Psykick Lyrikah
Acte
A monde pluriel, plumes singulières. De singulier à unique il n’y a parfois qu’impact. Un pas, un pacte, un Acte. Album-concept à l’axe simple – une guitare, une voix et des millions de cordes pas seulement vocales à dénouer -, Acte se veut palier de transition dans l’œuvre en gestation de Psykick Lyrikah. Des lumières sous la pluie, l’étape précédente, marquait déjà la mue du vilain petit canard – époque Lyrical teknik, ses promesses et ses approximations – en cygne à la beauté désarmante, tout autant que le chant de ce dernier… « Avec ceux que nous aimons nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence » écrivait René Char à la disparition d’Albert Camus. Sans le dire, ce disque si bien nommé sonnait en effet l’adieu au Psykick de Mr Teddybear, ses prods mi-homme-mi-âme, son minimalisme maximal. L’œil voyait les lumières ? L’oreille retint la pluie. L’arche était faible et sous l’absence absorbée, elle céda.
Psykick Lyrikah, sur Acte, c’est un peu la rencontre entre un auteur de haïkus et Gustavo Santaolalla. C’est toujours l’élève Arm sur l’estrade près du tableau, mais avec Olivier Mellano préposé cette fois au carnet de notes. Enregistré et mixé en deux jours de Toussaint 2006 au studio Cocoon de Rennes, Acte frappe par son urgence et sa densité. Trente-huit minutes et quarante-huit secondes de traitements, de textes et de travellings à l’horizon bouleversant (‘Près d’une vie’), façon Alain Bashung période L’imprudence (‘Quand tout s’arrêtera’). Des récits truffés d’anaphores, de « puis » et de « certes », un accompagnement sonore issu d’un CV imposant – Olivier Mellano a, entre autres actifs récents, co-signé l’album Fondre sur les hyènes du groupe Mobiil, illustré en direct les photographies du Rennais Richard Dumas au festival Art-Rock de Saint-Brieux, ou accompagné en son Miossec, Dominique A ou Yann Tiersen.
« Ne suis-je donc que ce poids, qu’une image qu’on avance ? » (‘La poursuite’)… De reprises réarrangées (‘Près d’une vie’, ‘Rétines larges’, ‘Patience’) en ébauches de lendemains plus magnétiques encore (‘Un félin près du maître’), Acte pose les jalons d’une quête en écriture d’une exigence rare. Celle d’Arm, homme qui rappe aujourd’hui debout, immobile et les yeux clos – une vision à toujours garder présente à l’esprit au moment de presser « Play » sur la platine… « J‘ai deux êtres qui se battent dans mes bras mais c’est moi que tes yeux veulent comprendre. Comme il reste le monde, comment faire pour atteindre l’aurore ? » Et s’il fallait résumer en un seul plan-séquence silencieux le devenir des hommes et des âmes que sonde la plume d’Arm depuis son tout premier calepin, ce pourrait être celui-ci, acte inouï de communication non-verbale, lui.
Vivement la suite.
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