ItsTheReal, archéoblogs
Interview

ItsTheReal, archéoblogs

Acteurs et témoins de l’ère où Internet a rebattu les cartes dans l’écosystème et la culture rap, les frères de ItsTheReal racontent cette épopée dans un podcast passionnant, The Blog Era.

et Photographies : Brice Bossavie pour l’Abcdr du Son

Les époques du rap changent, et leurs rituels aussi. Il y a eu le temps où les disques sortaient le mardi, où l’actualité se trouvait dans Radikal ou XXL. Le temps où les clips se captaient en VHS, tard le soir sur M6, MCM ou MTV. Il y a eu le forum de Hiphopinfinity, les premiers débats sur Freakhiphop, les chroniques pionnières de Rapreviews.com. Plus tard, dans un autre monde, il y aura les épisodes de Drinks Champs, les vidéos du Règlement et — soyons chauvins — des podcasts de l’Abcdr du Son. Et il y a eu le temps des blogs.

Avant-hier, il y a un siècle, au milieu des années 2000, l’émergence du web 2.0 a dynamité la circulation de l’information rap — plus rapide, plus horizontale, plus chaotique — tout en bouleversant la hiérarchie jusque-là établie entre prescripteurs, artistes et fans. C’était une époque d’entre-deux, à mi-chemin entre l’avant et l’après : avant Twitter, avant le streaming, mais après la bulle Internet, après Napster, et pile au pic d’affluence de MySpace.

Cette époque foutraque aux contours indéfinis, là où la frontière entre vraie vie et Internet a commencé à sérieusement flouter, fut marquée par la suprématie des blogs. Démocratisant la prise de parole sur Internet, ces plateformes individuelles ont été, quelques années durant, le catalyseur numéro un de conversation et d’influence pour le rap américain, prenant de vitesse les gardiens du temple jusqu’alors établis dans la presse magazine, la télévision et la radio.

Les blogs ont servi de terrain de jeu et de rampe de lancement pour de nouvelles voix : journalistes en rodage, personnalités hautes en couleur, tastemakers semi-professionnels. Du côté des artistes, une mention sur les blogs les plus influents a représenté pendant un temps un boost de visibilité presque immédiat, ce qui déclenchera chez des rappeurs de tous horizons une course à l’omniprésence. Parcourir le feed d’un blog populaire en 2007, c’était croiser des phénomènes rap de pure spéculation, des leaks, des vétérans en quête de deuxième chance, des tracklistings semi-officiels, de futures stars encore anonymes, des clips faits maison, le tout au milieu d’une communauté de quidams qui — seule vraie constante hier comme demain — s’écharpaiant dans les commentaires.

Jeff et Eric Rosenthal, deux frères originaires de New York, sont de purs produits de cette époque. C’est d’ailleurs sur le blog dominant d’alors, Nahright.com, qu’on les a découvert, en 2007, au moment où le duo diffusait ses premiers sketchs en vidéo, dans un style mêlant humour absurde et interprétation littérale du folkore rap. Rappeurs, podcasteurs et bons camarades du microcosme rap, avec la Grosse Pomme comme point d’ancrage, ces infatigables touche-à-tout auront réalisé, pêle-mêle, une mixtape avec DJ Drama, un podcast sur le cinéma avec The Lox, un single avec Curren$y et Smoke DZA, une célébration live du label Roc-A-Fella… Jusqu’à The Blog Era, leur dernier projet mastodonte qui pourrait bien être leur grand œuvre.

Distribué par OTHERtone, la société de production de Pharrell Williams, The Blog Era exhume ces quelques années au cours desquels le centre de gravité du rap a définitivement basculé sur Internet. Une saga tortueuse au cœur d’une galaxie de blogs dont il ne reste aujourd’hui que peu de traces. Jeff et Eric Rosenthal ont interviewé des douzaines d’acteurs et témoins de cette époque pour en raconter l’émergence, l’ivresse et l’inévitable déclin, fait de course au clic, de mauvais compromis et de rêves déçus. Un podcast ambitieux, parfois un peu étourdissant, qui réussit à faire revivre l’effervescence d’un moment éphémère, mais dont l’influence résonne encore dans l’Internet d’aujourd’hui. Si vous avez parfois l’impression que le rap va trop vite et que tout le monde parle un peu trop fort, ça a peut-être commencé sur un blog.

Lire l’interview en version originale.


Abcdr du Son : La notion de blog era couvre une période qui a été chaotique et pleine de changements, à tous les niveaux. Cette période, comment la définiriez-vous ?

