Le coup du chapeau de Roc Marciano
Avec trois albums sortis en 2018, Roc Marciano s’est bâti sans mal la plus belle discographie de l’année. Une prouesse d’autant plus remarquable qu’il est habituellement beaucoup moins rapide à la conception, et que les trois projets en question sont tout aussi qualitatifs qu’ils sont complémentaires. Premier jet paru fin février, The Bitter Dose est la suite de Rosebudd’s Revenge premier du nom. Quinze titres façon The Deuce, tout en retenue, dans l’ambiance poussiéreuse et crépitante des macs des années 70’s, qui viennent clore un fascinant diptyque sur le déterminisme (le fameux « rosebud » emprunté à Citizen Kane). Deuxième vague début octobre, le ténébreux Behold a Dark Horse. Le soin particulier apporté à la production, moins artisanale et plus élégante, les invités prestigieux (Q-Tip, Busta Rhymes, Black Thought…) et la tenue générale en font presque un album triple AAA, héritier direct de Reloaded qui était construit sur des bases et des intervenants similaires. Enfin dernier assaut deux semaines plus tard : Kaos en duo avec DJ Muggs. Un dix pistes râpeux, âpre et monochrome, où le producteur des Cypress Hill, sans doute trop content de pouvoir se mettre au service d’un artiste regardé comme le loup blanc, déroule le tapis rouge devant son hôte et lui délivre ce qui est peut-être son projet le plus abouti et le plus cohérent à ce jour. Que le peuple se rassure donc, Roc Marciano sait aussi bien gérer ses absences que son omniprésence. – David²