Chronique

The Soul Children
Start a Fresh LP

Start a Fresh - 2005

On n’efface pas en quelques minutes les années passées à écouter, voire disséquer, parfois religieusement, ces disques qui ont compté. Ceux avec lesquels on a grandi et qu’on associe à des moments de notre vie. Après des milliers d’heures passées à digérer des piles de vinyles, le trio de producteurs parisiens Xpert-Nico-Xcell, autoproclamé The Soul Children dans un clin d’œil explicite au quatuor de Memphis, entend jouer aujourd’hui sa propre partition. Après un court apéritif sonore, un premier maxi trois titres revisitant ‘It’s all real’ (Pitch Black), ‘2nd Childhood’ (Nas) et l’inévitable ‘4th December’ (Jay-Z), voici le plat de résistance: un premier long format simplement intitulé Start a Fresh LP.

Posons d’emblée quelques repères. Il n’est pas question ici de révolution sonore mais plutôt d’une réinterprétation, voire une réappropriation d’une sélection de morceaux déjà franchement marquants. Au menu, une sélection avant tout composée de classiques des grands pontes de la grosse pomme (Nas, Jay-Z, Mobb Deep, Big L, Mos Def, Blahzay Blahzay) et proches (Common, Supastition). De ‘4th December’ (déjà revisité par une sacrée horde de jeunes loups aux dents longues, Kev Brown, K-Tharsis (!) ou Kno) à ‘Shook ones pt.II’, ‘Dreams’ ou ‘Ms Fat Booty’, notre trio de producteurs fait face à d’authentiques monuments. Préférant les envolées aériennes de Soul aux gémissements sirupeux et codéinés, les Soul Children justifient un peu plus un patronyme tout sauf anodin. Ils nous replongent dans le son New-Yorkais des années quatre-vingt-dix, tentant de s’immiscer quelque part entre Premier, Alchemist et Pete Rock.

Fort d’indéniables réussites comme le remix de ‘Step it up’ (Supastition) qui promet de relancer les ventes de minerves, ‘Flamboyant’ rappelant, si nécessaire, l’impassible fluidité de Big L ou encore le survitaminé ‘Boom’ (Royce Da 5″9) Start a Fresh comporte assurément ses moments de bravoure. Des satisfactions qui à défaut d’effacer les quelques ratés (‘Shook Ones Pt.II’ en tête) sauront probablement alimenter d’interminables débats d’esthètes.

Alors à défaut de rendre complètement neurasthénique, ce premier album d’un trio de producteurs émérites mérite plus que l’anonymat quasi-absolu auquel il semble condamné. Mais, une nouvelle fois, peu de gens le savent.

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