La The Darkman
Interview

La The Darkman

MC de la nébuleuse Wu-Tang à 17 ans, président du Apphiliates Music Group dix ans plus tard : La The Darkman raconte à lui tout seul une décennie de hip-hop, de New York à Atlanta. Avec nous, il revient sur le passé des années Wu-Tang, le présent (son nouvel album) et le futur : son petit frère Willie The Kid.

Abcdrduson : On commence à t’entendre un peu partout. As-tu un nouvel album en préparation ?

LA : Absolument ! Il s’intitule « La the Darkman II » et sera dans les bacs d’ici fin juillet, début août.

A : Tu as bien changé depuis ton premier album « Heist of the Century »…

LA : J’ai énormément grandi. Après, je reste la même personne, j’ai seulement mûri. J’aime mon premier album mais je pense que le deuxième sera aussi bon sinon mieux. Ce sera le même délire. Je raconte des histoires, j’ai toujours ces quelques morceaux conviviaux, c’est toujours intelligent, toujours spirituel, toujours imprévisible. Si tu apprécies « Heist of the century », tu vas aimer le nouvel album.

A : Beaucoup de gens considèrent « Heist of the Century » comme un classique. Donner une suite à un album de ce calibre, c’est pas simple…

LA : Ce n’est pas difficile parce que je travaille énormément. Quand j’ai commencé à enregistrer, je me posais aussi ce genre de questions mais maintenant que j’enregistre, le disque se construit et sonne tellement bien, les morceaux sortent si vite que je n’ai plus ce genre de doutes. Je ne pensais pas que le disque se ferait aussi rapidement. Je pensais que ça allait prendre davantage de temps. J’ai enregistré pendant 3 mois et j’ai plus de 25 morceaux. Même quand je n’enregistrais pas, j’étais encore en train d’écrire des rimes. J’écris des rimes pour le plaisir, comme un hobby parce que je suis un musicien. C’est la différence entre un musicien et un rappeur. Je ne me considère pas comme un rappeur. Un rappeur, c’est quelqu’un qui assemble des mots qui riment entre eux. Je suis un musicien : je fais de la musique que tu ressens. Peu importe que je fasse de l’argent ou pas, j’écris toujours de la poésie. J’écris juste pour écrire, pas pour réaliser un album. Je me sens comme Kobe Bryant : je fais les choses parce que je dois les faire ! Ce n’est pas vraiment difficile pour moi de marquer parce que je suis né pour ça.

A : Plusieurs morceaux ont tournés, présentés comme des morceaux de ton nouvel album. Un titre était produit par Alchemist et quelques autres par J Love. Est-ce que ces morceaux seront sur ton album ?

LA : Ouais, les titres produits par Alchemist et J Love seront dessus aussi. Ce sont mes gars ! J’ai encore beaucoup d’autres morceaux qui arrivent. Il y aura 16 morceaux donc ça ne représente que 2 morceaux sur 16. Vous aurez 14 autres bangers.

A : Je me souviens avoir vu sur ton site internet que ton album serait produit par Alchemist, Buckwild, Muggs, DJ Premier et d’autres. L’album a-t-il changé depuis ?

LA : J’ai juste rajouté des producteurs. Il y a mon nouveau producteur, le prochain Just Blaze, il s’appelle V12 the Hitman. Ce mec est dingue. Il y aura aussi Shotti, un autre de mes nouveaux producteurs, mon cousin Sing Sing Regime. Il y aura Scott Storch, RZA, Don Cannon dessus. Il y aura beaucoup de nouvelles têtes et beaucoup de mecs que vous connaissez déjà.

A : Quels sont les thèmes majeurs de ce nouvel album ?

LA : Je parle de ma vie ! Je suis un « life artist ». Je parle de politique, du gouvernement, de l’industrie du disque, du ghetto, des relations hommes/femmes. Je suis fait de toutes ces petites choses qui font la vie. J’écris à propos de tout ce que je vois. Il y aura toute sorte de sujets.

A : Maintenant, j’aimerais qu’on revienne sur « Heist of the Century ». Tu avais 18 ans quand tu as sorti cet album. Quel était ton état d’esprit ? Tu le faisais pour le plaisir ?

LA : J’ai vraiment fait ça sérieusement. Clairement, ça a toujours été un business mais il y a toujours du plaisir. J’ai vraiment l’impression d’avoir 17-18 ans là (rires). Quand j’enregistre, j’éprouve tellement de plaisir que ça me rappelle l’époque où j’enregistrais « Heist of the century ». Ca me ramène des années en arrière. Je sens que j’ai tellement d’énergie. J’ai dit que j’étais comme Kobe Bryant parce que j’ai commencé jeune, adolescent et j’ai l’air d’un vétéran maintenant mais en réalité je suis toujours très jeune et ça n’est que mon deuxième album. J’essaye de gagner ma deuxième bague de champion.

