Alchemist & Just Blaze
Avant de se clasher amicalement à coup d’instrumentaux le temps d’un concert parisien, les deux producteurs sont revenus pour nous sur les enjeux du sampling et quatre rappeurs avec lesquels ils ont tous deux collaboré.
Rencontrer deux producteurs qui ont marqué la production rap des années 2000 est un grand moment. Surtout quand ces deux magiciens s’appellent Just Blaze et Alchemist. Une vingtaine de minutes à discuter avec eux sur le sampling et les rappeurs pour qui ils ont travaillé s’avère aussi frustrante qu’intéressante : on sait qu’on va en ressortir avec un paquet d’anecdotes, même si on aurait aimé en avoir plus.
Les deux compères avaient fait le déplacement à Paris pour un Soundclash au Rex Club mercredi 25 mai, qu’on vous avait brièvement annoncé. Quelques heures avant, ils se sont prêtés à l’exercice de l’interview dans les studios de Skyrock. D’abord avec Cut Killer, qui leur consacrait une spéciale Bumrush, où il fut question de leur rôle de DJ et de la tendance à l’electro-rap. Puis ce fut notre tour, après que Just eut le temps de faire écouter à Alc un instrumental phénoménal et épique pour Rick Ross. En dépit d’une fatigue qui se lisait sur leur visage, les deux ont été fidèles à eux-mêmes : un Just Blaze bavard et un Alchemist chambreur.
Big Punisher
Alchemist : Big Pun était un vrai personnage. Il avait ces vêtements spécialement taillés sur-mesures pour lui. Ce qu’il portait était unique. Il avait ces Nike vertes qu’il mariait avec un pantalon en cuir vert. Tout chez lui était exagéré. Et au-delà du fait qu’il était vraiment cool, c’était un vrai spectacle vivant, un comédien 24 heures sur 24.
Just Blaze : C’est clair. Il y a des gens vraiment bons dans ce business, et il était sans aucun doute l’une des premières personnes sympa que j’ai rencontré. Et je ne dis pas ça parce qu’il est mort. Je ne veux pas entrer dans toute l’histoire, mais la première nuit où on s’est rencontré, je suis sorti de chez lui avec 20.000 dollars d’équipement. C’est comme ça que j’ai pu démarrer mon premier home studio, et il en a été l’un des principaux facteurs. Lorsqu’on est rencontré, on a parlé de choses et d’autres, il avait pas mal de trucs dans son appart’, et je lui ai en quelque sorte donné des conseils pour démarrer son propre home studio. En retour il a dit : « Prend ce que tu veux. » J’ai fait : « Quoi ? » »Oui, vas-y, prend ce que tu veux ! » Je suis sorti de là avec tout ce que je pouvais prendre dans mes bras en une seule fois. Nous avions toujours eu une bonne relation suite à ça, parce que j’étais un mec tout nouveau qui aimait sa musique, et lui essayait à ce moment-là d’amener sa carrière au niveau supérieur. On était à un niveau totalement différent. On a eu une courte mais excellente relation.
Big Punisher - « Mama » (2000, prod. Alchemist)
Big Punisher - « Wrong Ones » (2000, prod. Just Blaze)
Prodigy
Alc : L’enregistrement de cet album était terrible. Je ne me rappelle pas exactement le jour où Just est arrivé avec « Diamond », mais je me rappelle parfaitement que quelque chose était arrivé à Just, avec sa voiture ou un truc comme ça. Quelque chose était arrivé. Je m’en rappelle parce qu’il a ramené trois beats au studio, et a dit un truc du genre « J’ai fait ces trois là pour me sentir mieux. » Et c’était trois beats de folie. Bars & Hooks ont fini par utiliser l’un d’eux plus tard. Tu te souviens ?
Just : Oui oui, je m’en rappelle !
Alc : Je me souviens de ça parce que Just et moi sommes arrivés à New York à la même époque. Par pur hasard, on vivait pas très loin l’un de l’autre, en centre ville.
Just : Ça m’a fait halluciner. Ni l’un ni l’autre le savions. On vivait pratiquement sur le trottoir d’en face !
