H JeuneCrack, mouvement ascendant
Interview

H JeuneCrack, mouvement ascendant

Entre barz percutantes et prods hypnotisantes, H JeuneCrack a su se démarquer ces dernières années dans le rap français. À l’occasion de la sortie de son nouvel EP, il raconte pour la première fois longuement son parcours à l’Abcdr du Son.

et Photographies : Ladurso pour l’Abcdr du Son.

Ces deux dernières années, H JeuneCrack n’a fait que peu d’apparitions en solo. Il a bien dévoilé deux EPs de trois titres – l’un avec Hologram Lo’, l’autre avec son acolyte et ami Mairo – et a prêté main forte à quelques artistes comme Eloquence, Realo et Tony Seng ou encore Caballero & JeanJass sur leurs mixtapes et albums respectifs. Mais celui qui, depuis 2022, enchaîne les EPs et collaborations, a choisi pour sa nouvelle trilogie de prendre son temps. Après avoir expérimenté une musique très différente sur la mixtape Matière Première avec Jorrdan, la pieuvre n’avait qu’une envie : faire un EP qui lui ressemble. C’est ainsi qu’est né 1er Mouvement, et c’est ce seul modèle que suivront les deux suivants.

H JeuneCrack écrit, compose, rappe, réalise. Depuis ses treize ans, quand il multipliait les rimes moyennes et les prods difficilement sorties d’un logiciel bugué sur Linux, il n’a jamais été question de déléguer ou de rapper sur des typebeats. Pour lui, la musique est une prospection permanente et sa finalité est très claire : créer quelque chose d’unique. H JeuneCrack sent qu’il touche du doigt son but avec 1er Mouvement. Et il est maintenant  prêt à raconter longuement tout son parcours à l’Abcdr du Son.


I. Débuts à Albi 

Abcdr du Son : Tout le monde dit que tu viens de Toulouse, pourtant tu es supporter du Losc au foot. D’où viens-tu vraiment ?

H JeuneCrack : [Rires] Je suis pour ce club parce que je suis né à Lille et j’y ai vécu jusqu’à mes onze ans. Et je suis ensuite parti à Albi, près de Toulouse. J’ai plus grandi dans le sud, mais j’ai passé les premières années de mon enfance à Lille. Donc je suis quand même attaché à cet endroit. J’allais même au stade quand j’étais petit. 

A : Dans quelles musiques est-ce que tu as baigné dans ton enfance ?

HJC : Mes parents écoutaient beaucoup de chanson française. Léo Ferré, Georges Brassens, Boby Lapointe, j’ai baigné là-dedans. Ils écoutaient aussi un peu de soul, de rock, Radiohead, Morcheeba, du trip hop, des trucs comme ça. Et un peu IAM parce que c’était de leur génération. Je ne sais pas pourquoi, j’ai kiffé le rap de mon côté. Je ne faisais qu’en parler à ma mère vers sept-huit ans, et elle m’a acheté un disque. Elle est allée chez le disquaire, elle a dit : « Est-ce que vous avez un disque de rap pour les petits ? ». Et ils m’ont offert un album de Féfé. [rires] Mes parents n’étaient pas non plus des grands mélomanes mais ils aimaient bien la musique et c’était quand même quelque chose d’important. Mon père fait du piano par exemple, et c’est le cas de tout le monde dans sa famille, donc j’ai un peu appris à en jouer avec ma grand-mère. Si tu me montres une suite d’accords, je peux la refaire par exemple. J’ai aussi fait un an de solfège, mais j’ai vite arrêté. Ça m’a donné des petites bases de rythme.

A : Comment est-ce que tu as vraiment commencé à écouter du rap ?

HJC : Quand j’étais vraiment petit, j’ai eu cet album de Féfé et à Lille, il y avait aussi un groupe qui s’appelait MAP. C’était du rap un peu babos, mais c’était vraiment mes premiers coups de cœur. Ensuite, quand j’étais au collège, j’avais mon petit lecteur MP3 et je téléchargeais des albums dedans. Il y avait Youssoupha, Tupac… Youssoupha a toujours été facile à comprendre dans les textes, donc c’était une bonne introduction pour moi. Tupac, tout le monde en parlait au collège donc j’ai écouté et j’ai kiffé. Ce sont vraiment mes deux premières claques, suivies de Alpha Wann au lycée. Il m’a traumatisé. Et j’écoutais aussi toute la trap française du début des années 2010, Kaaris, Lacrim, Booba, et aussi La Fouine qui était en pétard vers cette période-là. Globalement je me suis plongé dans le rap français à 100%. Je voulais tout connaître donc je me suis dit : « Je vais regarder quels sont les classiques et je vais me les faire ». Ça allait de Oxmo Puccino à Rocca. C’est plus au lycée que je me suis mis au rap américain.

A : Qu’est-ce qui fait que le rap te plaisait autant ?

