Chronique

People Under The Stairs
Sincerely, The P

2019

Ils auraient pu parler d’eux, personne ne leur en aurait voulu. C’était le dernier morceau de leur dernier album, celui qui vient clore vingt ans de carrière. Ils auraient pu raconter les scènes retournées aux quatre coins du monde, la reconnaissance de leurs pairs, cette passion pour la musique qu’ils n’ont jamais trahie. Ils auraient pu se mettre en avant : c’était tout à fait légitime, presque dans l’ordre des choses, de célébrer leur œuvre.

Mais au moment de tourner la page People Under the Stairs, Thes One et Double K ont fait un choix différent, celui de parler des autres, sur « The Sound of a Memory ». De ceux qui étaient parmi nous au début de l’aventure, en 1998, mais ne sont plus là maintenant qu’elle s’achève. Des membres de la famille, des amis. Des confrères aussi, Mac Miller en tête, et des monstres sacrés de la musique partis ces dernières années (James Brown, Prince, Aretha Franklin). Les noms de tous ces êtres regrettés, Double K les égraine, avant de conclure en saluant l’humanité toute entière – comme si elle aussi avait disparu depuis le tournant des siècles. Un final magnifique mais plombant, merveilleusement servi par un sample d’Are & Be, obscur groupe de soul du début des années 1980, ainsi que par un air de piano d’une profonde mélancolie joué par la musicienne Kat O1O. Une conclusion en forme de contrepied artistique pour un duo qui a toujours défendu et mis en musique un certain hédonisme, mais qui n’a finalement rien d’incohérent. « Show your people that you love them while they all still here » : profitez de tout ce que la vie a de positif à vous apporter, le temps passe vite et ne fait pas de cadeau.

Avant d’en arriver à « The Sound of a Memory », il y a quand même quatorze pistes dans Sincerely, The P. Pas vraiment les plus inspirées de PUTS, mais rien de désagréable non plus. « The Red Onion Wrap » ne fait pas pâle figure dans la longue liste des party anthems réalisés par le duo. « Streetsweeper » brille par son sample de steel drums, « Family Ties » par ses guitares entraînantes. Il y a toujours cette capacité à dénicher des boucles inattendues, à offrir de revigorants passages scratchés. Mais, dans l’ensemble, il manque à l’album une certaine forme d’entrain, de supplément d’âme. Thes One et Double K ont passé vingt ans à cravacher pour vivre leur passion tout en joignant les deux bouts, ils sont fatigués et, malheureusement, cela se ressent un peu dans Sincerely, The P.

L’histoire aurait donc pu simplement finir ainsi, avec un album mi-figue mi-raisin et le constat poli qu’il était effectivement plus sage de s’arrêter là. Mais avec « The Sound of a Memory », PUTS s’offre une sortie à la mesure de sa riche discographie. Thes One le dit lui-même : « if it has to end, it should end as such.⁣⁣ » On n’osera dire le contraire. Le temps est venu de remercier People Under the Stairs pour tous ces bons moments. Et, surtout, de souhaiter le meilleur à Thes One et Double K pour la suite.

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