Mr Bil, une vague sur le Léman
Auditeur invétéré de rap, Mr Bil a commencé la musique aux côtés d’artistes qu’il admirait, via la collectif genevois Marekage Streetz. Alors qu’il met actuellement fin à son parcours musical, rencontre avec une légende anonyme, qui trinque à la sortie de Max B et évite soigneusement l’exposition.
Abcdrduson : Tu as toujours vécu à Genève, ta ville de naissance ?
Mr. Bil : Oui, j’y suis né en 1986, et j’y ai toujours vécu. J’ai plein d’origines différentes, ce qui correspond bien à la ville, dont soixante pourcents de la population est d’origine étrangère je crois, sans compter ceux qui n’ont pas les papiers. C’est vraiment une ville internationale, je me considère genevois et c’est une ville assez différente de la Suisse. Dans le pays il y a des villes où les gens sont tous suisses d’origine suisse, ici tu marches dans la ville, il y a très peu de Suisses. C’est cosmopolite. Mes parents sont séparés, ma mère habitait à Saint Jean, un quartier sur la rive droite et mon père vivait à Plainpalais – La Jonction. J’ai toujours été un peu entre les deux, puis vers quinze ans, seize ans, j’ai commencé à ne traîner qu’à Plainpalais – La Jonction.
A : Ton père écoutait beaucoup de rap, non ?
M : Oui, quand je passais du temps avec mon père, il n’y avait pas trop la télé et tout, c’était un peu à l’ancienne. Par contre il avait trop de disques. Il en avait énormément, on faisait tous les marchés, il en achetait tout le temps. Il écoutait du rap entre autres -il m’a eu très jeune-, donc il y avait Mc Solaar, Public Enemy, les premiers IAM, d’autres choses comme ça.
A : Quand tu as été en âge de forger tes goûts, tu es allé directement vers cette musique ?
M : Autour de mes dix ans j’ai commencé à écouter du rap, ma mère pétait un câble, je n’écoutais que ça, du rap français surtout. Je captais ce qu’ils disaient, je trouvais ça trop stylé, alors que je ne comprenais pas l’anglais. Le premier truc américain que j’ai kiffé, je crois que c’est Big L. J’ai un peu tout mangé en décalé, c’est-à-dire que n’ayant pas de grand frère j’écoutais un peu ce que tout le monde écoutait, puis plus tard en rencontrant des gens, ils me faisaient découvrir des trucs. Le rap cainri je l’ai mangé complétement dans l’autre sens. J’en écoute énormément maintenant, mais c’est venu après. Au départ, je n’écoutais que du rap français.
A : Aux USA, c’est le rap harlemite que tu as le plus écouté, comme le laisse penser ta musique ?
M : Oui, je ne comprenais pas l’anglais quand Diplomatic Immunity est sorti, mais il y avait les beats et les voix pitchées… Ça m’a procuré trop de sensations ! Ça m’a fait un truc, j’ai capté que ça c’était différent. J’avais trop kiffé, et je pense qu’aujourd’hui ce que j’aime autant chez Max B -même si j’ai découvert plus tard-, c’est c’est ce que j’aimais déjà dans Diplomats, avec ce côté un peu chantonné, tout ce truc. J’ai vu assez récemment que Max B avait écrit la moitié des trucs de Jim Jones, qu’il avait fait trop de choses pour eux dans l’ombre. Je crois que c’est déjà ce que j’avais kiffé. Puis aussi, quand A’s, moi-même et tout le quartier avons découvert French Montana et Harry Fraud, c’est ce que l’on a aimé : l’aspect chantonné, les voix samplées. C’est vraiment ce qui m’a marqué, et si j’avais pu rapper en américain (sic), j’aurais kiffé le faire comme ça.
A : Peut-être est-ce aussi ce qui explique ton attirance pour le rap de la Bay Area : The Jacka, Joe Blow, Mozzy…
M : C’est exactement ça ! Joe Blow, il a ce truc ! Pour moi, il pourrait rapper avec French Montana, ils ont quelque chose en commun. The Jacka aussi avait un peu ça, et je crois que Max B avait dit qu’il s’agissait d’un de ses artistes préférés. J’avais déjà entendu le nom mais quand j’ai entendu ça je me suis penché dessus et j’ai découvert cette scène. C’est vraiment super lourd.
