Chronique

Surreal & DJ Balance
Future Classic

Hip Hop IS Muisc - 2006

L’année 2006 est décidément riche en sorties pour le tout jeune label de Braille, Hiphop IS Music. Après l’album de Sivion, Spring of the Songbird, la compilation Heavy Rotation et le Box Of Rhymes de Braille destiné au territoire nippon, voici le premier album de Surreal & DJ Balance, Future Classic.

Parfait inconnu originaire de Floride, Surreal n’est pas du genre à se perdre en fioritures : son flow file la plupart du temps droit, sans chercher à en mettre plein la vue. Simple et efficace, il enchaîne les rimes introspectives (‘Each Step’, ‘Moment in Time’, ‘Let the horns blow’), festives (‘Yeah Boy’, ‘Can’t Stop the Bumrush’), timidement engagées (‘The Proof’), ou personnelles (‘Intro’, ‘Car and a Job’) sans tenter de prouesses verbales. Parfois trop monotone malgré ses accélérations bienvenues sur ‘Can’t Stop the Bumrush’ et ‘Yeah Boy’, Surreal montre ses limites lorsqu’il est en compagnie d’autres MC’s, ces derniers l’éclipsant facilement. Il n’en demeure pas moins agréable à écouter, et Future Classic coule de l »Intro’ à ‘Let the horns blow’ sans accrocs. (appréciez la rime)

S’il peut globalement être qualifié de « boom-bap jazzy« , l’album est, musicalement, assez varié. Ohmega Watts surprend en livrant un beat pêchu rappelant M-Boogie (‘Car and a Job’) tandis que Tony Stone, accompagné par Sivion au saxophone, parvient à créer une atmosphère onirique planante parfaite pour les rimes intimistes de Surreal (‘Let the horns blow’) et que les Soundproviders visent juste en samplant une guitare électrique jazz (‘Speak Facts’). Teintées le plus souvent de jazz (Moo, Bluemind…) ou de soul (Vintage, qui signe notamment le meilleur morceau du disque, ‘Permanent Ink’), les instrus de Future Classic provoquent systématiquement de légers hochements de tête ; pas de bangers casseurs de nuques au programme mais des samples tranquilles et mélodieux sur des rythmiques basiques, à l’exception des nerveux ‘Can’t Stop the Bumrush’ et ‘Yeah Boy’, qui n’auraient pas dépareillé sur le Wrong Way de Lightheaded. DJ Balance, lui, se contente d’assurer les scratches de l’album et signe deux interludes de qualité, ‘One Man Band’ et ‘Writing 101’.

Avec des morceaux comme ‘Permanent Ink’ ou ‘Intro’ (« What I say now echoes in eternity… ») et en intitulant cet album Future Classic , Surreal et DJ Balance affirment leur volonté de réaliser un classique. Intemporel, Future Classic l’est indéniablement par sa forme : peu de chances pour qu’il soit démodé d’ici un mois, ou même un an. Parler de classique à son sujet paraît pourtant présomptueux : d’autres albums jouant dans la même catégorie ont bénéficié d’un emceeing plus incisif. Mais il s’agit indéniablement d’un très bon disque, qui n’aura pas l’exposition médiatique qu’il mérite.

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