Blue Sky Black Death
Late Night Cinema
Dans Metal Gear Solid 3, lors de son affrontement avec le boss The Sorrow (le chagrin, la peine), Snake remonte lentement le cours d’une rivière. Il doit sans cesse zig-zaguer pour éviter les fantômes de tous les ennemis qu’il a tués au cours de l’aventure. Ce passage est l’un des moments les plus impressionnants du jeu : The Sorrow n’est pas difficile à vaincre, mais l’atmosphère est incroyablement bien travaillée. La rivière est limipide, entourée d’immenses arbres tristes et de brume. Aux plaintes des morts se joint la voix du boss, murmurant régulièrement « The sorrow… ».
Late Night Cinema du duo de producteurs californiens Blue Sky Black Death en aurait constitué la bande-son idéale. La musique de Young God et Kingston, magnifiquement orchestrée, déborde de cette même tristesse. Comme le producteur de dubstep Burial, ils utilisent à merveille les samples vocaux qui planent, pleins de mélancolie, entre les violons et autres instruments à cordes, les pianos et les cuivres, les rythmiques incisives ou discrètes et les compositions au synthé. Grandiloquente par moments, leur musique s’appréhende comme un tout : un tout mystérieux, nocturne et émouvant qui berce l’auditeur, de ‘The Era when we sang’ à ‘Legacy to fuel’ ; un tout qu’il serait vain de chercher à décortiquer titre par titre, car cela risquerait d’en rompre la magie. Laissons le travail de médecins légistes musicaux de côté, pour une fois.
Déjà auteur de trois albums – A Heap of Broken Images (2006), Razah’s Ladder (2007) en collaboration avec Hell Razah et l’excellent The Holocaust (2006) avec le Wu-Tang Affiliate Holocaust/Warcloud – le duo Blue Sky Black Death continue sur la même voie. Celle d’une musique qui transporte et fait rêver en même temps qu’elle reste liée à un spleen collant à la peau. Celle des marches nocturnes, celle des jours de deuil. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’un des morceaux de Late Night Cinema s’intitule ‘Ghosts Among Men’.
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