NeS et Lil Chick, vrais semblables
Interview

NeS et Lil Chick, vrais semblables

En collaborant étroitement depuis deux ans, NeS et le producteur Lil Chick ont développé un son propre à eux, entre amour du sample et sonorités modernes. Pour la sortie de POUR 2 VRAI, ils racontent l’histoire de leur duo, ainsi que celle de leur équipe.

Photographies : Nour Aucomte pour l’Abcdr du Son

L’an dernier, NeS racontait longuement à l’Abcdr du Son au début de l’été son début de parcours. Tout au long de la discussion, le sens du collectif revenait alors particulièrement : si le jeune rappeur a commencé la musique seul dans son coin, la rencontre avec plusieurs autres artistes (Yvnnis, Deemax, Lyre) et producteurs (brianinthemind, Poivre Blanc, Planaway, Arthur Jenni, RestonsFlex…) a en effet compté dans la définition et l’évolution de son identité artistique.

Parmi cette bande – qui échange et collabore en studio ou au quotidien sur Instagram et Discord –  se trouve un producteur particulièrement important : Lil Chick. Nouveau visage de la production rap française, il n’a fallu que deux années à ce jeune compositeur pour se faire une place dans les noms qui comptent dans le paysage des beatmakers hexagonaux. Une ascension express réalisée à la faveur de collaborations au long cours avec NeS mais aussi Yvnnis, ainsi que des placements aux États Unis sur des morceaux avec Westside Gunn ou Talib Kweli, en compagnie de personne d’autre que Madlib (Lil Chick explique cette collaboration plus loin dans cet entretien).

Deux artistes aux trajectoires rapides et forcément liées qui ont pris le temps de raconter le temps d’une heure leur histoire commune, leur vision de la musique, mais aussi leur sens du collectif. Parce que cette histoire, qui continue aujourd’hui avec la sortie de la mixtape POUR 2 VRAI de NeS, ne s’est jamais vraiment écrite seule. C’est sans doute même toute la force de cette bande.


Abcdr du Son : L’année dernière, NeS nous avait dit que vous vous étiez rencontrés sur les réseaux sociaux suite au clip du morceau « Wilson ». C’est comme ça que vous êtes rentrés en contact ?

Lil Chick : J’avais vu un extrait du morceau sur une story Instagram, et je l’ai contacté direct. On bossait avec Yvnnis sur notre premier projet PARHELIA et on cherchait un feat. Je suis tombé sur un de ses morceaux et je me suis dit : « C’est le mec parfait. » Il n’était pas connu, nous non plus, on avait le même nombre d’auditeurs par mois, je l’ai contacté et on a fait le morceau.

NeS : Morceau qu’on a d’ailleurs fait le soir-même.

Lil Chick : Oui exact. J’ai envoyé la prod’ à NeS, il a posé son texte de son côté, Yvnnis et lui se sont ensuite rendus compte qu’ils étaient tous les deux du 94, donc ils ont appelé le morceau « 94 Connexion », et Yvnnis l’a mixé. 

A : La rencontre avec Yvnnis et Chick t’as permis de sentir que tu étais moins seul à faire ta musique dans ton coin, NeS ?

N : Oui parce qu’avant ça je n’avais pas vraiment d’équipe. Même les prods, je faisais quasiment tout. Et j’ai vu Yvnnis arriver, qui était ultra fort, avec les mêmes références que moi. Ça s’est vraiment structuré très rapidement, de manière hyper fluide, naturelle.

A : Tu nous avait dit l’an dernier que vous aviez ouvert un groupe Instagram.

LC : C’est ça, qui est toujours d’actualité. 

N : Oui on l’a depuis deux ans et demi, avec le noyau dur de notre équipe. J’ai ramené le producteur Brianinthemind, on s’était rencontrés via Instagram. Le producteur Poivre Blanc est arrivé via Deemax, parce que c’est son meilleur ami. Et on a aussi un groupe Discord aujourd’hui. Pour Arthur Jenny [producteur, ndlr] je crois que c’est toi qui l’a ramené Chick.

