Esoteric
Too Much Posse

Jusqu’ici, la carrière de 7L & Esoteric a plutôt été mitigée : un grand opus (Dangerous Connections), deux autres plutôt moyens (The Soul Purpose et DC 2 : Bars of Death), et l’an dernier un LP franchement nocif au système auditif des non-initiés au genre (A New Dope). Ce bilan contrasté tient à des choix de prods parfois peu judicieux, mais aussi à la difficulté récurrente pour Esoteric à tenir le crachoir tout au long d’un album sans devenir irritant au bout de quelques morceaux.

Too Much Posse constitue donc l’occasion de nous réconcilier avec Eso, en le redécouvrant sous un jour qui lui sied bien mieux : celui du rappeur de complément idéal, souvent brillant en featuring et toujours prêt à lâcher le couplet qui tue lorsqu’on l’y invite. Le disque reprend en effet quelques unes des collaborations les plus brillantes du MC de Boston, de l’époque Rebel Alliance à celle, plus récente, des Demigodz.

Le duo 7L & Esoteric a occupé une place importante dans l’émergence de la scène indépendante East Coast de la fin des années 90. Il n’est donc pas surprenant de retrouver pas mal de noms connus sur Too Much Posse : Jedi Mind Tricks, Apathy, Mr Lif, Count Bass D ou encore J-Live figurent au tracklisting. Le son n’offre que peu de surprises : du boom-bap, sans grande imagination, mais généralement efficace.

Les textes ne sont guère plus étonnants, naviguant généralement entre battle rhymes et egotrip, genre dans lequel Esoteric n’est jamais en reste : « The Duck Hunt, point ’em out and these words just hit me, I can shoot from any angle like Dirk Nowitzki, full of myself, can’t find a shirt that fits me, piss on wack rappers ’til I burst a kidney« . On réécoute également avec plaisir quelques excellents couplets du MC de Boston, tel que celui lâché pour ‘Well, Well, Well’ des Demigodz, ou celui du légendaire ‘Five Perfect Exertions’ de l’Army of the Pharaohs.

Peu de déchets dans la sélection, à croire que les morceaux vraiment mauvais d’Esoteric ont tous été réalisés avec son pote 7L. ‘Chain Reaction’ ou ‘Final 4’, à la guest list pourtant alléchante, sont néanmoins loin d’être inoubliables. On ne connaissait pas ‘Hip-Hop Philosophy’ et ‘Skitzofreniks’ State’, qui s’avèrent être plutôt efficaces. ‘Five Perfect Exertions’, ‘The Hunted’ ou ‘Well, Well, Well’ n’ont quant à eux pas pris une ride. Les différents titres signés avec Virtuoso, Mr Lif ou Akrobatik nous feront regretter que la Rebel Alliance ne soit plus qu’un vague souvenir, et que tout ce beau monde se soit dispersé.

Au final, Too Much Posse constitue un moment agréable, nous offrant une heure de bon son, sans grandes prétentions. Ce qu’il était légitime de penser d’Esoteric se voit confirmé : il ne figurera jamais au panthéon des plus grands MCs, manquant de charisme et de profondeur dans son écriture. Mais il demeure des plus efficaces pour délivrer des morceaux « coup de poing« , dont Too Much Posse regorge.