Zéphir
Etoile verte
Après avoir écumé mixtapes et compilations (quelle différence aujourd’hui ?), Zephir pose logiquement sa première pierre sous forme d’un maxi vinyle deux-titres, Étoile verte. Deux titres, pour confirmer la première bonne impression laissée par les précédentes apparitions du rappeur.
‘Etoile verte’ commence fort : l’instru simpliste de Matrix trotte rapidement en tête, tandis que les phases venimeuses de Zephir font mouche. Les scènes marseillaise (« A l’heure où tu te masturbes sur les solos de la Fonky, j’ai la drogue que réclament tes grosses narines », « Vis ma vie, allégorie du cliché, je ne savais pas que pour être hip hop, il fallait boiter ») et groovo-r’n’bisante (« Ol’Kainry, tu t’égares quand tu bounces avec Willy Denzey« , « Imagine Zephir faire la bise à un schmit ; c’est
comme imaginer Matt Houston avec un pénis ») en prennent pour leur grade, même si les personnes citées semblent plus des exemples utilisés par Zephir pour amener son point de vue que des victimes d’attaques directes.
Dans l’ensemble, son écriture morcelée, qui n’atteint pas des sommets renversants, possède une caractéristique peu commune : de l’égotrip marrant y côtoie des bouffées de mélancolie touchantes de manière étonnamment fluide. Pas de changement radical de ton d’un morceau à l’autre. ‘Geste et philosophie’ (issu de sa démo) passait pour un morceau paisible du seul fait de son instru, il en est de même ici pour ‘Etoile verte’ et ’19 pyramides’ : ambiance agressive pour le premier, onirique pour le second.
En fait, la véritable particularité de Zephir réside dans sa voix : intonations sinusoïdales, rythme rebondissant et grain plaisant fonctionnent à merveille, s’emboîtent pour former un tout maîtrisé et naturel à la fois. Reposant sur des boucles bien choisies, les instrus de Matrix sont assez linéaires et lui permettent de faire varier à volonté sa façon de poser ses textes.
Au final, un flow reconnaissable entre mille, une plume maniant habilement le mélange des genres, des choix d’instrus judicieux : Zephir ne révolutionne rien mais amène une fraîcheur bienvenue grâce son identité marquée.
Pas de commentaire