PNL moins le péché originel, pour vingt-deux titres de cloud rap plein de foi orchestrés par l’ingénieur du son Cris Dope, assistant du célèbre Nk.F.

Excellent de bout en bout, l’album westcoast de CenZa (L’Uzine) est une surprise comme le rap français en offre peu. Sans légèreté, très noir et loin des clichés californiens.

Le timbre de forcené dont use Da Uzi se révèle redoutablement efficace, notamment sur des titres comme « Les Ténèbres » ou « J’entends des voix ». Accompagné par Ninho, Sadek et Kaaris, le poulain de l’écurie de Rec 118 livre son premier projet majeur qui dépeint une vie de rue intense.

Deux ans après Hndrxx, Future revient avec une recette ultra-efficace : des bangers pour strip-clubs, des ballades amoureuses, des incitations aux narcotiques…  En bref, la même formule que d’habitude qui fonctionne une nouvelle fois pour les fans de toujours.

Excellent élève, Waly continue de briller à l’école du rap. Mais avec BO Y Z il s’affranchit de quelques codes encombrants pour développer une identité propre de plus en plus forte.

Un premier album éblouissant de maîtrise. La pépinière de Compton a encore de beaux jours devant elle.

Loin des tapis rouges et des grands écrans, entre deux tournages, Sam’s a pris le temps de faire un album à son image, entier et sans artifices.

Au-delà de la qualité de l’album, on n’avait rarement entendu autant de mots de trois syllabes ou plus dans des morceaux de rap.

Le soleil ne s’est jamais relevé sur New York.

Un 2 Chainz avec un peu plus de recul et de profondeur ? Oui, il sait faire ça aussi.

Pour ceux qui plantent leurs lames dans des flaques d’eau.

Le rappeur de Lyonzon expérimente un registre encore neuf en France, dans la lignée du rap « no melody ». C’est oppressant, direct et brutal.

Astucieux et appliqué, Dave dépasse les attentes placés en lui comme nouveau prodige du rap britannique sur cet album introspectif et cathartique, distillant son héritage sonore londonien avec soin et sans caricature.

Sur Process, 404Billy tente de mettre de la diversité dans ses tons de noirs. Sans se trahir, le rappeur de Villiers-le-Bel ouvre ses inspirations. Et continue d’explorer sa face sombre.

Entre nostalgie, mélancolie et passage à l’âge adulte. Le talent le mieux caché de Def Jam.

Comment régner sur le rap français en 2019 ? Sans doute en sortant Destin : mélodique et rap à la fois, Ninho livre un album autant taillé pour les Zéniths que pour la gamberge interne.

Premier album du maire de Marseille, entre argot truculent, humour et hyperréalisme tragique.

Parfois régressive et juvénile, la mixtape de Diddi Trix est une excellente révélation, entre dope music sérieuse et cartoonisme joyeux.

Quoi de mieux qu’une collaboration avec Muggs pour renforcer davantage l’aura mystique et envoûtante de Mach Hommy ?

Enima rappe en français, mais De rien sonne très américain, il est outrancièrement libéral, fait la part belle aux vices en tout genre et prône un luxe sans limite.

Cet album de darons rabibochés à qui il ne faut pas la faire est une vraie belle surprise. Juvenile en a encore sous le pied.

Discret derrière ses locks ou derrière Médine pour faire ses backs, Alivor rappe depuis bien avant son couplet tranchant sur “Grand Paris”. Avec sa mélancolie enragée et doucement dansante, il redessine les contours du spleen.

Pour ceux qui portent le masque du Géant et rangent leur conso dans des pochons en satin.

La façon qu’a Ankhlejohn d’envahir l’espace sonore avec des bruits en tout genre ferait passer Westside Gunn pour un mec sobre. Mais peu de rappeurs savent aussi bien choisir leurs beats et planter des ambiances.

Pour ceux dont l’âme crie sous auto-tune quand elle se cogne aux murs.

Pour ceux qui ont un cœur, pour ceux qui entendent les pleurs quand la lumière s’éteint.

