prévisible. Mais en même temps, il y a des points communs, ne serait-ce que dans la relation MC/Producteur qui rappelle Eminem/Dre. Comment assumes-tu cette filiation ?

O : Moi, au début, pareil, je me suis dit « Bah merci les gars ! ». [rires] Mais après, il ne faut pas être hypocrite, il y a quand même des points communs. C’est sûr. Ça fait plaisir parce qu’Eminem est l’un des meilleurs rappeurs. Et c’est pratique pour moi : en voyant l’étiquette « Eminem français », ça va intéresser direct les gens, c’est cool. J’ai pas mal écouté les deux premiers albums d’Eminem, mais je n’ai pas de posters dans ma chambre ! J’essaie de faire un truc qui me ressemble vraiment. Je kiffe les bandes dessinées, lui a fait un clip où il était en Robin, moi en Batman, voilà, ça ressemble un peu mais pourtant ça n’a rien à voir.  En fait, ça peut ressembler dans les gros traits, mais en fait pas vraiment : sa vie est beaucoup plus hardcore, ses textes aussi, moi je n’insulterais jamais ma mère dans une chanson… En fait, maintenant, j’essaie d’esquiver tout ce qu’a fait Eminem. Mais tout bêtement, Eminem est aussi un fan de rap, et je pense qu’on kiffe les mêmes choses.

« Mais tout bêtement, Eminem est aussi un fan de rap, et je pense qu’on kiffe les mêmes choses.  »

A : Quelles sont tes autres références en matière de rap ?

O : Les grands classiques, rien de très original. J’écoute plus de rap cainri même si j’ai écouté beaucoup de rap français. En rap US : Jay-Z, Notorious BIG, Nas, Wu-Tang, il y en a des millions… J’aime bien aussi la scène indépendante US, avec des labels comme Babygrande. Je suis un grand fan de Jedi Mind Tricks – je suis allé les voir en concert avant-hier – Non Phixion, Smut Peddlers, Eastern Conference, Cage…

A : J-Zone ? Tu l’as cité tout à l’heure…

O : Ouais, mais bizarrement, j’aime bien son délire, mais jamais je me mettrais un morceau de J-Zone en voiture…

A : Je l’ai toujours trouvé bordélique…

O : Ha ouais, comment c’est bordélique, ça fait mal au crâne ! [imitant une production J-Zone] Woop-woop ! Tssshhhh-tssshhhh ! Dudu-dudu, yyy-aaaaah ! Et puis c’est pas le meilleur rappeur du monde… Bref, j’écoute beaucoup de trucs différents : A Tribe Called Quest, Busta Rhymes… Quand t’as mon âge, c’est un peu les classiques que tu as écouté au fur et à mesure. En rap français, à l’époque où j’ai commencé à écouter du rap, c’était IAM, NTM, le premier Passi, Stomy, Doc Gynéco, ensuite des groupes comme Puzzle, Triptik… Je sais pas, Disiz la Peste… Mais même quelque chose que j’aime pas, ça va m’influencer, je vais me dire « Faut pas faire pareil ». Et parfois, des artistes que j’aime pas vont faire une chanson que je vais trouver mortelle. Il n’y a pas vraiment de règles, j’aime prendre plein de trucs à droite à gauche… Ha, et un autre groupe cainri que je kiffe vraiment, c’est OutKast. Moi, je suis à fond sur Wikipedia – avec Gringe on s’est rebaptisé Los Wikipedios – et dès qu’on a une passion pour un truc, on va faire toute la discographie complète du groupe, on se fait des soirées à thèmes. Quand tu écoutes les albums d’OutKast dans l’ordre, tu comprends pourquoi ils sont arrivés à des trucs barrés : ils sont partis de la base rap, trompette, grosse basse de 808, on rappe super bien pour finir sur des choses complètement différentes.

A : Sur l’album, tu as une réplique pour les gens « qui n’écoutaient pas de rap en 1998 ». Tu as conscience que, quelque part, ces gens-là seront les principaux acheteurs de ton album ?

O : Ouais, je pense. Quoique, des gens de mon âge peuvent aussi s’y reconnaître. Et déjà, ceux qui n’écoutaient pas de rap en 1998, est-ce qu’ils achètent des disques ? Je ne sais pas ! [rires] Mais justement, j’aimerais que des gamins écoutent le truc et se disent « Ha ouais, ça c’est des groupes de rap qui l’ont influencé« , qu’ils écoutent et qu’ils trouvent ça bien, franchement, je serais super content. Après, j’ai pas la prétention d’accomplir une chose pareille, mais ça me ferait plaisir.

