Bishop Lamont
A chaque fois que Dr Dre signe un artiste sur Aftermath, tout le monde s’attend à ce qu’il devienne le nouveau 50 Cent. Mais de Joe Beast au grand Rakim, nombreux sont ceux à n’être jamais sorti du labo du bon Docteur. Bishop Lamont le sait. Recruté en 2005, son album n’est sensé sortir qu’en février 2008. Il a cependant décidé de prendre les devants en lançant un nombre incalculable de projets, jusqu’à la sortie en ce jour de Noël de sa dernière mixtape « Pope mobile ».
Abcdrduson : Quoi de neuf Bishop ?
Bishop Lamont : Tout va bien mon vieux, ça fait longtemps [rires]. Je suis en studio là, j’attends quelqu’un afin de commencer à bosser.
A : Ok. Faisons taire tout de suite toutes les rumeurs. Où étais-tu ces derniers jours ?
B : J’étais aux Caraïbes mais je ne peux pas vraiment t’en dire plus, c’est une surprise [rires].
A : Que peux-tu nous dire de ton premier single ‘I Dominate’ ?
B : Ahhhhh…C’est aussi un secret ! Ce que je peux te dire c’est qu’il est produit par Dre et que ça va être un truc de dingue lorsqu’il va sortir. Dre et moi venons de clipper le morceau ces dernières semaines et je peux te garantir que ça va faire beaucoup de bruit ! Mais je ne peux pas jouer toutes mes cartes d’un coup, je veux aussi surprendre les gens au maximum.
A : Penses-tu que ce morceau est celui qui va donner la direction du nouveau son de Dre dans les mois à venir ?
B : Non je ne pense pas, c’est juste un avant goût. Il y a tellement de choses dont vous ne vous doutez même pas. ‘I Dominate’ sera juste un avant goût de ce qui va venir après.
A : Qu’attends-tu de ce single ?
B : Il va me permettre d’atteindre le top. A chaque fois que nous faisons un morceau ou un album, nous voulons atteindre le niveau supérieur et l’excellence.
A : Est-ce que cela signifie que l’album va bientôt sortir ?
B : Très bientôt [rires]. L’album sortira probablement en mars au plus tard et février au plus tôt.
A : [rires] Peux-tu me donner plus de détails sur The Reformation ?
B : Il y a beaucoup de gens talentueux sur l’album : bien sûr Dre, Focus, Khalil, Lord Finesse, Hi-Tek, Scott Storch, Bink! qui a produit un morceau qui s’appelle ‘Africa’, Diverse, Design et beaucoup d’autres. Mais je déteste dire le nom des producteurs car j’ai toujours peur d’en oublier.
A : Comment sens-tu que ton style s’est amélioré depuis que tu es chez Aftermath ?
B : J’ai la bénédiction de travailler avec des gens comme Dre, Focus et Khalil qui ne visent que la perfection. Donc quand tu es autour de gens comme ça, tu ne peux que t’améliorer et être amené à te surpasser dans tous les domaines. Regarder des gens comme 50, Eminem, Busta Rhymes et Stat Quo travailler m’a beaucoup aidé aussi. Tout cela a amplifié mes capacités d’écriture, mes techniques d’enregistrement et mes techniques de brainstorming afin de trouver de nouveaux concepts.
A : Est-ce que tu considères que ces techniques sont la chose la plus importante que tu aies appris pour l’instant en étant signé sur le label ?
B : Je ne dirais pas que c’est ça car je suis déjà un peu maniaque en ce qui concerne la discipline mais il est vrai que Dre est encore à un autre niveau dans la perfection. Pour moi, la leçon la plus importante est de voir qu’avec 22 ans de carrière Dre a toujours cette même niaque, hargne et passion pour la musique. Cela me motive beaucoup de voir ça et multiplie ma hargne par deux. Quand tu aimes ce que tu fais, il n’existe plus de limite pour toi.
A : Tu viens de fêter tes 29 ans et pourtant beaucoup de gens te voient comme un jeune rappeur. Penses-tu que tu es plus prêt maintenant à cet âge-là que tu l’étais étant plus jeune ?
