YL, toujours paré pour le combat
Un peu moins de deux ans après son troisième album Yamine, YL revient avec LARLAR (Part. 1). Tout fraîchement sorti de la salle du temps, retour sur un parcours marqué par une ambition insatiable.
En plus de cinq ans de rap « professionnel » et plus de quinze ans de passion, YL a sorti six projets qui lui ont permis d’être rapidement identifié dans la sphère du rap français et reconnu par un public qu’il nommera les Vaillants – la Vaillance. Considéré par ses pairs, le rappeur marseillais enchaîne les collaborations et se fait un nom avec Nyx et Érèbe / Æther et Héméra notamment. Bloqué dans son élan par le covid, YL profitera de cette période pour se rapprocher de ses vaillants, fortifier sa fan base et s’éloigner des maisons de disques. C’est avec un album assez intimiste et introspectif (Yamine) qu’il fera son retour après le covid suffisamment bien accueilli par le public.
Sur LARLAR (Part. 1), YL fait abstraction du cahier des charges de l’industrie et s’octroie le droit de rapper ce qu’il veut comme il veut. Jeune et loin d’être essoufflé, le rappeur marseillais tend à faire de sa carrière un exemple de ténacité. Sans éternels regrets, c’est toujours de bon cœur que l’HLM rezidant d’Air-Bel dépeint son parcours presque sans ratures. Imperméable au torrent d’épreuves, la gemme des quartiers sud s’est aguerrie et a étoffé son art fidèle à elle-même.
Son dernier entretien avec l’Abcdr du Son date de la sortie de sa première mixtape, Confidences. De l’eau a coulé sous les ponts, certains sont restés, certains sont montés, d’autres sont descendus du train. YL reste présent sur le champ de bataille, plus confiant que jamais, déterminé à devenir le meilleur de lui-même.
Abcdr du Son : En 2018, l’Abcdr du Son te recevait pour ta première mixtape Confidences, Manue écrivait que tu n’étais pas encore légendaire comme Zidane mais déterminé comme Mahrez. Cinq ans après, tu te définirais comment ?
YL : On n’a pas atteint le stade de Zidane mais aujourd’hui, je me définis en Benzema alors. [rires]
A : Le ballon d’or du peuple.
YL : T’as capté ! Je pensais aussi sportivement par rapport au rap, je ne suis pas devenu une légende comme Zidane mais c’est en cours comme Benzema.
A : Tu souhaitais voir un peu plus d’anciens et de jeunes rappeurs ensemble, qu’ils soient marseillais ou parisiens. Tu l’as fait avec la série de freestyles Marseille All-Stars, ça a été fait avec les projets 13’Organisé et Le Classico Organisé, qu’en as-tu pensé ?
YL : Je pense que le message est passé. Moi j’avais essayé avec Marseille All-Stars, c’était à mon niveau, c’était assez underground. Après ça a été fait à une plus grande échelle par un artiste qui pouvait le faire, qui était plus mainstream que moi. De toute façon, sur Marseille, il y en avait deux ou trois qui pouvaient le faire : Jul, peut être un Alonzo ou un SCH. En tout cas, il aurait fallu quelqu’un qui mette tout le monde d’accord. Ça s’est fait. Malheureusement, je n’étais pas sur le premier opus pour des raisons que j’ai déjà évoquées en interview. Ma mentalité n’a pas changé, elle n’a fait qu’évoluer donc j’étais très content d’être sur le deuxième opus.
A : Tu as toujours tendu la main aux rappeurs plus jeunes que toi, ISK et MIG par exemple, c’est important pour toi ?
YL : Oui clairement. Ce n’est pas vraiment une main tendue, c’est plus une invitation à combattre. Un featuring c’est un combat. J’aspire à être à l’image d’un Rim’K qui peut te ramener un artiste hyper mainstream, hyper connu avec une grosse discographie et un jeune artiste sur le même projet. Je trouve que ça fait quand même partie d’une certaine composante de force. Je ne te mens pas, c’est pour se tester aussi. Parce que les jeunes, ils sont chauds et si tu ne combats pas, tu seras dépassé. [rires]
A : Tu fais partie de ces rappeurs face auxquels on est toujours choqués quand on apprend l’âge, parce que tu es plutôt jeune avec une discographie bien remplie. Tu te vois vieillir dans le rap ?
YL : Oui, j’ai encore la dalle. Je pense que je ne me suis pas encore tout prouvé à moi-même. J’ai une certaine réputation de rappeur sous-côté que j’aimerais bien régler parce que ma team le réclame depuis longtemps.
A : Est-ce que tu te considères vraiment comme un rappeur sous-côté ?
