Jay E, superproducteur malgré lui
C’est l’un des producteurs les plus méconnus de l’Histoire : Jason Epperson, alias Jay E, est l’homme derrière les deux premiers albums de Nelly, Country Grammar et Nellyville (15 millions d’albums vendus, tout de même). Désormais éloigné du rap, il nous raconte comment lui et le crew des St.Lunatics ont mis la ville de St. Louis sur la carte du rap. Entretien avec un mec qui voulait juste faire du son.
Abcdr Du Son : Quels sont tes premiers souvenirs avec le rap ?
Jay Epperson : Mon premier souvenir, c’est de voir Run DMC sur MTV. Je devais avoir 6 ou 7 ans. Mon cousin avait quelques cassettes de rap qu’on écoutait tout le temps. J’ai commencé à aimer le rap plus que le rock, et c’est devenu une passion à part entière.
A : Il y avait des musiciens dans ton entourage ?
J : Pas vraiment. Avant de faire de la musique, j’étais DJ, et pour être honnête, je ne sais plus comment je m’y suis mis. Tu sais quoi ? Je crois que ce qui m’a poussé à devenir DJ, c’est peut-être bien le film Juice. En voyant les platines et les DJ, je me suis dit « OK, je dois essayer ce truc-là ». J’ai toujours été très branché par l’électronique. J’ai trouvé une platine chez moi, et puis je me suis arrangé pour dénicher une table de mixage. On n’avait pas d’ordinateur, seulement du matériel audio de base. Avec les potes, on faisait les cons et on s’enregistrait sur cassette.
A : Comment as-tu rencontré Nelly et les St. Lunatics ?
J : Je traînais dans un studio qui se trouvait près d’une patinoire. C’est là que je faisais du son. J’ai d’abord fait la connaissance d’Ali, qui m’a conseillé de faire de la musique pour l’ensemble de son crew. Le groupe cherchait un nouveau producteur. Ils ont kiffé mes sons, ils trouvaient que ça ne ressemblait pas à ce qu’ils entendaient chez les autres.
A : Tu es originaire de St. Louis ?
J : Je viens de St. Charles, qui se trouve à une demi-heure de route de St. Louis. Pour se rapprocher de son travail, ma mère a du déménager sur University City [quartier situé dans la partie est de St. Louis, NDLR]. On s’y est installé quand j’avais 16 ans. Les Lunatics, eux, allaient en cours dans le « Loop », un endroit bourré de magasins et de restaurants qui se trouve au cœur de U City. C’est notre lieu de rendez-vous, et c’est là que j’allais chercher des disques.
A: Avant de les rencontrer, tu bossais avec d’autres rappeurs ?
J : Non. Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’étais vraiment tout seul. J’étais un des rares types qui faisait du rap, les autres étaient plutôt branchés R&B ou autres. Les premiers gars qui m’ont approché et m’ont dit qu’ils aimaient ce que je faisais, c’était les St. Lunatics.
A : C’était facile de s’intégrer à un collectif de six rappeurs ?
J : Ouais. Honnêtement, tout ce dont je me rappelle, c’est faire de la musique. Je n’ai jamais voulu être un millionnaire. Ma relation avec le groupe était basée sur le studio. Je leur faisais des sons, et c’est tout. Je n’étais pas du genre à aller en club, j’étais un type un peu solitaire en vrai. J’étais sur mes sons 24 heures sur 24. Tout ce qui m’intéressait, c’était de savoir quand on allait faire le prochain morceau. Je voulais juste impressionner mes potes avec ma musique ! Je n’avais jamais vu un rappeur ou un producteur à succès à St. Louis. L’idée du succès me dépassait complètement.
A : Quelles étaient tes influences à l’époque ?
J : J’aimais tout ce que faisait le Wu-Tang. Tout le hip-hop east coast à base de samples. J’aimais beaucoup Wyclef et les Fugees, aussi. Quand j’ai commencé avec les gars, ils étaient assez nombreux, donc il y avait beaucoup de diversité. Certains aimaient le rap east coast, d’autres le rap sudiste ou west coast. J’ai grandi avec tout ça, et tout me plaisait. J’ai développé mon style en essayant d’y intégrer toutes ces influences. En plus, du côté de mes parents, on écoutait du rock n’roll et de la country. Rien ne me déplaisait.
A : Quel a été votre premier projet en commun ?