HJC : Je crois que c’était l’écriture, les textes. Vu que mes parents écoutaient beaucoup de chanson française, mon oreille était vraiment attirée par les textes. Tu as quelqu’un qui te raconte un truc pendant trois minutes, à l’ancienne sur trois couplets, je voulais comprendre ce qu’il se passait.

« Dans tous les domaines de la vie, j’aime bien avoir la sensation de vraiment connaître les bases. Quand je m’intéresse à quelque chose, je fais vraiment une sorte de rétrospective XXL. »

A : Tu as découvert le rap au début des années 2010 et pourtant, tu nous as cité Oxmo Puccino ou Rocca. Tu écoutais beaucoup de rap des années 90 ?

HJC : En fait, dans tous les domaines de la vie, j’aime bien avoir la sensation de vraiment connaître les bases. Du coup, quand je m’intéresse à quelque chose, je fais vraiment une sorte de rétrospective XXL. Quand j’étais ado, dès que je voyais un album que je ne connaissais pas, ou que quelqu’un citait un artiste que je n’avais pas entendu, j’allais écouter. J’avais vraiment envie de connaître. 

A : Tu disais qu’au lycée, tu t’es mis à écouter beaucoup de rap américain. Plus que le français ?

HJC : Oui, ça a commencé à devenir le truc principal que j’écoutais. Il y a vraiment eu une transition. Depuis la fin du lycée, j’écoute plus de rap américain que de français. J’écoute toujours le rap français bien sûr, mais je reviens beaucoup sur le US. À l’époque, j’étais à fond sur Rich The Kid, Famous Dex, en 2017-2018. Je me suis aussi pris Future, Young Thug, Migos. Je trouvais que ça envoyait trop d’attitude comparé au rap français. Et il y avait tellement à digger aussi. Là bas, il y a 50 états, c’est comme si c’était 50 fois la France. Ils ont 50 scènes musicales !

A : Qu’est-ce qui fait que tu te mets à rapper ?

HJC : C’était logique pour moi. À force d’écouter, j’ai eu envie de le faire vers 13-14 ans. En plus, c’était une époque où ça commençait à vraiment se démocratiser. 1995 était passé par là, il y avait aussi les Rap Contenders… Il y avait ce truc où tu te disais que tu pouvais essayer de faire un petit freestyle. J’apprenais par cœur des phases des RC pour les ressortir au collège, et un jour, j’ai essayé d’écrire un texte. Le premier que j’ai fait était horrible, j’essayais de grave faire des rimes. Sur le deuxième, j’ai essayé de faire un storytelling où je raconte une soirée sur la plage, c’était n’importe quoi [rires].

A : Tu commences directement à essayer de faire des prods ou tu rappes sur des typebeats ?

HJC : Je n’ai jamais rappé sur des typebeats. Au tout début, je faisais des freestyles dans ma chambre ou dehors sur des faces B. Après, j’ai très vite voulu faire des vrais sons. Du coup, j’étais en mode : « Sur quoi je rappe ? Sur des prods. Ok. Comment on fait des prods ? ». Et c’est comme ça que je me suis mis à apprendre à en faire. Mais ça m’a pris du temps avant d’être satisfait de ce que je faisais, au moins deux ou trois années. 

A : Tu te souviens de ton premier logiciel de compo ?

HJC : Alors là, je vais dire un nom que peu vont avoir. Mes darons étaient un peu dans un délire où ils ne voulaient pas qu’il y ait Windows sur les ordis à la maison, du coup j’étais sur Linux. Donc j’ai diggé les logiciels là-dessus. Sauf que comme c’est libre et fait par des bénévoles, ça met du temps à se développer. Et donc le premier que j’ai utilisé, je crois que c’était… LMMS. C’était un genre de FL studio en version bêta, archi bugué, mais je pouvais faire des prods. C’était archi galère. Quand je suis passé sur Ableton, j’ai eu une révélation. Comme Son Goku quand il enlève ses poids ! [rires]

« Je n’ai jamais eu le réflexe de me dire : “Il faut que j’achète une prod”. J’ai direct voulu le faire moi-même. Ce n’était même pas pour faire le prouveur, c’est juste que ça coûtait de l’argent et ça me paraissait inaccessible. »

A : Sur 1er Mouvement, tu dis que tu as débuté avec YouTube et des tutos. Tu as tout appris tout seul ?

HJC : Oui, au début. J’étais un peu le geekos de la bande quand même, j’essayais de vraiment comprendre comment ça fonctionnait pour faire une prod. J’ai toujours eu ce truc où je rappais et en même temps, j’étais sur l’ordi en train de faire une prod, mixer… Je n’ai jamais eu le réflexe de me dire « Il faut que j’aille dans un studio, il faut que j’achète une prod ». J’ai direct voulu le faire moi-même. Ce n’était même pas pour faire le prouveur, c’est juste que ça coûtait de l’argent et ça me paraissait inaccessible en fait. Donc j’ai préféré le faire moi-même.