Alc : On s’en est rendu compte bien plus longtemps après ! On commençait à se faire un nom au même moment, et on respectait nos tafs respectifs. Je me rappelle de certains jours où Just me faisais m’asseoir et me donnait des conseils sur le business, déjà très tôt. Il était beaucoup mieux informé que moi sur ce sujet. Ça me sidérait.
Just : J’ai eu la chance d’avoir des personnes dans mon entourage qui me gardaient concentré sur le côté business. Parce que c’est facile de passer à côté de ça en ne faisant que de la musique et en oubliant certains aspects essentiels. J’étais vraiment chanceux d’avoir ça très tôt.
Alc : C’est à cette période que Just commençait à se lier avec Jay et le ROC. Mais il aurait tout aussi bien pu finir avec le Mobb comme moi. C’était écrit qu’il devait se connecter avec ce camp là.
Just : Ouais, parce qu’en fait j’étais vraiment connecté avec Prodigy un moment. Pee venait souvent où je créchais. C’était même avant que toi tu emménages dans le coin. Je crois que tu vivais sur…
Alc : Bleecker Street, dans le Village [Greenwich Village, ndlr] .
Just : Voilà, tu vivais dans ce quartier. Et donc Pee venait à mon appart’, je lui montrais comment produire des beats. Je lui apprenais comment produire, parce que jusqu’alors, son approche était plutôt « Havoc produit, et j’ai juste à faire ce que je sais faire. » Il voulait explorer le rôle de producteur, donc je le conseillais chaque fois qu’il venait chez moi, on préparait le dîner, écoutait de la musique et tout. Et comme Alc l’a dit, il a fini par trainer avec Mobb Deep, et moi avec Jay. Mais ça n’a rien vraiment changé, parce que Alc et moi sommes restés très potes, Pee et moi on était cool, même si Jay et Pee ont eu leur beef. Il y a eu plein de paramètres complexes dans cette histoire.
Abcdr Du Son : Donc toute cette embrouille n’a jamais mis votre amitié en péril ?
Alc : Non, jamais. On dépasse cette connerie en tant que producteurs. J’ai presque envie de dire qu’on est plus mature. Un peu comme si leurs embrouilles étaient des bagarres de cours de récré. [Just rit] On est au-dessus de tout ça, cette négativité et ces beefs. D’ailleurs si tu remarques, la plupart des producteurs se respecte. C’est plutôt rare les embrouilles entre producteurs. On se respecte mutuellement pour notre travail.
A : C’est un état d’esprit différent.
Alc : Ouais ! C’est plus du style, quoi qu’il arrive, on va utiliser les rappeurs pour se mesurer. Genre : « Occupe toi de lui, moi de l’autre, on va les laisser se clasher, et juste produire des beats pour ça. » En fait on s’en fout, c’est juste de l’amusement, tu vois ? C’est pas si sérieux que ça. En tout cas je prends pas ça au sérieux, jamais.
Prodigy - Diamond (prod. Just Blaze)
Prodigy - Keep It Thro (prod. Alchemist)
Cam’Ron
Alc: J’adore mater ses interviews. Les conneries qu’il peut sortir… [Sourire] Tout est génial chez ce type. Par contre, en studio, je peux pas te dire, parce que j’ai jamais été en studio avec lui. Just pourra sûrement t’en dire plus. J’ai juste envoyé ma prod’ a Cam, et il l’a plié. Mais une chose est sure, Cam est l’une des quelques personnes qui seront toujours charismatiques. Pour moi, il ne peut rien rater.
Just : Comme l’a dit Al, c’est un comédien. Lui et moi avons eu des hauts et des bas dans notre relation au cours des années. Mais n’importe quelle personne avec qui tu as une longue relation, il y a toujours des hauts et des bas. C’est effectivement un vrai comédien, mais en studio, ce n’est pas dur de bosser avec lui. Il y a eu un moment où je pouvais lui jouer n’importe quoi, et il rappait dessus. J’avais juste à revenir plus tard et faire quelques arrangements. Faire des morceaux avec lui, c’était pas dur. Ses rimes étaient toujours bien placées, je n’avais pas à le diriger en studio, genre « Tu devrais changer cette rime » . Certains artistes, il faut les aiguiller pendant l’enregistrement, ligne après ligne. Pas lui. Mais il faut se souvenir que Cam a fait ça depuis longtemps. Children of the Corn, c’était au début des années 90. Son premier album [Confessions of Fire] n’est arrivé qu’en 1998, mais il rappait depuis bien des années avant. C’est un vétéran. Il n’a peut-être pas la même cote que certains de ses pairs au cours de sa carrière et de ces dernières années, mais il a une longévité. Une chose que ces pairs n’ont pas. C’est un peu comme ça dans le rap game : souvent, tu ne peux pas avoir à la fois longévité et grand succès commercial. Mais Cam a tenu un bon équilibre entre les deux depuis le début.