LC : Dis toi que même pas. J’étais connecté à NeS et Yvnnis, et ils avaient créé ce groupe avec des petits compositeurs qui voulaient faire des trucs ensemble. Et un jour Yvnnis a proposé de me rajouter, et presque tout le monde était déjà là. Il y avait les producteurs que tu as cités, Arthur, Lyre… Tout s’est fait en quelques semaines. 

« On n’est pas vraiment un collectif en soi, mais plus un groupe de potes. Les gens savent qu’on est tout le temps ensemble »

NeS et Lil Chick

A : Vous n’avez pas donné de nom à ce collectif. Pourquoi ?

LC : Ce n’est pas vraiment un collectif en soi, c’est plus un groupe de potes. 

N : Je pense qu’en ne mettant pas de nom, on a voulu s’enlever une pression. 

LC : C’est ça, exactement. On n’officialise pas une espèce de collectif avec une image de marque, on est vraiment en mode groupe de potes. Mais les gens savent qu’on est tout le temps ensemble, qu’on est affiliés.

N : Quand je ne suis pas sur le projet de Yvnnis, je pense que les gens savent que j’ai déjà écouté son projet, et inversement.

A : Chick, tu as commencé par te faire connaître en tant que producteur en faisant des type beats. Comment ça s’est fait ?

LC : Je viens d’une petite ville près de Reims, et j’ai commencé à faire de la musique à 15 ans sur mon téléphone sur Garageband. J’avais un pote qui rappait et j’ai d’abord fait des prods pour lui. Au lycée, je me suis concentré à fond là-dessus, et j’ai commencé à poster des types beats sur YouTube en janvier 2022. Je suis ensuite allé à la fac à Strasbourg et je me suis mis à faire une prod’ par jour. Ça m’a permis de quitter la fac et de vivre ma passion. 

A : Tu faisais quel genre de type beats exactement ?

LC : Au tout début Laylow, Hamza, Josman. Puis La Fève et toute la nouvelle génération sont arrivés et personne ne faisait des type beats de leur musique. Je me suis mis à en faire en 2022 et j’étais un peu le premier à proposer ça autour du son de La Fève, Khali, Rounhaa. J’ai pris ce créneau et ça a vraiment explosé. Je mets aujourd’hui mes prods en écoute sur YouTube et en vente sur Beatstars, et les gens peuvent se servir et les acheter à bas prix. Ça me permet de m’entrainer et de pratiquer à fond. Et j’aime bien aussi l’idée de pouvoir « donner à manger » à des plus petits rappeurs, pour pas trop cher. 

A : Les type beats, ça a été un bon entraînement pour toi ? 

LC : Oui bien sûr. Et je le remarque encore aujourd’hui quand je fais des sessions avec des rappeurs. Quand ils cherchent un style, je suis beaucoup plus efficace et rapide pour savoir quel type de sonorité ou de morceaux ils veulent. 

A : Et donc Yvnnis a été la première personne avec qui tu as vraiment travaillé ?

LC : Oui, c’est le premier artiste avec qui ça a vraiment matché. Il avait posé sur une de mes prods via les type beats et j’avais trop kiffé. Donc on s’est contactés et on s’est dit « Viens on bosse un truc ensemble. » Ça a donné PARHELIA début 2022, et c’est comme ça que tout a commencé. 

A : Tu as ensuite produit les 3/4 de l’EP LA COURSE de NeS. Comment est-ce que vous vous êtes retrouvés à autant travailler ensemble ?

N : Ça s’est fait assez naturellement, il y a eu un alignement de trucs. Toi tu avais envie…

LC : Oui, on avait les mêmes idées, les mêmes références. Et comme j’étais aussi l’un des premiers de notre groupe à pouvoir vivre de ma passion et être à 100% dispo, j’étais apte à l’accompagner au maximum sur le projet. 

N : Ça s’est fait très naturellement, on ne s’est pas dit « On fait un projet où tu vas avoir 8 prods sur 9. » C’était plus qu’on bossait ensemble et ça s’est fait comme ça.