YL : Moi, non. Je pense et j’ai la conviction que j’ai exactement ce que je mérite. Si je ne suis pas content de mes scores, je n’ai qu’à retourner m’entraîner, c’est ce que je fais d’ailleurs. J’ai compris que c’était une forme d’amour. Les gens qui me suivent depuis le début aimeraient juste me voir plus haut parce que pour eux je suis le meilleur et ça me flatte. Je vais essayer de répondre à cette revendication du peuple.
A : Depuis Confidences, il ne s’est jamais passé deux années sans que tu sortes un projet. Comment fais-tu pour être aussi productif ?
YL : La réponse est claire et nette. Je bosse avec des personnes qui sont prêtes à sacrifier autant de temps que moi. Que ce soit les beatmakers qui bossent avec moi ou mon staff, on est dans un délire où on bosse beaucoup. On n’est pas sous les trente-cinq heures. Il n’y a pas de secret pour ça. Surtout que je prends mon temps pour écrire, c’est encore plus dangereux.
A : Oui, à la vitesse à laquelle la musique est consommée…
YL : Exactement ! Mais je mets un point d’honneur à être satisfait d’un projet d’abord avant de le sortir. Jamais de ma vie sur tous les projets que j’ai sortis, je n’ai cédé à la pression des deadlines. Le projet sort quand il doit sortir, quand il est prêt, sinon le plat n’est pas bon.
« J’aspire à être à l’image d’un Rim’K qui peut te ramener un artiste hyper mainstream, hyper connu avec une grosse discographie et un jeune artiste sur le même projet. »
A : Comment as-tu vécu l’après Nyx et Érèbe / Æther et Héméra ? Une période intense dans laquelle tu t’étais investi dans un gros concept.
YL : En tant qu’artiste, je l’ai assez mal vécu. Tu n’es pas content quand ton message n’est pas passé. J’étais retourné cash en studio pour éviter la perte de confiance. Mais aujourd’hui je suis vraiment très très fier de ce projet, on a plus de soixante-dix milles ventes, il a été certifié disque d’or en faisant son chemin sans promo. Il compte plus de trois singles d’or je crois. Pour la plupart, c’est des solos. Je suis vraiment très très fier de ce projet. C’est un truc qui me conforte dans l’idée que quand la musique est bonne, elle est bonne et un jour on se la prend.
A : Il n’y a que de la bonne ou de la mauvaise musique !
YL : Voilà exactement ! C’est comme les humains ! [rires]
A : Il me semble que c’est après cela que s’arrête l’aventure avec Bylka Prod. Qu’en est-il aujourd’hui, avec qui travailles-tu ?
YL : Je pars de chez Def Jam aussi, je n’ai plus de maisons de disques. Je me suis staffé moi-même au niveau de mon label, au niveau de mon marketing, au niveau de ces choses-là. Je suis assez staffé pour bosser comme si j’étais signé en artiste. Ça a pris du temps. Producteur c’est un autre métier, j’ai dû apprendre sur le tas.
A : Est-ce que c’est bandant d’être indépendant ?
YL : En tant qu’artiste, bien sûr. Plus personne ne te briefe, tu clippes le morceau que tu veux. J’ai toujours été libre dans mes propos mais tu sais, parfois ta maison de disques va te dire quel morceau est un tube alors que toi tu n’es pas forcément d’accord. Il y a cette liberté en plus. Financièrement, c’est mieux aussi, il suffit de faire le calcul. Un dernier côté qui est très important pour moi. Au moins là tes victoires tu les fêtes tout seul parce que tes défaites tu les assumes tout seul quoi qu’il arrive. On va inciter les jeunes à partir en indé ! [rires]
A : Est-ce que la maison de disques a déjà eu raison sur ses choix ?
YL : Oui bien sûr. Tu as affaire à des humains qui bossent très bien. En l’occurrence à l’époque, j’avais une cheffe de projet qui était vraiment très très motivée, qui avait de très très bonnes idées. Je suis assez ouvert, je ne suis pas dans un délire où je reste fermé. Le contraire existe aussi. Parfois tu es plus à même de connaître ta musique ou les gens qui sont autour de toi, ton premier public. Plutôt que telle personne qui est sur dix-huit projets en même temps et qui finalement ne sait pas vraiment de quoi elle parle.
A : Tu as joué dans la deuxième saison de la série Validé, est-ce que tu as apprécié l’exercice ?
YL : Ouais c’était trop cool, j’étais une reusta sur grand écran !
