Royal Arena Festival, édition 2014
Un anniversaire, des rappeurs qui ne font pas leur âge et du vandalisme en traître. Highway to Helvétie, on revient sur l’édition 2014 du Royal Arena Festival, la quinzième du nom.
Depuis sa première édition en 1999, le Royal Arena Festival s’est construit une réputation solide, celle d’une manifestation à taille humaine, dans un cadre idéal, où tous les éléments de la culture Hip-Hop sont représentés. Côté musique, le festival s’est fait un nom en proposant une programmation pointue, 100 % rap, attirant plutôt les connaisseurs et clôturant parfaitement la saison des festivals d’été. Ainsi, comme d’habitude, cette cuvée 2014, la quinzième, mêle jeunes pousses (Vic Mensa, Flatbush Zombies, Dillon Cooper), grands noms d’aujourd’hui (Action Bronson, Pusha T) et glorieux anciens (Mobb Deep, Onyx et un assortiment de membres du Wu).
Comme souvent, l’après-midi du vendredi (comme celui du samedi d’ailleurs) est consacré aux rappeurs locaux. C’est à Dillon Cooper que revient le droit d’ouvrir le festival à l’international. 1m60 les bras levés, un visage poupin, le garçon ne fait pas ses 22 ans mais ne s’en laisse pas compter. Visiblement, malgré une discographie encore peu fournie, le jeune New-Yorkais a déjà une fanbase et sait jouer d’un certain charisme. « State of Elevation » remporte ainsi un franc succès. De l’énergie et de la bonne humeur, voilà de quoi bien lancer la soirée.
Suit un set un peu bâtard sur le papier, où Onyx, Snowgoons, Snak the Ripper et Sicknature sont censés se partager la scène pendant trois quarts d’heure. Privilège de l’âge et de la réputation, c’est forcément Sticky Fingaz et Fredro Starr qui ont la part belle de ce fraternel moment americano-germano-canado-danois. Une fois que Sicknature et Snak the Ripper ont rappé deux morceaux chacun, les gargouilles new yorkaises débarquent donc, affûtées comme à l’accoutumée, sautant partout, hurlant et faisant étalage de leur virtuosité en matière de grimaces. Tant d’énergie à plus de quarante balais c’est beau, et ça devrait servir d’exemple à beaucoup d’autres rappeurs. « Slam », « Throw Ya Gunz », « Shut’em Down »… Le duo a toujours eu le matériel pour surchauffer une foule, au point de faire de la fosse une zone à risque. La différence, c’est que sa discographie récente a de quoi maintenir cette ambiance. #WakeDaFucUp, sorti en début d’année, contient en effet son lot de morceaux donnant envie de se comporter comme un primate. Le « Panzer Hip-Hop » de Snowgoons, généralement si irritant, a fini par trouver tout son sens.
Le créneau suivant est l’instant « l’autre pays du fromage ». Le Royal Arena attirant pas mal de Français, l’organisation a décidé ces dernières années d’inviter au moins un rappeur hexagonal à chaque édition. Après Kery James et Némir l’an dernier, IAM en 2012 et Hocus Pocus avant cela, c’est à Disiz de représenter notre contrée cette fois. Arrivé avec un live band et un look très « shawn carterien », Peter Punk fait le boulot de façon plutôt propre. Même si on s’est arrêtés à Le poisson rouge (ou carrément à « J’pète les plombs »), on peut facilement suivre et apprécier l’ambiance. L’ex-futur retraité confirme que, sur scène en tout cas, le rap français se porte bien.
« Action Bronson rappe avec un drapeau albanais sur le dos, chante du Tracy Chapman, renvoie au pied les ballons arrivés sur scène. Clairement, le garçon cabotine. »
L’artiste succédant à Disiz sur les planches est en quelque sorte le clou (façon de parler) du spectacle. Il se passe toujours quelque chose dans les concerts d’Action Bronson, même sans prises de catch sur les spectateurs ou de pauses-pipi rappées. Après quelques morceaux, le New-Yorkais décide d’aller se promener dans le public, fendant la foule tel Moïse la Mer Rouge. Cela dit, pas de miracle ici, juste beaucoup de transpiration et un torse nu. Du coup Meyhem Lauren, sorti de nulle part, arrive sur scène et rappe quelques minutes tout seul en attendant le retour de Bam Bam sur scène. Une fois le périple effectué, le spectacle reprend : Bronson rappe avec un drapeau albanais sur le dos, chante du Tracy Chapman, renvoie au pied les ballons arrivés sur scène. Clairement, le garçon cabotine et la musique passe au second plan. Mais c’est tellement rare de voir des rappeurs vraiment à l’aise face à un public et détachés d’une certaine forme de folklore hip-hop, qu’au final c’est plutôt bienvenu.