A : NeS, c’est différent pour toi de bosser avec Chick, vu que vous vous connaissez bien ?

N : Totalement, parce qu’on a des automatismes que je n’ai pas forcément avec d’autres producteurs. On en parlait il y a pas longtemps, je lui donne un peu ma voix comme si c’était un instrument parmi ses autres pistes. Je lui fais confiance, je lui donne juste peut-être un BPM, une intention, et il va tout assembler. C’est un peu comme si c’était l’architecte de ce que je fais, je lui donne le squelette et il construit tout autour. 

A : Sur vos morceaux ensemble, Chick n’est souvent pas seul. On retrouve les autres producteurs de la bande comme Brianinthemind, Planaway, Poivre Blanc, ou Arthur Jenni. Qu’est-ce qu’ils apportent chacun selon vous ?

N : Arthur pour moi c’est la théorie musicale. Il est très fort au clavier et aux synthétiseurs.

LC : Oui c’est quelqu’un qui ne vient pas du rap à la base, il est plus issu de la pop. Il est Suisse, et ce qu’il fait s’approche un peu du son de quelqu’un comme Muddy Monk, il y a vraiment quelque chose dans ses compos qui est très fort.

N : Poivre Blanc, c’est différent. Il vient de l’électro/dubstep, et son son est reconnaissable aussi. Dans les samples qu’il trouve, ses choix de drums, il est très atypique

LC : Et il a aussi une originalité dans les mixes. 

N : Brianinthemind est vraiment hyper fort dans l’exercice du boombap. Quand il faut un sample un peu old school, il est vraiment bon. 

LC : Ses snares, comment elle sont choisies, comment elles tapent, il a un groove spécial. Et pour Planaway, c’est un mec qui arrive à s’adapter à tous les styles. 

N : Oui il fait vraiment tout. C’est pour ça que sur le projet il est à la fois sur les morceaux avec Mairo et Prince Waly, qui sont des artistes assez différents. Il fait une prod’ spécifiquement pour l’un et de l’autre côté il va faire une espèce de semi boom bap avec Waly. 

LC : Et à côté de ça, il va sortir en solo un projet beaucoup plus électronique, presque ambient. Il est vraiment polyvalent. 

A : Chick, l’an dernier NeS nous disait que tu étais le producteur qui le challengeait le plus. 

N : Oui, de fou. 

LC : Je suis très pointilleux sur plein de détails, notamment le texte. Si NeS écrit par exemple un texte et qu’il y a une phrase que je trouve moins bien formulée, je vais lui dire. J’essaie d’être le plus transparent et honnête, tout en étant respectueux. 

N : C’est un des rares gars à faire ça, il se soucie aussi du texte. Souvent quand tu fais écouter ta musique à des producteurs, ils n’écoutent pas ce que tu dis, mais plutôt les flows. Après, c’est vrai que si tu ne connais pas le gars…

LC : Oui il y a aussi ça, je peux me le permettre parce qu’on est amis maintenant. Je sais qu’il ne va pas le prendre mal et parce que c’est pour le bien de sa musique. Et c’est pareil avec Yvnnis. 

« Quand je bosse avec quelqu’un, je préfère connaître la personne pour m’adapter au mieux à sa musique. Je privilégie vraiment l’aspect humain  »

Lil Chick

A : D’ailleurs, tu as l’air de préférer les collaborations au long cours. On te voit assez peu faire des placements ponctuels.

LC : Je privilégie vraiment l’aspect humain. Quand je bosse avec quelqu’un, je préfère vraiment connaître la personne pour ensuite m’adapter au mieux à sa musique. Ça m’arrive aussi de faire des sessions avec des gens que je connais moins, mais j’avoue que je fais un peu moins de promo là-dessus, parce que la musique dont je suis le plus fier, c’est celle où j’ai passé vraiment du temps avec l’artiste. C’est intéressant de développer quelque chose, avoir une évolution à deux. C’est ce que je préfère faire je pense. 

