Evidence en 5 clips
On garde d’Evidence l’image d’un MC entre deux eaux, à la fois tranquille et nerveux, souriant et tourmenté, toujours entre deux avions et partageant son temps libre entre la weed, le son, le skateboard et ses potes. Un mec cool, en somme, dont nous vous proposons un petit tour d’horizon de l’univers en cinq clips.
« It’s difficult to build a new brand. » Evidence l’avait bien compris : si de la fin des années 1990 à 2007 il était reconnu et respecté en tant que membre du groupe californien Dilated Peoples, s’imposer en solo ne se ferait pas sans mal. Surtout en quittant le giron de la major Capitol Records pour passer à l’indépendance, forcément synonyme d’une perte en force de frappe. Pour conserver et fidéliser son public, puis augmenter son audience et maintenir son entreprise à flot, travailler sur l’image et être capable de « se vendre » allait être, au-delà des aspects purement musicaux et artistiques, une étape indispensable.
Evidence semble avoir pris conscience de ce point assez vite et avoir cogité une stratégie plutôt efficace. Le soin apporté à l’esthétique (les artworks impeccables de ses deux disques, The Weatherman LP et The Layover EP), celui apporté aux concepts et à la définition de sa signature en tant que rappeur (les délires autour de « Weatherman » et « Mr. Slow Flow »), la multiplication du nombre de concerts dans le monde entier et le travail sur les clips en sont quelques exemples. Ce dernier a deux intérêts majeurs : permettre d’imposer son identité en tant que rappeur solo et être très présent sur le net (YouTube…), donc entretenir une forme d’attente et d’intérêt. En clair : promouvoir sa musique. L’exemple le plus criant de cette volonté est The Layover EP : sur les 9 titres du projet, 6 ont été clippés.
Si la qualité de ces vidéos est assez inégale, elles montrent en tout cas que de bonnes idées permettent de compenser des moyens financiers visiblement peu élevés. Le dernier clip en date, ‘To be continued…’ (voir plus bas), mis en ligne il y a un peu plus d’une semaine, en est la parfaite illustration. Evidence, souvent filmé par son pote Jason Goldwatch (déjà auteur de la plupart des clips des Dilated Peoples depuis leurs débuts), semble en tout cas content de jouer le jeu et sort gagnant de ce marathon-vidéo. On garde de lui l’image d’un MC entre deux eaux, à la fois tranquille et nerveux, souriant et tourmenté, toujours entre deux avions et partageant son temps libre entre la weed, le son, le skateboard et ses potes. Un mec cool, en somme, dont nous vous proposons un petit tour d’horizon de l’univers en cinq clips.
« To be continued… » (Réalisé par Jason Goldwatch, 2010)
A l’origine de ‘To be continued…’, une idée absolument mortelle : filmer Evidence en train de rapper ses couplets dans un Grand Huit. Pour un coût a priori minime, sans doute rien d’autre que deux billets d’entrée au parc d’attractions Six Flags Magic Mountain de Los Angeles, on a là l’un des clips les plus cools de l’histoire du rap, et qu’on revoit toujours avec le sourire. La vidéo, parfaitement synchronisée avec le morceau et qui enchaîne quelques plans très courts puis un long plan-séquence dans les montagnes russes, a pourtant dû demander pas mal de préparation. Et poser quelques problèmes à Jason Goldwatch, que l’on voit sur la « photo-finish » assis à côté d’Evidence et en train de tenir sa caméra à bout de bras pour qu’elle soit bien en face du visage du MC, ainsi qu’à Evidence, qu’on sent légèrement anxieux – malgré le gros pilon qu’il a dû fumer avant de monter si l’on en croit ses yeux – pendant l’ascension. Le résultat est terrible, et entretient bien l’attente pour le deuxième LP du rappeur, Cats & Dogs, qui devrait sortir cet automne.
Note : Jetez un œil à la description des ces montagnes russes, qui ont l’air particulièrement dingues.
« Mr. Slow Flow » (Réalisé par Jason Goldwatch, 2007)
Avant de se mettre à rapper, Evidence a fait ses premières armes dans le hip-hop au début des 90’s en graffant sous le nom de VANE. Le clip de ‘Mr. Slow Flow’ tourne autour de cet univers, faisant référence au film Beat Street et notamment au beef entre deux de ses personnages, les graffeurs Ramo et Spit. Dans le film de Stan Lathan sorti en 1984, Spit repasse sur les pièces de Ramo et d’autres taggeurs pour s’imposer et les provoquer. Le conflit devient physique quand les deux hommes se croisent dans le métro… et s’achève de façon tragique. Dans son clip, Evidence incarne Spit et est filmé par Jason Goldwatch en train de tagguer par-dessus des reproductions de graffs de Ramo, en reproduisant le type de lettrage utilisé par Spit. L’idée : Ramo, dans cette vidéo, représente l’industrie et Evidence/Spit son opposé. Un passage du clip montre même Evidence poser sa signature sur un mur devant la tour de Capitol Records, son ancien label, qui avait retardé la sortie de cet album solo pour des raisons contractuelles. Grâce à son concept, son ambiance nocturne et plusieurs petits détails (le hoodie-squelette, les plans filmés dans le rétroviseur…), ‘Mr. Slow Flow’ est le meilleur clip d’Evidence. La puissance du morceau produit par le duo Sid Roams n’y est bien sûr pas non plus étrangère.