Eric Rosenthal : La blog era a été une période unique pour un million de raisons, mais pour l’essentiel, il s’agissait d’abord d’une bande de jeunes derrière leurs claviers qui ont choisi de mettre en œuvre leur passion de manière pure et authentique. Il n’est pas exagéré de dire qu’avec toutes ces petites choses, ils ont changé le cours de la culture pop. Si vous regardez tous les artistes qui dominent aujourd’hui la musique, le divertissement et bien au-delà, tous sont issus de la blog era. Il n’y aurait pas de Drake, de J. Cole, de Big Sean, de Wale, de Mac Miller ou de Nicki Minaj sans tous ces gamins. Et puis en fin de compte, comme Jeff aime à le dire, la blog era c’est aussi le conflit entre culture et capitalisme. C’est l’histoire plus vaste qui résonne bien au-delà des fans de musique.

A : Par souci de clarté, si vous deviez marquer le début et la fin de la blog era par des événements cruciaux, lesquels choisiriez-vous ?

Jeff Rosenthal : À titre personnel, la blog era a commencé lorsque j’ai découvert les forums de rap et, partant de là, que certains membres avaient leur propre site. Mais à un niveau plus « cosmique », la période commence vers 2005, quand la prescription s’est déplacée vers des sites comme Nahright. Je pense que la fin est beaucoup plus facile à définir : c’est en 2012 que les blogs ont commencé à perdre leur influence. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais c’est à ce moment-là que de grandes forces culturelles se sont déployées dans toutes ces autres directions. Les gens sont passés à Tumblr, à Twitter, et les institutions ont réussi à maintenir leur position, que ce soit en signant de gros contrats ou lorsque Complex a englobé ces petits blogs.

A : Qu’est-ce qui vous donne l’impression que quelque chose a changé en 2012 ?

Eric Rosenthal : Il était facile de terminer [le podcast] avec la chute d’OnSmash, lorsque le gouvernement américain a fait saisir le site. Mais en vérité, les blogs ont continué à gagner en popularité après ça. OnSmash ne représentait qu’un seul site, mais le reste du secteur était encore en pleine expansion. Les institutions dominantes ont vraiment repris du poil de la bête et ont arraché le pouvoir à des blogs gigantesques comme Nahright. Mais au plus profond de son âme, eskay [NDLR : créateur de NahRight] ne voulait pas se vendre. De notre point de vue, c’est vraiment ça le tournant. eskay aurait pu prendre de l’argent, se tourner vers la vidéo, mais il s’est dit : non, ce n’est pas mon but, ce n’est pas ce que je veux faire de ma passion. Et c’est à partir de là que tout a commencé à décliner.

A : Le podcast, comme la plupart des choses que vous faites ensemble, a un ton très affectueux. On sent l’admiration que vous portez à tous ces personnages. Quels types d’émotions et de souvenirs associez-vous à cette époque ?

Eric Rosenthal : Toutes les émotions imaginables. C’était une période très spéciale pour nous. On connaissait tous les acteurs en présence. C’est ce qui rendait le projet amusant et excitant, mais ça augmentait aussi considérablement les enjeux. On avait le devoir de faire le nécessaire pour bien raconter cette histoire. Il s’agissait de dresser un tableau complet, mais aussi donner à ces personnes le crédit qui leur est dû. Si [le podcast] doit être la preuve que la blog era a existé, on avait intérêt à bien faire les choses, parce qu’aujourd’hui on ne peut plus retrouver les sites, les photos, les chansons en question. Et puis il y avait aussi cette vie que l’on menait. On avait notre propre blog, on faisait partie de cet écosystème. On savait ce que c’est que d’aller à des soirées juste pour rencontrer du monde, picorer du fromage sur un plateau, prendre un verre et subsister grâce à ça. On sait ce que c’est que de croiser quelqu’un qui vous dit que vous faites du bon travail, et rien que ça, ça vous motive pour continuer la semaine suivante, même si ce n’est pas ça qui paie le loyer. C’est aussi ce sentiment qu’on voulait transmettre. Si la même histoire avait été racontée par quelqu’un qui n’a pas connu tout ça, le podcast ne serait pas la lettre d’amour qu’il est devenu.

A : Dans le premier épisode, vous dites qu’à vos débuts, vous vous sentiez comme des outsiders du fait que vous étiez, je cite, blancs et juifs. Quinze ans plus tard, vous faites partie de cette histoire. Vous sentez-vous toujours un peu comme des outsiders, ou pleinement comme des insiders ?

Eric Rosenthal : Oh, aujourd’hui on est des infiltrés. [rires] En venant en Europe, on est passés devant le McDonald’s à l’aéroport JFK, et il y avait Busta Rhymes. Avec Jeff, on s’est demandé si on devait aller le saluer, puis finalement on s’est ravisé. Mais on aurait pu ! C’est la différence entre nous en 2023 et nous en 2007. À l’époque, on était des enfants. On espérait juste faire partie de ce truc. Vous vous souvenez de l’époque où VH1 était une chaîne musicale ? Il y avait eu une série documentaire en plusieurs parties sur le hip-hop. Elle était basée sur le livre de Jeff Chang, Can’t Stop, Won’t Stop. C’était incroyable. Chaque fois que ça passait à la télé, peu importe ce que j’étais en train de faire, je devais le regarder en entier. C’était tellement authentique. On sentait que le mec avait capté le truc, qu’il le vivait pour de vrai. Lorsqu’on a eu l’occasion de raconter une histoire qui concerne notre génération, on voulait être des Jeff Chang aussi. On peut évoquer toutes ces émotions parce qu’on avait des relations individuelles avec eskay, Low Key, Karen Civil ou Benjy Grinberg. Si on avait fait le podcast avec un regard extérieur, de manière froide, et avec les meilleures intentions, le résultat n’aurait pas été le même.

