Buck 65
Synesthesia
Buck 65 n’aime pas faire les choses comme tout le monde. Synesthesia, son deuxième album en moins d’un an (le troisième si on compte la réédition de l’album Language Arts en avril), prend la forme d’un seul et unique morceau de 40 minutes, sans titre. Numéro cinq de la série Language Arts (le numéro 4 n’étant pas encore paru), le cd est disponible uniquement sur le site américain bien connu www.hiphopinfinity.com.
Une première écoute nous apprend que le titre de 40 minutes est bel et bien composé de plusieurs morceaux distincts. Buck 65 a tout simplement aboli la possibilité de skipper les morceaux. Dérangeant vous dîtes ? Pas le moins du monde : tous les morceaux sont bons. On reconnaît facilement la touche et le phrasé de notre néo-écossais préféré, ce qu’on a appris à reconnaître sur les trois épisodes précédents. Les samples et les breaks de batteries sont toujours aussi originaux et faciles d’accès.
Les thèmes sont très diversifiés. Buck 65 passe du très joyeux « I look good and you look good but not as good as me. I’m so doped » sur une ligne de basse naïve, au plus triste : « A eight years old girl is haunted by frightening face, she cries herself to sleep on a nighlty basis, her dad’s an alcoholic« , sur une guitare très lourde. Buck 65 raconte aussi à peu près tout ce qu’il lui passe par la tête : son ressentiment face au « f-word », son amour pour Miles Davis et Black Sabbath, qu’il souffre de maux de tête, qu’il écoutait les disques de Kiss sur sa platine Mickey Mouse avec son ami Shawn, etc.
Après écoutes répétées, on en vient à se demander si Buck 65 n’a pas fait un pacte avec le diable pour avoir autant de talent. Sa musique ferait exploser de joie aussi bien le pire des backpacker qui se touche en rêvant à de la poésie scientifico-minimaliste que le original gangsta qui laisse d’autres femmes soumises le toucher. Cet exploit réussi (même si faire exploser les gens n’est pas exactement ce qu’on entend par « politically correct ») il faut bien se rendre à l’évidence : Buck 65 est le messie que le rap attendait depuis la déconfiture relative de Nas, Rza, KRS-One et autres « valeurs sûres ». Qui plus est, Buck 65 est Canadien. Donc à défaut de faire mieux, amateur de South Park, gardez vos « Blame Canada » pour vous.
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