D’Imogen Heap à Brand Nubian

Imogen Heap – « Just For Now » (Speak for Yourself, 2005)

D’après Wikipedia, les genres musicaux auxquels appartient Imogen Heap sont, en vrac, le folktronica, la synthpop et l’ambient. Soit. Mais malgré elle, la Britannique est aussi l’un des socles de la based music, le style déshinibé et planant défini par Lil B. La voix aérienne d’Imogen Heap est l’un des éléments récurrents utilisé par cette nouvelle vague de rappeurs/producteurs pour qui le rap peut être transformé en musique purement atmosphérique (Young L vient d’ailleurs de lui consacrer un projet entier). Utilisé par Clams Casino dans l’emblématique « I’m God » de Lil B, « Just For Now » est aussi la preuve que le sampling rap est loin d’avoir épuisé toutes ses ressources. — JB

Ice Cube – « Smoke some weed » (Laugh now, Cry later, 2006)

C’est le retour de congés. Il fait chaud, j’ai quitté mon short et mes savates, le métro est blindé et mon patron de retour. Toujours aussi con, il me rappelle d’emblée pourquoi j’étais aussi content de me barrer loin de sa trogne de baltringue. Remède du jour pour éviter une nouvelle fusillade façon Columbine : isolation absolue, casque bien collé sur les oreilles. Ice Cube et le gros banger « Smoke some weed ». Ouais, ça te fera du bien. Et à moi aussi. — Nicobbl

Apathy & Vinnie Paz – « Honkey Kong » (Honkey Kong, 2011)

Certes, ce qui devait probablement être un hurlement de gorille en intro ressemble étrangement à un rugissement de lion. Pour le reste, pas de doute : Ap’ revient très fort en 2011, et confirme enfin tous les immenses espoirs placés en lui avec son nouvel album. « Honkey Kong » donne le titre du projet et le fait démarrer sous les chapeaux de roue. C’est véner, sans fioritures et ça tape dans le lard direct. Pour planter ce décor d’émeutes, quoi de mieux que de confier le refrain à Vinnie Paz et la prod à un Vanderslice en verve. De la hooligan music, chargée en testostérone et dénuée de toute subtilité, et c’est bien mieux comme ça. — Kiko

Busta Rhymes – « C’mon All My Niggaz, C’mon All My Bitches » (Anarchy, 2000)

Un jour, il faudra que l’on prenne le temps de décortiquer un ou deux albums de Busta Rhymes dans les colonnes de l’Abcdr. Monsieur featuring par excellence, responsables de hits indémodables lors de l’autre golden era de New York (pour plus de détails, demandez à JB), Busta a repris du poil de la bête ces derniers temps après une période troublée, entre problèmes judiciaires et album en demie-teinte. C’est avec des titres comme « C’mon All My Niggaz … », sur son quatrième album, que les qualités du rappeur apparaissent évidentes : un flow incroyable et des ad-libs farfelues pour raconter tout et n’importe (surtout n’importe quoi) sur une prod brise-nuque et hypnotique de DJ Scratch. Un producteur dont il faudra que l’on parle plus en détails, un jour. — Busta Rhymes

Brand Nubian – « Claimin’ that I’m a Criminal » (Everything is Everything, 1994)

Sur un sample de Luther Ingram astucieusement encadré par une ligne de basse et une sirène, puis un refrain soul relevé par un cut de Chuck D, Lord Jamar et Sadat X racontent les déboires policiers et pénitentiaires de la jeunesse noire américaine (et, accessoirement, co-produisent le morceau). Le premier – dont le couplet mémorable domine le morceau – relate une arrestation ordinaire ; le second – qui a récemment fait un long séjour à Rikers Island – la galère de l’emprisonnement. Depuis, la boulimie carcérale étasunienne n’a cessé de s’amplifier… L’un des titres phares d’un album solide, à défaut d’être excellent, déséquilibré par l’absence de Grand Puba. — Greg