A : On a vu dans ton parcours que tu faisais partie d’un collectif en 2020, Diamond League. Vous avez même sorti une mixtape cet été-là, Hennessy Summer Hits. 

HJC : [Sourire] Ce sont les potos à l’ancienne ! J’ai commencé le rap avec eux, à Toulouse/Albi. Les connexions se sont vite faites parce qu’il n’y avait pas 1000 personnes qui étaient dans le rap. Je parle avec un poto du foot, « Ah tu kiffes Hamza toi ? Passe à la maison », puis un autre poto en ramène un autre, et ça crée une bande. On était de différents coins de la ville et on se réunissait souvent chez moi. J’étais celui qui avait le micro, la carte son, l’ordinateur, et je savais un peu comment ça fonctionnait. Ma chambre, c’était un peu le mini-studio, il y avait beaucoup de monde qui passait chez moi pour faire de la musique, un freestyle. On a fini par faire cette mixtape, c’était un été, on était tous ensemble, il n’y avait rien à faire. Mais ce sont vraiment les débuts, les tous premiers trucs de moi qu’on peut trouver sur internet. 


II. Cycles et matière 

A : Dans le même temps, le confinement arrive. Est-ce que cette période t’a permis de prendre le temps de vraiment apprendre à faire des prods ?

HJC : En vrai, je maîtrisais déjà le truc. Je faisais énormément de prods, mais je ne les sortais pas. Par contre, cette période-là a joué sur mon envie d’aboutir à un vrai projet. C’est pendant le confinement que j’ai fait Premier Cycle. J’étais dans la grotte pendant deux mois, en train de tester des trucs. J’ai vraiment eu le temps d’expérimenter des choses. J’avais envie que ce soit solide et j’ai pris ça vraiment au sérieux. 

A : Dès le 1er Cycle, des petits médias commencent à parler de toi, non ?

HJC : Ce qu’il s’est passé, c’est qu’on était à ce moment-là à un revival de Soundcloud. Il y avait quand même du monde de la scène française dessus. Et je crois que l’équipe actuelle du collectif Nava est tombée sur ma musique. Une partie d’entre eux était dans un collectif de producteurs qui s’appelait Crystal Club à l’époque et ils ont bien aimé ce que je faisais, donc ils m’ont partagé. Ça a fait circuler mon nom assez vite. J’aimerais vraiment les remercier pour ça d’ailleurs, parce que ce sont les premiers qui m’ont un peu partagé, avec mes gars autour de moi. Mais ça restait très confidentiel. Par contre, j’ai enchaîné assez vite les deux premiers Cycles, et ça m’a aidé pour que ça prenne.

A : Il y a quelqu’un d’autre qui a l’air d’avoir été important pour te faire découvrir, c’est Beamer. Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ?

HJC : Beamer, c’est le premier rappeur qui m’a donné de la force, et ça s’est fait via internet. Il a vu un clip, il a kiffé, il m’a envoyé un message. J’ai écouté ce qu’il faisait avec son équipe, j’ai trouvé que ça tuait, donc j’ai dit oui direct pour le rencontrer. Et il m’a régalé, il m’a ramené en studio, je n’étais quasiment jamais allé dans un studio… Le soir de notre rencontre on a fait un ou deux sons, et on a kiffé. De là on s’est dit « Viens on refait des sons ». Et c’est comme ça que notre EP Mauvaise Musique est né.

A : On a l’impression que Mauvaise Musique fait un peu parler de toi à sa sortie.

HJC : En vrai, oui. J’ai parlé avec Alpha Wann et il me disait qu’il m’avait découvert avec ça, par exemple. J’étais surpris, parce qu’il n’avait pas grave tourné non plus. Mais c’est vrai qu’à l’époque, même le morceau « Mauvaise Musique » avait un peu marqué les gens.

« Entre le 2eme Cycle et le 3ème Cycle, toute la magie s’est mise en marche. J’ai reçu des appels de labels, Grünt m’ont contacté pour faire le freestyle, tout s’est activé super vite.  »

A : Selon toi, quel est le premier morceau ou EP qui t’a fait connaître ?

HJC : Je dirais le 3ème Cycle.

A : Ah oui ? Il y a quand même le morceau “Dromadaire” avant.

HJC : C’est sur l’EP 2ème Cycle mais il a été découvert un peu à retardement. En fait, entre le 2eme Cycle et le 3ème Cycle, il y a eu un laps de temps où toute la magie s’est mise en marche. J’ai reçu des appels de label, Grünt m’ont contacté pour faire le freestyle, tout s’est activé super vite. 

