Chronique

Al Quetz
Drums come from Africa

StillMuzik - 2011

Resituons. Producteur volatile proche notamment du parisien amateur de Chinoiseries Onra, auteur avec lui d’un album commun Tribute, Quetzal ouvre une nouvelle page double. Il se fait désormais appeler Al Quetz. Petit ajustement mais référence éternelle à cet oiseau d’Amérique latine qui cesse de chanter dès qu’il est mis en cage. Autre versant de cette page fraîchement ouverte, Drums come from Africa constitue son deuxième album solo. Il fait suite à Vision, opus déjà quasi-entièrement instrumental et riche de ses influences éparses, notamment latines et jamaïcaines.

Pendant une petite quarantaine de minutes, Al Quetz multiplie les ambiances diverses mais liées entre elles autour d’un thème fondateur : l’Afrique. Les pistes les plus marquantes apparaissent comme autant de clichés et souvenirs d’un voyage mystique aux références bien réelles : le vent soufflant au-dessus des hauteurs du royaume de Saba (le léger « Herb from the Kingdom of Saba »), l’agitation autour du pétrole du Niger (« NigerOil – Delta’s Rebel »), les querelles internes (« Me against Myself ») l’histoire de grandes figures (« Lumumba & Sankara »). Photos toutes virtuelles infusées dans nos pensées, on traverse paisiblement ces monuments imagés. N’imaginez pas uniquement une lente traversée en rivière, écrasée par une chaleur étouffante, quelques pointes d’un Afrobeat nigérian plus épicé viennent agiter l’embarcadère.

Sans faire écho au Beat Konducta in Africa, projet au titre explicite de Madlib, sorti en mars 2009 via Stonesthrow, Drums come from Africa joue une autre partition, une autre recette. Moins axé sur la musique africaine dans son (grand) ensemble, il est plutôt centré sur les musiques nigérianes et ghanéennes. Aucunement démonstration, il dresse un portrait partiel du continent avec ces touches d’ambiance. Al Quetz y appose les atmosphères avec une certaine unité de ton. Il y joue avec la superposition des nappes, une diversité dans l’utilisation des percussions et une composition toujours dépouillée pour chacun de ses morceaux. Entièrement instrumental, autoproclamé d’inspiration vaudou, Drums come from Africa est enrichi de rares moments parlés ou chantés pleinement intégrés dans une musique samplée suave et fluide.

Pressé à hauteur de cinq-cents exemplaires – vinyles uniquement – et complété par une distribution digitale, Drums come from Africa part comme un projet confidentiel. Difficile de prédire où il finira. Après tout, demain c’est loin.

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