A : C’est fou d’entendre que tu n’avais que 17 ans. Je ne peux pas imaginer quelqu’un du même âge sortir un album comme ça aujourd’hui.

LA : Ouais ! J’étais surpris aussi. Je prends la musique au sérieux mais j’en fais pour le plaisir parce que ça me procure du bonheur et que je gagne de l’argent par d’autres moyens. Mais je ne fais pas de la musique pour l’argent. Beaucoup de ces artistes font de la musique pour l’argent alors que moi je fais de la musique de plein de façons différentes. Je fais de la musique pour que le monde puisse m’entendre et me comprendre.

« Les mixtapes sont les veines du hip-hop. Si les veines ne font pas circuler le sang jusqu’au cœur, le hip-hop ne grandira pas.  »

A : Ton premier album s’est vendu à plus de 300 000 exemplaires. Quelle a été ta première réaction quand tu as appris ça ?

LA : Je me suis dis que j’avais fait ce que j’étais censé faire. Je n’étais pas surpris parce que la musique me semblait si bonne que je savais que le monde l’apprécierait. Je m’attendais vraiment à un tel accueil.

A : Est-ce que le choix d’être indépendant était naturel pour toi ?

LA : En quelque sorte parce que j’étais en négociations avec une major et je n’obtenais pas de réponses satisfaisantes de leur part. Alors j’ai décidé que je pouvais faire tout ce que je voulais par mes propres moyens. Je suis mon propre businessman, je suis ma propre machine.

A : A mes yeux, c’était assez visionnaire. Aujourd’hui, tout le monde dit qu’être indépendant c’est la meilleure chose à faire…

LA : Oh ouais c’était visionnaire ! J’étais en avance sur mon temps. Je me considère toujours comme un visionnaire. L’album a cartonné par la suite, mais à cette époque j’étais tellement jeune qu’on peut dire que j’étais en avance sur mon temps. J’étais vraiment mature. Maintenant c’est à mon tour de briller.

A : Je sais que tu prend le business très au sérieux. Alors qu’est ce que t’as fait une fois que tu as eu l’argent généré par les ventes de l’album ?

LA : J’ai investi dans pas mal de biens immobiliers, j’ai créé ma propre ligne de vêtements, j’ai monté Embassy Entertainement, Apphiliates Music Group, Gangsta Grillz. J’ai fait très attention à la façon dont j’ai investi mon argent. Comme je te l’ai dit, je suis un comptable, un homme d’affaires par nature. J’aime compter l’argent et j’aime faire des affaires. Je suis un entrepreneur et j’agis sagement, comme tu peux le voir je gère 3 entreprises et je n’ai pas sorti de nouvel album depuis 7 ans.A : Tu es l’un des tout premiers artistes New Yorkais à partir vers Atlanta. Qu’est ce qui t’a donné envie de bouger là bas ?

LA : En fait, ma famille a déménagé là bas vers 99-2000 et j’avais l’habitude d’y aller pour des fêtes, des matchs de football et ce genre de choses. Je suis toujours à New York mais je fais des aller-retour. Je fais sans cesse des aller-retour entre New York et Atlanta.

A : Quel regard tu portes sur la scène new yorkaise actuelle ?

LA : Tout le monde a juste besoin de travailler plus dur. J’aime ce que fait Busta Rhymes, j’aime ce que fait 50 cent, j’aime ce que fait Jay Z, j’aime ce que fait RZA au cinéma avec Quentin Tarantino mais on doit simplement franchir une étape. Tout le monde ne peut pas faire de la musique. Tout le monde n’est pas un artiste, tout le monde n’est pas un musicien. Les gens pensent le contraire mais ils ont tort. Peu de personnes sont capables de survivre ou de réussir dans ce championnat. Je vois ça comme un championnat. On doit franchir une étape et faire plus de gros son. J’aime ce moment là dans le Hip-Hop.

A : Quand et comment est venue l’idée de The Apphiliates ?

LA : Nous travaillions déjà tous ensemble avant que le nom ne nous vienne. Ensuite on a décidé de rassembler tout ça sous la bannière Apphiliates Music Group. Le A est pour Atlanta, Philli renvoie à Philadelphia parce que tous mes Dj’s viennent de Philly et enfin Apphiliates parce que c’est comme faire partie d’un gang. Je suis le président donc je prends toutes les décisions importantes. Je gère DJ Drama, DJ Sense, Willie the Kid, TrendSetter.

A : Quel était ton objectif à l’époque ?

