Chronique

Supernatural
Internationally Known

Babygrande Records - 2002

Près de dix ans après « Natural Disasters », Supernatural revient enfin sur le devant de la scène, avec un album qui devrait voir le jour l’année prochaine…pour nous en donner un avant-goût donc, voilà un maxi trois titres, sorti chez Babygrande (label où sont également signés les Jedi Mind Tricks et Canibus, entre autres). Le MC de l’Alien Nation, un peu à l’instar de ses potes de Freestyle Fellowship de l’autre côté du pays, n’a jamais connu le succès qui récompenserait ses indéniables qualités d’emceeing, lui ayant valu d’être reconnu comme le meilleur freestyler new-yorkais de façon quasi-unanime. Peut-être le connaissez vous par l’intermédiaire de ses collaborations avec Squatt et Assassin, mais dur de citer d’autres faits d’armes, tant sa carrière paraît chaotique et obscure…néanmoins, faisant fi du temps qui passe, rassemblant son envie d’en découdre et sa passion pour un art auquel il a apporté bien plus qu’on ne l’imagine, le voilà qui nous propose un 12 » bien sympathique, qui annonce plus que jamais que 2003 pourrait être l’année Babygrande…

On commence avec ‘Internationally Known’, morceau ego-trip produit par DJ Rhettmatic. Supernat y parle de ses voyages, de l’accueil qu’il reçoit un peu partout, de sa réputation qui n’est plus à faire, le tout sur un instru bien ficelé, faisant intervenir un beat bien lourd et des boucles de violons en fond sonore. En bon Beat Junkie, Rhettmatic fait preuve de son habileté aux platines. Pas très original mais efficace…la seule déception réside dans le flow de Supernat, qu’on avait connu plus technique et impressionnant.

Heureusement, cela change sur la face B, où, avec le fou furieux Vinnie Paz à ses côtés, Supernatural nous lâche avec ‘Suckaz’ LE morceau de cette fin d’année. La prod, joli pied de nez, est celle où Jus Allah a posé l’une des versions de ‘White Nightmare’ (la plus marquante d’ailleurs) qui ne virent pas le jour. Ambiance lourde et oppressante, on dirait du Stoupe, mais ça n’en est pas : en effet, Panik (Molemen) est à la MPC, et il y confirme sa grosse forme du moment. Les rimes sont toutes dédiées aux ‘suckaz’, thème on ne peut plus courant, mais qu’importe, ça fait mouche. Ikon est toujours aussi surexcité, et Supernat retrouve toute son énergie : « I’m one of the reasons why you ain’t sleepin’ at night ». On a assurément là une perle de plus à mettre à l’actifs des deux MCs…

On achève par le tout aussi sombre ‘Flashbacks’, où cette fois-ci Supernat se retrouve seul avec une boucle et un break de batterie. Et comme tout grand MC, il n’a pas besoin de plus pour s’illustrer au sein d’un morceau étrange et violent, dissipant les dernières inquiétudes qu’on pouvait avoir à l’égard d’une quelconque perte de flow. Les variations de ton et de timbres de voix sont légion, créant une atmosphère malsaine et lugubre. Le MC campe plusieurs personnages avec une facilité assez déconcertante, et si les deux autres titres ne faisaient pas dans le jamais vu, on a là une preuve que Supernat possède plus de tours dans son sac que ceux lui permettant uniquement de faire du bon rap classique. Et forcément, c’est de bon augure.

Ce maxi apporte donc son lot de bonnes nouvelles : Supernatural revient enfin avec un album solo, il n’a rien perdu de son flow, et s’ouvre de nouveaux horizons qui pourrait faire de lui le une des personnages majeurs de la riche année qui s’annonce.

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