DJ Muggs, d'un groove à un autre
Tout part d’un constat, ou plutôt d’une sensation. Lors de l’écoute de l’album que Cypress Hill a sorti cette année et dans lequel DJ Muggs renoue avec son rôle de réalisateur, quelque chose avait changé dans la façon du Soul Assassin de faire des beats. Certes, depuis le mauvais (et étrangement bien nommé au regard de cette chronique) Bass for your face, Muggs a appris à composer sur ordinateur. C’était seulement en 2013. Oui, pour l’album de Cypress Hill, le beatmaker d’origine napolitaine ne sample quasiment plus, il crée ses samples en faisant appel à des musiciens. Mais quand il s’agit de sensations, il n’y a pas d’explication rationnelle. Pas question ici de faire des reproches. Auteur d’une année pleine, Lawrence Muggerud a cumulé les réalisations réussies : Meyhem Lauren, Cypress Hill, Roc Marciano, un disque de Soul Assassins. Ça n’empêche pas le son de Muggs d’avoir légèrement changé. L’illumination est venue en déplaçant le calque de Elpehants on Acid vers Black Sunday ou des titres comme « Dr. Greenthumb » et « Illusions ». il y a vingt ans, Muggs avait un groove non pas tant basé sur ses samples cultes mais sur les ondulations des basses qu’il piochait et mettait en œuvre. Réécoutez les lignes de « I Wanna Get High », « Cock the Hammer » ou « Insane in the Brain » pour voir. À l’exception de quelques morceaux de Dia del asesinato, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le meilleur exemple de ces basses que Muggs semble avoir reléguées au statut de boomers omniprésents mais statiques ? Peut-être sa collaboration avec Roc Marciano et plus particulièrement le fabuleux « Shit i’m on », qui est carrément dépouillé de basses fréquences. Un pas de côté dans les méthodes de fabrication qui n’empêche pas Lawrence Muggerud d’être probablement l’un des producteurs de cette année 2018. Et d’avoir après trente ans de carrière un son encore inimité. – zo.