A : On retrouve le dope boy blues dans la musique de Marekage Streetz d’ailleurs.
M : Oui, mais à des niveaux différents, par exemple, je n’ai jamais vendu de coke personnellement. Mais tu comprends ces choses en fait, s’il y a pas mal de trafic dans le quartier, si tu as des potes qui sont dedans… En plus moi j’ai beaucoup traîné, pas pour faire des trucs de gangster, mais j’ai énormément traîné dehors. J’habitais en face du parc où tout le monde traîne, j’ai toujours été là. Le dope boy blues, au premier niveau c’est un truc super hardcore. Quand tu comprends le terme et quand tu connais un peu les personnages, c’est chaud. Je ne me compare pas à ces gens dans ce sens-là. C’est la sensation, ce blues street qui ressort de leur musique, je le trouve vachement touchant et agréable à écouter.
A : Lorsque sort Comme un poizon dans le Rhône, premier album de Marekage Streetz, as-tu des antécédents musicaux ?
M : C’est le premier projet officiel auquel je participe, mais je rappais déjà. Comme disait A’s dans son interview, il existait le groupe Paintball et d’autres. Moi, je suis plus jeune que lui, maintenant ça ne change plus rien, mais à l’époque les quelques années d’écart faisaient la différence dans le quartier. Donc moi j’étais de ceux qui écoutaient A’s, Green, White et tous ces gars. Je n’aurais jamais pensé rapper avec eux, le rap de Genève était un petit monde, les mecs se connaissaient, et nous, on était plus jeunes, on ne savait même pas comment enregistrer, et on s’en foutait un peu. C’est A’s qui est venu me chercher, après avoir rencontré Dj Mesk, quand ils ont décidé de monter un truc dans le quartier, c’est là que je me suis retrouvé dans cette histoire. Avant ça, je rappais dans un groupe, 8.6 Kara, mais les autres gars avec qui j’étais ont arrêté de rapper.
« Je suis super chauvin en fait, dans le sens où je me dis que l’on peut très bien faire nous-mêmes les choses. »
A : En 2008, tu dévoiles ta première mixtape J’encule le monde, avec l’envie de débuter une carrière, ou pour le pur amusement ?
M : J’étais grave motivé ! C’est un peu bizarre de le dire comme ça avec les années de recul, mais à l’époque, me retrouver à rapper avec A’s, White et tous les autres, c’était comme être drafté dans une super équipe alors que je ne savais pas très bien jouer encore. Ça m’a boosté en fait, je voulais faire plein de trucs, j’étais surmotivé parce que j’étais avec des gars que j’écoutais et que mon plus petit frère écoutait aussi. J’étais dans une grosse équipe et je trouvais ça trop stylé, sans perspective financière ni rien.
A : Et quel est l’écho de ta tape ?
M : Beaucoup de gens écoutaient à Genève pour l’époque. Il n’y avait pas les réseaux sociaux et tout à ce moment, pourtant vraiment beaucoup de monde écoutait. Tous les jours des gens venaient m’en parler, et comme c’est une petite ville, ça se ressent d’autant plus. C’était motivant.
A : Pourtant suite à cette première sortie en solo, il a fallu attendre longtemps avant de t’entendre à nouveau.
M : Oui, c’est à peu près l’époque où je pars de chez mes parents, assez jeune d’ailleurs. Et puis aussi, c’était un peu la déglingue, ma manière de vivre, tout ça, je n’étais pas très bien organisé. Aujourd’hui il y a peut-être des petits qui peuvent faire ça tranquille chez eux avec leur ordinateur, et avoir un plan de carrière, moi je n’avais pas d’ordi et j’habitais à droite à gauche.
A : Plus de dix ans après le début de ta carrière, tu n’as toujours pas de biographie sur internet ni même de page artiste sur un réseau social, il n’y a rien sur toi, tu n’as jamais communiqué. N’as-tu jamais cherché à avoir de la lumière sur toi ?
