PNL
Deux frères
PNL signe un album encore plus exigeant, d’un point de vue du mixage comme de certaines prises de risque. Deux frères esquisse un mouvement de déconstruction : trompe-l’oreille d’Ademo dans « Kuta Ubud », voix de N.O.S perdue dans un cri anarchique sur « Menace », distorsions de « Déconnecté ». La réussite ne leur a donné que plus de temps pour mieux faire mijoter leur spleen. Le disque regorge alors de tristes déclarations d’amour au passé, frère, père, « cafards ». Le duo a pendant deux ans fouillé ses tréfonds pour faire vibrer très exactement ce qu’il y avait en eux, de la manière la plus juste possible. Réelle démarche d’artiste, qui ne les empêche pas d’adopter une démarche marketing (réédition, vinyles, pop-up store). Mais la réédition de l’album, sortie en juin, montre à quel point ces deux démarches n’ont rien d’opposées : les titres bonus – et en ce sens, c’est très malin de les avoir placés hors album – rappellent en substance à quel point les deux frères de PNL ne sont « pas comme eux », comment la particularité de leur vécu les éloigne du public. N.O.S dit ne plus distinguer les groupies et les femmes, les hommes et les fans – surjouant peut-être un poil la manière dont baiser bourgeoises et hôtesses de l’air l’emplit de dégoût. Condamnés à vendre, drogues ou musique. Condamnés à l’hypocrisie sur tous les visages, car telle est la condition humaine. Aucune Eva Mendes, aucune collab Off-White ne les absoudront de leurs péchés. Alors ils les empilent et escaladent le monde, priant pour un jour changer de thème.
Manue