B : Quand tu es un gosse, tu as une idée sur la réalité : tu penses que la réalité est ce que tu en fais. Mais il existe plein de paramètres extérieurs dont tu ne peux avoir conscience car tu es beaucoup trop jeune pour les comprendre. Je pensais que de 18 à 20 ans j’étais prêt à sortir un album mais je devais comprendre le business. Je pensais que de 21 à 23 ans j’étais prêt à sortir un album mais je devais d’abord réaliser le travail que je devais fournir en étant sur un label. Je pensais que de 23 à 25 ans j’étais prêt à sortir un album mais même si j’étais signé à ce moment-là, je n’avais pas conscience de toutes les politiques de merde de l’industrie. Arrivé à 27 ans jusqu’à 29 ans, j’ai pu analyser et comprendre tous les aspects du milieu de manière à être à 100% autant au niveau artistique qu’au niveau business. Juste le fait d’expérimenter tout ça m’a permis d’atteindre un sacré niveau.
A : Tu as un style assez varié. Mais plus j’écoute tes morceaux plus j’ai l’impression que tu développes une conscience « politique » dans tes morceaux. Est-ce que c’est quelque chose qui est apparu avec le temps ou tu as toujours rappé à propos de sujets comme la religion ou le racisme ?
B : Ca a toujours fait partie de ma vie, du fait de vivre dans un quartier malfamé de Los Angeles où j’ai beaucoup été victime du racisme lorsque j’y ai déménagé et que les blancs ne voulaient pas de noirs à côté de chez eux. Il y a eu aussi le Ku Klux Klan et des tas d’autres choses. Donc j’ai toujours été victime du racisme et ça fait partie de moi depuis très longtemps. Et il y a encore beaucoup d’autres sujets qui m’affectent encore à ce jour. La religion et le racisme sont des sujets tabous avec lesquels il faudra vivre jusqu’à notre mort. Je ne pense pas que ce soit la bonne solution que de se renfermer sur soi-même : il faut discuter avec les gens, échanger des idées, partager des expériences afin de trouver des solutions. Il a encore des gens qui brûlent des croix, qui demandent l’extermination de gens d’une certaine couleur de peau et en 2008, c’est quelque chose de grave. C’est pourquoi je pense qu’il faut profiter de la musique et du fait que l’on peut plus facilement toucher les gens pour pouvoir parler de ces sujets.
« Certains choisissent de faire de la musique sans parler de la période dans laquelle ils vivent et sans parler de la réalité. Moi, j’ai choisi l’approche opposée. »
A : Exactement, c’est comme les cordes récemment accrochées sur les portes de professeurs noirs à l’université de Columbia…
B : Waowwwwww… Tu vois, je n’étais même pas au courant de ça. Ce genre de truc ne devrait pas être toléré. Certains choisissent de faire de la musique sans parler de la période dans laquelle ils vivent et sans parler de la réalité. Moi, j’ai choisi l’approche opposée et je ne peux pas m’empêcher de mentionner toutes les choses qui ne vont pas.
A : D’ailleurs même les médias n’en n’ont pas parlé !
B : Bien sûr que non ! Car ce sont les plus gros racistes du monde [rires] !
A : Est-ce qu’il y a des sujets sur lesquels tu te sens plus à l’aise ?
B : Je me sens à l’aise avec tous types de sujet. Je veux juste que ce soit la musique qui me dise ce que je dois écrire ou pas. Je lisais cet article sur Quincy Jones à l’occasion de l’anniversaire de Thriller où il racontait que pendant l’enregistrement de l’album, Michael Jackson et lui ne se forçaient jamais : si le son les motivaient à faire telle chose, ils la faisaient sinon ils laissaient tomber. Pour moi, ça marche de la même façon. Quand j’enregistre un morceau, je ne me dis pas à l’avance que je vais parler de telle ou telle chose, je préfère m’ambiancer et laisser le beat me guider.
A : En parlant de Michael Jackson, qui reste un monument de la musique. J’aurais aimé savoir si l’autre monument de la musique, Belvis Lamont, allait sortir un album ?
B : [rires] Tu sais quoi ? On sait jamais ! Tu risques peut – être un de ces jours de trouver un album de Belvis Lamont dans les bacs. Je lui ai parlé hier et il m’a dit qu’il revenait tout juste de sa retraite et qu’il n’était pas encore tout à fait prêt. Mais son show pour mon anniversaire a tellement plu et il a reçu tellement d’amour de la part des gens qu’il a décidé de revenir sur le devant de la scène et de reprendre du service. Donc je pense que vous devriez faire attention et guetter les prochains mois.