« On se disait que le processus durerait deux mois. Ça s’est transformé en trois ans. »

Eric Rosenthal

A : Vous avez interviewé de nombreuses personnes. Quelle a été votre approche pour finaliser la série ?

Jeff Rosenthal : Ça a été trois ans de travail constant. On a d’abord acheté un tableau d’affichage de 3 mètres sur 4 chez Staples pour pouvoir organiser du mieux possible des centaines d’heures de conversations. Et c’était impossible. On n’a d’ailleurs pas encore tout retranscrit, si bien que nous ne savons même pas exactement tout le contenu qu’on a à disposition. On a dû beaucoup élaguer et discuter en permanence. L’avantage, c’est qu’Eric et moi sommes des psychopathes, ce qui nous a permis de parler de tout ça non-stop pendant trois ans.

Eric Rosenthal : Lors des premières conversations, on avait une idée de ce que le podcast pouvait être. Mais plus on creusait le sujet, plus on se rendait compte qu’il y avait un sens plus profond à cette histoire, et des manières de la raconter de façon — pardon pour le jeu de mot — plus complexe. On se disait que le processus durerait deux mois. Ça s’est transformé en trois ans. Tout ce temps a été une bénédiction et une malédiction. On en est finalement reconnaissants, car jusqu’à la dernière minute, on a pu changer des choses avant de mettre les épisodes en ligne.

A : Y a-t-il eu une conversation déterminante qui vous a fait dire : « Ça c’est quelque chose dont nous devons parler, parce que ça aide à comprendre beaucoup de choses sur cette époque » ?

Jeff Rosenthal : Quelqu’un nous a parlé de GroupM, une agence publicitaire dont on ignorait l’existence. C’était une histoire beaucoup plus sombre que celle qu’on pensait devoir aborder. Lorsqu’on a commencé à creuser la question, on s’est dit : « Oh, merde ! » C’est une histoire captivante, avec des dessous auxquels on n’était pas vraiment préparés. Mais c’est là que se trouvait l’essence du récit.

Eric Rosenthal : On a grandi en vénérant Les Hommes du président, le livre de Carl Bernstein et Bob Woodward, puis son adaptation cinématographique, sur les journalistes qui ont révélé la vérité sur Richard Nixon. Nos parents sont originaires de Washington. Ils nous disaient toujours : « Ça, c’est le journalisme. » Il faut creuser, et creuser ça signifie suivre où va l’argent. C’était la même chose [pour nous], à un niveau très différent bien sûr, et on n’est même pas des journalistes. On a obtenu ce petit bout d’information et on a continué à creuser, encore et encore. C’est une histoire qu’on ne peut pas trouver sur Internet. Si on ne l’avait pas racontée, peut-être que personne ne l’aurait jamais fait, ou peut-être que personne ne l’aurait regardée de la même manière. Je suis reconnaissant, comme Jeff, que cette histoire soit présente dans notre podcast. Les gens peuvent l’entendre et en tirer leur propre conclusion, pour décider si ce qui a été fait à ces sites et à ces personnes était inévitable ou si c’était juste. Ça, c’est le choix de l’auditeur.

A : Le visuel du podcast représente le Parthénon d’Athènes. Quel a été le processus de réflexion derrière cette idée ?

Jeff Rosenthal : C’est moi qui ai réalisé l’illustration originale. L’idée était qu’il y avait quelque chose qui existait et qui, par la force des choses, s’est érodé. Comment visualiser un moment purement numérique ? Ça va paraître un peu stupide si je le dis comme ça, mais la blog era était notre Parthénon à nous. C’était important pour nous d’utiliser ce symbole. Il y a des gens du monde entier qui font le voyage pour visiter le Parthénon et ils se disent, « wow, ça c’est la grande Histoire. » C’est important avec un grand I.

A : Joe Budden est un personnage récurrent dans les épisodes. Pourquoi l’avoir choisi comme figure centrale ?