A : Quel regard portes-tu sur la façon dont les médias te présentent comme le porte parole d’une génération ? Grosso modo : « OrelSan, le rappeur pour tout ceux qui s’emmerdent en Province »…

O : [rires] Ouais, c’est ça, ils en font un peu trop. Mais je n’ai pas la prétention d’être un porte-parole, c’est sûr. Si des gens se reconnaissent dans mes textes, je suis content. Je représente que ce que je connais : moi, mes potes, ce que j’aime. Si demain, j’ai envie de me ballader en tutu, ça veut pas dire que ma génération va se ballader en tutu !

A : Dans ‘Peur de l’échec’, tu confies ta peur de ne plus rien avoir à dire. Arrives-tu à te projeter dans ton prochain album, sachant qu’il devra forcément être différent, aux vues des changements que tu vis actuellement ?

O : Je commence à avoir des idées, mais là, si tu me demandes de faire un morceau, même si je-sais-quel rappeur m’invite pour un featuring, je ne peux pas le faire. J’ai vidé mon sac pour l’instant. Après, il y a d’autres concepts à trouver, et je ferai peut-être autre chose que du rap. Faire des instrus, d’abord, faire un album avec Gringe aussi, et peut-être un autre album d’ici un ou deux ans. Je pense que ça va revenir. J’ai eu des périodes où je me suis dit « Mais arrête, c’est impossible, je vais pas y arriver » parce que l’inspiration ne vient pas toute seule. Mais bon, il y a toujours des trucs à faire, même si je change, je parlerai des trucs qui ont changé.

A : Tu prévois de rester à Caen, ou venir à Paris ?

O : Je reste à Caen parce que je suis bien. J’ai mes potes, tout ça. Paris, je ne connais pas plus que ça et s’il faut venir, je suis à deux heures de train. Puis et plus, franchement, avec Internet, t’as pas besoin d’aller en studio, de rencontrer les gens… donc pour l’instant, je reste à Caen, c’est sûr.

A : Et les meufs ? J’avais pas prévu de te poser cette question mais…

O : Nan mais vas-y, pas de problème ! Pour l’instant, ça change rien… Enfin si, ça change quand même dans le sens où, si je voulais, je pourrais. Surtout par Skyblog et Myspace ! Mais là, j’ai pas le temps, je suis concentré et puis, franchement, c’est pas ma motivation première. Si j’ai du temps libre, j’essaierai, mais bon. Franchement, ça aide quand même. Imaginons, ce soir je sors dans un bar – ce qui n’arrivera pas – si je drague une meuf, j’aurai plus de choses à lui raconter, je saurai mieux me vendre qu’avant. Parce que, quand t’as 26 ans, que tu fais du rap et que t’es inconnu, c’est pas glamour du tout ! Tandis que quand ça commence à marcher un peu : « Ha ouais, tu connais lui ? » ; « Ouaiiiis, t’as vu… » [rires].

A : Et en plus, là tu passes sur Skyrock…

O : Ouais. En même temps, avec Skyrock, je vais pas baiser de la gamine de 13 ans non plus [rires] !

A : Aujourd’hui, avec cet album, ton identité, ce que tu es, doit devenir une image : Aurélien devient OrelSan. Tu le vis sereinement ?

O : Il y a des risques, de temps en temps ça fait flipper, c’est sûr. C’est pour ça que j’essaie d’être le plus réaliste, pour ne pas tricher dans ma musique. Je prends moins de risques : OrelSan n’est pas différent d’Aurélien, je ne suis pas en mode « Slim Shady » [rires]. Du coup, quoi qu’il arrive, j’arriverai toujours à le justifier. Et pour l’instant, je peux me balader dans la rue sans aucun problème.

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1 commentaire

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  • Julzyva,

    J’sais bien que j’suis en retard, mais bon : Don Choa s’est plu approché d’Eminem que n’importe quel autre rappeur français. J’suis canadien, bien bilingue et je peux vous dire que, pour un croisement entre les thèmes et le style, le Don Choa de Vapeurs Toxiques c’est le plus Slim Shady.

    <3 Aurélien