J : On a bossé sur un EP pour un label qui nous avait signés. On a du faire sept morceaux. Ça s’est plutôt bien passé, on eu un gros succès. Le morceau « Gimme what you got » a été numéro 1 à St. Louis. C’était vraiment un gros coup à l’époque, mais on ne gagnait presque pas d’argent car c’était juste un succès local. On ne pouvait pas s’en satisfaire, fallait qu’on soit plus gros que ça.
A : Ça vous a aidé, cette expérience avec le label ?
J : Ça nous a aidés au niveau de l’expérience en studio, mais ça nous a aussi limités. On se prenait beaucoup la tête avec le label. Au final, on a rompu notre contrat et on s’est lancé de manière autonome, sans les gens qui gravitaient autour de ce label. En gros, un jour, on est arrivé au studio, et tout avait disparu. Le types du label nous ont dit « On ne veut plus faire de hip-hop, on jette l’éponge, et on ne veut plus vous voir. »
A : A quel moment le groupe a-t-il décollé ?
J : J’essaie de me rappeler… Le tournant, ça a été de se dire « OK, on n’a pas de studio, mais on a fait un tube, alors on n’a pas le droit à l’erreur, il faut que ça marche. » Les mecs ont donc commencé à fréquenter des grosses soirées à Atlanta, avec beaucoup de célébrités. Ils ont rencontré Cudda, l’ancien manager de Ma$e. C’était un mec de rue, pas le genre de type à vouloir être vu dans les clips. Tout ce qui lui importait, c’était le business. Il nous a pris sous son aile pour qu’on décroche un contrat.
A : Avant que Nelly n’explose en solo, il était déjà une star à St. Louis ?
J : A l’époque de « Gimme what you got », il était une grosse star localement. En plus, il avait un charisme de star. Tu le mettais au milieu de gens, et tu sentais qu’il allait devenir quelqu’un. De sa manière de s’habiller à sa manière d’être, ça se voyait qu’il y avait une star en lui.
A : Il y a un type des St. Lunatics qui m’a toujours fasciné, c’est Slo’Down, celui qui porte un masque. Quelle est son histoire ?
J : Slo’Down était notre plus grand fan. Il connaissait les chansons par cœur. C’était un peu notre danseur. Comme c’était un ami proche, il est devenu notre mascotte.
A : L’un des membres du groupe, City Spud, a été incarcéré. Ça a affecté la dynamique du groupe ?
J : Oui, c’était un coup dur. On venait de finir Country Grammar [le premier album de Nelly, NDLR] et quand on est revenu à St. Louis, il a pris dix ans de prison. En gros, il s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, et le juge lui a fait porter le chapeau. Ça nous a tous affecté car ça y est, on y était arrivé. On avait un contrat, on avait fait un disque, il allait bien marcher, et City n’était même pas là pour voir ça. C’était la grosse tuile.
A : Quels souvenirs as-tu des sessions de Country Grammar ?
J : C’était une expérience comparable à ce qu’on faisait à St. Louis, sauf que là on avait un matos bien meilleur. Je me souviens surtout que j’allais au studio tous les jours. On a fait Country Grammar en deux mois : un mois pour enregistrer les voix, et un mois pour les mixer. Côté production, je jouais une bonne partie des claviers. J’allais sampler des disques un peu tordus pour trouver des sons de percussions et des effets, comme la sirène qu’on entend dans le morceau « Country Grammar ». J’essayais de maquiller les samples au maximum pour éviter que ça nous coûte trop cher au niveau des droits.
A : Quelle relation aviez-vous avec le label Universal ?
J : Très bonne. Au début, ils étaient un peu hésitants parce qu’on avait un son nouveau. Ils nous ont fait venir à New York pour nous rencontrer. Il y a eu une sorte d’entretien, et quand Nelly et les autres se sont mis à rapper au milieu des bureaux, les gens du label sont tombés amoureux. Ils se sont dit « OK, on va mettre de l’argent sur ces mecs et faire les choses proprement ». Quand ils ont entendu le premier morceau, avec le premier clip, ils sont devenus dingues.
A : New York a la réputation de prendre de haut le rap du sud et du midwest. C’était le cas avec vous ?
J : Non, car notre label travaillait déjà les Hot Boyz. Et puis, il y a tellement de studios à New York, on y trouve des styles et des talents très variés. On n’a eu aucun souci à travailler là-bas.
