Chronique

Mr Brady
Dusty Baker

Battle Axe - 2002

La sortie de ce Dusty baker restera à l’image de son auteur : assez confidentielle. Bien que présent sur la plupart des projets Battle Axe et après avoir sorti des maxis remarqués (‘Let my record rotate’), Mr. Brady est loin d’être le guerrier le plus en vue du crew a la tête de mort. Si sonstyle et ses productions ne sont pas aussi impressionnants qu’un Moka Only, un Joey Chavez ou un Abstract Rude, reste que le premier album de ce vétéran de la cote ouest aurait mérité un accueil et une distribution plus à sa mesure. Dusty baker sort en effet sur Underworld, division stérile de Battle Axe à qui l’on doit les deux seuls volumes des ‘Lyrics of fury’. Du coup, en éludant son contenu, on en vient à se demander si cet album d’une demi heure n’aurait pas été pensé par Battle Axe comme un teaser de « Dirty », qui viendra lui succéder quelques mois plus tard…

Pour cerner le style de Brady, on peut se fier à la pochette : Dusty baker est le prototype de l’album hip-hop classique. Classique au  sens cliché du terme. Des morceaux de 3’30, à peine plus, à peine moins, reposant sur une boucle d’une mesure de violon ou de piano, avec un beat bien lourd, sur lequel vient se poser un rap grave et monocorde. C’est une certitude : cet album ne révolutionnera pas l’histoire du rap. Pas plus que la manière de produire. Mais s’il ne sort pas des sentiers battus, il reflète toutefois à cent pour cent la façon dont le boulanger Brady conçoit son hip-hop : classique, direct, percutant. L’exemple le plus parlant est le titre ‘Emotions’, lamentablement efficace de simplicité : trois notes de violons et un beat lourdingue digne du premier venu… mais on ne peut s’empêcher de monter le son et d’en reconnaître l’effet. Voilà la touche Brady. Et hormis ‘The Basics’ et ‘All Out War’ au milieu de l’album, tous les titres font autant preuve d’énergie. Cette réserve pour l’ornement, on la retrouve également côté featurings, les Swollen Members, Abstract Rude, LMNO et Evidence ayant tous été mis au vert en prévision de ‘Dirty’. Seul son ami de San Diego Tony Da Skitzo est présent sur le très bon ‘Everlasting Passion’. Brady joue aussi en solo côté productions, ne délégant que le court ‘Wierdos’ à Mic Czech.

MC/producteur, et même fort de son expérience, le vétéran exploite sa MPC comme un jeune novice. Il prend soin d’éviter toute forme de fioriture, dans ses prods comme dans ses raps. Sa seule préoccupation semblant d’aller directement a l’essentiel. S’étant forgé une solide réputation par ses battles, on peut être déçu de son rap grave parfaitement linéaire. Seuls quelques scratches bien sentis de Mic Czech et H.O.P (‘Vibe Killer’) viennent faire vaciller ce bloc de béton, mais on aurait aimé un peu plus de spontanéité.

Même si cet album, à prendre comme une présentation du travail de Brady, n’a pas la consistance et diversité de Dirty qui sortira l’année suivante, les dix sons de l’album, sans être d’une grande originalité, font immanquablement tous remuer la tête. De cette même façon primitive et incontrôlée qui a entraîné chacun à aimer le rap. Ne serait-ce que pour ça l’album mérite de ne pas passer à la trappe et qu’on lui accorde ne serait-ce qu’un clin d’œil…

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