Cam’Ron - « Wet Wipes » (2006, prod. Alchemist)
The Diplomats - « I Really Mean It » (2003, prod. Just Blaze)
Saigon
Alc : Son album est dingue. Il a d’ailleurs toujours été. J’ai eu la chance de l’entendre tôt, je savais ce qu’ils préparaient.
Just : Alc a joué une grande part dans le fait que je me suis mis à bosser avec Sai. Grâce à des morceaux comme « Stocking Caps ». C’est l’un des morceaux que j’ai entendu où je me suis dit « OK, j’aime bien ce mec » . Ce que j’ai vraiment apprécié était son oreille pour les beats. J’avais déjà entendu quatre ou cinq morceaux, je me disais « OK, pas mal » . Après j’ai entendu « Stocking Caps », et là je me suis dit : « Quiconque choisit des beats comme celui-là, je dois le trouver » . [S’adressant à Alc] Je te l’avais jamais dit, mais « Stocking Caps » a été la raison pour laquelle j’ai voulu bosser avec Sai, et t’ai dit « OK, présente-le moi ».
Alc : Son album est vraiment énorme. Au moment où ils se sont mis à taffer dessus, il y avait une telle attente, un tel buzz… S’il était sorti à un meilleur moment, il aurait vraiment eu l’accueil qu’il méritait. Je pense que les personnes qui l’ont écouté le savent, ils sont rassasiés, ils ont eu leur dose, et ils en veulent plus. C’est une bonne chose, parce que ça prépare Sai pour l’avenir. Il a acquis de l’expérience.
Just : Il est enfin débarrassé de beaucoup de merdes liées à cette industrie, il a été dans tout ça depuis longtemps maintenant. Et honnêtement, après avoir été repoussé pendant six ans, parce que Atlantic l’a retenu si longtemps, il a fait un score plutôt bon. Il a du faire quelque chose comme 60 000… Et ce sur un label totalement indépendant, qui n’a jamais sorti un vrai album hip-hop avant. Pour lui, d’avoir réalisé ça, c’est … Et il vend toujours, parce qu’il supporte son album en concert. C’est sûr, j’aurais préféré qu’il sorte en 2006, et vende probablement un demi million. Mais à l’époque actuelle, dans ce climat, avec la situation du business en ce moment, je ne suis pas déçu par ses résultats jusque-là, et je pense qu’il va continuer à vendre.
A : Tu parles de la relation de Sai avec son album, mais pas tellement de ton implication dans cet album. Pourtant, tu as donné beaucoup de toi même dans sa réalisation aussi.
Just : Pour moi, même si j’ai passé un maximum d’heures à travailler sur cet album, plus que quiconque, même plus que Saigon lui-même ou les ingés, à être vissé sur ma chaise et le construire de A à Z… Tu sais, certaines personnes voient ça comme : « C’est ton album autant que le sien » , et je le comprends. Mais de mon côté, je suis juste content qu’il ait enfin pu se faire une place, tu vois ce que je veux dire ? J’ai une bonne situation quoi qu’il arrive. Financièrement, du point de vue de mon statut ou autre chose, ça n’aurait rien changé pour moi si l’album n’était pas sorti, mais ça l’aurait desservi, ainsi que les fans, et la somme de travail qu’on a passé dessus. Je voulais qu’il soit capable de prospérer grâce à tout ça. A un certain point, mon attitude à l’égard d’Atlantic était « Je dois me tenir à l’écart de tout ça, parce que vous ne savez pas travailler cet album, vous faites vraiment n’importe quoi. ». Mais ensuite j’ai réalisé que si je maintenais cette posture, ça l’aurait mis dans une mauvaise position, parce qu’il n’avait pas beaucoup de monde pour le soutenir. Donc pour moi, le but était plus de tout faire pour qu’il puisse raconter son histoire et sortir son album.