A : Tu te rappelles d’un moment où tu as réalisé que le succès de Country Grammar prenait vraiment de l’ampleur ?
J : Oui, je crois que c’était la première fois où j’ai quitté St. Louis. Je suis allé à Los Angeles. Le groupe jouait à la House of Blues, et c’était énorme. C’était dingue de voir le nombre de gens qui connaissaient les morceaux. On était habitué au succès local, sur St. Louis, mais là on était en Californie, et tout le monde écoutait Country Grammar.
A : Et à St. Louis, c’était quelle ambiance ?
J : C’était incroyable. En ville, tout le monde savait qui on était. Tout le monde : les blancs, les noirs, les espagnols, les mexicains… On n’avait jamais vu une chose pareille. Nous, à St. Louis, on est au milieu sur la carte. On ne voit pas des célébrités très souvent. C’était quelque chose de nouveau pour la ville. On est sorti de nulle part.
A : Ce succès, il a eu ses mauvais côtés aussi ? Ça a crée des jalousies ?
J : Oui, bien sûr, mais on n’y prêtait pas attention. Évidemment, il y avait des gens qui nous détestaient pour des raisons bizarres, il leur fallait quelque chose à haïr. Quand tu fais quelque chose, tu trouveras toujours quelqu’un que ça va agacer. Du genre : « Pourquoi tu fais ça comme ça alors que tu pourrais le faire comme ça ? » Dans le hip-hop, c’est impossible de satisfaire tout le monde.
A : Et en plus vous faisiez un rap très grand public…
J : Oui, ça aussi, mais on s’en foutait. Si tu n’aimais pas ce qu’on faisait, on te calculait plus. On a ouvert une porte pour la musique de St. Louis, et ça c’est une chose que les gens ne comprennent pas. Il y a plein de rappeurs qui ont suivi derrière Nelly. Chingy, J-Kwon, Jibbs… Je ne crois pas qu’ils auraient eu leur chance si Nelly n’avait pas existé.
A : Aucun de ces artistes n’a réussi à durer. Pour quelle raison, à ton avis ?
J : Je pense que beaucoup de maisons de disque ont voulu capitaliser sur le succès de Nelly. Il leur fallait un rappeur de St. Louis. Quand ces artistes sont sortis, il avait eu leur vie entière pour préparer LE morceau. Seulement, une fois qu’ils sont sortis, ils doivent enchaîner sur un autre disque en huit mois.
A : Tu vis et tu meurs avec ton single…
J : Exactement. Quand tu fais de la musique, tu dois avoir ton propre style, ta propre voie. Tu dois apporter ton truc. Si tu te contentes de faire ce que d’autres font déjà, dans un an tout le monde t’aura oublié parce que tu n’aurais pas été capable de survivre.
« En ville, tout le monde savait qui on était. Tout le monde : les blancs, les noirs, les espagnols, les mexicains… On n’avait jamais vu une chose pareille. »
A : Le fait que Nelly devienne l’une des plus grosses stars du rap, ça a eu un impact sur le groupe ?
J : Franchement, ça n’a rien changé. A la base, on avait prévu de faire un album collectif. Si Nelly est sorti en premier, c’est parce que la maison de disque a pensé qu’on aurait plus de succès comme ça, et qu’on serait plus facile à développer. Ça n’a rien changé au final. Il n’y avait aucune jalousie, chacun est resté très humble.
A : En 2000, tu produis l’un des plus gros succès de tous les temps en rap – huit millions d’exemplaires vendus pour Country Grammar. Pourtant, si on regarde ta carrière, tu es vraiment resté avec les St. Lunatics. Tu as refusé beaucoup d’opportunités ?
J : Je ne dirais pas que j’en ai refusé, mais j’avais un mauvais manager, un type très, très radin qui en voulait trop et qui ne pensait qu’à lui. Je n’ai pas refusé d’opportunité énorme. Simplement, j’ai fait mon truc, au jour le jour, en laissant le succès arriver par lui-même. Et puis j’étais producteur à plein temps sur tous les disques St. Lunatics. De la même façon que les gars devaient donner le meilleur d’eux-mêmes, je devais en faire autant de mon côté.
A : Tu as une production préférée parmi tout ce que tu as produit pour le groupe ?
J : L’une des mes préférés est sans doute « E.I. », rien que pour le mix et la qualité globale du son. C’est un bon morceau de hip-hop, le truc qui ambiance direct les gens. C’est une chanson réussie, tout simplement.
