L'année rap2016
disques
ScHoolboy Q
Blank Face LP
The Natural Curriculum
The Best Fertiliser Is The Gardener's Shadow
Damso
Batterie faible
LK de L'Hôtel Moscou
San Francisco
Oddisee
Alwasta
Chance the Rapper
Coloring Book
ZA
Cesarienne
Despo Rutti
Majster
Caballero & JeanJass
Double Hélice
On a aussi aimé...
morceaux
Ab-Soul - "D.R.U.G.S."
Tiers Monde - "Le Mal par le mal"
Danny Brown - "When it Rain"
Isaiah Rashad ft. Zacari & Kendrick Lamar - "Wat's Wrong"
Damso - "Amnésie"
J. Cole - "4 Your Eyez Only"
Seth Gueko - "Maître de Cérémonie"
JP Manova - "Le stress"
Za - "Rosa Gallica"
Westside Gunn - "The Cow" feat. Conway
Le Téléphone Arabe - "Salam"
Atmosphere - "Besos"
Arm & Tepr - "La nuit"
YG - "Still Brazy"
Young Thug, Travis Scott & Quavo - "Pick up the Phone"
Eloquence - "Codeine Dream"
Jazz Cartier - "Opera"
PNL - "J'suis QLF"
Chance the Rapper - "Same Drugs"
D.R.A.M. - "Broccoli" feat. Lil Yachty
MZ - "Noir c'est noir"
Rae Sremmurd - "Set the Roof" feat. Lil Jon
Benash - "Larmes"
Zippo - "Palme d'or"
DJ Shadow - "Nobody Speaks" feat. Run the Jewels
Beneficence - "Vibrate the Streets"
I2H - "Sang mesure"
Gros Mo & Némir - "Malsain"
Danny Brown - "Really Doe" feat. Kendrick Lamar, Ab-Soul & Earl Sweatshirt
Slaine - "Just the Way You Are" feat. Termanology
Hugo - "Là-Haut"
Little Bram's - "Génocide"
ScHoolboy Q - "Groovy Tony"
Nivek - Vie d'alloca
Casey - "Places gratuites"
Mani Deïz - "Une éponge"
Vinnie Paz - "Writings on Disobedience and Democracy"
Onry Ozzborn - "Figure It Out" feat. Dem Atlas
Jones Cruipy - "Oh la" feat. Jessy Gunz
Skepta - Man
Kalash - "E.T"
Kaaris - "Blow"
Despo Rutti - "Bataclan Paranoïa" feat. Niska
ScHoolboy Q - "Tookie Knows II"
Mac Miller - "Dang !" feat. Anderson .Paak
Noname - "Reality Check" feat. Erin Allen Kane & Akenya
LK de l'Hôtel Moscou - "Les hommes"
French Montana - "Lockjaw" feat. Kodak Black
Common - "Black America Again"
Chance the Rapper - "Blessings" (Reprise)
Rezinsky - "La Nuit s'arrête" feat. Ourdia
Atmosphere - "Won't Look Back" feat. Kim Manning
A$AP FERG - "Let You Go"
Babio le B.A.B - "La magie"
Smokey Joe & the Kid - "Smokid All Stars"
Caballero & JeanJass - "Merci beaucoup"
Ichon - "Marche ou crève"
Lomepal - "Oyasumi"
Mongrels - "Full Moon / Half Moon"
Jazzy Bazz - "P-Town"
Czarface - "Czar Wars"
Vince Staples - "Smile"
The Natural Curriculum - "We Are Transparent"
Mac Miller - "Stay"
Young M.A. - "Ooouuu" Remix feat. 50 Cent
DJ Khaled - "Jermaine's Interlude" feat. J. Cole
Revolutionnary Rythm - "The Sky"
Andy Cooper - "Ashes to Ashes"
Iris - "Magnitude 10"
Bisk - "Glass Jaw"
Bisk - "Uno"
Westside Gunn - "Omar's Coming" feat. Conway & Roc Marciano
Hifi - "Babylone Système"
The Difference Machine - "Reel World"
Caleborate - "Consequences"
A$AP Mob - "Yamborghini High" feat. Juicy J
Young Thug - "Kanye West" feat. Wyclef Jean
ScHoolboy Q - "THat Part" feat. Kanye West
Tunji Ige - "Bring Yo Friends"
Green Money - "Pouvoir au peuple"
Despo Rutti - "Jewstice"
Rochdi - "Le Martyr d'Osiris"
Gros Mo - "Magie Noire"
DJ Djel - "21 DJ's" featuring DJ Boulaone, DJ Creestal, DJ Akor, DJ Brasox, DJ Daz, DJ Duke, DJ K-Lead, DJ Kartez, DJ Modesty, DJ Nelson, DJ Nor, DJ Oli G, DJ R-Ash, DJ Rebel, DJ Suspect, DJ Yas, Dee Nasty, Dj Babtou, Dj Keshkoon, DJ Kortez
Mick Jenkins - "Drowning" feat. BADBADNOTGOOD
focus
Vers une repolitisation du rap US ?
