Nos 25 morceaux du second semestre 2015
Rap US (et UK)

Nos 25 morceaux du second semestre 2015

De Baltimore à Seattle en passant par Atlanta et un grand détour par la perfide Albion, grand survol du rap en anglais de ce deuxième semestre 2015.

L’ode à Baltimore d’Ill Conscious, la détresse de père de Joe Budden. Le sourire libidineux de 2Chainz, les chimères de Sadistik. Black Hippy façon Marvel, Curren$y en mode Marty McFly. Jeezy en ours mal-léché, Beatking en moonwalker. Les douze travaux de Future, l’odyssée de Young Thug. Le flair anglais, la foire américaine. Résumer le rap américain (et anglophone) sur un jour est difficile ; sur un semestre, c’est un calvaire. Dont on tire toujours autant de plaisir, rassurez-vous.


Ill Conscious – « Good Morning Baltimore » feat. Yung Miss

Quand on pense à Baltimore, on pense avant tout à l’univers désenchanté de The Wire ou à l’affaire Freddie Gray. Soit à une partie de ce que les États-Unis ont à offrir de plus sombre et d’attristant. Comme hymne de la ville, « Our House » de Dirt Platoon, brutal et sale, paraîtrait ainsi tout indiqué. Ill Conscious, lui, a préféré jouer le contre-pied. Son ode à B-More est lumineuse et pleine d’espoir, merveilleusement servie par la production de Loop Holes et sa boucle de piano qui va et vient. Le refrain chantée de Yung Miss et les scratches magnifient un morceau idéal pour mettre de bonne humeur le matin et qui porte donc très bien son titre. The Essence, l’album d’Ill Conscious vaut par ailleurs franchement le détour. – Kiko


2 Chainz -– “Lapdance In the Traphouse”

2 Chainz et Honorable C-Note. C’est fou comme le rap va vite, on croirait presque ces deux noms sortis du passé. Si ces deux-là n’ont pas été les plus en vue cette année, ils n’ont rien perdu de leur talent. Dès le titre du morceau, on sait qu’il y aura des rimes improbables et une ambiance de fête glauque. Et ça ne rate pas. « Bitch, you better act like you love me » crache 2 Chainz à la fin du deuxième couplet à une strip-teaseuse qui n’a pas récolté grand-chose de la journée. La frontière entre divertissement inoffensif et noirceur absolue est plus floue que jamais. – David


Tate Kobang – « Bank Rolls (Remix) »

Comme chaque année, 2015 a eu son lot de freestyles vidéos sortis de nulle part, devenus classiques instantanés en quelques semaines. Et comme chaque année maintenant, les meilleurs sont souvent associés au fameux label 300 de Lyor Cohen, structure calculée pour développer ce genre de succès locaux. Cette fois-ci, la ville est Baltimore et le morceau ne peut être plus régional car il cite un à un les quartiers et rues des environs, à chaque ligne, à chaque rime. Reprenant l’instrumental d’un hit de Tim Trees, la fierté du coin, Tate Kobang réactualise une formule vieille comme le rap, sans structure ni refrain. Et il marque l’année avec une idée spontanée, devenue virale, comme Bobby Shmurda avant lui. Globalité et proximité, les hashtags 2015. – Lecaptainnemo


Atmosphere – My Best Half

Sur le ton de la confidence, et avec beaucoup d’humour, Slug raconte où et comment il a rencontré celle qui est aujourd’hui sa femme. C’était dans un bar. Évidemment. Et Murs était là aussi. Il peut témoigner. Une belle tranche de vie – et de rigolade – fournie par le groupe américain qui vieillit le mieux. Comme tout bon alcool. Que c’est étonnant ! – zo.


Jay Rock feat. Kendrick Lamar, Ab-Soul, ScHoolboy Q – « Vice City »

