Chronique

Outerspace
Blood and Ashes

Babygrande Records - 2004

Duo formé de Crypt the Warchild et Planetary, Outerspace s’était jusque là surtout fait connaître comme un groupe satellite de Jedi Mind Tricks. Porto-ricains d’origines, membres de l’Army of the Pharaohs, issus eux aussi de Philadelphie et affectionnant un style musical proche de celui de leurs illustres concitoyens, les deux MCs semblaient être quelques peu las d’évoluer dans l’ombre bienvenue mais quelque peu imposante de Stoupe et Vinnie Paz. Ils ont donc pris l’initiative de se lancer dans l’aventure du « debut album », afin de dessiner les contours d’une identité qui n’appartiendrait qu’à eux.

Bien leur en a pris : même si cette volonté de démarcation n’apparaît pas comme tout à fait concrétisée, Outerspace parvient à présenter un LP solide, peu original mais plutôt efficace. Malgré une liste de producteurs assez hétérogène, Blood and Ashes possède un grain sonore fort et cohérent, où productions violentes et va-t’en guerre alternent parfaitement avec instrumentaux plus calmes et intimistes. Parmi les prestations les plus remarquables des beatmakers conviés, on remarquera celle de l’Allemand Shuko, qui offre le grandiose ‘Angels of Death’ pour clôturer le disque. Les grands noms, Celph Titled, 7L et Panic répondent tous présents, en parvenant à mettre entre parenthèses leurs styles de prod habituels pour entrer dans le ton de l’album. Sortent du lot les excellents ‘Revolution’, ‘Top Shelf’ (même pompé outrageusement sur ‘Pure Koke’ de Planet Asia le beat reste excellent), ‘Gods and Generals’ et donc le magnifique ‘Angels of Death’, aux cuivres lourds surmontés de chœurs d’opéra. Finalement, même sans Stoupe au tracklisting, Blood and Ashes s’avère être une grande réussite musicale.

Au micro, si jadis Crypt avait une bonne longueur d’avance sur son compère, celui-ci n’a désormais plus grand-chose à lui envier. Tous les deux évoluent dans des registres quasi-similaires, celui des flows rageurs mais relativement sobres, peut-être trop par moment : il en irait de même pour beaucoup de MCs plus confirmés, mais on sent une certaine différence de niveau en sa défaveur quand le duo rencontre Immortal Technique, Sadat X ou Vinnie Paz. Toutefois, le casting des invités paraît judicieux, chacun apportant réellement une touche personnelle et donc une certaine variété à l’album, offrant un plus non négligeable à l’ensemble. L’écriture, relativement classique également, laisse une place importante à l’egotrip hardcore, sans pour autant reléguer aux oubliettes des thématiques plus intimes.

Même si la prise de risque est assez minimale, Blood and Ashes ne contient pas beaucoup de déchets : seul le mièvre ‘Whatever It Takes’ apparaît réellement comme un temps mort au sein de l’album. Ca demeure acceptable, surtout au vu de la qualité de morceaux tels que ‘Angels of Death’ ou ‘Gods and Generals’. Le tout est homogène, cohérent de bout en bout, et offre des très bons moments du boom-bap « ruff, rugged and raw« , dont l’AOTP et ses membres se sont fait une spécialité. On n’en demandait guère plus, et on attend déjà la suite des aventures de Crypt et Planetary et de leur « Machin Gun Rap », sous la bannière des Pharaons ou celle d’Outerspace…

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