Fool’s Gold Records en dix titres
En dix ans, le label de A-Trak aura réussi à s’imposer autant dans le rap que dans l’électro. Retour sur dix titres marquants.
Kid Sister Pro Nails feat. Kanye West (2007)
En fondant Fool’s Gold Records avec Nick Catchdubs, A-Trak tourne une page : celle de ses années à tourner aux quatre coins du monde en compagnie d’un Kanye West en pleine ascension. De plus en plus plongé dans la musique électronique, mais toujours viscéralement attaché au rap, le premier gros disque du label se fera en compagnie de la rappeuse Kid Sister… et de Kanye West. Son single “Pro Nails”, produit par A-Trak, résume bien l’identité sonore à venir du label : quelque part entre fondamentaux rap, visuels accrocheurs, et incartades électroniques.
Kavinsky 1986 (2008)
Comme il nous le racontait en interview, A-Trak a été aux États Unis l’un des premiers à s’intéresser à la nouvelle scène électronique française appelée French Touch 2.0, et renommée “blog house” de l’autre côté de l’Atlantique. Les morceaux d’électro aux sonorités disco/saturées de Justice, SebastiAn, ou même de leurs prédécesseurs Daft Punk ont permis à l’Amérique de porter une oreille à la musique électronique en général avant de définitivement l’adopter avec l’EDM (pour le meilleur et – surtout – pour le pire). Sur Fool’s Gold, A-Trak a lui participé à la diffusion de cette musique aux États-Unis en distribuant notamment Blazer, un EP du français Kavinsky encore à l’époque dans l’ombre (le succès de “Nightcall” date de 2011). Parmi les 4 titres, un inédit, « 1986 », qui représente bien le son 80’s rétro de l’électronique de Kavinsky, en passe de rentrer dans la cour des tubes.
Kid Cudi Day ‘N’ Nite (2008)
Kid Cudi doit énormément de son succès à Fool’s Gold et ses réseaux. Repéré par A-Trak à la fin des années 2000 via un échange de mails avec le producteur Plain Pat, Cudi signe chez Fool’s Gold Records pour un titre, sombre et nocturne, “Day ‘N’ Nite”. Au même moment, la musique électronique explose en Amérique. A-Trak a alors une idée : demander au duo italien Crookers de remixer le titre de Kid Cudi pour une version bien plus punchy. Succès immédiat, puisque la carrière de Kid Cudi décollera avec une belle place dans le top 5 au Billboard, offrant par ailleurs un premier tube à Fool’s Gold. Une version radio-compatible qui a clairement moins bien vieilli que l’original de Cudi, hypnotisant et introspectif.
Duck Sauce Barbra Streisand (2010)
Indéniablement le plus grand tube de l’histoire de Fool’s Gold Records, “Barbra Streisand” est aussi le plus improbable du label. Depuis 2009, A-Trak s’est lancé dans une nouvelle aventure en compagnie du producteur de house Armand van Helden dans laquelle les deux musiciens remettent au goût du jour des vieux titres de disco à la sauce électro. Cette fois-ci, ils décident de s’attaquer au « Gotta Go Home » de Boney M, en y rajoutant un gimmick dans son refrain, aussi absurde que drôle : Barbra Streisand. Joué en boucle par les DJs du monde entier, les radios prennent le relais, et catapultent le titre dans les charts mondiaux (numéro 3 en France) jusqu’à même se faire une place au sein du prestigieux classement Billboard, à la quatre-vingt-neuvième place. Pas mal pour une boucle de Boney M.
Danny Brown Die Like A Rockstar – Brodinski Remix (2012)
Le succès de Danny Brown se résume à un restaurant de burritos : après la sortie un peu dans l’indifférence de son premier album The Hybrid, le rappeur de Detroit annonce à son manager vouloir signer chez Fool’s Gold. Par un pur hasard, ce même manager tombe sur Nick Catchdubs dans un restaurant de burritos donc, et lui parle de son poulain. Le duo acceptera et sortira XXX, l’un des meilleurs projets rap de 2012. En parallèle de la sortie du disque, le duo reste fidèle à son crédo entre rap et musique électronique en conviant le jeune rémois Brodinski, en pleine explosion, pour l’un de ses premiers (et meilleurs) remix pour un rappeur.
Run The Jewels Run The Jewels (2013)
Pour ceux qui douteraient encore du flair de Fool’s Gold, il est bon de rappeler que c’est bel et bien le label new-yorkais qui fût le premier à miser sur Run The Jewels : fort du succès de XXX de Danny Brown, El-P envoie un texto à A-Trak pour lui parler d’un album qu’il vient d’enregistrer en duo avec Killer Mike et qu’il verrait bien chez Fool’s Gold Records. Le Canadien accepte, sans trop savoir à quoi s’attendre (mais sans trop d’inquiétude non plus). Il n’aura pas tort : le premier disque du duo finira dans tous les tops de fin d’année de la presse spécialisée. On connaît la suite.
Cam’Ron & A-Trak Dipsh*ts (2014)
Réunir Dipset le temps d’un morceau sur son label a de quoi rendre fier. Fool’s Gold l’a fait : sur “Dipsh*ts”, le trio new yorkais se ballade sur une prod musclée de A-Trak, Just Blaze et Oliver. Après ça, Fool’s Gold peut mourir tranquille.
Falcons Aquafina feat. GoldLink & Chaz French (2015)
Signé chez Fool’s Gold depuis 2015, Falcons est un jeune beatmaker encore peu connu mais au talent certain : autant porté par le rap que la musique de club, sa musique s’inscrit parfaitement dans toute la génération Soundcloud, cette jeunesse qui brouille les pistes entre les genres. La preuve avec son plus gros morceau, « Aquafina », un petit tube pour les clubs qui pioche dans le rap électronique de GoldLink tout en faisant vrombir les basses autant que possible.
BOSCO Castles (2017)
En parallèle de ses sorties clinquantes, Fool’s Gold fait aussi du développement d’artistes : que ce soit avec Kid Sister à ses début, Black Atlass et son r’n’b torturé, ou le rap badass de Leaf, de nombreuses pépites se sont révélées sur la plateforme indépendante. Leur dernière trouvaille ? BOSCO, une jeune chanteuse entre pop et R’n’B d’Atlanta, qui passe sans soucis des luttes sociales (elle a fondé SLUG, une plateforme artistique pour soutenir la diversité à Atlanta) aux tubes pop à l’image de “Castles” et son piano aérien.
G-Worthy Never Miss (2017)
Plutôt discret sur les sorties rap cette année, A-Trak et Nick Catchdubs sortaient au milieu de l’été un super groupe de leur chapeau : G-Worthy, l’alliance des rappeurs de Los Angeles G Perico et Jay Worthy, accompagnés de Cardo et de sa cuisine G-funk à la production. Une alliance alléchante qui se confirme sur “Never Miss” et son ambiance ultra-rétro, mais ô combien enthousiasmante. De quoi finir parmi les bonnes surprises rap US de 2017.
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