« Chase the clouds away » (Réalisé par Nicholaus Goossen, 2007)
Aussi bien au niveau du beat que de la vidéo, ‘Chase the clouds away’ peut être vu comme l’antithèse de ‘Mr. Slow Flow’. Alors que le clip de Jason Goldwatch impose une ambiance nocturne, agressive et oppressante, celui réalisé par Nicholaus Goussen joue la carte de la luminosité. Filmé de jour dans le quartier de Venice Beach (Los Angeles), où vit Evidence, le clip suit de façon assez linéaire les rimes du MC. Simple et ensoleillé, il reflète parfaitement le texte et l’état d’esprit du morceau, heureux et plein d’optimisme : le récit de bonnes journées, passées sans fumer de weed – la redécouverte d’une vision claire et de choses simples. Le clip s’achève sur une note un peu plus réaliste, avec un dialogue ironique entre Evidence et Alchemist montrant un – apparemment – inévitable retour dans le brouillard opaque des « hits from the bong« .
« The Layover » (Réalisé par Jason Goldwatch, 2008)
« I’m going where the people want me… Worldwide… » Si The Weatherman LP avait la météo pour fil rouge, The Layover EP est placé sous le signe du voyage et fait référence aux nombreux trajets accomplis par Evidence dans le monde entier pour assurer ses shows. Il n’y a rien d’étonnant donc à ce que le clip du premier morceau de l’album soit tourné dans un aéroport (LAX de Los Angeles, a priori) pendant ces temps d’attente parfois interminables entre deux vols. Rien d’exceptionnel dans la réalisation mais encore quelques très bonnes idées de Jason Goldwatch – que l’on voit d’ailleurs passer dans le clip vers 1’00 – qui retranscrivent cette atmosphère un peu flottante de l’attente (les plans du tableau d’affichage superposés avec ceux d’Evidence dormant, notamment) et ce sentiment d’être sans cesse loin de chez soi. Avec, en plus, des plans magnifiques filmés aux abords de l’aéroport au coucher/lever du soleil.
« Don’t hate » (ft. Defari) (Réalisé par Jason Goldwatch, 2008)
Complètement minimaliste et épuré, ‘Don’t hate’ est un des meilleurs clips extraits de The Layover EP. Les alternances de plans filmés avec Defari et Evidence sur fond noir avec t-shirts noirs et sur fond blanc avec t-shirts de la même couleur fonctionne parfaitement, tout comme le jeu avec les lettres de « Don’t hate » incrustées et grossissant à l’écran, et dans lesquelles apparaissent également les rappeurs. L’ensemble n’est pas impressionnant mais sobre, original, efficace et marque quand même l’esprit. La fin du clip, qui en dévoile les conditions de tournage, les astuces la technique utilisée, achève de rendre l’ensemble sympathique.
Autres clips d’Evidence extraits de The Layover EP :
- ‘For whom the bell tolls’ (feat. Phonte, Blu & Will.I.Am)
- ‘So Fresh’ (feat. Alchemist)
- ‘Solitary Confinement’ (feat. Krondon)
- ‘The Far Left’ (feat. Fashawn & Alchemist)
Salut les gars! Un petit remix du morceau d’Evidence
« To Be Continued » .Merci
DJ YEP
voir la vidéo
http://vimeo.com/14842239
OU pour Download Le Remix
http://www.limelinx.com/files/ec453e0e85ac4cef3a31f83653870674%20
Grâce à ce super billet j’ai rematé le clip de « The Far Left » et j’viens de griller seulement maintenant que toutes les feuilles sont blanches en vrai… okkkk le champion.
@Beathreat: merci ! @Julien: très cool ce billet, et je savais pas que tu aimais autant Evidence – il reste quelques secrets bien gardés au sein de la rédaction !
Sympa le clip de « to be continued »…bonne idee.
Apres je trouve que tant qu’a faire, celui de « don’t hate » est le plus efficace a mon sens, car vraiment propre, avec peu de moyen. Ca me rappelle le clip de « 8 is enuff » de Edo-G et Masta Ace. Pas de sous, mais efficace.
Les autres j’ai plus de mal, y’a vraiment pas beaucoup d’efforts apportes a l’image finale…
En tout cas bon billet, je m’etais desinteresse de Ev ya quelques annees, je vais me pencher sur le LP et le EP.
Je ne connais ce site que depuis peu de temps, et je tien a en apllaudire les différents gérants pour la qualité et la pertinence de leurs articles. Il n’y a plus beaucoup de sites comme celui la, seul petit bémol a mes yeux, le manques de chroniques pour les albumes récents (meme si je me ren bien konte du travail ke cela doit demander)!
Bonne continuation!
Canon ce billet!