A : Mais t’es une reusta dans la vraie vie aussi ! [rires]
YL : Ouais mais après tu sais c’est un gros truc pour nous ! Moi j’ai montré ça à ma mère directement, elle a pleuré quand je suis mort parce que je l’avais trop bien joué. Je ne pensais pas que j’étais capable de si bien mourir. [rires]
A : Tu appréhendais un petit peu le jeu d’acteur ?
YL : Dans nos clips, on met déjà un petit peu de jeu mais sur des choses que l’on connaît. Je n’ai pas de formation d’acteur, je n’aurai pas pu te jouer un rôle dont je ne connais pas la vie. Demain, tu me demandes de jouer un cuisinier, je ne connais pas le jargon. Mais en l’occurrence, le rôle que l’on m’a demandé de jouer, c’est le rôle du gérant du tieks. On en a vu des centaines, on connaît leur jargon et on y participe. Au jargon hein ! En gros, je pense que j’aurai eu des difficultés si on m’avait fait jouer un rôle dont je ne connais pas l’environnement et encore je l’aurai peut-être bien joué.
A : Ce n’est pas quelque chose qui te fait peur en tout cas.
YL : Franchement non. Comme je t’ai dit, il y a déjà un petit peu de jeu dans nos clips. À partir du moment où tu n’es pas impressionné par la caméra, ce n’est pas grand-chose, il faut juste dépasser sa timidité.
A : Tu reviens avec LARLAR (Part. 1). Qu’est-ce que représente ce titre ?
YL : Mon dernier projet s’appelle Yamine [sorti en février 2022, NDLR]. Les sons étaient très intimistes, j’ai raconté une bonne partie de ma vie, de mon enfance. On a essayé de donner quelque chose de cohérent. Même la cover est très intimiste. J’ai une autre facette de moi qui s’appelle Larlar qui est tout aussi familial, dans d’autres trucs aussi. Les morceaux qui sont dedans ressemblent beaucoup à Larlar. À la série de freestyles Larlar aussi parce que je me suis fait plaisir au niveau du rap. Je pense que Larlar est à YL ce que Slim Shady est à Eminem sans présomption. Tranquille les gars, je n’ai pas dit que j’étais Eminem, ne me tuez pas ! [rires]
A : Est-ce que l’album a été entièrement conçu à Marseille ? Avec quels compositeurs as-tu travaillé ?
YL : Je travaille beaucoup avec un compositeur belge qui s’appelle Young King. Ça fait un moment que je bosse avec lui, tu peux le retrouver à la prod de « Tata Fatima » [issu de l’album Yamine, NDLR]. À l’heure qu’il est, je suis en Belgique avec lui. À Paris, j’ai bossé avec des beatmakers connus qui ont déjà placé comme RJacks et Masta et des beatmakers moins connus comme Ryuk. Je suis un vadrouilleur, je prends ma valise, mon Mac, mon micro, ma carte son et c’est parti !
A : Dans « Comme avant », tu dis : « Plus rien n’est comme avant, pour un rien ça sort un billet pour un canon sur ta tempe. » Tu penses que la violence était moins présente avant ?
YL : Peut-être qu’elle était présente sous une autre forme et que je ne captais pas. Quand je parle avec les grands, ils me disent « chacun son époque, nous aussi c’était chaud. » Je ne sais pas si la société est devenue plus violente. En tout cas moi je suis choqué par la violence de mon époque et de ma société et je ne suis pas tenu de faire un comparatif. Mais quand je te dis comme avant, peut-être que je ne la captais pas parce que j’étais enfant et que je ne vivais qu’à base de mangas et de bonbons. Je vis toujours à base de mangas, les bonbons j’ai calmé. [rires] C’est une retranscription de la violence de mon époque.
A : Tu parles souvent de tes contradictions dans tes morceaux. Est-ce que tu penses être dans une course poursuite infinie avec tes démons ?
YL : Le combat a commencé depuis que je suis mentalement pubère, genre dix-sept, dix-huit ans, cette prise de conscience où tu te rends compte que tu commences à devenir un homme. Je pense que le combat c’est le temps que je suis sur Terre. C’est quotidien. Ça passe par tout. Je peux avoir des problèmes qui font que j’ai pas envie de sourire mais de me forcer à sourire à la première personne que je vois quand je sors de chez moi ça peut être un combat. Je pense que j’ai les mêmes addictions que beaucoup de français, c’est un combat aussi. Donc oui, c’est quelque chose d’infini.
A : Musicalement, la drill prend plus de place que dans Yamine. C’est un style que t’avais envie de développer ?