A : Sur 1er Mouvement, tu dis d’ailleurs que tu aimerais refaire ton Grünt parce que tu estimes que tu étais un peu jeune. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

HJC : C’est arrivé archi vite. Ils m’ont appelé en me disant : « Dans un mois, on fait un Grünt ». J’étais en folie. Mais je n’ai pas eu le temps de… [il marque un temps de réflexion] Tu sais, maintenant, les mecs les préparent bien. C’est quand même un peu iconique comme format, donc tu as envie qu’il soit le plus parfait possible. Je crois que c’est ce qui est bien aussi, les erreurs qu’il y a dedans et la spontanéité. Mais quand je le regarde aujourd’hui, je me dis que je n’étais pas prêt à 100%. C’est la vie, c’est peut-être bien que ça se soit passé comme ça. Tu ne peux pas tout maîtriser. Mais si on ne parle que de rap, j’aimerais bien le refaire maintenant, même pour comparer et pour le tuer un peu plus que ça !

A : Est-ce qu’à partir de 3ème Cycle, tu te dis que vivre de la musique est possible ?

HJC : Avec 3ème Cycle, on a sorti du merch pour la première fois, des versions physiques. Les gens ont été réactifs, c’est devenu concret. Je me disais : « Ah oui, ok, là il y a vraiment un public qui m’écoute ». C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé à me structurer en rencontrant mes managers Julien et Léo [Julien Thollard et Léo Thomelet, ndlr]. Tout ça s’est fait en six mois, c’est allé très vite. Sur 2ème Cycle, je me disais « Si un jour j’arrive à faire un billet avec la musique, c’est une dinguerie. Pareil si je fais un concert ». Et six mois plus tard, sur le 3ème Cycle, je me disais « Ok, là, je crois que je peux commencer à en vivre ». 

A : Sur cet EP, tu as un morceau qui se démarque, « 3 Meufs ». Est-ce qu’il a été important ?

HJC : Oui, quand même. Je crois que les gens ont accroché à ce délire-là, ça les a peut-être surpris aussi. Ils ont sûrement plus compris qui j’étais avec ce morceau, et c’était un peu différent de ce que j’avais sorti auparavant. Même moi, ça m’a choqué au début quand je voyais la réaction des gens en concert. Ils le connaissaient par coeur, il avait bien tourné. Peut-être aussi parce que c’était un morceau plus personnel. 

A : Est-ce que c’est aussi à cette période que tu rencontres Mairo ?

HJC : Oui, c’est au moment du Grünt qu’on se rencontre. J’écoutais ce qu’il faisait et Mairo m’avait envoyé un message un peu avant en me disant « Lourd ce que tu fais » . On avait commencé à parler un peu. Le Grünt arrive et je lui dis « Bah gros, viens en fait ». Et il est venu et il a tué ça, il nous a mis une petite claque de rap. 

A : Qu’est-ce qui fait qu’il y a une telle alchimie entre vous ?

HJC : Je crois que c’est le rap, simplement. On a ce truc-là que tout le monde n’a pas d’être aussi des kiffeurs du rap à l’ancienne. Quand on parle, on peut vraiment discuter des heures. Il est par exemple, fan de Nakk Mendosa, et tout le monde ne va peut-être pas connaître dans notre génération. Et ce n’est pas grave ! Mais je pense que c’est ça qui nous a unis. On a les mêmes influences. 

« Ce qui m’intéresse le plus dans la musique, c’est d’expérimenter. Et en vrai, je continuerai toujours à essayer de nouvelles choses, parce que sinon je ne vais pas m’amuser.  »

A : Après 3ème Cycle, tu sors ta première mixtape, Matière Première. Tu vas vers un son plus électronique avec le musicien Jorrdan. Tu avais envie d’essayer autre chose ?

HJC : Oui, exactement. Je me suis un peu mis la pression pour ce projet-là, en me disant que c’était ma première grosse sortie. Ce qui a été à la fois un bien et un mal, parce que ça m’a permis d’être plus ambitieux, mais la difficulté, ça a été de garder le côté intimiste de ma musique, ma personnalité. Je suis quand même fier de ce projet, mais c’était assez expérimental au final. Même dans mes textes, je me trouve moins aiguisé. Je ne maîtrisais pas tout, pas dans le sens « technique » mais plutôt dans le sens artistique, dans la direction que je voulais prendre. Il y avait des tentatives mal maîtrisées, tout simplement. Dans le côté électronique, il y a des choses que je trouve réussies, d’autres un peu moins. Mais je kiffe quand même, parce que ce qui m’intéresse le plus dans la musique, c’est d’expérimenter. Et en vrai, je continuerai toujours à essayer de nouvelles choses, parce que sinon je ne vais pas m’amuser. 

A : Matière Première t’a permis de faire comprendre à ton public que tu pourrais faire des choses différentes dans ta musique ?

