Georgio
Il a vingt ans, cite Hugo du TSR Crew comme principale influence, a des tonnes de rimes à revendre et s’apprête à sortir un EP commun avec l’ultra-productif Hologram Lo’. Plongée dans l’univers de Georgio.
L’auditeur lambda, noyé dans le déluge de sorties actuelles, pourrait avoir tendance à aller vite, collant des étiquettes sur des artistes qui mériteraient pourtant davantage de considération. Proche de l’Entourage, auteur de quelques morceaux estampillés boom-bap – on ose le terme en ayant bien conscience que celui-ci est sauvagement malmené aujourd’hui -, Georgio est un rappeur susceptible de subir un sort similaire. Cela équivaudrait malheureusement à passer à côté d’une vraie singularité.
Sur son affiliation avec l’Entourage, Georgio, âgé de 20 ans et qui a pris le micro pour la première fois lorsqu’il en avait 13, tient à préciser les choses : « Je fais partie de la 75ème session qui est proche de l’Entourage puisque des membres du collectif avaient réalisé le clip de « Dans ta réssoi ». Je suis pote avec 75% des membres de l’Entourage et je suis tout le temps avec les mecs de S-Crew. Forcément, les gens ont rapidement fait l’amalgame ». Apparemment anodine, la nuance a son importance. En effet, si les membres de l’Entourage s’accordent généralement pour citer l’école Time Bomb comme source principale d’influence, ce sont d’autres rappeurs qui ont donné envie au MC de Marx Dormoy de prendre la plume. « Mon plus gros choc auditif, c’est Hugo du TSR Crew témoigne Georgio. L’album Flaques de Samples m’a vraiment retourné et, encore aujourd’hui, je pourrais te le rapper comme si c’était mon propre disque ». Cette référence indique clairement les préférences de Georgio, amateur d’images fortes et assez critique envers la surabondance de multisyllabiques tape-à-l’œil. Sur le sujet, il avoue que « jouer avec les syllabes, varier les flows » est une esthétique appréciable mais reconnaît volontiers qu’« une frappe en lucarne est parfois plus efficace qu’une série de dribbles », citant alors le morceau « Zoo » de Kaaris. « Je reste quelqu’un de torturé par la rime mais la rime doit uniquement être une arme supplémentaire ajoute-t-il. » On comprend alors aisément pourquoi le morceau « C’est mieux comme ça » de Saké avait bouleversé le rappeur à sa sortie, les textes semblant refléter directement sa propre existence.
Peu de rappeurs américains cités lorsqu’on lui demande ses références, Georgio assumant complètement son côté fan de rap français. Si son rap est aujourd’hui très personnel, voire intimiste sur certains morceaux, les premiers textes de Georgio étaient beaucoup plus engagés. « Au départ, je faisais un rap de minot très contestataire, je parlais de racisme, je parlais de la rue mais je n’y connaissais pas grand-chose… Les choses sont devenues plus sérieuses quand j’ai rencontré mon pote Walaz ». A deux, les compères forment le groupe 93 Millimètres et sortent même une première net tape en 2008 intitulée Go Fast. « On a fait un bout de chemin ensemble jusqu’à ce que Walaz parte dans un délire super cainri alors que je reste très rap français ». Pourtant, Georgio, comme bon nombre de ses pairs, a été littéralement bouleversé à la découverte de Mobb Deep, citant le groupe de Queensbridge comme une véritable référence, de même que l’ensemble du rap français mélancolique et hivernal très en vogue dans la première partie des années 2000. Le fait d’avoir rappé avec son pote Bazoo sur la face B de « Burn » de Meek Mill restera probablement un cas isolé tant Georgio reconnait que sa sensibilité se porte volontairement vers ce rap « piano-violon ». « Ceci dit, même si Soleil d’hiver reste du Georgio à 100%, il y a des prods beaucoup plus actuelles, voire electro. »
Soleil d’hiver, c’est justement le EP prévu le 6 mai et dont « Saleté de rap » est le premier extrait. Conçu avec Hologram Lo’, membre de 1995 et principale satisfaction de Paris Sud Minute, le projet est censé concrétiser le buzz né en 2012 autour du MC. Après Mon prisme, un autre EP sorti en décembre 2011, Georgio avait à cœur de passer à la vitesse supérieure, raison pour laquelle il a contacté Lo’. « On se connaissait de vue avec Lo’ précise t-il et je lui avais demandé s’il était chaud pour me faire une prod ou deux. On s’est capté et il m’a rapidement proposé de partir sur un 5 titres. Une fois arrivé à 5 titres, j’étais chaud pour ajouter des morceaux ! » Finalement, 9 pistes composent Soleil d’hiver. « Le projet s’est vraiment construit au feeling. Au début du projet, Lo’ m’avait filé son iPod qui contenait plus de 500 sons dont 100 de ses prods. Je suis parti en vacances avec mais, au final, toutes les prods que j’avais retenues étaient déjà réservées par d’autres rappeurs [Rire]. » Il faut dire que Lo’, particulièrement occupé l’année dernière entre l’album de 1995 et le projet Le singe fume sa cigarette, n’est pas du genre à chômer. S’il fallait expliquer le titre du projet à venir, on pourrait grossièrement définir Lo’ comme le soleil et Georgio comme l’hiver. « Je pense que « Saleté de rap » est bien représentatif du projet parce que le texte est assez mélancolique mais la prod de Lo’ vient relever le tout, lui donne un peu de chaleur. Tout le projet est comme ça. »
Au rayon des invités, Georgio a décidé de donner aussi bien dans le respect des anciens que dans la célébration de cette nouvelle génération dynamique à laquelle il semble fier d’appartenir. Extrêmement attaché au XVIIIème arrondissement et à son héritage rapologique, Georgio s’est fait plaisir en invitant Koma et C.Sen sur le même morceau. « C’est une petite victoire d’avoir la reconnaissance de ses pairs reconnait-il. Koma m’avait envoyé un message sur Twitter en me disant qu’il avait kiffé un de mes vieux clips et c’est comme ça qu’on a commencé à parler. C. Sen, j’avais adoré son premier album et je l’ai capté alors qu’il était en train de graffer au Parking [NDLR : nom donné à un terrain vague situé dans le XVIIIème arrondissement de Paris]. » Un autre morceau le verra croiser le micro avec Alpha Wann, Lomepal et Vald. Plusieurs morceaux existent déjà avec ce dernier, un projet en commun n’étant pas exclu même si le rappeur conçoit l’écriture comme quelque chose de très intime pour le moment, se voyant encore difficilement partager l’ensemble d’un projet avec un confrère rappeur.