M : [Rires] Je crois que c’est plus le contraire, j’ai eu trop de lumière quand j’étais plus jeune. J’ai eu beaucoup de gens autour de moi tout d’un coup, et il y a des mauvais côtés à ça, surtout dans un quartier où les gens ne font pas forcément grand-chose. Au bout d’un moment, ça m’a saoulé parce que ça ne m’a pas apporté beaucoup au final, même si j’ai kiffé faire de la musique. À un moment j’ai eu des contacts avec des labels, des maisons de disques, et j’avais un album plus sérieux, censé marcher un peu mieux. Ça ne s’est pas fait pour plein de raisons, et là j’ai arrêté les pages Facebook et tout ça, ça m’a saoulé.
A : Ces contacts en major, était-ce avec des Suisses ou avec des Français ?
M : C’était avec des Suisses. Il y en a qui ont bossé avec des Français ici, mais moi jamais. Je crois que je suis super chauvin en fait, dans le sens où je me dis que l’on peut très bien faire nous-mêmes les choses. Ça me saoule d’aller ailleurs : les gens ailleurs, ils font leurs trucs entre eux.
A : Les rappeurs français sont toujours passés par la Suisse lors de leur tournée. Hormis un morceau avec Grödash et quelques petites choses, vous n’avez jamais bossé avec eux. Comment se fait-ce ?
M : On s’en battait les couilles. Les gens qui organisaient les premières parties ici à l’époque, on ne s’entendait pas très bien avec eux. On était street pour de vrai, et on s’en foutait des copinages. C’est un petit monde, il faut aller à des soirées, être pote avec untel… Puis ils nous ont jamais invités non plus, et les quelques fois où c’est arrivé, on n’a pas assuré, on est arrivés super défoncés et on a fait n’importe quoi. Ça c’est vrai aussi, et si tu fais le con une fois, on ne va pas te rappeler trois fois. Nous, on arrivait, on était quatre fois trop nombreux et quatre fois trop défoncés, en n’ayant rien préparé. Ça n’a pas aidé.
A : La mixtape pour laquelle nous faisons cette interview est la dernière qui sortira de toi a priori. Pourtant, cette interview est la première, pourquoi ?
M : Je suis allé quelques fois à la radio en Suisse… C’était super naze, les gars t’invitent et ne savent même pas qui tu es. Tu n’as pas envie de parler, ça dure dix secondes, tu te casses, et c’est nul. Puis aussi, même si aujourd’hui ça change un peu car des gens plus jeunes ont des nouveaux médias, les médias étaient nazes en Suisse. Il faut dire aussi que je ne suis pas le gars qui se vend le mieux, je n’ai jamais envoyé un mail à je ne sais qui… J’ai des potes qui arrivaient à être sur Booska-p, mais moi ça me saoule trop de faire ça.
A : Il y a un beatmaker avec qui tu travailles pas mal : Alban. C’est un membre à part entière de Marekage Streetz ?
M : Oui, Alban en fait c’est Dj Mesk, c’est son prénom, il habite dans le quartier, on se connaît depuis longtemps et j’ai souvent été amené à bosser avec lui. J’ai pas mal bossé avec Armstrong aussi, même si peu de choses sont sorties. Il est du quartier aussi et il est super fort. Je travaille en famille, aux côtés de gens avec qui je m’entends bien et je n’aime pas trop aller ailleurs, j’ai eu de mauvaises expériences.
A : Tu travailles très étroitement avec Bobby également, notamment pour l’enregistrement, le mix et le mastering, c’est bien ça ?
M : Oui, je le connais depuis qu’il est tout petit, avant qu’il fasse du rap. C’est le pote d’enfance d’un de mes petits frères. Il y a maintenant deux ou trois ans, il avait repris un studio et m’avait motivé pour bosser une mixtape parce que j’avais plein de textes. Et c’est lui qui m’a fait toute la mixtape Centre-Ville Centre-Ville qui va sortir là. Il a fait tous les mixes et m’a donné un bon coup de main.
« Du jour au lendemain on a eu tous les petits qui nous écoutaient, on a généré un truc et tout le monde n’a pas kiffé. »
A : Tu couches tes textes à l’écrit ou bosses-tu de tête ?
