Quasimoto
Yessir whatever
Il faut lire cet échange, assez irréel, de textos pour bien cerner l’esprit du projet. D’un côté, Peanut Butter Wolf le patron de Stones Throw, de l’autre Otis Jackson Jr. A.K.A Madlib, producteur obsessionnel et lunaire. Les quelques mots échangés ici en disent long sur la complicité et la confiance entre ces deux baroudeurs. Ils reflètent également assez bien la nonchalance de Madlib et l’aspiration de ce disque. Yessir whatever n’est pas le dernier volet d’une trilogie consacrée à Quasimoto. Il n’est pas non plus la suite de l’excellent The Further Adventures of Lord Quas. Il n’en a pas l’ambition et n’a d’ailleurs pas été présenté comme tel. Ce n’est même pas véritablement un album. Il s’agit plutôt de fonds de tiroir, rassemblés pour célébrer un pot de départ. Le départ à la retraite de Quasimoto, l’alter ego imaginaire et flingué de Madlib.
Jeff Jank, directeur artistique et grand fidèle de la fratrie de Stones Throw, a rassemblé les pièces du puzzle avec des morceaux éparpillés au fil du temps. Au final, il a pu rassembler douze morceaux, un mélange de vrais inédits et quelques raretés quasi-inaccessibles. On retrouve notamment « Sparkdala » déjà entendu sur un EP de DJ Design ou « Broad factor », déjà sorti il y a quasiment dix ans sur un douze pouces avec « Brainasaurus » en face B. Deux titres qui piochent sans scrupule dans deux grands classiques, déjà pillés jusqu’à l’os (« Superman lover » et « Nautilus »).
Avec quelques inédits de premier plan – notamment « Am I confused ? » ou « Youngblood » – Yessir whatever n’est pas non plus un album au rabais. Avec ses boucles chiadées, sa teinte lo-fi et la voix atypique de sa poupée psychédélique, il s’inscrit dans une certaine lignée. Sans rien révolutionner, il ressuscite quelques ambiances enfumées et ralenties tout en faisant écho à quelques bons moments passés. Le remix de « Green Power » rentre pleinement dans cette filiation. Il fait écho à la version de The Unseen tout en prenant un virage encore plus cotonneux. Et si le phrasé de Madlib a la nonchalance de ma caissière, le ton monotone et hypnotique est relevé par ses boucles accrocheuses et la brièveté des morceaux.
Simple parenthèse dans la discographie pharaonique du loopdigga, Yessir whatever se déroule comme une prolongation inattendue. Compilation sans prétention plus que véritable album, il passe crème comme des chèques cadeaux glissés dans une enveloppe de pot de départ. Cette petite douceur à peine digérée, on guette désormais Cocaine Piñata, l’association long format à venir entre Madlib et… Freddie Gibbs. L’excellent EP Thuggin’ annonce une toute autre ambiance. 2013 : « another Madlib invazion. »
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