Eric Rosenthal : Un jour, on discutait de la véritable raison d’être du podcast. On voulait raconter comment l’effondrement d’un système a permis l’émergence de tous ces blogs. Et comme une évidence, on a réalisé que cette histoire, c’est l’histoire de Joe Budden. Aujourd’hui, beaucoup de gens connaissent Joe en tant que podcasteur. Auparavant, les gens ne le connaissaient peut-être que comme une star de la téléréalité. Mais Joe a beaucoup compté, et son histoire est fascinante. On y trouve tous ces thèmes qui comptent. Qu’il s’agisse du fait qu’il ait été précurseur sur YouTube, sur l’émotion qu’il y avait dans sa musique, sur son indépendance, sur sa compréhension des forums, sur son interaction étroite avec ses fans lors de ces parties de kickball qu’il organisait dans le New Jersey… Les gens ont oublié ces histoires, ou alors ils n’en ont pas perçu l’importance.

Jeff Rosenthal : Il y a une raison pour laquelle Joe Budden n’a pas eu la chance qu’il « méritait » chez Def Jam, et c’est à cause de tous les ratés qu’il a subis, qu’ils soient internes à Def Jam ou externes, comme avec Napster. Pour expliquer le monde tel qu’il était et pourquoi les blogs ont pu exister, il fallait expliquer point par point pourquoi cette merde n’a pas marché.

A : Pharrell est le producteur exécutif du podcast. Il a été l’une des figures majeures de la blog era. Quel éclairage vous a-t-il apporté ? Et s’il ne l’a pas fait, qu’auriez-vous aimé lui demander pour éclairer cette histoire ?

Eric Rosenthal : Alors, il n’a pas apporté son éclairage. On espérait qu’il le ferait. On voulait lui demander de plonger en profondeur dans la scène du Lower East Side, pour comprendre comment tout a changé en matière de mode et de musique. Tous ces jeunes, qui étaient des outsiders, sont devenus le symbole de ce que beaucoup de jeunes du monde entier voulaient être. Le message s’est répandu grâce à MySpace et aux jeunes de l’époque. Va$htie, Cool Kids, Mickey Factz, Wale, A$AP Rocky… Sans Pharrell, tous ces gens n’existent pas. On voulait connaître son point de vue à ce sujet. La raison pour laquelle ça n’a pas pu se faire, c’est une question de timing par rapport à Louis Vuitton. Pharrell s’est investi dans d’autres projets plus importants que le nôtre, et on n’a donc pas eu cette chance. Mais on sait qu’il est ravi du projet. Plutôt que de faire équipe avec une corporation sans nom et sans visage, avoir le soutien d’un homme qui a été au cœur de toute cette histoire, ça signifie beaucoup pour nous.

A : En parlant du Lower East Side, tout ce que vous faites a toujours une saveur new-yorkaise. Même si l’histoire de la blog era est en grande partie l’histoire d’Internet, dans quelle mesure s’agit-il aussi d’une histoire new-yorkaise ?

Jeff Rosenthal : Il était important de rester très centré sur New York, car c’est là que se trouve l’industrie de la musique. Il fallait un fil conducteur pour relier toutes ces histoires, donc oui, il y a un peu de parti pris, je suppose. Mais Mickey Factz a une histoire captivante parce qu’il coche les cases qu’un artiste de la côte ouest ne cocherait pas forcément. Pac Div, par exemple, n’ont jamais fait la couverture Freshman du magazine XXL. Ils ne faisaient pas partie de la scène du Lower East Side. Mickey Factz a pu représenter toutes ces choses-là. Il a connu les mêmes difficultés que Pac Div, mais il était aussi inséré dans toutes ces intersections. Donc s’il y a un biais new-yorkais dans la série, c’est parce qu’il y a un biais new-yorkais dans l’industrie.

Eric Rosenthal : Avec les dix heures et demie que nous avons diffusées, on n’a pas pu inclure tous les détails qui ont fait l’histoire plus large de la blog era. Idem pour toutes les personnes avec qui on a parlé. 150 personnes, c’est beaucoup, mais ce n’est pas beaucoup non plus. Notre raisonnement était que les petites histoires pouvaient être représentatives des plus grandes. The Smoking Section, Fake Shore Drive ou The Wrap Up, un petit site web de Houston, peuvent symboliser beaucoup d’autres projets. Et d’ailleurs, à tous égards pour les sites qui continuent à exister ou à ceux qui ont vu le jour depuis, le podcast ne raconte pas nécessairement l’histoire de blogs en Afrique ou en Europe. On n’a pas raconté l’histoire des nombreuses autres personnes qui écrivaient et mettaient en lumière des artistes, mais on espère que les histoires qu’on a retenues leur font quand même écho.

« Tout le monde a dû se positionner d’un côté ou de l’autre, capitalisme ou culture, et rare était la personne qui pouvait tout équilibrer. »

Eric Rosenthal

A : La blog era a commencé à une époque où, si l’on grossit le trait, l’industrie vendait les rappeurs comme des gangsters. Et soudain, il y a tous ces jeunes qui font du « computer hustling », de la débrouille par l’informatique et qui sont différents. Dans quelle mesure la blog era a-t-elle défini quelque chose de nouveau pour le rap ?