HJC : Je crois, oui. C’est une mixtape qui n’a pas montré qui j’étais, parce qu’elle ne me représente pas vraiment musicalement. En revanche, elle me correspond dans le sens où je peux expérimenter. Si demain, je viens avec un album qui n’a rien à voir avec ce que je fais d’habitude, mon public va quand même aller écouter, par curiosité. À mon avis ! J’espère en tout cas. 

III. 1er Mouvement

A : Il s’est passé deux années entre Matière Première et ton nouvel EP 1er Mouvement, une période où tu as aussi sorti assez peu de morceaux. Tu as eu besoin de ralentir ?

HJC : Oui. Dans ma vie perso, il y a eu des événements un peu relous qui m’ont fait prendre du recul. C’est peut-être aussi le fait de grandir, je me suis demandé ce que je voulais vraiment faire. L’expérimentation, c’est cool, mais parfois tu te perds un peu et tu te dis « Attends, où je veux aller ? Qu’est-ce qui me fait kiffer ? ». J’ai pris le temps de me poser ces questions, de repartir dans une autre voie. Ce que je kiffe avec 1er Mouvement, c’est que je pense que c’est vraiment moi. Je me ressens dans le projet, ce qui n’est pas forcément le cas quand tu fais du son. Parfois, tu écoutes, tu trouves ça lourd mais tu ne comprends pas comment t’as fait ça.

A : Sur « Deuxième peau », tu dis : « Ça fait deux mois que j’fais des maquettes, j’suis toujours au même stade ». Est-ce que tu as eu du mal à trouver la ligne directrice de cet EP ?

HJC : Au début, j’ai beaucoup tâtonné. C’était en janvier, on revenait du Japon et je me posais grave des questions sur la direction à prendre. J’ai fait plein de maquettes, et à un moment donné est sorti « Kaboul Kitchen », l’intro. À partir de là, j’étais en mode « Ok, là ça me plaît, je commence à trouver quelque chose ». C’est allé assez vite après. De manière générale et même pour mes premiers projets, il y a toujours une période où ça gamberge. Et une fois que j’ai assez gambergé, ça sort. Mais ça peut arriver assez vite ! Pour 1er Mouvement, je voulais me recentrer sur moi, mon propre truc, ma propre sonorité, comme à l’époque de 1er Cycle. Je voulais aussi une ambiance un peu nostalgique, mélancolique. Après une si longue période, je pense justement que j’avais des trucs à dire.

A : Musicalement, c’est ton projet The Alchemist, il y a énormément de samples un peu anciens, même si tu mets des rythmiques plus modernes par-dessus.

HJC : Oui, j’avais envie de ne faire que ça à ce moment-là. Les samples bruts à fond, c’était mon délire. Tu as raison sur Alchemist, parce qu’à cette période j’écoutais pas mal les Boldy James, Roc Marciano.

 A : Pourquoi repartir sur une trilogie d’ailleurs ?

HJC : J’ai tellement kiffé faire la première avec les trois Cycles que j’avais vraiment l’impression que c’était le format qui me correspondait. Tu as le temps d’étaler une touche, une patte musicale, de développer un truc, sans pour autant saouler les gens avec un projet de 24 titres. Je trouve qu’un EP, c’est efficace : il n’y a pas de fioritures, pas de morceaux à jeter – en général – mais je peux développer un style avec une petite évolution. C’est un peu comme le délire des Quatre Saisons. Ou de la science-fiction. À la base, l’inspiration, c’était Asimov et son Cycle des robots. C’est comme si tu construisais un univers avec des personnages, c’est un lore en fait.

« J’ai une petite idée dans la tête pour le 2ème et 3ème Mouvement. Je vais essayer de faire un délire stylé. Mais je ne le dis pas pour l’instant. »

A : « Hustleuse », « 3 meufs », ce sont des morceaux qui se démarquent dans ta discographie. Est-ce que c’est un hasard ou est-ce que tu aimes particulièrement faire des chansons d’amour ?

HJC : [Sourire] Moi, carrément, je n’aime pas les sons d’amour. Ça ne me touche pas plus que ça, c’est trop premier degré. J’ai du mal avec les trucs trop premier degré, j’ai l’impression que c’est niais. « 3 meufs », je n’ai pas vraiment fait exprès de le faire à thème. À la base, j’ai fait un couplet et j’en avais un deuxième qui n’avait rien à voir. Julien mon manager m’a dit « enlève le deuxième, il sort du truc », parce qu’il a direct capté que c’était un morceau à thème. Finalement, c’en est un mais ce n’était pas ma volonté. Alors que pour « Hustleuse », je voulais vraiment faire un morceau à thème sur ma meuf. Je crois que je l’ai fait en deux ou trois jours. J’étais seul chez moi, je faisais ma petite vie, et dès que j’avais le temps, je me posais. Je suis vraiment content du résultat.

A : Tu as déjà fait les 3 Mouvements à l’avance ? Ou tu veux les faire en temps réel ?

