Loganprojects
Character assassination EP
Léger retour en arrière sur cet EP sorti en 2001 qui passa à côté de bon nombre de platines, et qui mérite de toute évidence qu’on daigne s’y attarder, ne serait-ce qu’au cours de ces quelques lignes… Situé à Hambourg et bien que méconnu en France, Hong Kong Recordings n’en demeure pas moins un label à la démarche singulière. Avec comme première signature le groupe Doppelkopf, ce jeune label créé en 1997 pris toutefois la direction de se tourner assez vite vers des artistes internationaux aux sonorités moins traditionnelles. Le destin a voulu que ce soit du côté des États-Unis, et plus particulièrement du Maine et de JD Walker, MC/producteur ancien membre des Live poets, groupe qu’il fonda en 1994 en compagnie de Sole et Moodwing9. Ces derniers ayant préféré migrer vers les terres californiennes pour y accroître la fourmilière Anticon, JD Walker trouva alors écho à ses prestations solos du côté de l’Allemagne et de Hong Kong Recordings sous la forme de ce premier EP. Distribué par Groove Attack, celui-ci n’eut cependant pas la diffusion et le succès escompté, malgré une qualité évidente.
Le morceau phare de ce six titres, ‘Character assassination’, est en quelque sorte un condensé de l’esprit du EP : une mise en valeur du flow grâve de J.D Walker. En l’occurence, il est superbement servi ici par Alias, à la fois rappeur et producteur sur ce morceau. Il utilise un sample unique (aux influences asiatiques) et uniforme d’une efficacité remarquable, offrant à Sole, J.D Walker et lui-même l’occasion de s’exprimer chacun dans un registre propre. Le tout donnant un résultat assez saisissant. L’autre production du parrain du goth-hop, ‘The music’, est quant à elle plus en dessous de ce que l’on peut attendre de lui. Le rythme de contrebasse et le beat syncopé semblant en effet moins convenir à un JD donnant pourtant l’impression de maîtriser son sujet.
Et, comme on est jamais mieux servit que par soi-même, ‘Random thoughts’, une des trois productions de JD Walker, est l’illustration parfaite de ce que le MC veut faire passer au micro. La force de ce titre est sans conteste sa basse lourde où il est facile de rapprocher les influences d’Anticon et où JD s’emploie à multiplier les exercices rythmiques. ‘One’ semble pourtant être le titre le plus représentatif des similitudes existantes entre Anticon et le MC, construit sur un schéma identique : grosse basse, flow qui avale les syllabes, refrains rythmés. Sans véritable surprise ce morceau s’avère être une grande réussite dans les choix des éléments qui le structurent.
Mais la meilleure production, et aussi celle qui est la plus en marge, est sans nul doute à mettre à l’actif de l’auteur de Bottle of humans : quelques notes de guitare légères mettant en exergue un beat écrasé par les symballes. Recette maintes et maintes fois utilisée, mais qui fait toujours son effet lorsque le rappeur sait parfaitement s’accaparer du beat. Enfin, l’inquiétant ‘Zombie’, met quant à lui en lumière la face la plus sombre du MC de Portland. Posé sur un beat lourd et complété par un refrain accompagné d’un changement de ton dans la voix, JD y livre des lyrics à la fois très noirs et personnels.
De manière indiscutable, les six titres de Character assassination constituent autant de réussites, J.D Walker prouve par ailleurs sur trois d’entre eux qu’en plus d’être un MC talentueux, il est capable de produire des sons de relativement bonnes factures en comparaison de beatmakers aussi habiles que Sole et Alias. Se hissant au niveau de ceux-ci avec aisance et sans forcer son talent, J.D Walker devrait inévitablement combler les amateurs d’Anticon avec cet EP en tout point remarquable.
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