En 2016, les États-Unis sont encore loin d’en avoir fini avec la question raciale. Les deux mandats d’un président noir n’y auront rien changé. Alors que les bavures policières sur des citoyens de couleur se succèdent à un rythme effarant depuis deux ans, les manifestations et parfois les émeutes qui s’ensuivent, ainsi que l’émergence et la médiatisation du mouvement Black Lives Matter, ont mis en lumière les failles profondes qui clivent toujours la société américaine. En écho à ces troubles, le rap a vu ces thèmes jusque-là cantonnés à des albums de niche revenir sur le devant de la scène. To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar, sorti l’an dernier, est le disque qui a montré la voie en cristallisant ces réflexions tout en les associant à une esthétique de « retour aux racines » de la musique noire. Et s’il n’est pas si surprenant de retrouver ces questions abordées dans un disque de Kendrick, il n’est pas anodin en revanche de les rencontrer, même diluées, sur un album comme Still Brazy de YG. Même si cela passe par des invectives à Donald Trump et que le propos peut paraître parfois naïf, la teneur politique est bien là. Les thématiques identitaires et sociales infusent même jusque dans le R’n’B et la pop, avec au premier rang les deux sœurs Knowles (« Formation » de Beyoncé et tout l’album A Seat at The Table de Solange). La question de l’opportunisme et d’un certain effet de mode peut se poser, mais cette tendance a toutes les chances de s’inscrire dans la durée avec la fin des années Obama et le début de l’ère Trump. – David
Du rap en série
Spoiler alert : le rap est partout, même dans les séries. Des génériques de fin d’épisode de Silicon Valley à la passion pour le rap d’Eddie Huang de Fresh Off the Boat, du soap hip-hopera Empire aux cameos de 2Chainz dans 2 Broke Girls, le genre a définitivement infiltré les productions du petit écran. Cette année, trois nouvelles séries événements ont pris le pari d’en faire une toile de fond majeure (et un argument de vente). Ce sont même presque des cas d’école, si l’on grossit le trait. Le rap est dans l’ADN de Luke Cage, série narrant en plein Harlem les aventures du héros indestructible de Marvel. En multipliant les clins d’œil au rap new-yorkais, le show donne l’impression d’un marketing parfois trop forcé autour de la musique, avec des apparitions de Method Man ou Sharon Jones (RIP), et une bande son signée Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad. Mais la première saison réussit à installer Luke Cage en super héros profondément rap, mal vu par les institutions, devenant un champion du peuple avec son hoodie troué de balle. The Get Down choisit, elle, de revenir sur la naissance du hip-hop dans le New York des années 1970. Si la mise en scène façon comédie musicale romance un récit qui n’oublie pourtant pas le contexte social de l’époque, le scénario mêle finement fougue juvénile et pédagogie historique, alors que des jeunes rappeurs bousculent de plus en plus l’esprit (prétendument) fondateur du hip-hop. Une prétention absente de l’humour sarcastique d’Atlanta, créée par Donald Glover et Hiro Murai, où l’on suit les rêves de réussite d’Earn, manager de son cousin de rappeur Paper Boy. Totalement ancrée dans son époque, entre séquences Snapchat et débats de société poussés à l’absurde, Atlanta présente aussi bien le miroir déformant du rap système qu’elle épouse le rôle premier de cette musique, en peignant, peut-être, un portrait lucide et parfois désabusé de l’Amérique noire de l’après-Obama. En 1989, Chuck D de Public Enemy se plaignait que ses héros n’apparaissaient sur aucun timbre. Vingt-sept ans plus tard, le petit écran (et le grand) souligne comment de nouvelles icônes, fictives ou historiques, inscrivent définitivement le rap comme le genre musical le plus influent de la culture pop. – Raphaël
