5 pensées (à chaud) sur Compton de Dr. Dre
Dr. Dre vient de sortir un nouvel album, seize ans après 2001. Après l’arlésienne Detox (un excellent résumé des différents rendez-vous manqués de ce disque fantasmé est disponible sur DJbooth.net), le Docteur a surpris son monde en annonçant Compton, obligatoirement un événement quand on connait le pedigree du bonhomme. Le disque ayant été mis en ligne en avant-première cette nuit sur Apple Music, j’ai décidé de me lever aux aurores pour l’écouter. Quelques heures plus tard, voici un premier ressenti.
1. Dr. Dre joue la carte du vétéran
André Young a fêté ses cinquante ans le 18 février dernier. Cinquante ans, un âge avancé dans une musique où ses protagonistes ont parfois tendance à sombrer dans le jeunisme passé la trentaine. Pas Dr. Dre qui assume son âge et retrace son (long) parcours sans réelle nostalgie mais avec l’objectif de faire de sa réussite personnelle un exemple. Parfois, on a même l’impression d’avoir affaire à cet oncle qui approche la retraite et qui cherche à t’expliquer la vie, te faire comprendre qu’il va falloir (beaucoup) travailler pour réussir (« All in a Day’s Work ») et utilise ses souvenirs d’anciens combattants (« Talking to My Diary », « For the Love of Money ») pour te motiver. Un discours qui pourrait être plombant mais qui prend tout son sens dans la bouche de Dr. Dre (rappelez-vous les titres « Dr. Dre, premier rappeur milliardaire » après le rachat de Beats par Apple). Même s’il évoque Eazy-E et plusieurs personnes ayant compté pour lui, Dre ne tombe jamais dans le pathos et se moque même habilement de son âge sur « Talk About It » (« The world ain’t enough, I want it all, God damnit, I’m too old, I forgot I got it all« ). A la question, « peut-on rapper à plus de cinquante ans ? », Compton y répond avec un grand « oui ». Et voir les noms de Ice Cube, Snoop Dogg, Cold 187um et DJ Premier sur le tracklisting donne au disque des allures d’Expendables.
2. Le disque est incroyablement bien produit
Mais cela ne devrait pas trop vous étonner, on est en train de parler du dernier album de Dr. Dre. Ce qui est plus étonnant, en revanche, c’est que la production est différente de ce à quoi les albums que Dre nous ont habitués dans le passé. Pas de g-funk, pas de synthés à la Scott Storch non plus. Entre bangers (« Genocide » et cet incroyable début de morceau où les différents éléments se superposent les uns sur les autres) et pistes plus douces (« It’s All On Me »), les instrumentaux sont moins « industriels » que les dernières sorties du Doc. Les cuivres de « Deep Water », le solo de guitare sur « For The Love Of Money », la flute sur « Animals »… Impossible de savoir si Compton aura l’impact de Chronic ou 2001 mais l’ancien membre de NWA a encore réussi à se renouveler. Et on n’aurait pas forcément parié là-dessus il y a encore quelques mois. On a aussi un petit peu l’impression que, dans la construction, le disque s’inscrit dans la veine de Good Kid, M.A.A.D City : fil conducteur entre les morceaux (« One Shot One Kill » reprend là où « Deep Water » s’arrête), deux titres placés sur la même piste (dans un registre différent, « Darkside/Gone » peut renvoyer à « Sing About Me/I’m Dying Of Thirst »)… La boucle est bouclée.
3. Compton met les projecteurs sur une partie de la nouvelle scène rap
Entre évidences (Kendrick Lamar, présent sur trois morceaux), rappeurs qu’on était sur le point d’oublier (Jon Connor, rescapé de la liste des XXL Freshmen de 2014) et découvertes (King Mez, présent également sur trois morceaux), Compton fait la part belle à la jeunesse et ne se veut pas uniquement une réunion de vieux copains. Passé l’intro, on est d’ailleurs un peu surpris de se rendre compte que la première voix que l’on entend est celle de King Mez. On ne sait pas encore s’il est le nouveau protégé de Dr. Dre (et, compte tenu des jurisprudences Bishop Lamont et Stat Quo, on ne sait pas si on doit le lui souhaiter) mais il remplit largement le contrat sur le disque et donne envie d’en savoir davantage sur lui (on vous conseille d’ailleurs de vous balader sur sa chaîne Youtube). Une nouvelle génération de rappeurs qui influence le style de Dre, celui-ci variant de titres en titres, et qui est probablement derrière la plupart de ses couplets. Il y a d’ailleurs quelque chose de très spécial avec Dre le rappeur : on sait qu’il n’écrit pas ses couplets, on peut même parfois reconnaître le style de ses ghoswriters sans souci et, pourtant, on est toujours content de l’entendre prendre le micro. Probablement une histoire de charisme.
4. Anderson. Paak est brillant sur « Animals »
Présent sur six pistes, Anderson. Paak est l’autre homme fort du disque. Quand on en vient à la musique de Dr. Dre et, plus largement, au rap californien, il y a évidemment un nom qui s’impose en termes de chanteurs : celui de Nate Dogg. L’erreur aurait été de lui chercher un successeur direct et de retrouver les sensations provoquées par l’auteur de Music and Me. Une erreur que n’a pas faite Dr. Dre en choisissant de collaborer avec Paak dont le style est davantage à rapprocher de celui d’un D’Angelo ou d’un Dwele. En même temps qu’il marque le retour de Dr. Dre, Compton est la rampe de lancement parfaite pour Anderson. Paak dont on vous recommande chaudement le projet Venice.