A : Cela va faire plus d’un mois que tu as sorti Caltroit avec Black Milk. Quels sont les retours que tu as reçu sur le projet ?
B : C’est la mixtape de l’année et tu peux la trouver partout. Un de mes potes en Irlande m’a contacté pour me dire que la mixtape tournait beaucoup là bas. La tape tourne aussi en France, à Amsterdam, à Londres, en Allemagne, au Japon, en Afrique et c’est quelque chose de très honorifique.
A : Tu as expérimenté des nouveaux flows sur cette tape. Je pense surtout à mon morceau préféré qui est ‘Go At It’. Où t’es tu venu l’idée de rapper comme ça ?
B : J’étais tellement excité d’enregistrer un morceau avec un de mes emcees préférés qui s’appelle Elzhi et aussi avec Phat Kat qui est dingue. De plus le beat de Black Milk est exceptionnel. J’étais en studio avec mon pote Godfather Jay et quand j’ai entendu le beat ça m’a tout de suite frappé. Comme je te disais, je laisse le beat me donner la direction de mon flow et de mon texte. Je ne suis jamais rentré dans la cabine en me disant : « tiens je vais faire ça ou ça« . J’ai été inspiré direct par ce beat et ça a donné ce morceau de dingue.
A : Est-ce que c’est un avant-goût du type de flow que tu vas nous sortir sur « Reformation » ?
B : Ouais, je vais continuer à prendre du niveau mais ce que je veux surtout faire avec cette album, c’est entamer une conversation avec l’auditeur, amener de nouveaux concepts et faire plus de morceaux rentre dedans ! Je veux… [bruits de pas dans le studio] C’est une interview de rock stars ce soir ! Focus… vient d’entrer dans la pièce mesdames et messieurs ! Focus… aka Triple Dots, Dedicated bientôt dans les bacs. It’s Bishop Lamont promotions. [rires]
Focus : Quoi de neuf frangin ?
A : Tout va bien ici, toujours en interview avec Bishop.
B : [rires] C’est mon frère ! Plus sérieusement avec cet album, je veux vraiment me prendre la tête sur les paroles, tout en étant honnête, en parlant de la réalité et de la culture hip hop. Je veux aussi innover. Ce que j’ai fait avec Caltroit, c’est ramener le hip-hop pur et dur sur le devant de la scène : des emcees talentueux et d’excellents producteurs. Avec The Reformation, je veux aussi mettre le storytelling en avant, en m’inspirant de personnes comme Biggie, Slick Rick ou Ice Cube.
A : A propos de l’album. A chaque fois que Dre présente un nouvel artiste aux yeux du monde, il lui fournit un hit en puissance comme ‘My Name Is’ pour Eminem ou ‘In Da Club’ pour 50. Penses-tu que ça va être le cas avec ‘I Dominate’ ?
B : [rires] Il y en a beaucoup d’autres. Ce qui est marrant c’est qu’à chaque fois qu’on enregistre des nouveaux morceaux, ils sont encore plus dingues que les précédents. On prend beaucoup de plaisir à enregistrer tous ces morceaux et je peux vous dire qu’ils vont faire du bruit.
« Qui récupère tout l’argent ? Les Bush. Tout ces fils de putes à Washington amassent l’argent »
A : Est-ce que cet amusement que tu prends à enregistrer est vraiment ce que tu veux ramener dans la musique ?
B : Je veux tout ramener dans la musique. Je veux ramener de l’originalité, ramener les punchlines, les bons rappeurs et aussi la qualité. Il y a tellement de rappeurs qui rappent comme d’autres rappeurs, qui se copient dans le style vestimentaire ou dans leurs flows. Tout le monde sonne pareil, tout le monde porte les mêmes habits, tout le monde va aux mêmes endroits, tout le monde saute les mêmes meufs [rires]. Je veux ramener de la liberté et je veux que les gens puissent se rendre compte que l’on peut dire merde aux labels. Je suis moi-même signé sur un label mais pour une raison très simple si tu ne peux pas avoir le soutien d’un Dre ou d’une grosse machine, tu t’en fous, personne ne peut t’empêcher de faire ce que tu as envie. La liberté pour le peuple. Je veux créer des rebelles qui soient prêt lorsque je lancerais ma rébellion [rires].
