Chronique

Dirty Dike
Return of the Twat

High Focus Records - 2013

On avait laissé Dirty Dike avec le Sloshpot EP, sorti il y a quelques mois. Sur les prods chiadées de Mr. Boss, l’Anglais s’illustrait dans un registre qu’on ne lui connaissait pas, parlant de prison, de sa jeunesse et racontant à qui voulait bien l’entendre qu’il n’était plus aussi barré qu’il l’avait été. Pour la promotion du disque, un clip en noir et blanc, à l’ambiance posée et mélancolique, avait été tourné. Même pas de déguisements et de gags débiles. Avec une certaine émotion, on voyait donc Dike s’engager sur le chemin de l’âge adulte. C’était juste une impression. Depuis, le rappeur de Cambridge a selon toute évidence remis les doigts dans la prise et arrêté de prendre ses pilules (ou plutôt les a troquées contre d’autres, aux effets différents). En résulte Return of the Twat, le retour du con, titre judicieusement choisi pour évoquer ce naturel de morveux revenu au galop.

Histoire que le pétage de plombs se fasse en bonne et due forme, la production a été confiée à deux beatmakers pas franchement connus pour la teneur intimiste de leurs compositions. Naive (Three Amigos) intervient sur la première moitié de l’album, Pete Cannon sur la seconde. Malgré ses faits d’armes passés, Naive ne parvient pas à convaincre. Les beats claquent, mais manquent totalement d’imagination. A tel point qu’arrivé au milieu de Return of the Twat, la déception serait de mise sans un Mr. Dikestar au sommet de son espièglerie. Heureusement, la suite se révèle excellente. Return of the Twat, le morceau, est le prolongement idéal de « Pork Pie » (sur Constant Dikestar). Un véritable hymne, au refrain que l’on se surprend à gueuler à tue-tête, venant si parfaitement souligner la folie de Dike et de son univers. Forcément, le titre a été clippé et forcément, c’est un grand moment d’humour complètement potache et d’immense n’importe quoi. La fin de l’album est dans la continuité, entre le menaçant « Rapping over Silence » et le posse-cut de clôture où Dike a convié toute la horde de gremlins gravitant dans le sillage de High Focus Records et de la clique Contact Play.

Une tronche de gamin toujours prêt à faire une crasse, de l’humour et une vraie personnalité. Si les médias musicaux semblent pour l’instant lui préférer Bang On! et sa musique plus métissée, on posera quand même une piécette sur l’explosion à venir de Dirty Dike. C’est ce qu’on lui souhaite en tout cas. Quant à nous, on espère pouvoir profiter encore longtemps de la créativité et de la bonne humeur de l’autoproclamé filthiest rapper in the game, mais aussi et surtout de ses immenses talents au micro.

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