Eric Rosenthal : À l’époque, il y avait une case dans laquelle un artiste rentrait ou ne rentrait pas. L’industrie voulait vendre Joe Budden comme un rappeur plus gangsta qu’il ne l’était vraiment, parce que c’est comme ça qu’on vendaient des CDs. C’était la réalité. Mais tout d’un coup, quelqu’un comme Wale arrive, il a un public et fait des concerts à guichets fermés. Pourquoi ne pas lui donner une chance ? J. Cole n’entrait ni dans une case ni dans l’autre. Il se situait quelque part entre les deux. Mais il savait comment vendre des disques en indépendant. Il savait remplir des petites salles et créer quelque chose qui lui ressemblait vraiment. Dommage pour les labels qui n’ont pas su reconnaître ça, mais en définitive, ça leur était tellement étranger qu’on leur pardonne un peu de ne pas l’avoir anticipé. Et puis quand ils finissent par comprendre, ils comprennent vraiment. C’est pareil avec les blogs. David Dennis, qui écrivait pour The Smoking Section, ne trouvait pas de travail dans certaines grandes publications. Mais ses mots ont trouvé un public et il est aujourd’hui un auteur extrêmement doué qui passe tout le temps sur ESPN. Ces opportunités se sont présentées à lui parce qu’il a travaillé en dehors des sentiers battus.

Jeff Rosenthal : Ce n’est pas comme si les rappeurs street étaient passés de mode pendant la blog era, mais des gens comme Crooked I ont pu ajouter plus de nuances à leur histoire grâce aux blogs. Un moment très sous-estimé de la série est l’éclairage de Crooked I, qu’il partage dans le dixième épisode. Les blogs ont permis aux artistes de donner un contexte à leur expérience comme ils n’avaient jamais pu le faire auparavant. Dans le passé, tu n’avais qu’une chance d’obtenir un passage sur BET ou MTV et de faire une brève interview pour faire passer ton message, et c’était souvent à travers le regard de gens qui ne te ressemblaient pas. eskay est un homme noir, et il a donné une plateforme à d’autres hommes noirs. The Smoking Section était composée essentiellement d’hommes et de femmes noir.e.s. Ces personnes ont pu apporter un point de vue qui n’était pas toujours entendu, et elles ont pu le faire avec beaucoup d’attention et de profondeur.

A : L’apogée culturelle de la blog era a sans doute été la couverture de XXL avec les Freshmen 2009. Qu’est-ce que cette une vous évoque aujourd’hui, maintenant que vous en connaissez l’histoire ?

Eric Rosenthal : Voir des gens comme Kid Cudi, Asher Roth, Charles Hamilton, Curren$y, Wale et tous ces autres sur cette couverture, si jeunes, c’est fou. Je pense que les gens ne se souviennent pas à quel point ils étaient jeunes. Être jeune, prendre des risques, avoir l’air un peu idiot, c’est ce qu’il faut faire à cet âge. Mais je pense que beaucoup de gens l’oublient parce que c’est comme entrer en NBA directement après le lycée : le monde s’attend à ce que tu te comportes comme les gars qui sont là depuis une dizaine d’années. Mais non, tu es encore un gamin. Tu vas faire des trucs de gamin. C’est ce que je retiens le plus de cette histoire. C’est un accomplissement incroyable pour ces dix jeunes hommes que de figurer sur une couverture où on trouvait normalement Jay-Z ou 50 Cent. Et puis, ce que je trouve fou aussi, c’est que XXL était autrefois un mensuel épais avec toutes ces publicités. Aujourd’hui, le summum de XXL est la couverture des Freshmen. C’est autour de ça qu’ils travaillent toute l’année. Tout le monde en parle, mais c’est juste ça. Ils sortent peut-être un numéro par trimestre, et c’est une brochure qui est devenue complètement secondaire par rapport à l’événement que sont

Jeff Rosenthal : Ce qui me paraît dingue, c’est que personne ne savait vraiment ce qu’il se passait, si ce n’est qu’ils allaient faire une couverture de magazine. Mais rien ne pouvait laisser imaginer que ce serait la couverture la plus vendue de tous les temps pour XXL. Il y a donc une certaine innocence dans tout ça. Personne ne s’attendait à quoi que ce soit. C’est l’année suivante que tout le monde s’est dit qu’il fallait participer à ce projet pour asseoir sa position sur Internet. C’est ça qui est fou pour moi. C’est un peu comme si l’édition 2009 avait été sympa, mais que 2010 était l’année où les gens se sont dit « oh, merde, c’est important ».

A : Vous avez mentionné le fait que le capitalisme est au centre de l’histoire. On a l’impression que le moment le plus pur pour les blogs était celui où il n’y avait pas d’argent en jeu. Est-ce que vous avez ressenti la même chose en parlant à tous ces gens ?