M : Ça dépend des périodes, mais en général j’écris beaucoup. Ce n’est pas vraiment écrire sur un bloc de papier, à un moment j’écrivais dans ma tête, puis j’ai eu des périodes où je n’écrivais que sur mon portable avant de faire des arrangements. Quand je suis dedans, j’y suis vraiment, et je suis très productif, ce qui ne veut pas forcément dire que tout ce que j’écris est bien. Des fois, j’ai besoin d’écrire trois couplets pour en trouver un qui tue. La productivité me vient de l’impro, avant j’improvisais beaucoup –maintenant plus du tout- : battles, impros, clash… Je kiffais trop ces trucs. Et dehors on faisait beaucoup de freestyles aussi, c’était un entraînement. J’aimais bien cette manière de faire et elle aide pour écrire ensuite, ça crée des automatismes.
A : Tu as une attirance pour les schémas de rimes sur plusieurs syllabes, en évitant l’écueil de la multisyllabique vide de sens et « inouïe comme un Inuit sur la ligne huit… »
M : Ça c’est insupportable, il faut vraiment qu’ils arrêtent tous de faire ça… Rimer pour rimer, c’est une des pires choses qui existent, il faut aller faire de la poésie ou d’autres trucs. Tu n’as pas besoin de faire ça, ça sert à rien. Avoir été avec des gens comme A’s, Mr. White et d’autres quand j’étais plus jeune, a élargi ma vision et les possibilités pour moi. Eux, ils ont des structures un peu spéciales des fois, ils font un peu rimer les trucs qu’ils ont envie.
A : On trouve dans ton style quelque chose de très visuel, un peu naïf : « Maman s’est pliée pour nous comme un laptop », « je sors du four comme les gâteaux de grand-mère. » Une fois qu’on l’entend, ça semble tomber sous le sens.
M : C’est le quartier ça, ce sont des images qui viennent de dehors. Quand j’étais plus jeune j’étais entouré de pas mal de monde et on était toujours en train de raconter des conneries, je pense que ça vient de là. C’est l’école des vannes.
A : Tu désignes souvent un lieu de Genève que tu appelles « Planète rouge », de quoi s’agit-il ?
M : Entre Plainpalais et La Jonction, il y a une super grande place qui s’appelle la Plaine de Plainpalais. Depuis dix ou quinze ans, du gravier rouge a été mis dessus, ce qui fait une immense place rouge au milieu du quartier. C’est un peu une zone de non-droit, tu fais ce que tu veux ici. Les jeunes y viennent le soir, il y a un peu de trafic, c’est la Planète rouge ! Cette géographie de Genève n’est pas assez documentée, c’est dommage, dans le quartier il y a de jolis immeubles, de jolis trucs, que personne ne montre.
A : Ta mixtape précédente s’appelait Centre-Ville, celle-ci s’intitule Centre-Ville Centre-Ville. Pourquoi cette attirance ?
M : J’ai vraiment grandi dans le centre à Genève. Ce que j’appelle « centre-ville », c’est Plainpalais – Jonction, mais il existe d’autres quartiers dans le centre-ville aussi. On se connaît, tout le monde a un pote à La Servette ou aux Paquis, tandis que dans les quartiers en périphérie, on connaît très peu de monde au final, même si c’est une petite ville. La distance n’est pas forcément géographique, elle est plus mentale : les gars qui viennent du quartier X ou Y, ils vont à l’école là-bas, ils jouent au foot là-bas, et ils restent vivre là-bas. Ce ne sont pas des endroits qui craignent ou quoi que ce soit, c’est juste qu’il n’y a rien à aller y faire. Moi j’ai découvert énormément de gens quand j’ai commencé à rapper. Avant ça, je ne connaissais personne dans la ville. Dans un son, Rox du groupe Le Duo avait dit que Genève était un village aux allures de métropole. On a une manière de se comporter qui ressemble à celle des grandes villes, tu t’en rends compte en bougeant. Je suis allé à New York, à Montréal et dans d’autres métropoles, et je n’ai pas été dépaysé en fait. Il y a les mêmes structures en fait, avec des villes dans la ville : un quartier plus populaire, un quartier avec tant d’immigrés… Genève est faite sur ce schéma, à petite échelle.