Ce n’était pas le 5 août dernier qu’il fallait attendre Les Fant4stiques, mais le 10 septembre. Sur un instrumental hypnotique de Cardo (qui a encore eu une belle année), « Vice City » a des airs de bataille avec un Doctor Doom sous les traits des sept péchés capitaux. A la distribution : Kendrick en Mr. Fantastic (forcément), flow élastique et génie de la rime, conscient de ses propres tares (« I pray to a C-Note, my mama gave up hope, I can’t stand myself »). Jay Rock en Johnny Storm, le feu dans la voix et dans l’entrejambe, tête brûlée racontant ses histoires de plan cul le sourire aux lèvres. Ab-Soul en Homme Invisible, si extra-lucide qu’il devient translucide (« Mental window blurry as a bitch, still lookin’ out it »), prenant du recul en plein couplet pour compter les succès de TDE et les morts de la guerre des gangs. Et le coup de grâce : ScHoolboy Q en La Chose version billets verts plutôt que glaise ocre, éclatant tout sur son passage, même ses voitures de luxe. Déstructuré, avec des refrains, des ponts et des durées de couplet aléatoires, « Vice City » est un posse cut du Black Hippy à classer tout en haut avec « Say Wassup » et « Black Lip Bastard (Remix) ». On ne peut pas en dire autant du reboot des Quatre Fantastiques. – Raphaël


Travi$ Scott – « 90210 » (ft. Kacy Hill)

Rodeo n’a pas tenu ses promesses. Tant pis. Travi$ Scott reste (et restera ?) un artiste plutôt doué qui absorbe et recrache efficacement les influences du moment, mais manque de charisme pour véritablement s’imposer. Il n’en fait pas moins d’excellents morceaux par intermittences, comme ce « 90210 » lunaire, où il erre à la recherche d’un bout de paradis artificiel dans la première partie, avant de se recentrer et de rapper sur sa carrière et ses accomplissements dans la deuxième partie. Ça part un peu dans tous les sens (parler de pornstar et de sa grand-mère dans le même morceau, chapeau) mais c’est produit de main de maître par DJ Dahi, et l’ambiance porte loin, très loin. « 90210 » est à la fois confus et réfléchi, un peu à l’image de son créateur en somme. – David


Ocean Wisdom – « Splittin’ the Racket »

Ocean Wisdom avait frappé fort l’an dernier avec « Walkin’. » Toujours produit par Dirty Dike, le rappeur de Brighton a remis le couvert cette année avec « Splittin’ the Racket », extrait de son maxi (!) sorti chez High Focus Records. La ligne de basse menaçante et le gros breakbeat permettent au jeune homme de faire ce qu’il sait faire de mieux, à savoir lâcher les chevaux niveau flow. Le résultat est plutôt impressionnant, et l’on sent clairement l’influence grime dans le style. Le clip, à l’image du morceau, est de surcroît plutôt marrant et plein de bonne humeur, nous baladant à un rythme effréné dans les rues de Brighton la balnéaire, surnommée « London-by-Sea ». – Kiko


Chinx Drugz – « How to get rich »

2015 a aussi été marqué par la disparition de Chinx Drugz. Une vraie fin de la rue, par balle au volant, ridant dans son quartier du Queens. Chinx n’a pas eu le temps de se faire connaître du grand public mais il a disséminé de nombreuses harmonies vengeresses sur les sorties des Coke Boys, toujours dans le sillage illuminé de Max B. Son premier album déjà posthume (sic) a un goût d’inachevé mais rend hommage à un personnage important de la scène de New York post-Dipset. Et à l’intérieur, “How to get rich” fait office de chanson parfaite : un piano quasi publicitaire, un pattern bouclé à l’infini, une tendance emo assumée. Cette marque de fabrique, popularisée par French Montana, reste ici moins cartoonesque, plus juste. Et quelque part, infinie. Liqueur sur le sol pour Chinx en 2016, il le mérite. – Lecaptainnemo


Joe Budden – « Love, I’m Good »

De son propre aveu dans les remerciements de All Love Lost, ce dernier album a été le plus difficile à écrire pour Joe Budden. Pourtant, Joe est un rappeur qui n’a jamais eu peur d’étaler ses états d’âme sur disque. Même Drake et Kanye West, désignés en chantre de l’hyper-sensibilité, ont une part de retenue dans leurs confessions que le rappeur du New Jersey n’a pas. Particulièrement sur des boucles déchirantes, comme celle reprise par AraabMuzik sur « Love, I’m Good » (demandez à Beanie Sigel ou Sat). Le rappeur de Slaughterhouse y revient sur deux de ses amours déçus : le rap (comme dans « Who Killed Hip-Hop ? » en 2008), et Tahiry, ancienne modèle de clip avec qui il entretient une relation bien plus tordue et moins drôle que celle de You’re the worst (« I wanna ask : if we love each other so much, how do we cause each other so much pain ? »). Mais surtout, dans le troisième couplet, Joe Budden s’adresse directement à son fils de 14 ans, dont il partage la garde avec sa première ex-compagne, dans un mélange de tendresse, de colère et d’angoisse jamais autant ressenti dans un de ses morceaux. Un sujet qui le touche tellement qu’il en parle avec une douleur palpable jusque dans les annotations de son texte sur le site Genius : « I know how you feel, I know what you’re going through. I know ». – Raphaël