Eric Rosenthal : Bien sûr. Si on veut résumer cette histoire, il y a vraiment un avant l’argent et un après l’argent. Ces sites, ces artistes, ces commentateurs, ces dirigeants, tout le monde a dû se positionner d’un côté ou de l’autre, capitalisme ou culture, et rare était la personne qui pouvait tout équilibrer. Je pense que Wiz Khalifa est un excellent exemple de quelqu’un qui a su trouver le bon équilibre. Il a gagné beaucoup d’argent par ses propres moyens, de manière indépendante. Il a fait des tournées, vendu des produits dérivés, diffusé sa musique gratuitement et cultivé un public jusqu’au point où il aurait été idiot pour lui de ne pas s’associer à Atlantic Records, parce que de tout façon ils n’allaient pas l’obliger à changer. Après, beaucoup de gens regardent peut-être son premier album en major, Rolling Papers, et se disent : « Oh mon Dieu… ».

A : « C’est un vendu ! »

Eric Rosenthal : Exactement. Mais toutes ces années plus tard, à la sortie du deuxième Rolling Papers et il a dit : « J’assume et je pense toujours que c’est un bon album. » Il l’a fait en indépendant, puis il s’est associé à une major et ça lui a profité. Il y a beaucoup de gens pour qui on peut dire que ça a aussi bien marché. Beaucoup d’acteurs indépendants qui n’ont pas signé avec Complex à l’époque porteraient peut-être un jugement différemment toutes ces années plus tard.

Jeff Rosenthal : Très tôt, on avait été invités à une réunion avec Complex, qui voulait qu’on rejoigne leur réseau. Mais pour ce faire, on aurait dû changer notre rythme de publication de vidéos, qui était alors hebdomadaire. Il aurait fallu créer un site web plus important qui aurait nécessité un travail quotidien et on aurait dû devenir de véritables blogueurs, contrairement à ce qu’on était alors. Certaines personnes dans notre entourage pensent qu’on aurait dû accepter ce deal. Personne ne nous en aurait voulu, et ça aurait été génial, mais ce n’était pas ce qu’on voulait faire. On ressemblait beaucoup à eskay de ce point de vue. On était très têtus. Je pense que l’innocence de ne même pas savoir que l’argent avait de l’importance pour notre travail, et le fait de faire les choses pour la beauté du geste, sans aucune autre attente au-delà, ça a été une partie immense de la blog era.

A : Vous mentionnez Wiz Khalifa comme une sorte de scénario idéal. Il y a aussi le cas de Charles Hamilton. Son épisode met en lumière le moment où les artistes ont dû alimenter la machine à contenus. Pensez-vous qu’un jeune artiste d’aujourd’hui serait mieux armé pour faire face à cette situation en 2023 que Charles ne l’était en 2009 ?

Jeff Rosenthal : Quand Charles vivait ce qu’il vivait, les hauts et les très hauts, il n’y avait pas de précédent pour ce qui a suivi. Aujourd’hui, tous ces jeunes, lorsqu’ils se retrouvent du mauvais côté d’Internet, ils sont capables de rebondir d’une manière que Charles n’a jamais eu la possibilité de faire. Il y a beaucoup plus de capacité d’action maintenant. Charles n’a jamais pu se réapproprier son histoire. Elle devait être filtrée par d’autres personnes. Aujourd’hui, une Miranda Sings [YouTubeuse américaine au centre d’une récente polémique] peut faire une vidéo d’excuses, puis en faire une autre. Elle n’est même pas le meilleur exemple, mais je vois des gens sur TikTok qui sont capables de continuer à faire des conneries et de se relancer, puis de revenir en arrière, faire un pas de côté, et tout est une nouvelle occasion d’obtenir plus de clics et plus d’attention.

« C’est bien d’avoir du goût, et c’est bien d’avoir une petite communauté, mais comment la maintenir ? En 2023, c’est ce qui me rend pessimiste. »

Jeff Rosenthal

A : Dans le podcast, vous parlez de la misogynie qui a touché des artistes comme Nitty Scott. En discutant avec les gens, avez-vous l’impression qu’il y a aussi des regrets à propos de cette période ?

Jeff Rosenthal : Je ne suis plus le même qu’il y a quinze ans, et je suppose que la plupart des gens qui ont vécu aussi longtemps ont évolué. Je passe beaucoup de temps sur la WayBack Machine et j’ai pu voir à quoi ressemblaient les sections de commentaires sur Internet il y a quinze ans. C’était horrible. Ça ne vaut pas la peine de s’y attarder, mais ça impose quand même de regarder en arrière et se dire : « Si seulement les gens s’étaient mieux comportés avec les femmes sur Internet, elles qui se mettaient vraiment en première ligne. » Ça montre à quel point les choses ont changé, mais aussi à quel point elles n’ont pas changé.