HJC : Non, je vais les faire en temps réel. Mais j’ai une petite idée dans la tête pour le 2ème et 3ème Mouvement. Je vais essayer de faire un délire stylé, mais je ne le dis pas pour l’instant. [Sourire] 

A : Pour cet EP, tu as accordé beaucoup d’attention aux visuels. Déjà à l’époque de la trilogie des Cycles, il y avait beaucoup d’application sur les covers notamment. Ça te plait de t’impliquer sur ce côté-là de tes projets ?

HJC : Oui, de plus en plus. C’est comme si tu faisais un tableau : il faut le mettre dans le meilleur cadre, dans le meilleur musée, sur le meilleur mur. En plus de ça, parfois, ma musique n’est pas forcément la plus accessible, donc j’aime bien essayer de donner plus de clés, de portes d’accès. J’essaie de la mettre en valeur le mieux possible. Même, visuellement, l’univers est important. C’est pour ça que je kiffe travailler l’image.

IV. Le son H JeuneCrack

A : Pour terminer, on voulait parler de ton « son ». À l’écoute de tes morceaux, notamment tes productions, il y a quelque chose de proche de la scène abstract hip-hop, mais aussi de J Dilla, Madlib, MF Doom, notamment dans le fait de faire des prods différentes avec parfois des rythmiques un peu bizarres. Est-ce que ça t’a inspiré ?

HJC : Fort ! Ça et leurs héritiers, comme Earl Sweatshirt ou Roc Marciano, dans le côté élégant, un peu fly. À l’époque de 1er Cycle, je me butais à MIKE et Earl Sweatshirt, au moment de Some Rap Songs. On dirait qu’il est défoncé et qu’il a des hallucinations. C’est onirique, un peu.

A : Dans tes rythmiques, il y a toujours quelque chose d’un tout petit peu décalé comme J Dilla, qui les faisait lui-même « à la main » pour que ça sonne humain.

HJC : Oui, bouncy un peu. Je kiffe ce genre de rythmiques en vrai. Quand c’est trop droit, ça ne marche pas. J’aime bien les rythmes assez rebondissants, chaloupés. J’aime bien les grooves.

A : Et en même temps, tu ne fais pas complètement du The Alchemist dans ta musique. Sur 1er Mouvement, tu mets toujours une rythmique très moderne, trap, par-dessus. Tu veux quand même faire quelque chose d’actuel.

HJC : Oui, carrément. L’abstract hip-hop, ça peut parfois toucher à l’excellence, mais ça peut aussi devenir chiant à écouter. Donc je kiffe aussi les trucs beaucoup plus modernes, de Détroit, de Californie, de la Bay Area. Mais c’est vrai que j’ai ce truc où un beau sample me touche directement, et c’est la facilité parfois. Les boom-bap aussi, je sais que je peux rapper très facilement des choses, mais ça ne me fait pas kiffer plus que ça. Je me bute au rap américain parce que je trouve que ce sont les plus sincères et les plus originaux dans leurs démarches. Ils ont vraiment cette mentale de faire quelque chose qui leur ressemble et pas un truc qui sonne comme un tel ou un tel. 

A : Justement, les samples sont caractéristiques de ta musique. Comment est-ce que tu les trouves ?

HJC : Il y a plein de sources. YouTube, les vinyles, parfois les sites obscurs. L’autre jour, j’ai trouvé un site qui référençait toutes les BO de jeux vidéo de toutes les consoles. Tu cliques sur “aléatoire” et tu te retrouves avec un jeu japonais des années 95, avec des bruits de « bip-bip » et tout. Même dans la rue parfois, en fait, dès qu’il y a un son qui passe, j’ai une oreille qui traîne par réflexe. Je pense « il y a une belle nappe, je pourrais la sampler ».

A : Sachant que la plupart du temps, tu fais tes prods toi-même, qu’est-ce qui fait que tu as envie de travailler avec un autre beatmaker ?

HJC : Je trouve que les meilleures sessions, ce sont les sessions partagées. C’est un moment unique qui se cristallise. Alors que quand je fais des prods tout seul, le lendemain je pourrai faire une prod tout seul et ainsi de suite. C’est plus dur de trouver le truc unique de la session ou du moment. Et ce que j’essaie vraiment de respecter dans ma musique, c’est que chaque prod soit unique, avec son caractère, sinon ce n’est pas la peine. C’est comme si tu créais un personnage : il doit avoir sa personnalité, son délire. Je préfère faire une mauvaise prod, mais qu’il y ait un délire, plutôt qu’une prod qui sonne bien mais que j’ai déjà faite quatre fois. Et quand tu collabores avec quelqu’un, c’est beaucoup plus unique parce que c’est le fruit du partage de ce moment-là. Si tu es tout seul, tu contrôles tout ce qui se passe. Il n’y a jamais d’autre idée qui va venir te déranger.