Une boucle, éventuellement des drums et un mec qui parle de tout et de n’importe quoi en toute décontraction. Ça a l’air simple le rap quand c’est Your Old Droog qui s’y colle.

Kevin en a gros sur la patate. Une recherche de soi joliment mise en musique.

Avec des tubes aussi efficaces dans les halls d’immeubles que dans les salons mondains, le crew de Sevran a clairement imposé son style en ravalant la façade du ministère de l’Intérieur : merci pour les travaux.

Les idées fusent et l’exécution laisse parfois à désirer mais le natif de Stockton réalise une performance rafraîchissante et ludique qui mérite qu’on s’y attarde.

Inspiré d’une histoire vraie, Luidji raconte et chante sur Tristesse Business Saison 1 ses déboires amoureux avec une sincérité et une complexité confondantes. Aussi brillant que touchant.

Dans une année morose pour le boom-bap sans concessions à la française, Néfaste trempe le genre dans des beats dépouillés mi-trap, mi-solistes, pour une complainte hyper-réaliste, inquiète et noire.

Des bas et des hauts. Mais même moyen, Q reste au-dessus de la moyenne.

Pour son premier projet solo, le troisième larron du CFR ravit à son tour les maniaques de lyrics obscures que certains décortiquent encore.

Pour ceux qui ne peuvent pas s’endormir sans une vidéo « [ASMR] JEUNE DEALER NONCHALANT CARESSE UNE LIASSE DE BILLETS (vaincre les pensées négatives) ».

Hymne aux irrassemblables : sur des sentiers sauvages défrichés à la Zone Libre se croise L’Envoûtante, mutins aux cordes vocales desquelles sortent de grands moments d’agoraphobie du monde moderne.

Comme un ouragan, Megan Thee Stallion mitraille les prods de Fever à la sulfateuse, sous influence Three Six Mafiesque. Attention, ça va découper.

Pro Era, Flatbush Zombies et The Underachievers : autant de super-héros sur treize morceaux, même Marvel n’avait pas osé. Captain Brooklyn.

Sur des airs vaporeux rappelant aussi bien Kingston qu’Atlanta, Kobo reflète ses idées noires dans un écran de fumée pour mieux les contempler et les laisser disparaître en volutes.

Droit et appliqué, Pacman reprend le flambeau All Money In. L’héritage de Nipsey Hussle est entre de bonnes mains.

La musique de Lala &ce est un rap sirupeux aux tons violets. Sur Le Son d’après, la jeune femme ouvre sa formule pour mettre quelques couleurs en plus dans son œuvre.

Après avoir exploré Washington DC sur son premier album, GoldLink s’intéresse maintenant à l’Afrique et aux Caraïbes : un disque de rap aux influences solaires parfaitement respectées.

Porté par les compositions sur-mesure de Sébastien Damiani et de Faf Larage, Mr Fuego est un album sur lequel Jidma allie sens aiguisé des mélodies et maturité de l’écriture.

Pour ceux qui peinent à se débarrasser de leur syndrome de sevrage post-Barter 6 mais n’en sont pas encore aux stades les plus critiques (stade 4 : fan de Gunna ; stade 5 : emoji serpent).

Avec Marché noir, Veerus reste sur sa lignée : montrer que son rap “c’est de la science, et pas de la chance”. La science du détail dans les références et celle du poids dans les métaphores.

Pour varier les plaisirs, Your Old Droog a également sorti cette année un album conceptuel sur le métro new-yorkais. C’est très bien, mais YOD pourrait parler de philatélie et ce serait quand même cool.

Meilleur usage de l’autotune sur un album, meilleur dissection de la position d’artiste 2.0, meilleur texte sur un thème de société, meilleur duo rappeur/producteur, voici les prix remportés par LK et Holos Graphein en 2019 avec Vita Brevis.

Le mage Myka 9 descend zoner dans l’Arizona pour offrir cinq titres remplis de vibrations spirituelles et new age avec le collectif Hip Hop Medecine.

« Ne m’encule pas Tony. Conseil d’ami, ne m’encule pas ».

Kekra continue d’agrandir sa discographie avec une constance bienvenue : exploration musicale, audace, et surtout qualité régulière.