5. On en a marre d’Eminem (et ça nous fait de la peine de dire ça)
Eminem apparait sur un seul titre (« Medicine Man ») et on pourrait considérer son apparition anecdotique et parler de Marsha Ambrosius à la place, du solo de The Game ou du bonheur d’entendre Dr. Dre et DJ Premier parler sur le même morceau. Sauf que, en théorie, un couplet d’Eminem ne devrait pas être anecdotique. Même si ça fait plusieurs années (en gros, depuis Recovery) qu’Eminem se sent obligé de rapper la veine au front et de considérer chaque couplet comme une démonstration de technique, on avait envie de croire qu’il ferait les choses différemment pour l’occasion. Un peu comme ce pote qui ne peut pas s’empêcher de faire des blagues grasses et dont on espère qu’il se comportera différemment le jour où lui présentera notre petite copine pour la première fois. Compton ou pas, il semble que Marshall Mathers soit condamné à livrer des couplets à rallonge sans le moindre enthousiasme. Ma lettre ouverte n’y aura donc rien fait.
On aurait pu suspecter Dr. Dre de nous vendre les chutes de studio de Detox, un disque auquel plus personne n’osait croire, derrière un nouveau nom. Après plusieurs écoutes, on est persuadé que Compton est un projet inédit, à des années lumières des différentes fuites qui avaient entouré Detox. On ne sait pas encore quel statut aura ce disque ni quelle sera sa durée de vie dans un paysage musical très différent de celui qui existait en 1999 quand sortait 2001 mais une chose est sûre : dans l’immédiat, on a très envie d’aller le réécouter.
J’avais lu l’article avant d’écouter Compton. Je te pensais dur avec Eminem mais effectivement, c’est « léger » pour un mec qui pourrait apporter un nouveau souffle. Concernant l’album… je pense qu’il me faudra bien trois quatre voire cinq écoute pour être objectif. Pour l’instant je le trouve bon mais pas Dre.
Bonne Critique Âpres 16 ans on Attendais tous le doc; mais je reste sur ma faim L’album est bon les prods bien maitriser mais j’ai l’impression qu’il as un truc qui manque pour me réjouir a fond. il est pas assez iconic a mon gout et reste au niveau des autres albums que l’ont peu entendre. Je trouve que l’éssence du son Dré est un peu noyer.
Bonne Critique Âpres 16 ans on Attendais tous le doc mais je reste sur ma faim L’album est bon les prod bien maitriser mais j’ai l’impression qui mon un truc pour me réjouir a fond.
Cube Et Eminem vraiment pas à la hauteur du rendez vous parmi les vétérans.
Sinon ouai Jon Connor et Anderson .Paak (dans une moindre mesure King Mez) sont intéressants, de parfaits inconnus de mes oreilles avant ça..
Il aurait du appeler son LP « Dre » tant Compton n’a rien à voir là dedans (si ce n’est Lamar)..et a tout à voir avec LUI.
Ah j’oublais le « Eazy from the other side » c’est ridicule, vivement le concert hologram…
Assez déçu par le traitement du film, son absence au concert de « réunification » des 20 ans sur BET, la quasi absence de Ren et Yella dans la promo.
Je n’irais certainement pas de mes euros, c’est clair. Hollywood whashing..
Cube Et Eminem vraiment pas à la hauteur du rendez vous parmi les vétérans.
Sinon ouai Jon Connor et Anderson .Paak (dans une moindre mesure King Mez) sont intéressants, de parfaits inconnus de mes oreilles avant ça..
Il aurait du appeler son LP « Dre » tant Compton n’a rien à voir là dedans (si ce n’est Lamar)..et a tout à voir avec LUI.
Assez déçu par le traitement du film, son absence au concert de « réunification » des 20 ans sur BET, la quasi absence de Ren et Yella dans la promo.
Je n’irais certainement pas de mes euros, c’est clair. Hollywood whashing..
Bon article dans son ensemble… Je vous trouve un peu dur avec Eminem cela dit… Sinon c’est clair qu’après une première écoute, on a envie de le réécouter… Moi ça me fait un peu rappeler l’effet de l’album 2001 après la 1ère écoute, dans le sens où j’avais trouvé cela un peu « décevant » mais sur le coup, je ne m’attendais pas à quelque chose de si « différent » par rapport à « the chronic », et donc là par rapport à 2001 ou plutôt aux morceaux de Detox comme Kush, Under Pressure, Mr Prescription et j’en passe. C’est du travail vraiment super hyper propre, les prods sont beaucoup mieux arrangées, ça respire, c’est vivant, c’est lourd… Tout le monde pose très bien, que ce soit les rappers ou les chanteurs… Et bien sûr Dre aussi… Il a beaucoup évolué, que ce soit au niveau de la façon de se poser sur les morceaux (il joue beaucoup plus avec sa voix, on sent qu’il la maîtrise beaucoup plus) ou encore sur la façon de réaliser les sons…
Vrai pour Eminem, et le pire c’est que sur scène ce genre de couplets est impossible à assumer. (cf. Forgot About Dre dans le DVD du Up In Smoke Tour)