A : Regrettes-tu de ne pas avoir collaboré avec davantage d’artistes extérieurs ?
J : J’ai quand même placé quelques morceaux en dehors des Lunatics. Il y a quelques années, j’ai placé un son sur le premier album de Plies. J’ai aussi fait des trucs avec Joss Stones et Three Six Mafia. Mais en vrai, j’étais à fond dans les St. Lunatics. Une fois que j’ai développé quelque chose avec eux, je suis resté fidèle à mes racines. Moi, j’aime bien entendre mes artistes préférés sur des sons de leurs producteurs historiques. Bien sûr que j’aimerais bosser avec Snoop ou le Wu-Tang, mais je préfère entendre Snoop avec Dre et le Wu-Tang avec RZA. C’est ça, la musique que j’aime. Beaucoup de gens s’accordent à dire que Nelly sonne bien sur ma production, et c’est tout ce qui m’intéressait. J’ai mis mon cœur et mon âme dans ces disques.
A : C’est dingue, car la décennie 2000 est précisément la décennie où les producteurs se sont mis à bosser avec tout le monde…
J : Oui, et c’est ça le problème. De mon point de vue, quand tu tiens quelque chose de bon, tu dois tout faire pour qu’il reste « sacré ». Tu devrais toujours rester associé au crew avec lequel tu as construit. Moi, je voulais juste être le producteur-maison du collectif St. Lunatics, et y arriver avec eux.
A : Sur le deuxième album de Nelly, Nellyville, tu produis huit titres, et pourtant la plupart des singles ont été signés par des producteurs extérieurs. Ça t’a frustré ?
J : A l’époque, non. C’était un choix compréhensible. J’ai quand même produit une majorité du disque, et j’ai eu un single avec « Pimp Juice » [et aussi « Work It », cinquième et avant-dernier single, NDLR]. Je n’ai pas vraiment eu de problème avec tout ça. Et je pense que même sans « Hot In Herre », l’album aurait été un succès malgré tout.
A : Nelly a été l’un des rappeurs les plus critiqués de la décennie passée. Il y a eu le clash avec KRS-One, puis la controverse autour du clip de « Tip Drill »… Quel regard portes-tu sur tout ça ?
J : Mon avis sur tout ça ? Any news is good news! Je ne crois pas qu’aucune polémique lui a été vraiment néfaste. En tout cas, nous, on a jamais considéré ça comme des problèmes. Que veux-tu, les gens parlent toujours…
A : Pourquoi as-tu arrêté de bosser avec le collectif ?
J : Il y a eu plusieurs raisons. Les mecs ont voulu utiliser davantage de producteurs extérieurs. Ils ont commencé à travailler avec un collectif de producteurs dans lequel ils étaient impliqués financièrement. Ils voulaient faire plus d’argent, en gros. On est toujours amis hein, c’était juste du business, mais ils voulaient avoir leurs propres producteurs.
A : Mais ils t’avaient toi, non ?
J : Ils sont allés chercher ces producteurs en leur disant « On va travailler avec vous, mais on veut prendre 50% de vos revenus. » Ça, ils ne le faisaient pas avec moi. Avec ce type d’arrangement, non seulement ils gagnaient de l’argent sur leurs raps, mais aussi sur les productions. Je pense qu’on a eu d’autres désaccords. Ça, c’est l’un de ces désaccords.
A : Tu étais lassé du rap aussi ?
J : Je le suis aujourd’hui plus qu’en 2005. Ces dernières années, j’en ai vraiment eu marre. Je n’ai vraiment accroché à rien de particulier en matière de hip-hop. On ne fait plus de classiques, tout tourne autour de ce qui se passe à cette seconde. Ce n’est pas comme ça que j’ai appris à aimer le hip-hop. Quand j’étais plus jeune, c’était plus funky, plus… Je ne sais pas… Il se passait tellement plus de choses qu’aujourd’hui…
A : Si tu prends les cinq dernières années, il n’y a vraiment rien qui t’a inspiré ?
