Britain’s Got Talent, épisode 3

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Le classique The Three Amigos – The Lost but not Forgotten (2005, RLD Records)

Sous le blaze The Three Amigos se cachent L.Lyricist (devenu depuis Leaf Dog), BVA et Naive. Trois garçons originaires du sud-est de l’Angleterre, à peine majeurs au moment de sortir The Lost but not Forgotten en 2005.
L’album est plus une collection de morceaux percutants, courts et intenses, qu’un projet abouti et pensé en amont. Le but, à chaque titre, semble surtout de solliciter les cervicales de l’auditeur, à l’aide de breakbeats puissants et de lourdes lignes de basses. Et les trois amis parviennent plutôt bien à faire le taf. Les beats, assurés par Naïve, sont franchement efficaces dans l’ensemble, du nerveux « Bounce » à l’atmosphérique « Local Sound », en passant par le massif « Caesar ». Question textes, ça parle beaucoup de rap et de teuf, en s’attardant de temps en temps sur des choses un peu plus sérieuses, avec toujours une certaine naïveté, plus rafraichissante que gênante. Niveau MCing L.Lyricist et BVA sont au point, même si la voix du premier, nasillarde et fragile, pourrait peut-être s’avérer fatigante à la longue sans le contrepoids du timbre moins particulier de BVA.
Si le groupe n’y impose pas vraiment une identité sonore particulière, The Lost but not Forgotten regorge de très bons morceaux d’un rap spontané et direct. La suite pour The Three Amigos ce sera un second album, World War 3, sorti en 2008, et qui recevra un accueil plus mitigé. Puis une période de stand-by pour les activités du groupe, qui verra Leaf Dog sortir son premier solo l’an dernier et devenir une figure marquante du rap underground anglais.

Le disque récent Dayse & Aver – EP 0001 (2011)

Dayse & Aver nous viennent de Manchester, et sont apparus récemment sur nos radars avec leur premier EP, sobrement intitulé EP 0001 et disponible en téléchargement libre. Sur le bandcamp du groupe, le premier nommé est présenté comme « ministre de l’information », le second comme « ministre du son ». Le ton est plus ou moins donné : la joie et la bonne humeur, c’est pas par ici. Le duo affectionne les atmosphères inquiétantes, les beats dépouillés, les diatribes contestataires, les emprunts à la science-fiction. Et si des doutes subsistaient quant aux influences, la voix scratchée d’El-P sur « Off by Heart » les éteindra définitivement.
Il convient toutefois de ne pas réduire Dayse & Aver à une version actualisée ou british de Co-Flow. Pour différencier les formations, inévitablement, il y a tout d’abord cet accent à couper à la machette. Et bien évidemment, puisque c’est la sève de l’œuvre de tels groupes, les Mancuniens proposent des expérimentations, des audaces qui, associées entre elles, vont donner un résultat unique et singulier : les lignes de basse sont ronflantes et menaçantes, les cuivres distordus, les scratches lointains. Les boucles et nappes sont triturées en permanence, et quand un semblant d’harmonie paraît naître, l’insertion d’un bruit improbable vient immédiatement l’annihiler. Le grain sonore, forcément lo-fi, plombe encore un peu plus l’ambiance. Celle-ci ne s’allège d’ailleurs que lors de « Off by Heart », étrangement enjoué, dernier moment de clarté avant une nuit noire comme la suie.
Au final, assurément, il ne s’agit pas ici du projet le plus facile d’accès sorti en 2011, que ce soit en Angleterre ou ailleurs. Mais une fois familiarisé avec l’univers musical bien particulier de Dayse & Aver, EP 0001 se révèle extrêmement addictif. Plus que jamais, la suite est attendue avec impatience.

L’artiste à suivre : Mr. Boss

Quand il a produit The Landing en 2010, Mr. Boss était à peine majeur. Pour son premier projet, le jeune beatmaker londonien avait alors concocté pour ses invités une généreuse fournée de prods aux influences variées offrant, déjà, une belle palette de couleurs, passant d’ambiances bondissantes à des tonalités plus sombres avec une même efficacité. Aujourd’hui âgé de 20 ans, il s’apprête à sortir son nouvel album, Tales From The Spaceship, d’ici quelques mois.

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Abcdr du Son : Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de toi, est-ce que tu pourrais te présenter et résumer ton parcours ?

Mr. Boss : Salut, je suis Mr Boss ! Je suis un producteur londonien de 20 ans. J’ai sorti The Landing, qui contient 12 titres, en avril 2010. Il est disponible en free download. J’ai produit tous les beats et ai invité des MCs pour qu’ils s’occupent du reste ! Allez l’écouter !

A : Tu travailles avec quel matériel ?

