De Gucci Mane au Célèbre Bauza
Un bref aparté dans notre break estival avec une sélection de cinq morceaux. Cinq titres bien éclectiques qui tournent en ce moment dans nos décapotables enceintes.
Gucci Mane – « Point In My Life » (Trap House III, 2013)
Trap House III n’est pas la mixtape de l’année. Ni même la mixtape de l’année pour Gucci Mane. On y trouve pas mal de titres génériques, qui tournent un peu en rond, qui manquent un peu de folie. On zappe des morceaux, on arrive vers la fin sans grand enthousiasme, et là c’est la révélation. Guwop te livre une chanson d’amour. De l’amour bien à lui, mais de l’amour quand même. Aussi bizarre que sincère, le titre frappe par surprise, arrive presque à nous émouvoir comme une scène mélancolique au milieu de L’Arme fatale. L’air de rien, Gucci Mane sort l’une des chansons de l’année en avouant lui-même dans le premier couplet qu’il ne sait pas chanter. Il n’aura jamais fini de nous étonner. — David
Le Célèbre Bauza – « Grosse Peine » (La Coupe des Vices, 2006)
Si Time Bomb avait eu droit à une seconde épopée, nul doute que Le Célèbre Bauza aurait été au centre des attentions. Une technique à faire pâlir les drogués de la multi-syllabique, un style digne des plus grands de l’est parisien et la finesse rigolarde de la feignasse qui « peut mieux faire » : Bauza Boz a tout ça. Et aussi une capacité à se faire rare ô combien frustrante mais salutaire. Oui, car si Le Célèbre l’était vraiment, peut-être que la magie s’envolerait un peu. Et le plaisir égoïste de lire ces vidéos YouTube à 600 vues avec. — Diamantaire
Kelly Rowland – « Kisses Down Low » (Talk a Good Game, 2013)
Exister aux côtés de l’aura envahissante d’une ancienne collègue devenue icône pop. Elle a beau être talentueuse, Kelly Rowland souffrira pendant longtemps (injustement ?) de la comparaison avec sa pote Beyoncé. Alors pour s’affirmer – en dehors de ses affreux égarements euro-dance -, Kelly joue depuis quelques temps la carte de la trentenaire sexuellement épanouie, jusqu’au cliché. Pourtant, sur « Kisses Down Low », elle répète avec réussite la même formule que ses précédents singles : musique lascive composée par l’homme en forme (ici, l’indiscutable Mike Will) et paroles funambules sur le plaisir de la chair. Miss Kelly se permet même une reprise de la formule du refrain de « Top Back » de T.I., où l’on passe du plaisir de conduire volume à fond à… ‘fin, vous devinerez en écoutant. — Raphaël
Nickelus F – « My Convo » (Vices, 2013)
En l’an 2000, Nickelus F avait dix-sept ans et était à l’honneur de la fameuse rubrique Unsigned Hype du magazine The Source. 13 ans plus tard, et malgré une flopée de projets allant de l’excellent Season Premiere à l’hybride R.A.R.E. qui le voyait rapper sur des instrus de Portishead, Nickelus F est encore inconnu du grand public. Pourtant, le rappeur de Richmond partage avec son pote Drake (Nickelus F apparaissait sur A room for improvement, la première mixtape de Drake sortie en 2006) le sens de la mélodie et la capacité à alterner rap et chant avec brio. Vices, son dernier projet en date, ne possède peut-être pas le titre qui le fera exploser mais s’impose comme une écoute nécessaire tant il regorge de ballades estivales. « My convo », et ses relents UGKiens, en est probablement le plus joli exemple. — Mehdi
Action Bronson ft. Wiz Khalifa – « The Rockers » (Saaab Stories, 2013)
S’il a définitivement quitté les fourneaux, l’ancienne toque Action Bronson tient la recette du succès. Son ascension croissante pourrait venir d’un triptyque imparable : une succession d’albums marquants, des vidéos toujours plus déjantées et un enthousiasme constant. Toujours au four et au moulin, il vient juste de sortir Saaab Stories, un sept titres avec des productions aux petits oignons de Harry Fraud. Sur « The Rockers » le patron déroule en plaçant quelques références choisies puisqu’il est notamment question de baguettes, de Shawn Kemp, de son quartier de Flushing et d’ail croustillant. Son compagnon de fortune, en salle, sert un peu toujours les mêmes couplets, avec une obsession pour les liasses de billets verts et l’herbe fraiche. Mais il le fait avec une nonchalance et une facilité qui passent toujours crème. — Nicobbl
Merci Damcashmir. Et excellente idée Harry Fraud. Le mec est surchaud.
Gucci Mane RAS ! mais surprenant sur ce son. Nickelus F, bonne redécouverte vu que je l’ai laché en même temps que Drake. Autrement, j’attend avec impatience l’interview de Harry Fraud. Normal.
Big up à toute l’équipe de l’ABCDR pour le boulot fourni.
Respect à Diamantaire pour avoir mis mon morceau préféré du Célèbre Bauza ! Putain, « La coupe des vices » c’était trop haut, déjà 7 ans bordel…