YL : Sous une autre forme, moins sombre, plus lumineuse, plus mélodieuse. Celle-ci m’attrape plus. Par exemple, le morceau « Bagdad » que j’avais fait avec ASHE 22, il est drill, il est sombre. Mais moi, des autres prods du même type, ça ne m’intéressait pas donc je suis sorti de la drill, je suis retourné à mes trucs à moi, de la trap, du boom-bap, de la mélodie, ce que tu veux. Je suis revenu dedans avec une drill plus mélodieuse, un peu plus Dave, un peu plus Central Cee. Il y a de jolies guitares, de beaux instruments, ça m’a parlé tout de suite.
« Je pense que Larlar est à YL ce que Slim Shady est à Eminem sans présomption. »
A : Dans « LARLAR 9 (Encore) » tu dis : « Y a de la place pour tout le monde mais tout le monde veut sa place au soleil, c’est tellement sombre ce qu’il se passe au sommet. » Est-ce que la réussite assombrit les cœurs ?
YL : Pas forcément. Je suis convaincu qu’il y a des êtres humains qui arrivent à bien gérer. Mais ça peut être source d’assombrissement. Pour moi la musique est un milieu où tu ne dois pas être influençable, il faut être fort mentalement. Si ce n’est pas le cas, ça peut te nuire. Si la musique te rend mauvais, c’est que t’étais déjà mauvais à la base. Tu peux avoir des moments de doute par rapport à la vie en général, pas que pour la musique. Tout le monde peut être sujet à ça. Je ne veux pas faire le mec imperméable mais le bon côté d’être sous-côté, c’est qu’on est un peu de notre côté, il y a plein de choses qui ne nous atteignent pas. J’ai eu l’occasion de rencontrer des vrais bonhommes dans ce métier-là, des vrais humains. Après je reste imperméable, je reste focus sur mes projets.
A : Il y a une alchimie forte avec Kofs sur « Opps ». Comment s’est conçu le morceau ?
YL : À la base, je voulais deux morceaux, on les a fait. Il y a un morceau comme « Hayati » [issu de l’album Yamine, NDLR] qui bouge un peu à la marseillaise. Mais moi je tenais au fait qu’on puisse faire un morceau comme deux vrais rappeurs de notre quartier, comme on le faisait avant. Donc on a voté et c’est « Opps » qui a gagné ! [rires]
A : Vous n’avez jamais pensé à un projet en commun ?
YL : On y a tous pensé. Je ne veux pas te faire de fausse joie. Kofs en ce moment est beaucoup dans le cinéma. On en parlait la dernière fois, même lui sur son album, il a pris du retard parce qu’il tourne à gauche à droite. Si on se retrouve à devoir partir sur ce genre de projet, je suis un homme je tiens ma parole on devra le livrer donc pour le moment je ne sais pas. Il y a des rappeurs avec qui j’ai une alchimie même si ils ne sont pas de chez moi. Je te donne un exemple : le jeune ISK. J’ai une alchimie de fou avec lui. À chaque fois qu’on a fait un morceau, c’était une dinguerie. Même les morceaux qui n’ont pas pété sont des dingueries à retardement, les gens vont se les prendre.
A : Donc il y a un projet en commun avec ISK dans la boîte ?
YL : Peut-être. Non je te dis la vérité, il n’est pas dans la boîte. Mais ça peut arriver à tout moment. Je reste ouvert. Et toi Kais [prénom d’ISK, NDLR] qu’est-ce que t’en dis ? [rires]
A : Vous venez tous les deux d’Air Bel, terre du rap marseillais assez forte. Est-ce qu’il y a une mentalité unique ?
YL : Oui clairement, je pense que tu as pu le remarquer. On est un peu le 9.1 de Marseille du fait de notre position géographique. On est au sud, il y a beaucoup de rappeurs. Je ne suis pas le plus conséquent. Il y a Naps, Kofs, Veazy qui a beaucoup traîné chez nous, Houari du Ghetto Phénomène, Jul qui est pas loin de chez nous qui avait son groupe avec un gars de notre quartier. Ces dernières années, on est assez conséquents. C’est pour ça que le 9.1 est la bonne comparaison.
A : Avec Sadek, j’ai l’impression que quand vous vous retrouvez, vous avez envie de faire la fête alors que vous êtes deux gros kickeurs. « Papicha » et « Stahraf » en featuring avec Heuss L’Enfoiré sont des morceaux très dansants. Comment se déroule une session studio entre vous deux ?
YL : On a fait deux titres dont un où ça kickait très très fort mais c’est le morceau festif qui nous a le plus parlé ! [rires] La dernière fois que j’étais en studio avec Sadek, c’était sur Paname pour régler les voix. C’était très carré. Sadek est sur quinze piges de carrière, il est arrivé, il a fait ce qu’il avait à faire. Mais pour le choix du son, on laisse la musique parler. Le deuxième titre que l’on a fait va peut-être figurer sur une compilation. Tu auras l’occasion de vérifier à quel point on a kické bien sombre !