Eric Rosenthal : Au fil de nos conversations, il y a des personnes qui ont reconnu qu’elles étaient différentes à l’époque et qu’elles agiraient différemment aujourd’hui. Karlie Hustle parle aussi des labels qui se disaient « bon, c’est une femme, donc au-delà de son talent, il faut inclure le maquillage et la coiffure, et c’est un autre groupe de personnes qu’il faut payer pour voyager », bref toutes ces excuses qui aujourd’hui paraissent stupides. Mais ils avaient peur de prendre ces risques. Il y avait tous ces phénomènes sur lesquels on devait également se pencher pour montrer pourquoi beaucoup moins de femmes ont participé à cette période.

A : Il y avait quelques voix dissonantes à l’époque. L’une d’entre elles était Byron Crawford, une autre était Andrew Noz. Aucun d’entre eux ne figure dans le podcast. Est-ce qu’il y a des aspects de la blog era que vous auriez aimé approfondir, mais que vous n’avez pas pu aborder faute d’accès à des personnalités ?

Eric Rosenthal : Si nous avions pu parler à Byron, à Andrew Nosnitsky, à Wale, à J. Cole, à Drake, à Pharrell, à Rocky… Si on avait pu leur parler à tous, on aurait essayé de plonger dans l’histoire intégrale pour comprendre où en étaient les gens et ce qu’ils cherchaient vraiment à faire à cette époque. Byron ne nous a pas répondu, ce que nous avons considéré comme un refus. Mais en fin de compte, je pense qu’on a pu avoir une bonne compréhension de ce qui s’est réellement passé. Et je pense qu’on a donné suffisamment de temps à Byron. À l’époque, on le lisait. Il y a des choses qui nous ont fait rire, des choses qui sont très malaisantes aujourd’hui, et je pense que c’est ce qu’on peut retenir de nos conversations à son sujet avec Sean Fennessey, Dallas Penn et Freshalina. Je ne pense pas qu’on aurait dû donner à Byron plus de temps que les dix minutes qu’on lui a accordées dans cet épisode. Byron a joué un rôle dans cette époque. Beaucoup de gens brillants, drôles et intègres sont sortis de sa section de commentaires, et c’est son héritage. Il y a des gens, comme Questlove, qui aiment l’écriture de Byron et qui en sont nostalgiques. Je ne suis pas d’accord avec Questlove là-dessus, mais les écrits de Byron avaient une certaine valeur. Il y avait une liberté, des personnalités avec une voix unique, et c’est l’héritage que les gens devraient en tirer, sans oublier toutes les choses horribles qu’il a pu dire à propos d’un grand nombre d’êtres humains.

Jeff Rosenthal : C’est compliqué parce que Byron est un troll, donc on ne peut pas connaître ses véritables sentiments, et je ne suis même pas sûr que lui même comprenne ses véritables sentiments à l’égard de beaucoup de ces choses. Mais je pense qu’on a réussi à couvrir ce flou. Quant à Andrew Nosnitsky, il a formé mes goûts à bien des égards. J’étais et je reste un grand fan. Il n’a pas voulu participer, et c’est très bien comme ça car, encore une fois, l’idée était d’offrir une représentation de tout le monde sur Internet à l’époque. Un blog, c’est quoi ? Un blog, ça peut être n’importe quoi. Le blog d’Andrew était incroyablement différent de celui d’eskay ou de tous les autres. Ce que j’aimais chez Andrew, c’est qu’il était très doué pour identifier très tôt des talents régionaux et des choses qui allaient à l’encontre des récits que l’on trouvait sur Nahright, 2DopeBoyz et leurs imitateurs. C’était génial. Mais il n’était pas nécessaire de parler de tous les blogs pour prouver qu’ils ont bien existé.

A : Quel est, pour chacun de vous deux, l’artiste qui a le mieux incarné ce qui s’est passé pendant cette période ?

Jeff Rosenthal : Juicy J est vraiment intéressant pour moi. Tout d’abord, j’adore sa musique, mais aussi le fait qu’il s’agit d’un type qui a été très underground pendant les quinze premières années de sa carrière. Puis il gagne un Oscar, mais dans la foulée il disparaît des radars. Quatre ans plus tard, il s’associe à Wiz Khalifa et Lex Luger, et il commence à sortir ses meilleurs morceaux à quarante ans et quelques. C’est dingue. Je pense que Juicy J est un personnage très sous-estimé dans tout ça.

Eric Rosenthal : Curren$y. Un outsider qui refuse l’opportunité de poursuivre ses relations avec ces grands labels, qui se met à son compte, qui se bat contre les réalités de cette vie et qui en fait une carrière qui dure encore aujourd’hui. Il s’est produit hier soir à l’Essence Fest de la Nouvelle-Orléans sur la même scène que Lil Wayne, et il est tout à fait à sa place, au même niveau. Longévité, personnalité, qualité, art. Être meilleur que jamais à notre époque est admirable. J’ai beaucoup de respect pour lui.