N : C’est pareil pour moi d’ailleurs, je reste beaucoup avec les producteurs proches de moi. On est forcément plus à l’aise avec les gens qu’on connaît mieux, c’est humain. Et je trouve que ça me ressemble vraiment quand je fais de la musique avec eux parce qu’il n’y a pas de distance qui pourrait un peu… je ne sais pas comment dire, mais moins élever le projet. 

A : NeS, tu arriverais à décrire le son de Chick ?

N : Il a un grain très spécial je trouve, dans les samples ou ses compositions. Et ça tape pile où il faut, comme il faut. Ses choix de percussions, les patterns qu’il utilise… Sur « CHEVALIER CITADIN », il utilise des patterns que je trouve hyper différents de ce que tu pourrais entendre. 

A : En écoutant ta musique Chick, j’ai l’impression que tu essayes de faire du moderne avec de l’ancien. Il y a souvent des samples ou des pianos, et tu vas mettre derrière une drum très actuelle. C’est cet équilibre-là que tu cherches ?

LC : Oui complètement. Je me bute vraiment à d’autres musiques que le rap, que ce soit la folk, la pop, le rock, la musique « organique » c’est ce qui me parle le plus. Donc j’essaie de ramener ça dans mes prods, tout en restant rap, avec des drums modernes. J’aime bien sampler des choses qui ne sont pas samplées d’habitude, et qui ne sonnent pas rap, comme du rock progressif, pour apporter quelque chose d’un peu nouveau. C’est vraiment ce que je préfère : ramener des sonorités vintages mais avec un côté plus moderne. 

N : Il y a les accords que tu choisis aussi. 

LC : Oui, depuis un an j’essaie vraiment de trouver des accords qui sonnent différent de ce que l’on entend d’habitude, avec les accords « magiques » du rap. 

A : On parlait du sample. C’est important pour vous dans votre musique ?

LC : Je pense que si le sample n’existait pas, je n’aurais jamais fait de prod’. C’est la nature même du rap. Ça permet de découvrir tellement de nouveaux aspects de ta musique, de faire des combinaisons que tu n’aurais jamais eu l’idée de faire… Je pense que je continuerai toute ma vie à sampler. 

N : Je suis comme Chick, tout part du sample. J’ai été élevé à ça, autant hip hop que French Touch. Mon père écoutait beaucoup de trucs qu’on peut sampler, la French Touch, la pop, le rock, la new wave anglaise, donc ça me parle de base. Et quand j’ai commencé à faire des prods, j’ai toujours samplé aussi. Il y a beaucoup de samples dans les morceaux qu’on fait ensemble, parce que c’est ce vers quoi on va, sans vraiment s’en rendre compte. 

A : Quand tu samples Chick, tu gardes souvent le sample de base par contre. Tu ne le tords pas trop. 

LC : Oui j’essaie de ne pas trop le faire parce que si je sample, c’est qu’il y a une essence ou un mood que j’aime bien, et que j’ai envie de garder. « CHEVALIER CITADIN » est un bon exemple. C’est un sample de Adam Feeney [producteur anciennement connu sous le nom de Frank Dukes pour Frank Ocean, Rosalía, Camila Cabello, ndlr] et normalement, sur ce genre d’échantillon, on en garde 10 secondes. Le sample entier durait une minute, avec un changement au bout de 30 secondes et je l’ai gardé entièrement, en mettant au début du morceau les 30 premières secondes en boucle. Je voulais vraiment apporter un truc progressif dans le morceau qui allait vraiment avec le sample. C’est comme ça que j’ai réfléchi à ce morceau.

A : D’ailleurs, un peu à la surprise générale, tu t’es retrouvé à co-signer deux productions avec Madlib pour Westside Gunn et Talib Kweli via ton travail de samples en 2022 et 2023. Comment est-ce que ça s’est fait ?