Mon rap est un slogan
2016 a été une année animée, marquée par des saillies violentes et autoritaires, notamment sur le plan social et politique. Loi imposée à coup de 49.3, état d’urgence et concept « d’arrestations préventives » utilisés à de multiples fins, recours frénétique aux comparutions immédiates et aux grenades de désencerclement, la liste est longue. Et si en participant à leurs premières manifestations, certains ont semblé découvrir que les méthodes musclées de l’État n’existent pas qu’en banlieue ou dans les paroles des MCs, le rap, lui, s’est retrouvé jusqu’en tête des cortèges. Si, de Nekfeu à Black M, plusieurs rappeurs ont multiplié les prises de parole – jusqu’à se produire dans l’étrange agglomérat qu’étaient les Nuits Debout -, si la presse s’est retrouvée à produire de grandes éditions spéciales de riot porn, ce sont surtout des punchlines qui sont devenues de véritables slogans. Et ce ne sont pas que les lignes écrites par la génération Assassin, Cercle Rouge et NTM qui ont été brandies ou scandées en cœur dans les nasses. Car les phases qui relèvent plus – en apparence – de l’anti-rappeur militant ont également eu un certain succès. Parmi les situations les plus savoureuses ? Le « se lever pour 1200, c’est insultant » de SCH, le flow de Gradur ou la Champion’s League de MHD utilisés comme des hakas, les repost par Booba de ses propres paroles brandies dans les rues de Paris, le savoureux « Bonjour » de Vald adressé à un premier ministre, et, évidemment, « le monde ou rien » de PNL. Avec là-dedans une constance : un rap populaire, au premier abord loin de la politisation, parfois trempé dans l’hyper-réalisme, parfois dans la provocation à outrance, mais toujours énergique, cru ou rentre-dedans. Au point qu’il y a même parfois dans ce détournement de son un détournement de fond, adressé à tous les spécialistes du genre. Assez pour intriguer jusqu’aux médias les plus généralistes. – zo.
Comment le syndrome George Lucas a fini par toucher la musique
On vous l’accorde, Kanye West est un phénomène à peu près tous les ans. Mais en 2016, l’empreinte qu’il va laisser sera peut-être la plus importante – la plus révolutionnaire aussi. Non pas que The Life of Pablo soit son meilleur projet (encore que la question reste entière). Non, ce qui rend le septième bébé de Kanye si important, c’est la façon assez surréaliste qu’il a eu de voir le jour et de grandir, en faisant fi de toutes les conventions et idées fixes que l’on pouvait avoir sur l’album en tant qu’objet. Hybride, instable, immatériel, se refusant même à son public (la bonne blague Tidal), The Life of Pablo est un morceau d’art en perpétuelle évolution, « a living breathing changing creative expression » d’après les mots de son auteur. C’est ainsi que plusieurs titres seront retouchés, des couplets ajoutés, déplacés ou supprimés au fil du temps et des sorties sur les diverses plateformes digitales. « Wolves », pour ne citer que lui, connaîtra pas moins de quatre versions différentes. Et il doit en exister une bonne dizaine pour le disque (si tant est qu’on puisse encore parler de disque), dont certaines incomplètes ou disparues. En faisant de The Life of Pablo sa toile de Pénélope, Kanye fait plus que