LA : Mon objectif était de créer une dynastie. On fait de la musique, des albums, des mixtapes, des pochettes, de la télé parce qu’on travaille sur notre propre show télé. Je voulais écrire mon propre chapitre de l’Histoire comme le Wu-Tang, Ruff Ryder, Roc A Fella ou Death Row.

A : As-tu le sentiment d’avoir déjà atteint cet objectif ?

LA : Pas encore, on vient de commencer et je suis sur le point de développer tout ça. Ca n’est que le début. On a encore 70 % du travail à faire. On a fait 30%. Les choses vont se mettre en place.

A : Comment as-tu réagi à l’arrestation de Drama et de Don Cannon ?

LA : J’étais cool. Je les ai aidé à avoir un avocat. L’affaire est toujours en cours là. Je suis juste le O.G. Tout se passera bien.

A : Comment vois tu l’affaire maintenant ?

LA : Sincèrement ? Il y a un gros malentendu parce que les mixtapes sont les veines du hip hop. Si les veines ne font pas circuler le sang jusqu’au cœur, le hip hop ne grandira pas. Tant qu’il y aura des mixtapes, nous continuerons à grandir. Les mixtapes sont juste une forme d’expression. Tu peux dire quelque chose sur une mixtape que tu ne pourras peut être pas dire sur un album parce que la major va le censurer. Je crois que nous allons arranger tout ça. Ils ont voulu nous attaquer parce qu’on fait beaucoup d’argent mais nous allons nous en sortir. Nous sommes forts.

A : Es tu satisfait des retours sur l’album de Dj Drama ?

LA : Ouais clairement ! J’ai été le producteur exécutif pour l’ensemble de l’album. J’ai choisi tous les beats pour les artistes, j’étais le DA de l’album, j’ai géré tout le projet. J’ai pris toutes les grosses décisions. Je suis à l’aise, je me sens bien. Ca se passe vraiment bien.

A : Ton petit frère Willie the Kid fait partie de ton crew. Dans quelle mesure le guides tu ?

LA : Je suis comme son mentor. On passe du temps ensemble, je le conseille mais je le laisse faire son propre truc. Tant qu’il continue dans la voie qu’il a commencé à tracer, tout va bien. S’il me pose des questions, je lui répondrai.

A : Vous avez beaucoup de morceaux en commun, avez-vous déjà pensé à faire un album complet ?

LA : Ouais ! Clairement ! Ca arrive. D’abord je vais finir mon album, ensuite Willie the Kid fera son album, ensuite il y aura un album Gangsta Grillz et enfin notre album commun.

A : Comment s’est faite la connexion avec le Wu-Tang ?

LA : J’ai rencontré l’un de leurs producteurs exécutifs Tyreef et Divine, le frère de RZA, quand j’avais 15 ans et je ne savais même pas qu’ils étaient proches du Wu-Tang. C’était juste des mecs ordinaires. Je passais du temps avec eux, on traînait ensemble dans la rue. C’est après que j’ai réalisé qu’il s’agissait des mecs qui avaient produit le Wu-Tang et un jour je me suis retrouvé dans un studio à rapper avec Method Man. En fait, tout est parti de là. C’était un truc familial avant que la musique ne s’immisce là dedans. Je traînais déjà dans les rues avec eux avant qu’il ne sorte le premier album du Wu-Tang.

A : Qu’as-tu appris en bossant avec eux ?

LA : J’ai appris des meilleurs. L’académie Wu Tang est l’une des meilleures écoles au monde. Le simple fait d’être un membre de l’académie Wu-Tang était génial. J’ai appris tout ce dont j’avais besoin. Sur la musique, sur la rue, sur les labels. Faire partie du Wu-Tang, c’est comme appartenir à la famille Kennedy.

A : Quel regard tu portes sur tout ce bordel qui règne autour du Wu-Tang depuis quelques temps ?

LA : Ils vont surmonter cette période difficile. Tout le monde traverse des moments moins faciles. Le Wu-Tang c’est comme une famille. Des frères peuvent être en désaccord mais ils restent toujours frères. Et c’est impossible d’être d’accord sur tout.

A : Es-tu toujours en contact avec certains des membres ?

LA : Ouais bien sûr ! Je parlais justement avec RZA il y a trois jours de ça. Il est en train de faire un film en Californie. Je viens de quitter Cali. J’y étais il y a 3 semaines avec lui et Quentin Tarantino. Ils ont deux projets de film. J’ai fait un show avec Ghost’ à Atlanta il y a une semaine. Je leur parle toujours. Nous sommes frères. Il ne s’agit pas seulement de musique. C’est la famille.

Fermer les commentaires

Pas de commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*