Un album 100% LIM, des prods à l’absence de featuring : la voix la plus tordue du 92, aujourd’hui domiciliée à Marseille, revient après un titre raï l’an dernier en recyclant quelques formules efficaces (haine de la police, violences faites aux femmes). Sage mais toujours flingué.

Ovni musical de l’année, Radio Suicide est un album aussi fou musicalement que sérieux dans son exécution. Jazz, rap, funk, Suisse, arrogance : tout s’y trouve à l’intérieur.

Tout pour devenir une icône.

Toujours radicaux, les Butter Bullets offrent à nouveau un disque exigeant et épais. La voix de Sidisid est plus torturée que jamais pour poser un mépris violent sur le monde.

Everydayz et Phazz ont réuni une vingtaine d’enfants du rap pour produire un album qui réalise leur rêve d’adolescent. Une compilation aux palettes très larges, totalement dans l’air du temps.

Dans un style pour le moins orthodoxe, Lil Saï s’associe à Get Large pour raconter un parcours de OG, de Saigon à Marseille, en passant par le pont de la reine.

Travailleuse forcenée et touche-à-tout, Chilla a pris son temps pour offrir dans son premier album une image et une musique au plus proche de l’artiste complète qu’elle est devenue.

Un premier album qui part dans tous les sens avec quelques choix discutables, mais espérions-nous vraiment autre chose ? Non et c’est bien ce qui rend eXquire unique.

Conan Le Gros Barbare à la prod, Abi2Spee rêve, flâne, fume, boit, sort, vole, s’amuse et chante la liberté au bord du lac Léman. C’est délicatement wavy.

La fusion entre la voix pitchée de Kendrick Lamar et la virtuosité de Baby Carti.

Passé tout près d’une longue peine de prison il y a quelques années, Maxo Kream contemple son arbre généalogique pour mieux comprendre ses failles et ses valeurs, tout en s’imposant comme l’un des meilleurs rappeurs de Houston.

Déjà très en forme sur Néo, Wit. confirme la singularité de sa musique froide et atmosphérique sur SIRIUS, EP pour les nuits d’hiver sorti en été.

Une expérience monstrueuse mélangeant l’ADN de 50 Cent et Chief Keef  sous perfusion londonienne. Le résultat, brut et immédiat, sera difficile à reproduire.

YBN Cordae mélange storytelling intime et performance rap de haute volée : un premier album aussi fun que touchant, pour un des rookies de l’année.

Pour ceux qui mettent des lunettes noires étanches pour contenir leur désespoir bien au fond de leurs yeux.

Le Téléphone Arabe ne fait pas de concession. Rappeur à l’ancienne droit dans ses bottes, il est au long de Derb l’incarnation même de la rigueur.

Irrévérencieux mais fédérateur, épicurien mais soucieux, RJmrLA sort avec ce premier album un disque foisonnant, ancré dans le son ratchet enraciné à L.A. tout en y apportant des nouvelles nuances. L’album que YG n’arrive plus à faire depuis Still Brazy.

Pléthore d’invités en grande forme dans ce disque et pourtant, Young Thug est empereur de tous les instants.

Dieu, le sexe, la désinformation, la famille : le premier long format d’IDK est un album concept bordélique mais audacieux, où son flow malléable suit son épilepsie d’idées et où l’on croise aussi bien DMX, Pusha T et Burna Boy.

Le jeune rappeur originaire de Bondy rappe comme un jeune vétéran, le coeur lourd et l’esprit neuf.

Versatile au micro, à la voix pincée quand il s’agit de rapper pour détruire un instru, au chant magnifique quand il s’agit de l’habiller, Sampa montre à quel point le terme de « musique du monde » n’a plus aucun sens.

Des samples de Kate Bush, des pupilles dans lesquelles se reflètent une douceur de vivre incroyable, l’ancien beatmaker de la Fonky Family offre le plus beau voyage instrumental de 2019 en synchronisant clignements d’œil et battements de cœur.

Les vraies propositions artistiques sont souvent faites dans les marges.

