Troy Ave

Si Booba et Ali vous disaient que ‘Le crime paie’, la version américaine serait plutôt pour moi ‘Le « grind » paie’. En effet, la première fois que j’ai entendu parler de Troy Ave, c’était en 2005 par le biais de potes de Brooklyn. Jouissant d’une certaine réputation dans les rues de BK, il est assez difficile de passer à côté de son nom. Ayant pas mal de connaissances communes, je reçois donc plusieurs emails avec sa musique en pièces jointes. Pour être honnête avec vous, le fait qu’un rappeur soit respecté dans la rue ne me donne pas plus envie d’écouter sa musique que ça. Je n’ai donc jamais ouvert ses fameux emails.

Fin 2009, je suis invité à l’écoute du EP de mes potes Game Rebellion aux studios Fight Klub. J’y croise Nick (propriétaire des studios), Dove (publicist des 3/4 des artistes de Harlem), Mr Mecca (rédacteur à The Source), Amanda Diva, Wynter Gordon et Sickamore. Ce dernier, à peine entré dans les studios, se dirige vers moi pour prendre de mes nouvelles. Il faut dire que Sickamore et moi, sans être potes, avons des fréquentations communes et étions présents à de nombreuses sessions studios pour mon pote Spot. Derrière lui, je reconnais trois têtes : celles de A.G. (manager de Trey Songz), Hovain et Troy Ave. La soirée suit son cours et à un moment, je vois Sickamore parler à Troy Ave & Hovain en me montrant du doigt. Troy Ave se dirige vers moi et me fait : « Sick dit que tu es la personne à connaître quand il s’agit du hip-hop en Europe. » S’ensuit une longue discussion où je lui rappelle que nous nous connaissons déjà plus ou moins et il m’explique son chemin et comment il compte réussir dans la musique. Ce jour-là, le rappeur de Brooklyn me donne une copie de sa mixtape I’m In Traffick. Une fois encore, je ne l’écoute pas immédiatement. Enchaînant les soirées et les événements hip-hop dans la ville qui ne dort jamais, je remarque que Troy Ave est à chaque fois présent et qu’il distribue son CD à tout le monde. Je finis par me dire que tant de travail ne devrait pas être méprisé et me décide à écouter sa mixtape. Surprise ! Si Troy Ave est loin d’être le meilleur rappeur entendu au micro, ses morceaux dégagent quelque chose et on en est vite accroc. Sa musique est celle des « hustlers » : ces personnes qui passent leurs journées dans la rue à courir après l’argent et vivent dans le luxe. Le tout est rappé sur des productions pour le moins éclectiques et feront vibrer à coup sûr les sièges de votre voiture.

Fin septembre, je reçois un tweet de Troy Ave sur ma timeline Twitter me disant que rien n’importait plus que sa nouvelle mixtape Bricks In My Backpack (The Harry Powder Story). Après avoir passé un bon moment à halluciner sur le titre du projet (qui par ailleurs est sûrement un des meilleurs titres de l’année), je contacte donc Troy pour avoir une copie de la tape. Première chose surprenante : Fabolous est crédité comme producteur exécutif du projet. Il apparaît même sur l’intro et y vante les mérites de Troy Ave sur une nappe de piano accompagnée de guitares électriques qui risquent de rester longtemps dans vos têtes. Les 15 autres morceaux s’enchaînent tout aussi bien, que ce soit sur des productions plus Sud (‘Martin Lawrence), plus classiques (‘Gone’, ‘O’s’) et quelques freestyles sur des instrus bien choisies (‘Tales From The Lieside’, ‘Hustle & Flow’). En attendant les sorties de ses prochains projets KFC et Hey Girl, je ne saurais trop vous conseiller d’écouter I’m In Traffick et Bricks In My Backpack car il y a fort à parier qu’ils ne seront pas près de quitter votre iPod ou votre voiture.