Diamond in the Rough

Johnny Rain

A tout juste 19 ans, Johnny Rain est un artiste complet. A la fois rappeur, chanteur et producteur, il réussit tout ce qu’il entreprend avec une aisance déconcertante. Il est temps de se pencher sur son cas.

On se souvient tous plus au moins de la première fois où l’on a entendu So Far Gone de Drake, House of Balloons de The Weeknd ou encore Nostalgia, Ultra de Frank Ocean ; non seulement pour l’impact que ces projets ont eu sur internet mais aussi et surtout pour leurs qualités artistiques. Depuis leur sortie, beaucoup ont essayé de reproduire les ambiances sans succès : entre musiques planantes, froides et atmosphériques soutenues par une voix pénétrante, la recette semblait facile en théorie mais très difficile à reproduire.

Alors oui, il serait rapide de faire la comparaison entre ces artistes et Johnny Rain après avoir écouté sa musique. En effet, on a souvent tendance à catégoriser un nouveau venu pour donner l’envie aux gens de s’y intéresser. Signé sur 6J Recordings, Johnny Rain est un chanteur, producteur et parolier qui impressionne du haut de ses 19 ans. En bon disciple de ses aînés, il cultive le culte du secret autour de sa personnalité. On ne sait pas grand chose de lui, si ce n’est son âge, son origine (Beverly Hills en Californie), ses deux influences majeures (Prince et Sade) et le fait qu’il travaille avec Tricky Stewart, producteur renommé et président des directeurs artistiques chez Epic Records. Aucune trace d’interviews, une seule vidéo officielle sur YouTube, un Tumblr et un compte Twitter dont il se sert pour balancer ses nouveaux morceaux de temps en temps comme récemment avec « iii« . Pour le reste, silence radio.

Johnny Rain - « Mulholland Drive, My Abyss »

Soutenu par ses parents, c’est à l’âge de 3 ans que John Anthony-Webb a commencé à faire de la musique et plus particulièrement de la batterie. A 6 ans, ses parents lui achètent une guitare et un clavier. S’il commence à chanter au sein de la chorale du centre chrétien de Faith Temple, c’est par le biais du rap qu’il va se faire un nom. Sa capacité à freestyler lors des joutes verbales se déroulant à la pause déjeuner dans la cour de son lycée lui permet de gagner en notoriété. Encore inconnu, il écrit des morceaux pour des artistes locaux quand, en 2009, il rencontre le producteur Emerson Wendy. Les deux compères commencent à passer leurs nuits dans le studio à travailler d’arrache pied et sortent Somewhere Else en 2010, sous le nom de J.Nyce. A la surprise de tous, l’artiste décide ensuite de retourner à ses racines et de chanter sous le nom de Johnny Rain malgré le buzz créé par sa première mixtape. C’est ainsi que sort en 2011 WOUNDEDdrug, silentHIGH. Naviguant entre R&B et hip-hop, cette mixtape permet au public de se rendre compte du talent et de l’ingéniosité de Johnny Rain. Rien ne semble avoir été laissé au hasard, que ce soit dans le titre du projet, le choix des morceaux et les thèmes abordés. L’artiste nous raconte son histoire le long des 14 pistes, entre rejet, découverte de soi et évasion sur des mélodies entêtantes et percussions avant-gardistes. Il en profite d’ailleurs pour qualifier sa musique d’ »Avant Electro ». En tout cas le résultat est remarquable : l’écriture est très bonne, l’album parfaitement arrangé et produit. La transition du rap au R&B s’est donc faite sans encombre même si WOUNDEDdrug, silentHIGH n’a pas eu un impact incroyable sur la blogosphère, sûrement trop concentrée sur The Weeknd et Frank Ocean.

Une vidéo plus tard, nous voici en février dernier lorsque son dernier projet Lullaby of Machine a été dévoilé à la face du monde. Produit, mixé et masterisé entièrement par Johnny Rain, il s’inscrit dans la lignée de WOUNDEDdrug, silentHIGH, la maturité en plus. Assurément, il semble maîtriser encore plus son style et le genre « Avant Electro » est maintenant reconnaissable : preuve en est avec « twisted high », qui ouvre l’album. Ce morceau débute sur des nappes de claviers et des voix enivrantes avant de terminer en dubstep énervé. Si ce mélange détonne à la première écoute, le tout fonctionne admirablement bien. Tout au long des treize titres, le chanteur / producteur réussit l’incroyable pari d’expérimenter en gardant la trame de l’album, lui donnant ainsi une cohésion rarement entendue auparavant.

Passé relativement inaperçu, Lullaby of Machine est le projet plus que prometteur d’un artiste qui a encore beaucoup d’années devant lui pour affirmer son style, en espérant qu’il ne reste pas dans l’ombre de ses compères signés en major.

Johnny Rain - « Twisted High »

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1 commentaire

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  • Troy Barnes,

    C’est le futur ce gars. les Twinsmatic ont fait un remix de sa chanson Cold Water (remix officiel) : https://soundcloud.com/6jrecordings/coldwaterremix
    qui sera p-ê présent sur leur EP Falls.
    Jo A (qui a été interviewé ici aussi) a travaillé récemment avec Johnny Rain pour son propre EP.
    Les Français ont vu le talent avant les autres pour une fois