Gros Mo
Fils de pute
La Casa Musicale de Perpignan en centre de formation, Nemir dans le rôle du parrain, un paquet de scènes pour prendre de l’épaisseur et quelques couplets qui ont compté (« Ratatatat », « Monnaie courante »). Avec la barbe de Fidel Castro et sans gros Beretta, Gros Mo pose depuis quelques années les fondations. Et le bien-nommé Fils de pute sert à la fois de galop d’essai et de première marche discographique.
« Coupe un peu le buvard que je me tue le cerveau » (« Rabzouz »).
En sept titres et une petite vingtaine de minutes, il dévoile un univers où la défonce et les femmes sont un pain quotidien. Et deux obsessions qui rongent un cerveau qui tourne au ralenti. Entre nuages de fumées et hallucinations chargées en codéine, Mo traîne sa nonchalance et ses pupilles dilatées dans un univers entrecoupé de nappes de flou et de violence froide. Le crâne chargé en psychotropes et en visions nocturnes, il pose ses mots au rythme d’un marcheur blanc. Loin d’être monotone pour autant, le chemin de ce joyeux Fils de pute est aussi marqué par ses montées d’adrénaline, ses accélérations couplées à des roulements de batterie. Avec quelques cuillères de sirop dans le cornet, Enz’oo et Everydayz servent un univers poisseux, à mi-chemin entre « Purple Swag » et « REMember », où réalité et illusions s’entremêlent.
« Au lieu de me prendre la tête, tu ferais mieux de me prendre la verge » (« Tranquille »).
À la fois brut(al) et sophistiqué, Gros Mo déroule un phrasé sans filtre mais pas sans maitrise. Et s’il fallait un contre-pied pour équilibrer l’ensemble, Nemir endosse le rôle du couteau-suisse toujours impeccable, alternant couplet haut perché (« Click Bang ») et refrain acidulé (« Gimmik »). En deux morceaux, les deux larrons de Perpi’Zoo dévoilent une alchimie évidente dans des registres complémentaires. L’autre invité de la petite sauterie, Alpha Wann, apporte une autre touche, dans un morceau qui détonne avec le reste. « Big Boss » envoie de la savate et de la bonne salve d’égotrip dans un esprit boom-bap et battle rap directement inspiré des années quatre-vingt-dix.
Concis et abouti, ce Fils de pute marque (également) l’ascension programmée d’une vraie scène perpignanaise où Nemir joue les locomotives pour quelques forts en gueule comme Gros Mo et Hassan. Enfin une bonne nouvelle dans une ville sinistrée. Louis Aliot, cet EP est pour toi.
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