Évidemment, je savais à quel point cet album tuait, mais je m’y suis habitué à avoir écouté l’album vingt mille fois, sans exagérer. Donc c’était vraiment cool de voir 50.000 personnes qui ne l’avait jamais écouté avant se dire « Oh mon Dieu ! ». Ça te rappelle la qualité de ce projet. Je savais qu’il y aurait des moments qui bousillerait la tête des gens, comme certaines transitions on d’autres choses, mais d’avoir finalement les retours et les messages des gens c’est juste… ça valait le coup. Toutes ces disputes, ces cris, ces embrouilles, ces négociations, tous ces efforts, ça valait le coup en fin de compte, parce que quelqu’un a finalement lâché un vrai album hip-hop en 2011 qui a eu un peu de succès, et n’a pas eu à baisser son froc pour le faire. On n’a pas vendu 500.000 albums, mais pour moi ça n’a jamais vraiment été le but, ni le maitre-étalon pour juger de son succès. C’était plutôt : « Est-ce que les gens l’aiment ? Les jeunes ? Les plus vieux ? Est-ce qu’il est respecté par les bonnes personnes ? » . Et du moment qu’on avait ça, ça allait, parce que comme on l’a dit avant, tu peux miser sur la longévité ou sur le succès commercial. Et je pense que pour des gens comme moi, comme Sai, et même si je peux pas parler pour Alc je pense que ça le concerne aussi, du moment que tu arrives à maintenir un certain niveau de vie et vivre confortablement en faisant l’art que tu aimes, c’est ce qui compte vraiment. Je préfèrerais avoir ça que de vendre 5 millions de disques en une seul fois et n’être jamais plus capable de vendre de nouveau, de me produire sur scène, de n’avoir personne qui se soucie de moi, du genre : « Tu te retires vite fait maintenant que t’as cartonné avec un seul hit. » Mais qu’est-ce que tu vas faire dans dix ans ? T’auras des thunes, et pour certaines personnes c’est une fin en soi. Mais personnellement, je préfère vivre en faisant ce que je fais et avoir le respect des gens.
Saigon - « Stocking Caps » (prod. Alchemist)
Saigon - « The Greatest Story Ever Told » (2005, prod. Just Blaze)
Le sampling… ou presque
A : Ces dernières années, il y a une grosse tendance à sampler du rock progressif, un genre que vous reprenez depuis longtemps. Est-ce que cette mode est due au fait qu’il est plus difficile de trouver des samples de soul jamais repris auparavant, contrairement au prog-rock ?
Alc : Je ne dirais pas ça.
Just : C’est pas la même chose. On sample des choses différentes selon note humeur. Et honnêtement, cinq producteurs peuvent sampler la même chose, et ça sera différent. [Montrant Alchemist] Nous l’avons fait plusieurs fois, et ça a été différent. Mes morceaux ne sonnent pas comme les siens, et vice versa. Je m’en fous si tu as samplé quelque chose que j’ai déjà samplé. Si ta boucle ou ton découpage ressemble à ce que j’ai fait, je dirais « yo, tu fais quoi là ? » , mais à part ça… C’est juste une question de ce qui sonne bien, peu importe que cela soit un morceau de prog-rock ou autre chose.
Alc : C’est comme aller à la pêche à différents points d’eau. N’importe où se trouve le poisson, si c’est le point soul, le point rock progressif, on est au-dessus à pêcher et à attraper du poisson. Ça n’a pas d’importance. Si tout le monde est au-dessus de celui-là, on va aller ailleurs.
Just : Ouais.
Alc : C’est des sources illimitées, tu sais. Just m’a fait écouté du gospel juste avant, et le truc défonce. [Just rit] C’est jamais fini. Des chansons de country, ou autre, ça n’a pas d’importance.
Just : Il y a des purs breaks de batterie dans la country !
A : Justement, vous disiez que vous avez des samples en commun…
Alc : [Ironique] Je ne sample pas pourtant. [Rire général]
A : Arrête, vous avez même samplé certains artistes tous les deux…
Alc : [Taquin] T’es un avocat ou quoi ?