réinventer le concept d’album, il lui retire sa notion inhérente et physique de finalité. Mais il pose aussi la question, un peu comme Georges Lucas qui n’en finit plus de retoucher ses Star Wars pour mieux créer une œuvre globale tout en rendant impossible l’accès aux films originaux, de la substantifique moelle de la production artistique. Cette course sans fin vers la perfection, ce trop-plein de retouches, n’est-il pas aussi le meilleur moyen de détruire l’œuvre elle-même et de la ramener au niveau zéro de la création, celui où tout est encore à penser ? – David2
Ce que le rap a fait au jazz d'aujourd'hui
Plusieurs articles récents du Guardian, notamment celui-ci, ont mis en relief ce qu’on pourrait appeler le devenir jazz du rap. Autrement dit : l’inspiration qu’une partie de la scène jazz actuelle, celle qui a grandi avec aussi du rap dans les oreilles, puise dans ce dernier. Depuis quelque temps déjà, un retournement s’est opéré : c’est désormais moins le jazz qui influence le rap que l’inverse. En tout cas, l’influence s’exerce dans les deux sens. Cette année a encore donné de belles illustrations de ce croisement. C’est le pianiste Robert Glasper et le batteur Karriem Riggins qui participent au dernier album de Common, le saxophoniste Rodolphe Lauretta qui réinterprète Madlib au sein d’un projet nommé « the Jazz Side of Madlib », le saxophoniste Steve Lehman qui, sur/avec Sélébéyoné, croise le cuivre avec le rappeur sénégalais Gaston Bandimic et Hprizm alias High Priest d’Antipop Consortium, ou la sortie de l’album de Josef Leimberg, trompettiste qui a bossé avec Kendrick Lamar, Freestyle Fellowship ou Snoop Dogg et qui, sur Astral Progressions, convie Kurupt… Mais c’est aussi le guitariste Pierre Durand qui relève des rappeurs comme Eminem, Yelawolf ou Chance the Rapper pour trouver le scansion qu’il souhaite donner aux instruments dans l’un des morceaux de son dernier album. Et ce ne sont là que quelques exemples. Il paraît même que le batteur Roy Haynes fredonne à l’occasion un tube de Missy Elliott ! (Spéciale dédicace à Fanch, l’homme capable de jouer le Friday Night in San Francisco à lui seul.) – Greg
Donald Glover braque 2016
Pendant longtemps, Donald Glover était la représentation parfaite de l’expression “le cul entre deux chaises”. Plutôt bon acteur, plutôt bon rappeur, il s’était fait sa place dans le monde de la comédie ainsi que dans celui de la musique, sans jamais vraiment s’imposer. Soyons francs : si sa série Community et son album Because the Internet faisaient figure de petits bijoux mettant en avant tout son potentiel et son talent, on peinait à voir le nom de Donald Glover s’imposer en haut de l’affiche. Et puis il y a eu quelques mois de silence au début 2016. Donald Glover mijote quelque chose, sans qu’on ne sache trop quoi. Et voilà qu’on découvre Atlanta, sa première série TV qu’il a écrite lui-même : sans doute une des meilleures surprises télévisuelles de cette année, tant le show – qui raconte les galères d’un jeune homme noir en quête de succès dans l’industrie rap d’Atlanta – sonne juste, entre comédie et réflexions sur le racisme aux États-Unis. Et quelques semaines plus tard, il y a eu cet album, Awaken My Love!, qui délaisse le rap pour rendre hommage à la funk et à la soul du siècle dernier avec maestria. Deux baffes de fin d’année qui nous sont arrivées à la suite au dernier trimestre 2016. Avant de voir Glover apparaître dans le prochain Star Wars en 2017. On y est : Donald Glover est un type qui compte. – Brice
Hifi, génie sacrifié ?