A : C’est pas Swizz Beatz et son One Man Band Man mais c’est Bishop Lamont aka One Man NWA ! [rires]
B : [rires] C’est exactement ça. Je veux juste lancer la rébellion et que les gens s’opposent à ce qui se passe en ce moment. Qu’ils puissent dire ce qu’ils pensent et faire la musique qu’ils veulent. Et c’est comme ça que l’industrie du disque va pouvoir sortir la tête de l’eau. Les gens ont tellement de factures et de problèmes à régler qu’ils n’ont pas le temps et l’envie de dépenser des sous dans des albums de merde. Les labels ont tellement utilisé la même formule pendant des années en travaillant avec les mêmes producteurs, en faisant le même type de morceau que les gens en ont ras le bol.
A : Penses-tu que c’est facile de lancer cette rébellion sachant que tu es signé sur le plus gros label hip-hop ?
B : Oui, ça rend les choses beaucoup plus faciles [rires] ! Je veux dire que ça doit venir de l’underground car beaucoup d’artistes dit « mainstream » ne seront sûrement pas d’accord avec ma vision des choses parce qu’ils sont riches. Mais certains d’entre eux seront peut être d’accord avec moi et voudrons aussi se lancer dans cette croisade. J’essaye de ramener la bonne musique là où elle devrait être par le biais de mes projets et même de mes interviews. C’est toujours le message que je cherche à faire passer.
A : Que penses-tu de la vidéo de Joell Ortiz qui circule depuis cette semaine sur le net où Joell explique que Jimmy Iovine aimerait le virer du label ?
B : Je n’ai pas vu la vidéo mais j’en ai parlé hier soir avec un membre d’Aftermath mais je ne pense pas que Joell Ortiz manquait de respect au label…
A : Non pas du tout mais il expliquait sa situation et le fait qu’il sentait qu’on voulait l’obliger à partir…
B : Joell Ortiz est comme un membre de ma famille et fait partie de la même équipe que moi. Mais dans cette situation-là, il doit comprendre le business. Je ne pense pas qu’il ait déjà rencontré Jimmy Iovine. Ce que Jimmy Iovine fait est tout simple : il dépense de l’argent afin d’en gagner encore plus. Tout ce qu’il fait est calculé de manière à pouvoir économiser de l’argent et d’en faire un maximum. C’est du business pur et dur. Beaucoup d’artistes se sont fait viré d’Interscope et il y en aura encore sûrement plein d’autres. C’est un business et les gens ont souvent tendance à mélanger le business avec des affaires qu’ils croient d’ordre personnel. Les rappeurs doivent avoir conscience que ce ne sont pas que leur rap, leur texte etc. C’est aussi un business et c’est pour ça que Joell n’était pas irrespectueux envers le label mais il faisait juste savoir au monde ce qu’un artiste doit endurer pendant sa carrière derrière les rideaux de la scène.
A : C’est clair ! Beaucoup de jeunes rappeurs ou aspirant rappeurs pensent que une fois que tu as signé, c’est bon, tu peux t’endormir sur tes lauriers et tu as fais le plus dur.
B : Ouais, et ce qu’ils ne savent pas c’est que c’est encore plus dur que tu as signé ton deal qu’avant. Tu dois bosser deux fois plus et tu as toujours des choses à prouver. Surtout à ceux qui t’ont signé sur le label. C’est difficile d’enregistrer et de savoir quand tu es prêt à sortir un album, quand tu es au point niveau business, quand ton esprit est prêt à endurer toutes les critiques. Il y a un grand pas à franchir entre être signé et devenir un artiste à succès.
A : Maintenant j’aimerais changer un peu de sujet et parler de tes projets à venir. Que peux-tu me dire sur « Caltroit Metropolis » ?
B : Black Milk et moi avons enregistré tellement de morceaux pour Caltroit qu’on aurait pu sortir un double CD. On a donc décidé de le sortir en deux parties. Sur cette version de l’album il y aura : Little Brother, Common, Kweli, Lord Finesse, Pharoahe Monch, Casual, Mykestro, Oh No & Roc C, Murs, Dilated Peoples et encore plein d’autres. Je veux m’assurer qu’ils aient aussi l’opportunité de pouvoir être entendus parce que les morceaux sur lesquels ils posent sont vraiment dingues ! Je vais encore la mettre en téléchargement gratuit car j’en ai rien à foutre des magasins. L’Internet c’est le présent et le futur à la fois. Je veux que toute la planète écoute ces morceaux au même moment. Je pense qu’elle sortira entre janvier et février car j’ai tellement de projets à terminer avec l’album et mes autres mixtapes que je ne pourrais pas la terminer avant.