A : Tu as testé des trucs inédits que tu ne sortiras jamais ? Un genre, une tendance ? 

HJC : Franchement, j’ai tout fait. L’autre jour, je faisais un morceau de baile funk chez moi. Avec Mako, on a fait un son archi electro house. J’ai testé plein de trucs. Avec Jorrdan, à l’époque de Matière Première, on avait aussi fait un son industriel avec uniquement des bruits de machines qui explosent. À la base, je voulais poser dessus, mais c’était vraiment too much. C’était inécoutable. Parfois je vais voir Bricksy & 3g, on va faire un truc très américain. Le lendemain, je serai avec Mako qui joue de la guitare. Le lendemain, je serai avec Jorrdan qui fait des bruits de machine. J’aime tout essayer, aller dans une vibe différente à chaque fois.

« Je rappe mes pensées, ma manière d’être, donc des trucs politiques me viennent parce que j’y pense. Quand tu t’exprimes, tu dois aussi partager ta vision de la vie, de la société qui t’entoure. »

A : Sur « Manita », tu dis que le rap en France est toujours en retard. Est-ce qu’il y a des artistes sur la scène actuelle du rap francophone que tu trouves réellement avant-gardistes ?

HJC : En fait, il ne s’agit pas d’être « avant-gardiste », c’est juste qu’on est en retard parce qu’on suit et qu’on décide de suivre. Alors que si on faisait notre propre délire, vraiment, on ne serait pas en retard puisqu’on serait les créateurs de notre propre délire. Quelqu’un d’avant-gardiste, c’est juste quelqu’un qui a davantage la vision sur ce qui se fait actuellement. Mais il n’est pas en avance, il n’est pas vraiment avant-gardiste. Ceux qui sont les plus avant-gardistes, pour moi, ce sont les mecs de Marseille, Jul etc, parce que ce sont les seuls en France qui ont créé leurs propres sonorités. Et en vrai ils ne sont même pas avant-gardistes. Ils sont juste honnêtes et sincères dans leur démarche. 

A : Oui parce que tu dis aussi sur le morceau que sinon, ce ne sont que des gens qui suivent des tendances, au final.

HJC : Ce n’est pas mal de suivre une tendance, parce que c’est la culture, c’est normal, tu t’inspires et tu recrées. Mais je pense qu’on gagnerait à être plus sincères et plus courageux dans les propositions qu’on fait en France, un peu comme en Angleterre. Ils ont leurs sonorités, leur patte musicale, comme à Marseille. En fait, c’est comme si on copiait les Américains, mais sur le mauvais truc. On les copie sur la forme, on copie leur tendance, leur style, alors que ce qu’on devrait vraiment copier, c’est leur mentalité. « Je suis 100% moi, 100% original ». Leur mentalité de s’en battre les couilles. C’est aussi ça qu’ils ont à Marseille, je trouve.

A : Au niveau de ton écriture, ta musique est remplie de « barz ». Tu dis souvent que tu les notes, on a l’impression que tu es tout le temps en train de cogiter. Tu aimes bien aussi avoir des phases un peu surprenantes, sorties de nulle part. Tu cites Despo Rutti sur 1er Mouvement, qui a un peu la même caractéristique, à un niveau encore plus fort. 

HJC : À force d’écrire des textes, de chercher des trucs dans ma tête, maintenant ça vient tout seul. Dès que je suis dans un moment où je ne fais rien, mon cerveau se met en mode automatique, recherche de rimes, recherche de phases. À chaque fois que je suis en vélo, je trouve au moins cinq phases et je me mets sur le trottoir pour les noter. Je n’aime pas oublier les phases, c’est frustrant. Ce que j’aime bien dans la musique, même dans l’art en général, c’est le côté radical, assumé, original. J’adore dire franchement les choses. Quand Despo dit un truc archi brut, archi dur, ça te frappe, ça te touche.

A : Comment est-ce que tu fonctionnes pour écrire ?

HJC : Je cherche des phases à droite à gauche. Parfois, certaines se réunissent naturellement. J’ai beaucoup de notes dans mon téléphone et j’essaie de réunir quand j’ai besoin de faire un couplet. Je suis un peu tout le temps en train d’écrire, mais si là, tu me demandes de me poser et d’écrire un texte, je ne sais pas si je vais y arriver. Au moment de faire un son, je peux me poser avec la prod et il y a de nouvelles choses qui viennent forcément, mais je pars de ce que j’avais déjà écrit. 

A : Dans tes textes, il y a aussi toujours des références politiques. Contre l’extrême droite, pour la Palestine… D’où te vient cet engagement ? Est-ce qu’il est important pour toi ?