« Il ne se passe pas un jour sans que je croise un mec dans la rue qui me dise : Hif’, l’album est où !? » Au printemps dernier, nous allions prendre des nouvelles d’Hifi dans un bar jazz du XVIIIe arrondissement de la capitale. Une interview dans le plus pur style du bonhomme : avare sur l’anecdotique, riche sur l’essentiel. Capable, contrairement à beaucoup d’artistes, de faire cohabiter l’instinct créatif et l’instant d’analyse, le rappeur antillais avait donné un point de départ officiel à son second album en décembre 2015 avec l’encourageant « Babylone Système », neuf ans après une première promesse livrée au sein de la mixtape rétrospective HistorHifique : « Prochain album septembre 2007 ». Entre les deux, pas grand-chose si ce n’est quelques annonces isolées (notamment un visuel du titre « Babylone Système »), une interview pour l’Abcdr début 2012, un freestyle au Planète Rap d’Ali où il met ses challengers en PLS (sans doute vexé que Fred de Sky ne l’ait pas reconnu), de rares apparitions au micro ici et là et l’espoir intact de l’entendre de nouveau sur un long format. C’était pour 2016, sûr et certain. Il nous avait déjà fait le coup en 2012 mais on y croyait sincèrement : l’album d’Hifi, c’est maintenant ! Eh bien non, Plus rien à perdre, plus le temps de prouver n’est pas sorti, l’interview est restée dans les cartons et les nouvelles coqueluches du rap français sortent, elles, un projet tous les six mois. Nous pourrions aisément tirer un trait sur cette histoire, il y en a mille autres à écouter mais l’enjeu est symbolique. Qui d’autre qu’Hifi pour clore dignement le chapitre d’une génération de rappeurs aux destins éparpillés entre les cimes et les abysses ? À l’exception d’Ali, le temps a dicté le sort de tous les autres, ils s’y sont conformés ou alors ils l’ont subi mais chacun en a été le prisonnier. Hifi, lui, semble n’avoir que faire du temps et de l’époque. Quel autre rappeur avouerait sans gêne ni fierté qu’il a parsemé son album de couplets ayant parfois jusqu’à dix ans d’âge ? Ill, dans un bon mot débordant de sens, digne de Picasso, nous avait lancé un jour qu’il avait mis dix-huit ans à écrire ses premiers textes. Hifi en mettra peut-être quinze à faire naître son second album. Mais s’il est cap’ d’y aller, nous sommes prêts à l’attendre. – Diamantaire
La scène trap antillaise
En 2015, alors qu’il se dirigeait de plus en plus vers des sonorités trap, le Martiniquais Kalash signait en maison de disques et se voyait obligé d’émigrer en métropole. Sa métamorphose progressive, vers un style mêlant reggae, dancehall et rap, et sa proximité nouvelle avec Booba lui permettaient d’enfin se faire connaître du public européen. Dans le sillon de Kalash, qui n’est que l’infime partie émergée d’un monstrueux iceberg, la très riche scène caribéenne a fourni en 2016, comme l’année précédente, une production dense de trap music. Ceux qui l’incarnent ? Lyrrix, Railfé, Keros-N, Ed Style, ou encore Bruce Little et ils sont les nouvelles vedettes de la Martinique et de la Guadeloupe. Plus proches géographiquement du sud des États-Unis que de Paris, ils le sont aussi dans l’attitude et le mode de vie, ce qui confère à la trap antillaise un intérêt que son équivalent métropolitain n’aura probablement jamais. À cela s’ajoutent les influences locales et l’usage du créole, grâce à quoi cette année aura été riche en hits du côté des West-Indies. Reste à espérer que Kalash ne sera pas le seul à bénéficier de l’intérêt du public métropolitain. – B2
La planche de salut de Tha God Fahim
C’est l’occasion ou jamais de parler de Tha God Fahim puisqu’il nous aura probablement saoulés en décembre prochain. 2016 a été chargée pour le jeune rappeur/producteur d’Atlanta : quatre albums, deux EPs, une mise à l’écart douloureuse par les grands frères de Griselda Records, un départ en retraite puis un retour aux affaires sans explications, façon Murdoc dans MacGyver. Fahim a donc contribué à animer l’année rap à son échelle et avec ses atouts. Le garçon n’a rien d’un virtuose du micro, il raconte des choses qu’on a déjà entendues mille fois mais il a quelques particularités qui font la différence, même au-delà de son melon transgénique. À commencer par un sens implacable de la mélodie, qui donne une vraie couleur à ses productions et par ricochet à ses projets, qu’on sent réalisés avec le cœur et les moyens du bord. Ainsi, TGIF (sorti en juillet), par exemple, est un très bon album, dense, sombre et mélancolique, qui brille par ses instrumentaux simples et efficaces (« Rap’s Mahdi », « Fort Knox », « Slow Motion »). Le salut pour Fahim passera peut-être par le fait de se mettre en retrait et de produire pour les autres. Avec une seconde année comme celle-ci en tout cas, ça sentirait le burn-out. – Kiko