Just : Tu vas un peu trop loin là !
Alc : Tu te souviens de l’interlude de DJ Premier ? C’est une de mes préférées [Celle à la fin de « Royalty » sur Moment of Truth de GangStarr, ndlr] . Il sort : « Vous êtes tous des balances ! » . C’est une bonne interlude. On devrait la jouer maintenant ! [Rire général]
A : OK, on arrête la discussion sur les samples.
Alc : A moins que tu veuilles payer les frais de justice ! [Rires]
Just : J’ai déclaré beaucoup de samples, tu sais… Mais tout le monde ne le fait pas.
Alc : Le sampling est une zone floue, mal définie. Je vois ça comme ça : le hip-hop est hors-la-loi, le graffiti est renégat. Il y a une zone floue autour de de beaucoup de choses que nous faisons. Est-ce que ce que fait Space Invaders est légal ou illégal ?
Just : Techniquement, c’est illégal. Mais ça tourne au profit de la ville. Parce que la ville désigne ça comme leur appartenant. Du genre : « C’est Space Invaders, il prend nos immeubles et met ces trucs dessus » . Donc, techniquement, c’est illégal. Mais c’est de l’art.
Alc : Voilà la zone floue. C’est la même chose avec les samples. La technique qu’on utilise, on doit se rappeler que c’est un truc de hors-la-loi. Je prends des risques à faire la musique que je fais parfois.
A : N’est-ce pas compliqué justement pour des producteurs comme vous aujourd’hui ?
Alc : Je m’en tape, je fais ce que j’aime. Il n’y a pas de règles, tu ne peux pas dire à Space Invaders de ne pas mettre ces choses où il veut. Mais en même temps, à cause de cette zone floue, je vais te semer, faire comme si j’allais à gauche et partir sur la droite. Je vais te dire des trucs qui vont te perturber, un peu comme un magicien, tu vois ? Je dois protéger cette zone floue. Donc je ne peux pas te dire comment je fais mon graffiti. Tu dois respecter ça.
Just : A cause de certains artistes de poids avec qui j’ai travaillé, des gens cherchaient à les poursuivre. Parce que n’importe qui aimerait poursuivre Jay-Z ou Mariah Carey. Je ne peux pas les exposer au danger [en ne déclarant pas mes samples], je n’ai pas le choix. Mais parfois quand tu peux prendre ce risque, des personnes te diront quand même « yo ! » . En tant que rebelle, pour moi c’est stupide, j’ai découpé cette chanson en plein de morceaux, mais toi tu veux que je te donne de l’argent, pour quoi ? Je dois payer pour l’utilisation du master de ton morceau, celui que possède la maison de disque, mais je ne paierai pas le publishing. Parce que jusque là, je n’utilise pas réellement ta chanson, j’utilise des notes dans le désordre. Je n’utilise aucune parole, aucun arrangement musical, mais je sample d’un master que la maison de disque possède. Donc je dois leur filer ce qu’ils demandent, alors que je n’ai rien utiliser de leur composition originale. Mais quelqu’un va te répondre que sans la chanson, je n’aurais pas eu ces morceaux. C’est là où est la confusion.
Alc : Rien de neuf au final. Tous les sons là, personne ne possède rien, ou peut affirmer qu’il a créé ou possède quelque chose. Et parfois la raison principale, ce n’est même pas à cause de l’argent. Parce que parfois, ils ne te laisseront rien utiliser quoi qu’il arrive. A cause du contenu des paroles ou un autre facteur, quelqu’un va me dire que je ne peux pas m’exprimer librement. Parce que j’ai utilisé des passages réinterprétés de quelque part d’autre, je ne possède pas ça, mais toi non plus. Ça va au-delà de tout ça, personne ne possède quoi que ce soit. Quand tu vas mourir, tu vas prendre ça avec toi ? Tu ne le possèdes pas, moi non plus. En fait, je pense que c’est plus une histoire d’arrogance d’artiste. Donc j’emmerde ça, personne ne peut me dire ce que je peux faire ou pas. Je prends le risque : j’ai été poursuivi, parfois non. Je ne recommande pas ce que je fais, je te l’avoue. Je fais juste ce que je fais.
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