LC : [Sourire]. Je composais des loops il y a trois ou quatre ans quand j’étais encore en terminale, et je les sortais sous forme de packs. Mais on appelait ça des samples, parce que c’est le but final pour les producteurs qui les prennent. Un jour, un collectif qui s’appelle The Rucker Collective me contacte. C’est une des plus grosses banques de samples aux États Unis, et ils m’ont dit : « Envoie nous ton dernier pack, si ça nous plait, on te recontacte. » Je leur envoie, ils le téléchargent, et cinq minutes après ils m’envoient un message. « On a un contrat à te proposer. » Donc j’ai signé avec eux pour deux ans, et je sortais tous mes packs de samples avec eux. Et aux Etats Unis, ils sont en contact avec toute l’industrie. Ce qui veut dire que quand tu sors un pack, tu peux être sûr qu’il va se retrouver dans les ordinateurs de Timbaland ou Madlib. Au bout d’un an et demi, je me réveille un matin et le boss de Rucker me contacte et me dit : « L’album de Westside Gunn est sorti aujourd’hui, tu as une prod’ dessus. » Et il me rajoute : « C’est une coprod avec Madlib. » Et un an plus tard, ça a été la même, on me dit que je suis aussi sur le nouvel album de Talib Kweli avec Madlib. Mais ce qui est encore plus fou sur celui-là, c’est qu’il y a Roy Ayers, légende du jazz, qui a joué du vibraphone sur le morceau. Donc c’est vraiment le flex ultime. Quand j’ai dit ça à mon père, il était choqué. J’ai récupéré le vinyle il n’y a pas longtemps il y a bien marqué « Roy Ayers, Madlib, Lil Chick. » Enfin bref, incroyable. 

A : Pour finir, je voulais parler de POUR 2 VRAI. NeS, comment est-ce que tu as abordé cet EP après ÇA VA ALLER ? Dans « N°5 – interlude » lorsqu’on t’entend discuter, on a l’impression que vous avez pas mal réfléchi. 

N : Oui, je me suis laissé le temps, et surtout je n’ai pas fait de compromis, ni de concession pour personne. Quand je suis sorti de LA COURSE, je me suis dit qu’il fallait que je plaise aux gens. Là je me suis dit que je m’en battais les couilles. [sourire] Donc j’ai commencé à faire des sons tout en essayant d’avoir une cohérence globale, et en me faisant kiffer surtout. Je l’ai abordé différemment dans le sens où je me suis écouté au maximum, tout en m’assumant aussi au maximum. Pas parce que je ne le faisais pas avant, mais j’ai essayé d’encore plus pousser ça. 

A : Qu’est-ce que tu avais envie de faire sur cet EP par rapport à ÇA VA ALLER ?

N : Faire des choses plus étonnantes. Là où ÇA VA ALLER était très électronique – et je suis très content de l’avoir fait parce que c’est aussi une des musiques qui me parle au maximum – je pense qu’on a voulu trouver un son plus organique, en gardant aussi le sample.

LC : Peut-être aussi que tu avais envie de te détacher de la connotation « nouvelle génération » qui est très électronique, aller vers quelque chose qui nous correspond plus à la base.

N : Surtout qu’on a des références en commun qui ne sont pas rap du tout. Et je me raconte beaucoup plus. Je parle de mes origines, de ce que je ressens encore plus. Et les feats m’ont aussi boosté. Parce que quand tu fais du son avec Mairo, Prince Waly et Bu$hi, si tu n’es pas au niveau, tu es une merde. [sourire] Sur les trois, je les ai abordés en mode « J’écris le meilleur texte que je puisse écrire. » Je suis vraiment content de ce projet en tout cas, il me ressemble au maximum, que ce soit dans les sonorités, les feats, l’aspect visuel avec la pochette. C’est mon premier vinyle, et je donne ma tête aux gens, littéralement. Je trouve que je passe un cap par rapport aux autres projets. 

« La vision artistique que j’ai se précise de plus en plus. Dans les sonorités, dans ce que je vais raconter, les nouveaux flows, je vais encore plus m’assumer  »

NeS

A : Il n’y a pas de chant sur cet EP, ou presque pas alors que ça avait été plutôt bien accueilli sur ton précédent sur « LES SAPES QUE JE VEUX ». Pourquoi ?