J : Les seuls types qui vont me faire me déplacer pour acheter leurs disques, ce sont des gens comme Kanye West et Jay-Z. J’aime bien ce qu’ils font. Kanye est vraiment fort en production, et puis j’aime bien comme ils rappent, tous les deux. Ils sont bons dans ce qu’ils font. Watch The Throne est un très bon disque, avec une colonne vertébrale. Aujourd’hui, on n’a droit qu’à des morceaux club complètement vides de sens. J’aime les chansons qui disent quelque chose, qui ont un truc en plus par rapport à tout le reste. C’est là-dessus que Jay-Z et Kanye sont constants.
A : Et Drake ? J’adore Drake.
J : J’aime bien aussi, il ne me dérange pas. Lil Wayne est bon aussi. Ces mecs-là rappent vraiment bien. Mais ils sont les seuls, vraiment. Avant, j’aimais tout ce qui sortait. C’était une époque où le rap était à un sommet. Il y a une compétition énorme. Maintenant, les labels ne dépensent plus vraiment d’argent pour les clips et les albums. C’est un sale temps pour la musique. Avant, OutKast faisaient des clips dingues, Puff Daddy aussi… C’était nos superhéros. Maintenant, tout le monde court après l’argent immédiat. On n’investit plus sur le gosse qui sera une star dans dix ans. On investit sur le hit du moment. Même les gens qui cartonnaient il y a dix ans, on ne les voit plus vraiment…
A : C’est un peu le cas des St. Lunatics. A ton avis, quelle a été leur erreur ?
J : Je ne pense pas qu’il y a eu une erreur véritable. Nelly a attendu longtemps avant de sortir l’album Brass Knuckles, après Sweat/Suit. Je ne sais pas si c’était une erreur, à part peut-être au niveau de la production. Ils n’ont pas choisi les bons producteurs, seulement ceux qui avaient du buzz à l’époque. Par exemple Polow da Don, qui venait de produire Britney Spears. Mais Nelly, on veut l’entendre sur autre chose. A chaque fois que Nelly a travaillé avec un producteur new-yorkais ou sudiste, ça n’a pas marché. Les gens veulent le son de St. Louis. Ils ne veulent pas moitié St. Louis, moitié New York.
A : D’ailleurs, il a même bossé avec Alchemist…
J : Mais oui ! Enfin, je suis un gros fan d’Alchemist, mais quand même, de là à faire un morceau avec Nelly… Passer de Country Grammar au son Alchemist, c’est un peu chelou quand même, non ?
A : Tu as donc toujours de bonnes relations avec le groupe ?
J : Oui, on se voit encore de temps en temps. Ils font leur truc, mais maintenant ils sont sur leur propre chemin. Je crois qu’ils ont repoussé la sortie d’un nouvel album St. Lunatics pour mettre la priorité sur Nelly, à nouveau.
A : Et toi, que fais-tu désormais ?
J : Ça fait pas mal de temps que je fais le DJ – je fais aussi pas mal de video-DJing, ça me fait beaucoup voyager. Je fais aussi des sons ici et là. De temps en temps, je m’enferme en studio pour refaire des beats. Je n’ai travaillé avec personne, j’essaie juste de me refaire un catalogue. Comme ça, quand je serai décidé, j’aurai de nouveaux trucs à faire écouter. Quand je vais en studio, j’essaie juste de m’amuser sans me soucier de l’aspect business ou des tendances. Je veux juste faire mon truc et m’éclater à le faire. J’espère que ça s’entend dans les prods.
A : Tu vis toujours à St Louis ?
J : Oui, j’ai été là toute ma vie. De temps en temps, je bouge à L.A. Je loue un logement là-bas pendant quelques mois, à chaque fois que je veux m’évader.
A : On te parle encore beaucoup des Lunatics ? Ça te saoule ?
J : Non, on m’en parle tout le temps mais ça ne m’ennuie pas du tout. Ça a évidemment eu un impact majeur sur ma vie. On a fait un classique. J’espère juste qu’un jour, le groupe va réaliser que la production a changé. Je leur souhaite tout le succès du monde, et j’espère qu’ils auront autant de succès sans moi qu’ils en ont eu avec moi. Je ne dis pas que c’est grâce à moi qu’ils ont réussi, mais j’ai joué un grand rôle dans leur succès.
A : Si tu avais l’opportunité de retourner en studio avec eux, tu le ferais ?
J : Oh oui. Je n’ai aucune rancune envers eux. S’ils m’appelaient et me disaient « Allez viens, on retourne en studio pour faire des morceaux », je laisserais tout tomber et je les rejoindrais immédiatement, c’est sûr.
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