A : A propos d’Internet, que penses-tu de l’initiative de Radiohead ? Est-ce que c’est réalisable avec le hip-hop ?
B : Je pense qu’on peut le faire avec le hip-hop et que je peux le faire moi-même. J’ai commencé à le faire et maintenant tout le monde suit [rires]. Bien sûr j’aimerais qu’une fois que mon album soit dans les bacs, les gens aillent l’acheter. Mais je ne suis pas bête non plus, je sais très bien que certaines personnes s’en foutent d’avoir le cd dans les mains etc. Ils veulent juste la musique dans leur baladeur mp3. Moi ça me convient que certaines personnes décident de dépenser 2 à 3 $ pour télécharger mon album. L’argent n’est pas la chose la plus importante pour moi. Ce qui compte, c’est qu’ils puissent écouter ma musique.
A : En tant qu’hip-hop head, tu veux toujours sortir ton album en cd ou tu es rentré dans le débat entre digital et physique ?
B : Tu sais quoi ? Je pense que les deux formats sont intéressants. Il est clair que le cd est un dinosaure comparé au téléchargement gratuit mais tu auras toujours des gens qui voudront le produit physique entre leurs mains car ça leur permet d’avoir un contact avec la musique en regardant la pochette avec les photos, les paroles, les crédits de production et les remerciements. Donc je pense que mon album sera disponible dans les deux formats et même si on décide de le télécharger, les gens auront exactement les mêmes éléments que sur le produit en magasin à porter de clic.
A : Parlons un peu de ta mixtape Pope Mobile, qu’est-ce qui la différencie de Nigga Noize ?
A : Sur Pope Mobile, il n’y aura que moi : il n’y aura pas autant de featurings que sur Nigga Noize et encore moins que sur Caltroit. Ce sont juste des morceaux que les gens seront surpris d’entendre car il n’y aura que moi dessus. Je veux être le roi du hip-hop et le pape de cette musique au niveau spirituel. Sur cette tape je parle de religion, de fric, de spiritualité, de la liberté de parole, sexualité, guerre et de macros. Tous les sujets que tu peux trouver dans la religion, dans les paroles et actes des extrémistes. J’ai regardé avec attention l’histoire du pape et je me suis dis : « Merde ! Le pape est une rockstar ! » [rires]. Il est aimé de tout le monde, il a la voiture la plus dingue qui existe et les sapes les plus fraîches. C’est pourquoi j’ai appelé cette mixtape Pope Mobile. Et ça sort le jour de Noël [rires]. It’s Christmas Bitches! [rires]..
A : [rires] Et qu’est-ce qu’il en est de Ill Clinton avec Damizza ?
B : Ill Clinton est plus une tape où Damizza et moi allons parler de politique. Nous avons arrêté de bosser dessus pour l’instant parce que Damizza a des problèmes personnels. Mais ce sur quoi l’on a bossé pour l’instant touche beaucoup aux conspirations, JFK, Nixon, le 11 Septembre, l’assassinat de Malcom X et de Martin Luther King. Ca ressemble beaucoup à ce que fait Immortal Technique. C’est très politique mais c’est amusant et assez ignorant en même temps.
A : Tu as un avis sur les élections à venir dans ton pays ?
B : Honnêtement je ne m’en préoccupe pas vraiment car tous ces politiciens s’en foutent de nous. Ils sont juste là pour se faire de l’argent, voler et nous mentir. Ils vont venir dans nos quartiers et embrasser les enfants. Mais tout ça, ils le font juste devant les caméras. Après ils repartent et nous laissent dans notre misère sans vraiment fournir d’aide supplémentaire. Je pense que ce sont les gens qui devraient être leur propre politicien et prendre des initiatives pour changer leur niveau de vie. Il ne faut pas attendre sur les autres car on sera toujours déçu. Je respecte Obama et Clinton pour ce qu’ils essayent de faire mais à la fin, qu’est ce qui va vraiment changer ?
A : Je vois où tu veux en venir.