HJC : Mes parents sont aussi radicaux politiquement et ils ont une conscience politique qu’ils m’ont transmise. Ils veulent comprendre comment le monde fonctionne donc c’est naturel, ce n’est pas forcément pour revendiquer un truc. Je rappe mes pensées, ma manière d’être, donc des trucs politiques me viennent parce que j’y pense. Quand tu t’exprimes, tu dois aussi partager ta vision de la vie, de la société qui t’entoure. Ceux qui disent qu’ils sont apolitiques, ce n’est pas vrai. Tout le monde a une vision sur ce qui l’entoure. Tu vis dans un système, donc tu dois essayer de comprendre comment il fonctionne, sinon tu es juste un zombie. Tu es dans le déni, tu te mets des œillères.

A : Tu trouves qu’on manque d’engagement dans le rap français ?

HJC : Je pense que, de manière générale, il n’y a pas assez de sincérité et de courage. Si les mecs avaient plus de courage, peut-être qu’ils en parleraient un peu plus. Après, je ne vais pas leur taper dessus, chacun parle de ce dont il a envie. Mais je pense que ce serait mieux si tout le monde était un peu plus sincère et courageux. 

« Je n’ai jamais voulu faire le mec mystérieux qui ne donne aucune interview. C’est juste que je n’avais pas le sentiment que j’avais grand chose à dire avant ça. »

A : Tu parles aussi beaucoup de toi dans tes morceaux, ce n’est pas que des punchlines. C’est important pour toi de ne pas seulement faire le prouveur ?

HJC : C’est surtout important que je sente que mon texte est consistant. Il faut qu’il y ait des barz et que je raconte un truc réel sur moi. S’il n’y a que des blagues, ça sera trop léger et s’il n’y a que des phases intimistes, ça sera chiant à écouter. Mais les blagues sont quand même un bon moyen de t’exprimer, surtout quand tu es un peu pudique. 

A : Tu fais aussi une tonne de référence au foot, et souvent à des joueurs qui étaient là avant que tu sois né. C’est ton autre passion avec la musique ?

HJC : [Rires] En vrai, je suis un gars basique. Le foot et le rap. Et comme pour le rap, je suis un peu un digger du foot. Dans tous les domaines de la vie, je suis un peu obsessionnel. Dès que j’aime bien un truc, j’aime en connaître les références, etc. Coupe du monde 98, j’apprenais les buts par cœur.

A : Tu es réputé pour improviser des textes en concert, avec des mots donnés par ton public. C’est important pour toi de se plier à des exercices comme celui-là ?

HJC : Non, ce n’est pas important, mais c’est un truc que j’aime bien faire. Les gens ont parfois l’impression que c’est un peu fake quand c’est sur scène. Et quand ils captent qu’ils peuvent interagir avec toi en te donnant des mots, ça les fait kiffer. Ils sont en mode « là c’est réel, il est en train de rapper mon mot ». C’est un moment unique à chaque fois. Parfois, les impros sont plus ou moins réussies, mais j’aime bien. Je le fais un peu en référence au rap d’avant aussi. Une dédicace aux anciens quand ils faisaient des impros. C’est un peu pour rigoler, on mime le truc à l’ancienne, mais on le fait sérieusement. Je me sens grave bien sur scène, depuis le début. Même quand j’étais plus petit et que je faisais des trucs à la MJC, je ne sais pas pourquoi. J’ai l’impression de savoir quoi faire. C’est comme au foot : tu stresses de ouf dans les vestiaires et une fois sur le terrain, tu ne réfléchis plus et tu kiffes ton moment.

A : Au final, qu’est-ce que tu préfères faire :  rapper ou faire des prods ?

HJC : Ça, c’est une bête de question. Ça dépend des jours. Le problème, c’est que faire des prods, c’est bien parce que ça peut durer. Même à 50 ans, je pourrai faire des prods. Alors que si tu as 50 ans et que tu rappes, parfois, c’est compliqué. [Rires] Mais rapper, c’est tellement plus sensationnel. Tu sors vraiment ce que tu as en toi. Je crois que je préfère rapper, en vrai. Mais ça dépend des jours.

A : Ça fait pas mal d’années que tu es là maintenant. Tu commences aujourd’hui à prendre la parole en interview. Pourquoi avoir attendu 1er Mouvement pour le faire ?

HJC : Je crois que je n’étais pas assez mûr avant, je maîtrisais moins ce que j’avais envie de dire. Comme j’ai bien mûri ce projet-là, j’ai l’impression de pouvoir mieux en parler. J’ai envie de faire des interviews où il y a du fond, où je raconte vraiment un truc. Si je fais une interview alors que ça fait six mois que je fais du rap, je ne vais rien dire. Là, ça fait deux-trois ans, il y a un premier arc qui est passé. J’ai la sensation que je peux représenter ce projet, en parler, et que j’ai des trucs à raconter en interview. Mais je n’ai jamais voulu faire le mec mystérieux qui ne donne aucune interview. C’est juste que je n’avais pas le sentiment que j’avais grand chose à dire avant ça.

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