5 bonnes raisons d'écouter Apparences de Dinos Punchlinovic
Il paraît loin le temps des Rap Contenders. Comme son premier essai discographique – L’Alchimiste – semble déjà bien derrière lui. Et pourtant c’était il y a moins d’un an. À défaut de changer le plomb en or ou d’arracher une larme à Paulo Coelho, le petit Dinos a franchi un paquet de paliers en une petite dizaine de mois. Une signature chez notre Def Jam hexagonal, la première partie d’IAM à l’Olympia, des clips chiadés pour imager et appuyer des singles, on pourrait aligner les exemples pour arriver au même constat : Dinos a pris de la bouteille et du galon. On a pris un peu d’avance et écouté Apparences, son dernier onze titres. Voici cinq bonnes raisons de se pencher dessus.
Au-delà des punchlines.
Dinos n’a plus dix-sept ans. Il le répète plutôt régulièrement sur ces onze titres. En tout cas suffisamment souvent pour qu’on garde ça bien en tête. La petite vingtaine au compteur, Dinos en a déjà sous la mine. Et sans forcer le trait, il distribue de la punchline à foison (« j’ai le bras long comme Piccolo« ), des images éclairs et autres références inattendues (« je rentrerai dans le bureau de Chulvanij avec mon RIB« .) Un peu d’humour, de lucidité et d’insolence viennent épicer un cocktail bien tassé. Alors oui, il reste bien quelques formules éculées et les histoires de lycéen de « Déclenche l’alarme » pour rappeler que le temps ne passe pas si vite. Ou plutôt qu’on devient probablement trop vieux pour ces conneries.
Ce projet, c’est le sien.
Un EP franchement obèse ou un micro-album réduit à la portion congrue, on vous laisse disserter sur le format. Apparences comporte en tout cas onze titres. Mais il n’a – surprise relative – qu’un seul invité : un Nemir toujours impeccable, même quand il est cantonné à chantonner un petit refrain. Pas de gros noms ronflants pour jouer les cache-misère ni de carton d’invitation groupé pour la fraternité de La Capsule, Dinos a fait des choix. Ce projet est avant tout le sien. Surprenant d’éclectisme, il a ses hauts (« Destin Commun », « Namek ») et ses bas (« Comme un dimanche »). Mais il ne tourne jamais en rond.
Il est sérieusement bien produit.
On peut le dire : Apparences ne fait pas dans le monolithique brut. Il part même un peu dans tous les sens et déborde d’influences éparses, mais toujours bien inscrites dans son époque. Derrière ce patchwork aux petits oignons, il y a deux beatmakers de Golden Eye Music : Richie Beats et Blastar. On doit notamment au premier « Namek » et sa boucle arrondie et ralentie où les langues sont transformées en Moltonel et les bulles sont dans les Nike Air. On doit au second, Blastar, trois productions alternant envolées soulful (« Fuck ce truc »), roulements de batterie (« Dans ma tête ») et des synthés saturés dignes d’AraabMuzik (« Destin commun »). Un brelan majeur qui atteint son apogée avec l’électrique « Destin Commun » qui alterne orages et éclaircies.
Ce qu’il laisse présager.
Dinos n’est pas arrivé. Il le sait et on compte sur son entourage – notamment ce bon vieux Oumar – pour lui rappeler si nécessaire. Un bon cran au-dessus de L’Alchimiste, Apparences est tout sauf un point final. Il ouvre plutôt une parenthèse qu’on n’image pas comme une étoile filante. Et l’album qui va suivre dans l’année devra être encore un cran au-dessus. Dinos Punchlinovic est un peu comme Anthony Martial : un présent qui a déjà de la gueule et (surtout) un potentiel de fuoriclasse pour marquer son époque.
Patate de forain.
Un mec qui considère « Patate de forain » comme LE morceau fondateur, celui qui a tout fait basculer, franchement, il mérite d’être entendu.
Dinos Punchlinovic… ça fait longtemps que je le suis ce petit… Depuis capsule Corps, Thumbs up, les rap contenders… Et maintenant le voilà chez DEf Jam…