Juicy J – « Beans and Lean »

Penché au-dessus de sa marmite, Juicy jette des haricots magiques dans son sirop, et hop, ça fait un gros banger. Il fait encore mouche avec l’un des refrains les plus étranges et les plus entêtants de l’année. La formule semble pourtant limitée, mais il arrive toujours à la renouveler. Survolant une production mystique aux basses surgonflées de Sonny Digital, le vétéran de Memphis raconte ses habituelles histoires de drogue et de débauche avec un débit proche de l’incantation. Il doit sûrement y avoir des forces obscures à l’œuvre derrière son rap ou un message caché si on passe le son à l’envers, parce qu’il nous captive à chaque fois. – David


Triple Darkness – « Solid Armour »

Une grosse caisse claire, des cordes discrètes, des voix féminines fantomatiques… Et des rappeurs de haut niveau qui se relaient, sans réel refrain. Triple Darkness était clairement attendu sur ce terrain, où la sobriété des productions tranche avec la verve des MCs, en l’occurence Tesla’s Ghost, M9, Ray Vendetta, Iron Braydz et Cyrus Malachi. Les samples du Wu-Tang et le clip tourné dans un couloir dégueulasse semblait annoncer le meilleur pour Darker than Black, l’album du pléthorique collectif londonien. Sorti à la mi-décembre, le projet a un peu déçu, la faute notamment à une durée bien trop longue (plus de 80 minutes) et à quelques refrains bien nases. – Kiko


LNDN DRGS – « Time Flies » feat. K-Dee

Là, on est clairement dans le fan service. Le duo LNDN DRGS est passé un peu au travers de tout alors que leur concept mélangeant gang bangers à la YG et classiques funk / slow jamz des 80s a tout pour plaire. Sur ce “Time Flies”, le rappeur Jay Worthy pose sur un edit du tube de Janet Jackson avec ses petites phrases en français sexy. Déjà rien que ça, c’est irrévérencieux, spontané et génial. Mais en bonus, la paire invite le légendaire K-Dee, rappeur décontracté ultime qui n’avait sorti qu’un seul album mythique, Ass, Gas, or Cash (No One Rides for Free), sur le label d’Ice Cube en 1994. Et plus de 20 ans après, son charisme est intact, une aisance naturelle qu’on est heureux de retrouver pour quelques lignes, comme quand on voit la gueule d’Han Solo pour une blague dans un nouveau Star Wars. Du vrai fan service, merci. – Lecaptainnemo


Sadistik & Kno  – « Daydreams » feat. JMSN

Sadistik a cette étrange propension à instaurer des atmosphères qui flirtent avec un état de near death experience. Sur « Daydreams », appuyé par la voix de JMSN et la production en apesanteur de Kno, il entremêle rêve et cauchemar. Avec sa peur de la confrontation aux sourires et au bonheur, ses références brandies comme des cicatrices terrestres, le rappeur de Seattle fait flotter sa vie au-dessus des draps de ses rêves, comme pour mieux les contempler et les transformer en angoisses. Des chimères définitivement trop fragiles pour ne pas finir en terreurs nocturnes. – zo.


G Herbo – « Bottom of the Bottom »

« Now the judge hang us with 100 years, used to hang us by a tree / I was born in the trap tryna stay up out the penitentiary / Cause living ain’t cheap, tell me how this is the land of the free ? ». C’est sûrement à cette capacité à résumer en trois vers toute la fatalité des oubliés du rêve américain que l’on reconnait le talent de G Herbo – anciennement Lil Herb et visiblement transformé de ses traversées de l’enfer en quatre chapitres. Sur « Bottom of the Bottom », le sample de violon pue le spleen autant que l’interprétation du rappeur de Chicago transpire la rage du désespoir. On rapprochait Herbo de DMX l’an dernier ; il a presque quelque chose de la Casey de « Dans nos histoires » dans ces quelques rimes comparant l’esclavage d’antan à la servitude moderne. Une aliénation qui prend dans ses mots aussi bien la forme d’une condamnation à vie que d’une vie condamnée à survivre. – Raphaël


