Ankhlejohn
Lordy by Nature
« Moroccan/American designer Naeem Khaliq Washitaw-EL was raised in Washington D.C. & at 16 years old he was introduced to the fast life culture of « UUV ». The term UUV derives from the DC penal code (D.C. CODE 22-3215), which stands for Unauthorized use of motor vehicle. Naeem began to understand that through adrenaline activities, an individual could cultivate an energy within themselves that would make them feel invincible or fearless. This energy could be used at will once cultivated; in any way the individual saw fit. »
Le texte qui accompagne Lordy By Nature parle d’adrénaline, de sensations fortes et d’une certaine forme d’élévation. De design, de délinquance. Sans qu’on sache réellement quel est le lien avec le projet qu’on s’apprête à découvrir (du sponsoring ?). Alors, après la lecture de ces mots, à quoi s’attendre au moment de se lancer dans l’écoute ? À de la musique nerveuse et dynamique, certainement. À des sonorités lorgnant d’autres genres que le rap, peut-être. Pourtant, il n’en est rien. Ankhlejohn nous emmène en mission vol de voiture dans les parkings souterrains de la capitale fédérale, avançant à pas feutrés sous les néons blafards en prenant bien garde d’entrer le moins possible dans le champ des caméras.
Utiliser le savoir acquis en s’adonnant à des activités illicites pour prétendre à mieux, pourquoi pas. Mais pour l’instant, celui-ci sert surtout à écrire des chansons dont les titres ne laissent pas trop d’ambiguïtés sur la marchandise (« UUV », « How to hack a Tesla », « How to hack a Bugatti », « Two Cars »). Le tout sur des beats lents, crades et hypnotiques, qui ne se prêtent pas vraiment aux démarrages en trombe ou aux courses-poursuites. Le parti-pris niveau productions est d’ailleurs plutôt intéressant : Slumlord signe les trois premiers beats, donnant le ton avec la guitare vénéneuse de « UUV » et plantant une atmosphère ténébreuse. VHS, qui assure les trois instrumentaux suivants, calme un peu le jeu avec des compositions moins oppressantes. Avant que Viles, sur les trois dernières pistes, vienne à nouveau calfeutrer les quelques rayons de lumière qui avaient filtré, notamment avec le sinistre final « Lordy by Nature ». Il y a une vraie progression dans le disque, une réelle cohérence, avec comme fil rouge la voix nasillarde et rêche d’Ankhlejohn, seul au micro tout du long.
Actif dans le rap depuis quelques années, Ankhlejohn est passé à la vitesse supérieure depuis un an et demi, avec une dizaine d’EPs sortis durant cette période. La combinaison des ambiances noires comme la suie et de la voix de gremlin atteint d’un cancer de la gorge ramène à RetcH et à d’autres rappeurs ayant eu leur quart d’heure de gloire ces derniers temps. À en juger par son œuvre récente, Ankhlejohn semble plus régulier dans ses efforts, moins dispersé, davantage à même de s’illustrer sur la longueur. Le sympathique label allemand FXCK RXP ne s’y est d’ailleurs pas trompé : après en avoir fait de même pour The Red Room, paru fin 2017, il a offert à Lordy by Nature une sortie physique digne de ce nom, donnant ainsi une résonance nouvelle au travail du rappeur de D.C. De quoi se ranger des voitures ?
Merci pour ce bon plan !