Ce qui arrive après le confirme d’ailleurs. Pusha T livre une prestation sans relief, d’un flow gueulé qui rompt avec son flegme sur disque. Peu d’interaction avec le public, peu de mouvement, peu de vie. Clairement, le frangin de Malice a une tripotée de bangers dans sa discographie, mais aucun ne prend une dimension particulière en live. C’est exactement et malheureusement la même chose que l’on peut dire de Mobb Deep, succédant à Pusha T sur scène. Une fois passé le frisson des premières secondes de « Shook Ones pt.II » ou « Hell On Earth », l’adrénaline redescend assez vite, face à des rappeurs statiques, déclamant leur texte sans émotion particulière.
« On se prend au jeu avec plaisir, en reprenant les innombrables rimes et refrains marquants qui font du Wu-Tang un groupe éternel malgré ses ratés tout aussi difficiles à quantifier. »
Il faut un concert de qualité pour inverser la tendance et conclure la soirée sur une bonne note. Pas de chance : c’est un spin-off du Wu qui est chargé de clore les hostilités. Il y a quelques années à Zurich s’était produit l’improbable attelage nommé « Wu Legends », plus composé de mouches tsé-tsé que d’abeilles tueuses. Cette année, c’est « Wu Massacre » qui est missionné pour venir prendre quelques biftons estivaux en Europe. Le trio auteur de l’album du même nom est donc présent : Ghostface Killah, Raekwon et Method Man. La bonne nouvelle est statistique : un rappeur sur trois présent sur scène est Method Man. La mauvaise est la même depuis vingt ans : quel que soit le roster, un set estampillé Wu est souvent aussi chiant qu’un épisode de Derrick doublé en polonais. Pourtant, à l’image de ce qu’on avait pu vivre l’été précédent sur ces mêmes planches avec le groupe au complet, le moment est plaisant. Certes, Method Man y est pour beaucoup et il y a toujours cette étrange habitude de rapper tous les couplets des absents. Mais on se prend au jeu avec plaisir, en reprenant les innombrables rimes et refrains marquants qui font de l’équipe de Staten Island un groupe éternel malgré ses ratés tout aussi difficiles à quantifier. Mission accomplie, on quitte le site du festival avec le sourire.
On ne va pas le garder longtemps, une fois de revenus à la voiture. Rétroviseurs arrachés, plaques d’immatriculation arrachées, essuie-glaces arrachés. Du bon travail de bourrin. Pas plus tard que l’après-midi, on discutait encore de la réaction du public lors d’un récent concert de Stromae en Suisse, et du racisme anti-français de plus en plus présent chez les Helvètes. Difficile de ne pas faire un parallèle. Difficile également de ne pas regretter d’avoir évité le parking officiel et payant. En tout cas, le lendemain matin, le retour dans nos contrées se fait la tête basse, en dépanneuse. Pourtant, la programmation du samedi avait de la gueule aussi, The Roots, Dilated Peoples, Flatbush Zombies ou Black Milk, ça mérite d’être vu ou revu. Ce sera pour une prochaine fois, ailleurs ou ici, car il ne s’agit pas non plus de faire une croix sur le festival du fait d’agissements de crétins, qui n’y avaient peut-être même pas participé. Pour l’instant, la fête continue sans nous mais l’essentiel est là : le Royal Arena a quinze piges et pas de crise d’adolescence en vue. Pour peu qu’on veuille de nous, on sera là pour célébrer son vingtième anniversaire. Mais on viendra en train.
Arretez vos conneries avec cette pseudo haine…il m arrive pareil quand je vais en france. Tous mes potes de taf sont francais et je peux vous dire qu ils sont tres bien en suisse ils ont jamais eu de problemes.
Conclusion d article completement a chier.
Putain, c’est détestable et désespérant cette haine anti-français. Et c’est réel, un pote a fait l’exp sur Genève: il a pris la voiture de sa meuf française et s’est fait insulter plus que de raison.