Curren$y – “Bottom of the Bottle” feat. August Alsina & Lil Wayne

Une faille spatio-temporelle a dû s’ouvrir, car on est de nouveau en 2005 avec ce morceau, à l’époque où Young Money ne régnait pas encore (complètement) sur le monde et que Curren$y n’avait pas encore claqué la porte du label. « Bottom of the Bottle » scelle les retrouvailles des deux rappeurs de la Nouvelle Orléans, sous ses airs de single qui s’assume, avec son refrain aguicheur, son thème léger et sa production sautillante. Alors, certes, ça n’invente rien et ça n’est pas très aventureux, mais on ne va pas bouder notre plaisir. La nostalgie, tant qu’on ne s’y enferme pas, ça a quand même du bon. – David


Future – « Last Breath »

On ne l’a pas encore assez dit : Future est le grand gagnant de 2015. Sur tous les plans, sur toutes les faces, avant comme arrière. Dernier témoin si besoin, il pose “Last Breath” sur la bande originale de Creed, nouveau né très attendu de la saga Rocky. Et là, il réalise notre rêve de gosse, un bon morceau avec le thème le plus grillé du monde, celui des trompettes pompier avec Stallone en slip et en sang, criant “Adriaaaaan”. N’importe quel génie serait devenu abruti mais Future continue sa marche sur l’eau avec une ode aérienne au noble art, devenu combat du quotidien. Un point d’orgue, un point final, un point de départ. Mais la victoire, elle, n’est pas au points mais bien par KO, les poings levés. – Lecaptainnemo


The Underachievers – « Illusions »

Evermore: The Art of Duality de The Underachievers est un bon album. On y trouve des instrus efficaces, de l’énergie, et quand il s’agit de kicker AK et Issa Gold ne laissent jamais leur part aux chiens. Pourtant, l’écoute s’achève sur un sentiment étrange : rien ne ressemble plus à un morceau de The Underachievers qu’un autre morceau de The Underachievers. Le groupe parait un peu prisonnier d’une formule, répétée sur quinze pistes. Le meilleur de cette recette se retrouve sur « Illusions ». L’intro planante, la montée en puissance du beat, les flows fougueux et techniques, le refrain accrocheur. Le cahier des charges est rempli. On apprécie toutefois tout particulièrement les nappes de synthés et le piano entêtant de la production, cosignée par Ashton Benz et Lucas Savo. – Kiko


The Game – « Like Father Like Son 2 » feat. Busta Rhymes

L’instrumental d’Alchemist qui se met en place tout en douceur, ce faux refrain fabuleux (« We good now, ’cause my daddy hustle »), les premiers mots rappés des fils Taylor : la première minute de « Like Father Like Son 2 » est sidérante de perfection. La suite, avec notamment la reprise du refrain mémorable de Busta Rhymes, est autant la déclaration d’amour d’un père à ses fils que la preuve par deux du savoir-faire de The Game, qui à l’image de son The Documentary 2 parvient ici à sublimer une formule pourtant connue et éprouvée par lui-même. Il est d’autant plus plaisant de l’entendre qu’ici, il est pour une fois un modèle imposant et non plus un curieux plagiaire. – David²


Young Thug  – « Pacifier »

Donc Future est 2015, c’est un fait. Mais Thugga n’est quand même pas loin derrière. Avec un Barter 6 mixé et ramassé, l’« atlien » a prouvé qu’il était là pour la couronne. Enterrant son illustre mentor pour de bon, ses titres ont résonné dans tous les clubs branchés, les boutiques à chapeaux et les défilés bien sappés. Young Thug et ses producteurs ont mis en place une signature basée sur des instrumentaux dépouillés, des nappes illustratives, parfois rébarbatives. Il est donc toujours intéressant de le voir changer sa formule un tantinet. C’est avec le généreux Mike Will que le déclic se fait. Comme par hasard. Sur “Pacifier”, les deux proposent une structure plus pop et entraînante. Les breaks de batteries et les guitares reggae tendent vers un rendu plus organique, limite The Roots époque « The Seed 2.0 ». Et le tout laisse le rappeur libre de ses élucubrations les plus folles. Les chapeaux ne sont peut être pas prêts et préféreront garder les rodéos de Travis Scott. Mais avec ce culot, il est fort possible que Young Thug soit 2016. – Lecaptainnemo


YG, Blanco et DB Tha General – “Drivin Like I’m Loco”