Ceux qui feront remarquer à Georgio qu’il peut être curieux de parler d’hiver pour un disque sortant au mois de mai auront une réponse déjà toute prête pour eux : « J’habite à Paris, je vois la pluie 75% de l’année, je vois de la neige en mars… Mon rap restera forcément gris [sourire]. » Cette sincérité là est probablement le marqueur le plus essentiel du rap de Georgio, incapable de mélanger rap et comédie. C’est également la raison pour laquelle son rap est, jusqu’à présent, très personnel et s’éloigne des thèmes et des storytellings. La meilleure définition de sa musique, c’est probablement lui-même qui la donne lorsqu’il tient à expliquer qu’il ne fait « ni du rap de bobo, ni du rap de rue. » Il enchaîne en précisant qu’il « rappe pour ces fantômes des quartiers défavorisés, qui voient des épiceries et des taxis phone partout quand ils sortent de chez eux mais qui ne se retrouvent ni dans le rap super caillera, ni dans le rap super technique. » Artiste de proximité, on pourrait presque affirmer qu’à défaut d’être un rappeur de rue, Georgio est un rappeur de quartier.
Vrai découverte cette année pour ma part avec le bon projet « Soleil D’Hiver ». Après j’adore les prods de Lo’ qui mettent vraiment en avant le flow de Georgio. J’ai peur que sans son éclairage musicale, l’alchimie ne fonctionne plus pour les sons du MC.
j’dit a parce que les mecs comme soulekoum pullule et qu’ca commence a souler . Laisser le rap faire son chemin il a pas besoin de vos conseils il se porte bien y’a pas de probleme, si vous preferez celui d’avant ecoutez le y’a aucun probleme avec ça . Et si vous comprenez plus ce qui se passe dans le mouv’, lachez l’affaire mais arretez de critiquer .
marre des vieux puristes qui font la morale . vous etes trop vieux pour le rap les gars faites vous y c’est tout, nous les rappeurs de notre generation nous parle parce qu’on est de la meme generation . Le rap c’est une musique qui parle a une jeunesse desoeuvré, vous en faites plus parti vous avez pas les bonnes cartes pour comprendre . Il a du charisme dans la voix, y’a pas besoin de crier ou d’avoir une voie nasillarde pour porter son rap, la voix de georgio colle parfaitement a son rap, tout ça est a propos de sincerité, et techniquement y’a rien a dire, la nouvelle generation a des armes aiguisée ne vous inquietez pas .
Peace
J’connaissais pas, j’ai écouté l’EP et quelques morceaux sur youtube, il a quelque chose en plus des autres de la nouvelle géné. Vrai vécu + passion de la rime on dirait, alors que beaucoup se contente de l’un ou de l’autre…
Allez écouter l’EP « Soleil d’Hiver » c’est une tuerie sérieux !!
Article très bien construit. Je pense que beaucoup de gens le rattache trop à 1995 et l’Entourage, forcement, ils ont contribué à une partie de sa promotion, mais il est clair que Georgio peut se démarquer et faire un bout de chemin dans ce Rap Game. En attendant, j’attend « Soleil d’Hivers » et espère être agréablement surpris.
Super article.
On en resterait même là.
Super article.
Il suffit presque, pas envie d’aller écouter les sons !
Comme pleins d’Mc (en herbe) de cette nouvelle génération, il a aucun charisme ni dans la voix , ni dans l’attitude, et les lyrics c’est que du vent (bla bla blah ) après 4 min y a rien d’intéressant.
Bon article pour un bon rappeur.
je l’ai découvert il y a plus d’un an, il a vraiment progressé, à partir de son EP le prisme ça a commencé a être plus pro’ ! Par contre comme beaucoup d’MC de la nouvelle école il fait trop d’égo trip, ça serai intéressant qu’il essaye le storytelling.
Bref, dans tout les cas j’attends son futur projet !
Belle article pour un bon Mc.
j’ l’a