Tout est dans le titre : la musique de demain n’est assurément pas là. Skyzoo et Pete Rock font du son à l’ancienne mais ils le font très bien.

Un alignement de tubes irrésistibles pour le rappeur qui a tout renversé sur son passage en 2019.

Pour ceux qui sourient au vide, gibier à l’épaule.

Pour ceux qui aiment les fils bâtards de la famille drill, le réalisme froid et l’arrogance de ces enfants qui ont trop vécu, ceux qui brrrt puis qui brratt. Pas pour Drake.

Maîtrise, dense et varié, ce premier (très) long format confirme que son auteure fait partie des rappeurs les plus doués de sa génération tous genres confondus

Q-Tip aux manettes et Danny Brown au sommet de son art, c’est tout ce que vous avez besoin de savoir.

Bonne surprise en provenance de Besançon, Climax révèle un Radmo mûr, capable de diverses variations sur les instrus haut de gamme de Dela (Butter Bullets).

Il a fallu que ce soit un Français qui rendent le plus bel hommage à la légende la moins citée de Los Angeles, et c’est Slurg de l’Abcdr qui s’y est collé, avec ce mix qui suit le flow de Myka 9 comme un téléscope poursuit une étoile filante.

Un album concept exécuté à la perfection.

Mort, le rap conscient ? Accompagné par son ami le producteur Seezy, Vald s’interroge sur la vacuité de notre époque et propose différentes solutions pour s’en échapper. Un disque rapidement certifié or, preuve que ses idées fédèrent de plus en plus d’adeptes.

Pour ses vingt ans, le phénomène YouTube a obtenu la première place des charts en rapportant ses plus récents déboires judiciaires et familiaux. Un beau cadeau pour celui qui est actuellement en probation après une fusillade en Floride.

Sous ses airs désinvoltes, Guapdad 4000 bosse réellement en studio.

Entendre un artiste relater avec une telle force son isolement et son autodestruction a quelque chose d’obscène. King Opp est un spectacle grandiose et macabre.

15 minutes et 26 secondes : c’est tout ce dont Earl a besoin pour faire l’un des plus beaux disques de l’année.

La nostalgie fait son effet, c’est indéniable, mais le dernier Gang Starr est surtout une cuvée boom-bap de premier choix. Peace out.

Un deuxième projet en 2019 pour le duo de cloud rap montreuillois, avec quelque chose de plus charnel, organique que le premier, et un Sanguee réhumanisé par bribes, touchant presque au lyrisme.

Hermès nouvelle collection automne-hiver.

Doja Cat rate à moitié la marche en lorgnant trop vers une pop bonbon, mais reste la rappeuse la plus fraîche et marrante de ces deux dernières années.

Une gueule qui fait peur, des textes qui font peur, des beats qui font peur. Une certaine idée de la cohérence.

Dans la continuité de Spécial, Twapplife part un peu dans tous les sens – musiques africaines et trap saturée : Siboy est le maître du doux-amer, de la folie même dans la clarté, de l’énergie dans le désespoir.

17 ans après le moment le plus abouti de scratch-music fixé sur disque, le fils prodige de Q-Bert et Yoga Frog revient mettre le bruit dans le bon sens.

En France, l’écureuil est le symbole d’une célèbre banque connue pour son livret A. Aux États-Unis, le livret A est la MPC d’Evidence et l’écureuil illustre une beat tape du Weatherman, avec 26 productions qui font la pluie et le beau temps.

On ne change pas une combinaison qui gagne : l’intense rap de crapule de Daniel Son et les productions atmosphériques de Futurewave. Étouffant.

Apaisé parce qu’il a choisi l’appel de ses fils plutôt que celui de l’industrie, Niro maîtrise si bien son art qu’il peut se permettre tous les featurings et tous les types de prod. Le Rap français en personne.

Un voyage renversant du côté de la ligne Mason-Dixon : « food for thought. »

Dans cet interstice bouillonnant entre deux albums-concept, SCH survole de loin le rap français.

Conclusion d’une décennie épique, Marcielago est le grand tour d’honneur de Marciano, à 180 avec Miss Brésil sur le siège avant.