Reprendre l’inusable “Funky Worm” des Ohio Players est tout un symbole (et un défi habilement relevé par les Cookin Soul, qui ont su revisiter ce synthé légendaire). Il s’agit de l’un des samples les plus iconiques de la côte ouest et passer après NWA et Snoop n’a rien d’anodin pour YG. Le nouveau visage de L.A., c’est sans doute lui pour quelques années. Il incarne le contrepoids fou furieux de Kendrick, celui qui fait des tours de quartier sans but en roulant comme James Dean. Il paraît qu’il partage le micro sur ce morceau et ce projet, mais ce n’est qu’une rumeur, YG ne partage rien, il éclipse. – David


Kevin Gates – « Really Really »

On n’avait pas entendu un orgue d’église aussi enflammé sur un morceau de rap depuis longtemps. Trois longues notes, quelques sons de tocsins, et un Kevin Gates vraiment vraiment en pleine forme : la messe est dite. Tout sur « Really Really » offre les conditions d’un hymne entêtant : le refrain en forme de cri de ralliement, le torse bombé de Gates, son attitude sans contrition – son « I won’t apologize, I’m not really sorry » semble renvoyer autant à son style de rap qu’à toutes les casseroles qu’il traîne depuis des mois. Et puis il y a le meilleur outil de Kevin Gates : sa voix profonde, grasse, percutante quand il rappe, enthousiasmante quand il chante. Le premier album du rappeur de Bâton-Rouge, Islah, est prévu pour le 29 janvier prochain. Espérons qu’il soit vraiment vraiment aussi fourni que ce « Really Really ». – Raphaël


Bankroll Fresh – « Take Over Your Trap » feat. 2 Chainz & Skooly

Bankroll Fresh entamait l’année 2015 avec un défi : rendre ses lettres de noblesse au Trap originel d’Atlanta, ambiance triumvirat T.I.-Jeezy-Gucci Mane. Même si la mission n’est pas tout à fait remplie, le trappeur n’a pas chômé avec deux projets de qualité, des fulgurances avec D Rich, Mr 2.7 et toujours Street Execs à la barre. Cette équipe de terrain montée autour de 2 Chainz s’occupe aussi de Skooly des Rich Kidz, le grand laissé pour compte de la renaissance d’Atlanta. Young Thug, ça aurait pu être lui. Donc quand on retrouve ces trois collègues pour une ritournelle classique de vrais gars d’ATL, il y a comme un parfum de triumvirat à l’ancienne. Allez, on relance le défi pour 2016. – Lecaptainnemo


Pusha T – “Untouchable”

Push donne l’impression d’être bloqué dans un prélude perpétuel à son moment de gloire en solo. Respecté de ses pairs, du public, rarement pris en défaut, présent sans être omniprésent, mais toujours un peu en retrait, un pas en arrière. Pour prendre du recul ou rater le coche ? En tout cas, le talent du bonhomme ne fait aucun débat. « Untouchable » est là pour le rappeler. King Push navigue tout à son aise dans cette ambiance nocturne, hantée par la voix de Biggie. Le morceau fait à la fois figure de démonstration technique et d’expérimentation minimaliste, avec ses rimes aiguisées et son beat dépouillé. Pusha roule des épaules et tout le monde se tait. La violence, sans cris ni agitation. – David


Beat King – « Billie Jean »

Doucement mais sûrement, Beat King s’impose comme un acteur incontournable du rap jeu. Et le mot acteur lui correspond parfaitement, tant la limite entre la comédie, le club et la rue devient de plus en plus fine dans la musique du trublion de Houston. Il construit sa carrière sur un combo de basses ultraviolentes et d’humour ravageur qui ne peut que laisser un sourire de satisfaction permanent. Avec deux mixtapes et un album en 2015, le compte est plein et l’imposant bonhomme devrait élargir son public, appuyé par ce charisme certain. Quitte à choisir un titre, sa balade inspirée du roi Jackson met la banane. Et toujours au bon endroit. – Lecaptainnemo


Young Jeezy – “Scared of the Dark”

Jeezy est un peu passé inaperçu cette année. Church In The Streets n’est pourtant pas foncièrement mauvais, mais le rappeur a développé une certaine forme de routine et cet album ne renouvelle pas vraiment le genre. Les regards sont désormais tournés ailleurs. Pas de quoi enterrer Jeezy pour autant. Sur « Scared of the Dark », il se montre moins flamboyant et plus hargneux. Sous les fanfaronnades habituelles, le morceau pue la rancune. Il ne fallait pas fâcher le grizzly. – David

Fermer les commentaires

Pas de commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*