N : Je pense que j’avais envie de rapper de malade. Il y aura sûrement du chant à nouveau par la suite, mais ce n’était pas ce que j’avais envie sur cet EP. Rapper, c’est ce que je sais faire de mieux, et quand je le fais, je peux me concentrer plus sur l’écriture aussi. Donc j’ai essayé de trouver des nouveaux flows, de nouvelles intonations, plutôt que de chanter. Et je trouve que ça me correspond bien. 

A : Sur le dernier morceau « DAVVERO », tu te confies beaucoup plus qu’avant, en parlant de ta mère, ton père. Ça a été compliqué à faire ? 

N : Un peu, oui, ce n’est pas évident. Comme je te l’ai dit je ne me suis pas dit « Est-ce qu’il faut que je le fasse ? » Je l’ai fait direct. Mais je me suis plus demandé : « Est-ce que les gens vont capter ? Est-ce que je ne suis pas trop vulnérable ? » Et après je me suis dit « Je m’en bats les couilles. » [rires]

A : Chick en parlait un peu tout à l’heure, tu voulais te détacher aussi un peu de l’image de rappeur nouvelle génération qui pose sur de l’électro ?

N : Oui, c’est ça. Mais quand je l’ai fait, je ne me suis pas dit : « Je vais faire ça parce que c’est ce qui marche. » C’est juste que je kiffe l’électro. Mais avant ça sur LA COURSE, il n’y en avait quasiment pas, tu vois.

LC : De toute façon, je n’allais pas lui proposer des prods dans ce style-là. [rires]

N : Je ne me dis pas qu’il faut que je me détache, mais je pense que ça se fait comme ça. 

LC : Oui, c’est naturel. 

N : Et on fait des choix que d’autres ne font pas. Même dans les clips, je fais des choses plutôt sobres, sans effets spéciaux, alors qu’avant, il y avait des trucs plus conceptuels. 

A : Est-ce que POUR 2 VRAI, c’est aujourd’hui le son NeS ? Ou tu peux aller vers autre chose par la suite ?

LC : Pour moi, c’est le projet qui te ressemble le plus dans ta musicalité et dans ce que tu veux faire. J’ai l’impression que tout ce qu’on a sorti-là, c’est ce qui te ressemble le plus. 

N : C’est le bilan de quelque chose, et le début d’autre chose. 

LC : Mais ça ne veut pas dire que sur la suite, il n’y aura pas de morceaux autres que le style de POUR 2 VRAI. Mais je pense qu’on va se diriger vers cette sonorité-là dans tous les cas. Ou de certains morceaux comme « VIVEMENT ». C’est sur qu’on va partir vers quelque chose dans ce délire-là, dans les structures, dans la musicalité…

N : Les choix d’instruments…

LC : Le grain, la texture, tout ça.

N : Oui, exactement. 

A : Pour finir, qu’est-ce que vous avez envie de faire les deux maintenant musicalement ? Vous avez de nouvelles envies ?

LC : Continuer sur cette lancée, avec un son plus organique.

N : Plus organique, qui nous ressemble toujours. On va développer ça, j’ai l’impression. Là où sur LA COURSE on avait plusieurs pistes, notre vision se resserre encore maintenant. 

LC : C’est exactement ça. On a fait plusieurs compositions, on a vu ce qui nous plaisait le plus, ce qui a aussi plû aux gens un peu, et je pense qu’on a trouvé un son qui nous ressemble vraiment. 

A : Tu as l’impression d’être plus en phase avec la musique que tu fais aujourd’hui, NeS ?

N : Complètement. La vision artistique que j’ai se précise de plus en plus. Dans les sonorités, dans ce que je vais raconter, les nouveaux flows, je vais encore plus m’assumer. Je vais tenter de nouvelles choses, mais je pense que pour moi comme pour Chick, ce qu’on a envie de faire devient de plus en plus clair. Donc ça va le faire. 

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