A : « Des mixtapes superbes sur fond d’misère humaine, ils n’ont retenu que tise et fumette… » c’est un sentiment que tu as éprouvé ? Cette capacité des gens à éclipser ce qui est triste dans ta musique pour ne retenir que ce qui est amusant ?
M : Oui, c’est exactement ça. Moi, personnellement je m’en fous un peu puisque j’ai eu des périodes de défonce et que ça se ressentait dans mes sons, donc je l’assume, ce n’est pas très grave. Mais c’est surtout par rapport à Marekage Streetz, au début il n’y avait pas vraiment de groupe qui marchait sur tout le monde, et Marekage ça a fait chier plein de monde. Du jour au lendemain on a eu tous les petits qui nous écoutaient, on a généré un truc et tout le monde n’a pas kiffé. Du coup beaucoup nous ont résumés à ça : tise et fumette. Comme pour dénigrer.
A : Veux-tu bien revenir un peu sur Max B, que tu cites en permanence dans ta musique, ne serait-ce que par l’emploi récurrent du terme « wavy » ?
M : Tout le monde le dit maintenant, je l’ai bien sûr moi-même repris, mais ça fait bien sept, huit ans que je suis dedans. J’ai énormément écouté French Montana et Max B. La période des Coke Wave, j’hallucinais, je trouvais ça trop fou musicalement. Alors après quand j’ai appris l’histoire de la personne, ça en fait une légende, c’est un personnage comme dans les films, et malheureusement pour lui les histoires que l’on retient sont souvent assez tristes. Son histoire, son passé avec le Dipset, sa proximité avec French, tout ça en fait quelqu’un d’atypique qui m’a beaucoup marqué. Puis musicalement, Max B, ça défonce, personne n’a rien à dire là-dessus.
A : A’s disait être content pour les jeunes rappeurs suisses qui émergent. La scène locale est plutôt riche en ce moment, partages-tu son avis ?
M : Je trouve ça super aussi. Je déteste les gens qui ont fait quelque chose avant et ont un truc à redire sur les nouveaux, comme ces anciens joueurs de foot qui parlent toute la journée à la télé alors qu’ils ont eu des carrières pétées. Si je fais ça, c’est comme si je me crache moi-même dessus. Ce que j’ai fait était honorable dans une époque qui était ce qu’elle était, et je n’ai pas de ressentiment par rapport à ça. Des gens de mon âge ici dénigrent les petits, ils disent « c’est parce qu’il y a les réseaux sociaux ou ci ou ça… » Ouais… C’est surtout parce qu’ils travaillent ! Ils se servent d’outils dont tout le monde peut se servir, mais eux ils travaillent beaucoup, ils bougent beaucoup. Je connais moins les autres, mais Di-Meh était souvent dans notre quartier comme il y faisait du skate, et je l’ai toujours vu rapper. Il était dans tous les trucs, même moi je ne sais pas comment tu peux aller rapper partout comme ça ! C’est trop chiant, je ne sais pas comment il a fait, mais il s’en battait les couilles. C’est devenu un monstre maintenant, ce qu’il est en train de faire, c’est très fort. Et c’est parce qu’il a travaillé, il n’y a pas de hasard.
A : De ton côté, tu arrêtes le rap avec cette mixtape, pourquoi ?
M : Parce qu’il est temps. Il y a un temps pour tout, je suis dans d’autres trucs maintenant, je n’ai plus la tête à ça. Ça me va très bien d’en écouter, du rap, c’est ce que je fais toute la journée. Avant, quand j’écoutais un gars qui était fort, ça me donnait envie d’aller faire du son et de montrer que j’étais le plus fort, maintenant j’écoute et je m’en bats les couilles. La question n’est pas d’avoir vingt-neuf, trente-et-un ou quarante ans, mais à mon âge dans ma vie, j’ai l’impression que c’est bon, ça va, j’ai fait assez de rap.
Une legende
« Nous, on arrivait, on était quatre fois trop nombreux et quatre fois trop défoncés, en n’ayant rien préparé. »
C’est exactement ça qu’on aimait et qu’on venait chercher.