A : On aime ça ici !
YL : C’est carré ! [rires] Mais il faut les deux mon frère. T’es là avec une petite papicha, tu veux lui mettre du sombre ou tu préfères passer une soirée un peu lumineuse, un peu festive ? Aujourd’hui, le rap est mainstream, c’est la nouvelle variet’. On donne à manger à tout le monde. Mais je ne te mens pas, je suis un peu un rat de la cité. La première fois que je suis allé en boîte de nuit, c’était en showcase. Nous, c’est comme DA Uzi : « Soirée des cités » ! [issu de l’album Architecte sorti en avril 2020, NDLR] [rires]
« On est un peu le 9.1 de Marseille du fait de notre position géographique. »
A : Dans ta musique tu cites souvent des figures historiques comme Mohamed Boudiaf, Houari Boumédiène, un de tes morceaux exclusifs porte le titre de « Thomas Sankara ». Qu’est-ce que représentent ces icônes pour toi et comment elles t’inspirent ?
YL : Si tu remarques bien, ça fait partie de mon style depuis le début. Parfois je remonte même jusqu’à l’antiquité. Là en l’occurrence, c’est des figures du siècle passé, le vingtième siècle, à l’époque des premières indépendances africaines. Tout dépend de ce que je veux illustrer par la punchline. Par exemple, si je veux illustrer l’intelligence et le courage politique : Thomas Sankara. Si je pars sur une prod énervée en mode découpage musical : Gengis Khan. Pour moi, c’est une figure de style de trouver la bonne figure historique qui va avec ta punchline.
A : Dans « LARLAR 8 (Ma 6-T A Cracker) » je te cite : « J’descends des vrais, des hommes qui ont manifesté à Sétif. » Qu’est-ce que cela a provoqué en toi ?
YL : L’éveil d’une certaine conscience politique et de la recherche historique parce que l’on apprend pas tout à l’école malheureusement. Il faut varier ses sources d’apprentissage.
A : « J’nique le game en indé’, en famille comme les Peaky Blinders. » Tu te reconnais dans quel personnage de la série ?
YL : Tommy, mais il n’a pas de cœur. J’aurais plus été un mélange d’Arthur et Tommy. Arthur, il a quand même un cœur, c’est un être humain mais je pense qu’on a tous été choqués par le personnage de Tommy Shelby.
A : Qui dit LARLAR (Part. 1) dit LARLAR (Part. 2) ?
YL : Oui. S’il y a deux forces, forcément elles s’opposent. C’est le yin et le yang. Je peux juste te dire que la deuxième partie répond bien à la première ! [rires]
A : Quelle est la suite pour toi ?
YL : Beaucoup de projets. J’ai vraiment énormément de projets musicaux, j’ai une dalle indescriptible. Jusqu’ici je n’ai pas eu l’occasion de faire une vraie tournée. Mes premières dates à l’époque de Confidences et Nyx & Érèbe, je les ai interrompues pour des histoires contractuelles. Quand j’ai pu ressortir des projets, on était en période de covid. Malheureusement, je n’ai toujours pas bien rencontré mon public. Ça va être la priorité en 2024 : aller rencontrer les vaillants. Ce sera ma première tournée ininterrompue parce que je faisais une date à Paris, une date à Marseille, une date à Quimper, après ça s’arrêtait pendant un an et demi parce que j’avais des histoires à régler, après c’était le covid donc des dates annulées.
A : Est-ce que le covid t’as beaucoup impacté ?
YL : C’est drôle ce que je vais te dire mais le premier confinement m’a fait du bien. Par rapport à la mixtape Vaillants, on était très connectés avec ma team sur les réseaux sociaux au point qu’ils ont même choisi les morceaux de la mixtape. Le deuxième a été beaucoup plus compliqué, on a eu beaucoup de perturbations comme dans pas mal de secteurs.
A : Après toutes ces péripéties, tu es en paix aujourd’hui ?
YL : Je suis un peu plus construit, un peu plus en paix. Je n’ai pas atteint le stade de Gandhi non plus. Je suis toujours un jeune dynamique d’un certain milieu social avec tout ce que ça implique. Je suis concentré sur mes projets. Le seul sentiment que je peux te retranscrire c’est la hâte ! J’ai hâte que ça sorte, j’ai hâte d’aller en tournée, j’ai hâte de combattre ! Je me suis entraîné dur !
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