A : Dans le podcast, et aussi dans votre propre histoire, il y a cette idée de l’effondrement des frontières entre les métiers : journaliste et A&R, artiste et développeur web… En repensant à votre propre expérience, comment vous donnez sens à cette ambiguïté dans votre définition de vous-même ?

Eric Rosenthal : Ne pas être défini par une seule chose est vraiment excitant. On connaît bien ça. Nos sketchs en vidéo, on les tournait, on les montait, on jouait dedans, on recrutait nos potes. On faisait tout tous seuls parce qu’il n’y avait pas de plan B. À l’époque, c’était très compliqué d’expliquer ce qu’on faisait à nos parents. On vivait à la maison et on faisait ces vidéos sur Internet. On voyait les commentaires s’emballer sur 2DopeBoyz, et c’était génial. On passait la semaine suivante à faire une vidéo, mais nos parents à l’étage se demandaient ce que faisaient leurs fils. Pourquoi n’ont-ils pas une carrière qui leur permet de se rendre au travail et d’être payés régulièrement ? Mais ce n’était pas ce qu’on voulait pour nous-mêmes. Et si vous parlez à Lowkey de You Heard That New, à Karen Civil, à Nitty Scott MC ou à Joell Ortiz, tous ces gens ont eu le même sentiment. Et tout ça vient de cette époque où la technologie et la passion se rencontrent, où les caméras deviennent moins chères et le matériel d’enregistrement plus petit. On est venus vivre à New York, on a rencontré tous ces gens et on a fait le tour de la ville avec eux. Cole, Plain Pat, Lowkey, eskay, Miss Info… On cultivait ces relations parce qu’on avançait tous ensemble dans ce truc. Et c’était très important. Maintenant, encore une fois, tout le monde prend ça pour acquis. Aujourd’hui, oui, bien sûr, je sors mon téléphone, je peux enregistrer une chanson, je peux tourner une vidéo moi-même. À l’époque, il a fallu travailler dur pour gagner notre place dans ce milieu, et je suis reconnaissant que cette histoire-là ait pu être documentée aussi.

A : Il y a eu récemment un article dans Passion of Weiss, où les journalistes Abe Beam et Willy Staley du New York Times Magazine discutent de l’absence d’un écosystème permettant à des auteurs d’émerger aujourd’hui. Pourtant, à la fin de l’entretien, ils évoquent la possibilité d’une renaissance de la blog era. Partagez-vous cet optimisme pour demain ?

Jeff Rosenthal : Qu’il y ait une nouvelle blog era ou quelque chose qui y ressemble, tout est une question de communauté. Et ce que je constate de plus en plus, c’est une stratification de tout. Au moins sur Twitter, il y avait un tissu qui reliait les gens. Aujourd’hui, je ne sais pas où les gens vont pour trouver des personnes partageant les mêmes idées. On voit apparaître des blogs et des choses qui ressemblent à des blogs. Il y a Not 97, qui est un podcast, il y a No Bells, il y a Finals Blog à Seattle. Ces personnes font des choses intéressantes, mais en 2023, tout semble se diriger vers TikTok, au point que TikTok a désormais pris le pas sur tout le reste. C’est comme si tout le monde était en deuxième place, et du coup qu’il n’y avait même pas de deuxième place. C’est la chose effrayante à laquelle nous devons faire face. Je ne sais pas combien de temps vous passez sur TikTok — j’en passe beaucoup trop — mais ce sont tous des gens qui cherchent désespérément à attirer l’attention. Ce n’était pas l’éthique de la blog era. Pour beaucoup de ces blogueurs, il n’y avait pas d’argent, et donc pas beaucoup d’attention de toute façon, et personne ne mettait vraiment ses histoires en avant comme ça. Tout cela va donc à l’encontre de l’esprit de l’époque.

Eric Rosenthal : Je suis tout à fait d’accord. Il est difficile de trouver une véritable communauté. Les gens allaient sur Nahright parce qu’ils avaient confiance dans les goûts d’eskay. Ils allaient sur OnSmash parce qu’ils aimaient regarder des vidéos là-bas et pas ailleurs. Ils allaient sur Miss Info parce qu’elle avait une voix unique et qu’ils voulaient connaître son avis. Maintenant, quand tout le monde a l’impression que son opinion est la seule qui compte, il est difficile de faire confiance à qui que ce soit. La musique en souffre, et la communauté en souffre.

Jeff Rosenthal : C’est bien d’avoir du goût, et c’est bien d’avoir une petite communauté, mais comment la maintenir ? En 2023, c’est ce qui me rend pessimiste. J’aime No Bells, j’aime Finals, tous ces endroits, mais le monde ne leur permet pas d’avoir une longévité et un succès comme nous l’avons eu il y a quinze ans. C’est ce qui me rend pessimiste.

La série podcast The Blog Era est disponible sur toutes les plateformes de streaming et de podcasts, ainsi que sur le site officiel du documentaire, theblogera.fm.

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