Mr. B : Mon équipement est plutôt basique. J’utilise un ordinateur portable, un clavier maître MiDi et quelques plugins sur Logic. Je suis également batteur, donc de temps en temps je sample mes propres percus pour donner un peu de vie à mes prods. J’ai aussi des instruments idiophones, mais à part ça rien de particulièrement excitant ! En dehors de ça, je possède aussi une platine et pas mal de vinyles pour sampler. Mais j’ai malheureusement dû récemment en revendre la plupart pour me faire un peu d’argent… C’est la vie…

A : Musicalement parlant, quelles sont tes principales influences ? Est-ce qu’il y a des producteurs qui t’ont particulièrement donné envie de faire du son ?

Mr. B : Le spectre de mes influences est plutôt large. Ce que j’écoute change tout le temps. En ce moment, je suis à fond sur l’Afrobeat ! Tout ce que tu écoutes façonne inconsciemment ta façon de faire de la musique. Dans mes productions, j’entends pas mal de fragments de ce que j’écoutais à l’époque où je les faisais – pas de grosses choses, mais simplement de petits éléments. A part ça, je suis influencé par les grands noms que tout le monde connaît : J Dilla, Pete Rock, Premier… Récemment, j’ai beaucoup écouté Below The Heavens de Blu & Exile – je ne me lasse jamais des beats de Hip-Hop jazzy !

A : Comment est-ce que tu définirais ton son ?

Mr. B : Ha ! Bonne question, mais je ne connais pas la réponse. Et même si je la connaissais, je n’aimerais pas la donner ! Je déteste parler de ma musique de cette façon, ou tout au moins je trouve ça très difficile. Écoutez-la et faîtes-vous votre propre opinion !

A : Les gens en France connaissent quelques grands noms de la scène rap anglaise, mais sans plus. Est-ce que tu pourrais présenter les MC’s qu’on retrouve sur ton LP et expliquer comment se sont faites les connexions ?

Mr. B : OK, eh bien sur The Landing on retrouvait quelques très bons MCs, une partie des meilleurs de la scène anglaise, à mon avis. Il y avait donc Sonnyjim, Dirty Dike, The Delusionists, et d’autres… Je les ai vraiment faits venir parce que je les estimais. Donc allez écouter leur musique, parce que c’est vraiment bon, et qu’ils font tous des trucs mortels. J’en connaissais déjà quelques-uns, mais j’ai contacté la plupart via Myspace (les choses ont changé, c’est dingue, je n’ai pas remis les pieds sur Myspace depuis des siècles…). C’était il y a deux ou trois ans, quand Myspace était important. Et j’ai eu suffisamment de chance pour qu’ils lisent mes messages, y répondent, et soient motivés par mon projet. Donc gros respect à eux. A cette époque, je n’étais qu’un gamin de 18 ans qui faisait des beats dans sa chambre. En fait peu de choses ont changé depuis, à part que j’ai deux ans de plus… Je continue à faire des beats dans ma chambre ! J’aimerais penser que ma façon de produire a un peu évolué depuis, mais une fois de plus… faîtes-vous votre propre opinion !

A : Si tu devais faire une liste de tes cinq albums préférés de rap anglais, lesquels choisirais-tu ? Et pourquoi ?

Mr. B : Ça évolue pas mal. Mais de tête et sans trop réfléchir, je te dirais : Rinse Out Friday/Spackout Monday de Jam Baxter. Ce MC déchire depuis un bon moment déjà. Toute l’équipe de High Focus Records, en fait… Il faut aussi écouter The IRS. Leur premier album, The World Is Theirs, c’est fort. Oh oui, Sonnyjim, The Psychonaut LP. Vraiment bon et des prods bien lourdes. Je citerais aussi From The Ashes de Chester P, produit par Louis Slipperz. Ça a toujours été une grosse influence, j’ai toujours adoré les prods (et bien sûr les rimes). Louis Slipperz le produit intégralement, et beaucoup des sons ont été faits avec des claviers/synthés et des rythmiques jouées. Ça mérite carrément d’être écouté !

A : C’est quoi la suite pour toi ? Qu’est-ce qui va venir dans les prochains mois ?

Mr. B : Là, je viens juste de terminer mon deuxième album, Tales From The Spaceship. La formule est la même que sur The Landing : moi à la prod et des MCs anglais au micro. On retrouvera Sonnyjim, Ramson Badbonez, Stig of The Dump, Dr Syntax, Fliptrix, Verb T, Jam Baxter, Dirty Dike, Ronnie Bosh, Mr Key, Freedom, Jakaboski et Chango Flash. Je viens juste de recevoir l’artwork, et c’est vraiment bon. Ça sortira le 2 avril 2012, les précommandes seront bientôt ouvertes sur mon site. Dépêchez-vous si ça vous intéresse, parce que je ne fais graver qu’un nombre limité de disques !

A : Où est-ce qu’on peut suivre ton actualité sur le net ?

Mr. B : Vous pouvez me suivre et rester au courant de mon actu sur www.mrbossmusic.com. Je suis aussi sur Soundcloud : soundcloud.com/mr-boss. Et si vous êtes intéressés par des beats ou du mix/mastering, envoyez-moi un mail à mrbossmusic@gmail.com