B : Tu vois, il y a tellement de chose qui se sont passées : les Bush ont merdé, Nixon a merdé, Reagan a merdé, ensuite Clinton est arrivé et nous avons eu plus d’argent mais lui ne penser qu’à sa bite. Il a apporté des améliorations mais il y avait tellement de choses à améliorer que tu ne peux t’attendre qu’à ce qu’une seule personne assistée par une bande d’abrutis, menteurs, racistes et de charlatans puisse tout changer. Regarde les conditions dans nos écoles et dans nos rues, il y a toujours des gens qui meurent en vain en Irak etc… Et tout ça pour quoi ?
A : Rien.
B : Qui récupère tout l’argent ? Les Bush. Tout ces fils de putes à Washington amassent l’argent pendant que d’autres meurent loin de nos terres. Des mères perdent leurs enfants, des femmes perdent leurs maris ou fiancés et des enfants perdent leurs parents. Je ne peux pas comprendre comment on peut laisser faire ça.
A : Peux-tu présenter Damizza car je ne sais pas si beaucoup de gens le connaissent ?
B : Il faut faire la fête avec Damizza pour vraiment le connaître ! C’est mon grand frère. Il était directeur de la station la plus populaire de Los Angeles : Power 106. Il est très important et il a fait beaucoup de choses pour la West Coast. Il a réuni Snoop et Dre, il est derrière plein de morceaux qui ont cartonné, il a aidé beaucoup d’artistes dans leurs carrières. C’est un excellent producteur et un très bon emcee. Je ne dis pas ça parce que c’est mon pote mais en toute honnêteté.
A : Le projet que tu prépares et qui m’a fait mourir de rire c’est le Team America : Fuck Yeah !
B : J’ai eu l’idée de faire ce projet avec mon pote Indef après avoir vu le film. Nous sommes dans une guerre contre la nullité. La nullité des autres rappeurs, producteurs et personnes de l’industrie. Indef et moi sommes donc la Team America mais en même temps nous sommes aussi Spin Laden et Kim Jong Skill parce que ce sont tous les deux de richissimes enfoirés ! Spin Laden fait beaucoup de vidéo c’est une rockstar à l’instar de quelqu’un comme Kim Jong Skill qui à sa photo sur tous les murs de la ville. Ca va être très amusant encore une fois mais on parlera de thèmes très sérieux comme la politique, la guerre etc. Nous sommes là pour sauver le monde !
A : Qu’en est-il de ton street album avec Whoo Kid ?
B : C’est un album que je fais pour mes gars de la côte Est ! Ils me témoignent tellement d’amour à chaque fois que je vais là bas que je leur dois bien ça. Et c’est pour ça que je fais cette mixtape avec Whoo Kid qui est le roi des DJ sur la côte Est. J’aime Harlem, Queens, Brooklyn, le Bronx, New Jersey, Boston, Providence, Philly et Detroit. Cet album s’appelle The Confessional et il devrait sortir incessamment sous peu.
A : On va entrer dans la zone 51 maintenant [rires]. Je sais que tu n’as pas envie de donner plus de détails sur ton album mais as-tu pu rentrer en connection avec Primo et Just Blaze ?
B : Nous sommes encore en pourparlers. Dre est encore arrivé avec de nouveaux morceaux et à l’heure actuelle il produit 75% de mon album. J’ai parlé avec Primo il y a quelques mois et je n’ai pas eu Just Blaze au téléphone depuis quelque temps mais c’est encore faisable. J’aimerais vraiment les avoir sur l’album ! J’ai aussi parlé avec RZA il y a quelques temps, Pete Rock a des beats pour moi et il en va de même pour Black Milk, NoID et Chad des Neptunes. Mais il faut que je sache quand il faut s’arrêter car si ça continue je ne vais pas avoir assez de place pour mettre tout le monde et je vais devoir sortir un double album [rires] !
A : [rires] Est-ce que tu as des choses que tu voudrais dire dont on a pas encore parlé ?
B : Si vous n’avez pas encore écouté Caltroit, s’il vous plaît allez la télécharger gratuitement, ça ne vous prendra pas beaucoup de temps et dites-moi ce que vous en pensez ! Accompagnez-moi dans cette rébellion envers les artistes pourris et sans talent que ces labels tout aussi pourris soutiennent. Choppez aussi Pope Mobile, le 25 décembre, peace !
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